Intuiton ? Coup de chance ? Pressentiment ? Elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'Adrian ne l'avait pas touchée. Ça venait comme un soulagement. Un moment de répit. Bref, trop bref. Respire. Inspire. Tu crois qu'il sait ? Non, impossible. Il ne peut pas. Au mieux, il te prend pour une militante Merliniste un peu acharnée qui croit qu'elle a la capacité de battre un mangemort parce qu'elle a été baguette d'élite. Oui, c'est ça. Ça ne peut être que ça. Ça ne devait être que ça.

Autour d'eux, le combat faisait rage. Pour elle, le temps s'était arrêté. Un instant, juste l'espace de quelques secondes, mais ça avait été suffisant pour qu'elle s'oublie et qu'elle oublie qui ils étaient. Ce n'était pas destiné à durer, le bruit des sorts, les cris de rages et de douleurs de ses alliés comme celui de ses adversaires l'aidaient à reprendre conscience de ce qui se passait vraiment. Mais ce fut Smith qui encore une fois lui donna un coup de pied aux fesses qui la réveilla vraiment.

- Lewis, bordel, tu fais chier là. Montre ce que t'as dans le ventre !
-  Un Boa constrictor t'a dit qu'il avait déjà vu le Brésil ?, répondit-elle totalement dans le vague.
- Putain, je vais te tuer, dit-il en la giflant.

Ce fut ça qui la réveilla. Honteuse d'inquiéter ses coéquipiers dans un moment pareil, elle reprit ses esprits. Se tournant vers Adrian qui faisait preuve d'une galanterie presque gênante dans ce genre de situation - et son coéquipier semblait être d'accord elle.

- J'aimerai beaucoup partir d'ici, répondit-elle d'une voix plus assurée qu'elle ne l'était vraiment. Vous me laissez y aller ? La sortie est par là, dit-elle en pointant du doigt l'entrée.

À peine sa phrase fut-elle finie, qu'un sort toucha l'entrée faisait, exploser celle-ci. Débris, poussière et fumée les accompagnèrent un moment et un cri de rage un peu inattendu s'échappa des lèvres de Juliet. Se tournant vers Sonny qui était aux proies avec un adversaire plus hargneux que le sien, elle le rassura.

- Ne te tracasse pas, ça va aller.

Oui, elle sortira vivante d'ici et seulement après elle s'autoriserait à mettre de l'ordre dans sa vie privée.

- Difindo, dit-elle tandis qu'Eric ratait son sort.

Tristement, le sort alla toucher James lui ouvrant le torse. Elle savait qu'elle n'avait pas le choix, mais elle préférait éviter d'attaquer Adrian si elle le pouvait.

Spoiler:

Est-ce que sa manière d'être ne compliquait pas les choses ? Non, c'était les règles, il appliquait les règles. Adrian pensait être dans son bon droit il était attaqué, il faisait les sommations d'usages. Ce n'était, pour lui, que deux merlinistes qui étaient sans doute responsables de plusieurs meurtres. C'était des criminels, il fallait qu'ils payent, ou du moins les empêcher de nuire. Même s'il n'était pas absolument convaincu que ça servait à grand chose de les tuer. Les arrêter, oui. Et même qu'ils se cassent, simplement, ça irait. Adrian n'était pas difficile. Il voulait juste un peu de paix dans cet enchainement sans fin de sorts. Mais maintenant que les combats avaient commencé, il n'avait plus vraiment le choix. Il se battrait, sans violence inutile, par devoir. Contenir. Laisser filer. S'ils partent, ils ne sont plus mon problème.

En attendant, autour de lui, c'était la foire complète, et les merlinistes s'engueulaient entre eux. Il en vit même un mettre une gifle à la fille qu'il affrontait. Et elle qui jouait à la provocation. Le souffle encore court du fait du sortilège qu'il s'était pris en pleine poitrine, Adrian tenta un sourire :

« Vous en avez de bonnes, vous ! Si vous aimez la plaisanterie, j'en ai entendu une très bonne cet été. C'est un troll, une harpie et un farfadet qui entrent dans un bar... »

Oui, s'il avait su, il aurait sans doute réagi pareil. En étant infiniment plus triste, sans aucun doute – mais c'était mieux ainsi. Savoir aurait sans doute tétanisé Adrian, personne ne serait parvenu à rien. A ce moment précis, un sort fit exploser la porte qui menait à la sortie extérieure : ils durent plonger pour éviter les gravats, et Adrian ne put jamais finir sa plaisanterie. Smith en profita pour attaquer Adrian : ni une ni deux,  il riposta d'un sort de flammes, expédiant Smith dans les roses, alors que Mulciber râlait :

