Adrian Rosier aurait tout donné pour être ailleurs. Non qu'il fut lâche : malgré toutes ses récriminations, il participait toujours aux opérations du bureau. Il essayait de faire en sorte que ça ne vire pas à la boucherie. Et ça va être pareil aujourd'hui. J'aurais mieux fait de rester chez moi à cuver. Certes,  il était avec Anne, avec Drago, des gens qu'il appréciait, mais tout de même. Il ne bossait pas et aurait apprécié qu'on lui foute la paix. Mulciber avait l'air à l'aise, commentant paisiblement à l'intention de son coéquipier :

« Franchement, des fois, je me dis qu'il a pas tort, Toby Wilkes. On devrait les finir à coups de pelles, cette bande d'emmerdeurs. »Puis dans un grognement : « Me fais pas faux bond, Ronce. Je t'ai couvert pour l'opération Thorn, déconne pas cette fois. »

L'opération Thorn : un truc où il avait volontairement laissé partir Alex Thorn avec son fils de six ans, faisant ça passer ça pour un accident. Adrian hocha la tête, sans rien répondre : les merlinistes débarquaient déjà. Il aurait bien voulu profité d'un moment de flou entre deux de leurs adversaires, mais rapidement, un d'entre eux lui lança un sort, qui l'atteignit en pleine poitrine. Déséquilibré, Adrian tenta de se relever mais il paniqua, alors que la fille avait désormais toute latitude pour le viser, se voyant déjà mort.

« Merde merde, merde, non ! » Attrapant sa baguette, il réussit tout de même à faire les sommations d'usage d'une voix ferme : « Bureau des mangemorts, reculez ! Reculez, ne m'obligez pas à employer la force ! »

Qui employait cette procédure à part lui, au bureau ? Personne