« Bordel, je commence à en avoir assez de toutes vos conneries. D'où tu plaisantes avec les merlinistes, Adrian, merde !  On est pas là pour tailler une foutue bavette ! » Il arracha son masque d'un air outragé. Oh merde. Il est vraiment furieux. Se tournant vers Juliet, James ajouta : « Et vous, vous allez vous battre, ou je vous arrache la gueule comme à votre pote ? »

Adrian eut un léger rire alors que le sort de la jeune femme fusait pour atteindre Mulciber. A présent, son coéquipier pissait le sang : sa tirade n'avait eu aucun effet sinon de mettre leur adversaire de méchante humeur. Il aida son compagnon à se remettre debout :

« Et c'est moi qui me donne en spectacle, ah bah...
-C'est ça, dégage de là, elle me gave. » Le mangemort écarta violemment Adrian de son chemin et lança, sans autre forme de semonce, un sortilège de feu sur Juliet, enflammant une partie de ses vêtements, causant quelques brulures. Ceci fait, il lança à Adrian, ignorant complètement sa victime : « Putain, la prochaine fois, c'est un endoloris, je te jure. Je sais vraiment pas comment tu fais pour rester là à causer normalement.
-Ce n'est pas parce que tu as la capacité émotionnelle d'une cuillère à café qu'il en va de même pour tout le monde, mon pote. Les gens normaux n'arrachent pas leur masque en plein milieu d'une bataille, non plus, et je suis même pas sûr que tu saches lancer un endoloris.
- Je te le prouve quand tu veux, me cherche pas, Ronce. On y retourne ? 
-Quand tu veux, espèce de dingue. Je pisse pas le sang de partout, moi, c'est toi qu'on attend. »

Et la bataille reprit de plus belle.

Spoiler:

Ils avaient beau être en équipe restreinte, il y avait du monde dans ce foutu Hall. Le problème dans ce genre de cas, c’était que personne n’avait vraiment le temps de contrôler ce que les autres faisaient. Elle pestait qu’il ait fallu évacuer le reste des invités sans quoi les agents des mystères dispatchés sur place auraient pu servir de renfort. Néanmoins, la sécurité des invités restaient une priorité. Bien entendu, dans les faits, il valait mieux attraper les agents de l’Ordre, mais elle savait qu’il ne serait pas bien vu d’avoir des morts et des blessés de leur côté. L’opinion publique n’était pas du côté de Malefoy pour le moment et il n’avait vraiment pas besoin de voir sa quote de popularité descendre.

Du peu qu’elle voyait Draco et Adrian semblait se débrouiller correctement Blaise et Théodore aussi. Étant plus âgée que la plupart avec Adrian et James elle se sentait une certaine responsabilité. Certain d’entre eux étaient peut-être plus doué qu’elle et plus apte au duel, mais elle avait un avantage sur eux, dix ans d’expérience. Or, quand elle prenait des risques, ceux-ci étaient calculé. Elle ne se lançait pas dans les batailles perdues d’avance et savait quand se retirer si le risque ne valait pas la chandelle. Elle savait que Théo, par exemple, était peut-être trop enthousiaste pour son propre bien sans compter Blaise, elle ne se voyait pas annoncer à Aaliyah qu’elle avait perdu un fils ou à Hypérion que son frère avait été gravement blessé. Elle gardait donc un oeil distrait sur eux pendant qu’elle combattait prête à intervenir si c’était nécessaire. Heureusement, c’était des sorciers talentueux qui s’en sortaient parfaitement sans elle.

Ce fut ce moment d’attention qu’elle portait aux autres plutôt qu’à son propre combat qui lui fut fatal. Elle prit le sort de plein fouet et ne put l’éviter.

- Salope, maugréat-elle entre ses dents tandis que son collègue démontrait son manque d’efficacité en ratant encore une fois son sort.

Elle voulut riposter, mais elle n’en eut pas le temps. L’entrée explosa dans un débris de plâtre et poussière en tout genre, la séparant momentanément de son adversaire. Un morceau de mur s’effondra et Anne se mit à tousser tout en pestant. Elle ne voyait pas grand chose, mais elle voyait bien qu’un morceau de mur la séparait du reste des combattants. Elle l’escalada en pestant, sa robe était fichue et elle adorait cette robe. L’avantage, c’était que l’explosion avait déstabilisé momentanément tout le monde. Elle n’eut donc aucune difficulté à lancer son confringo qui atteignit Augusta et son compagnon sans qu’ils puissent l’éviter.

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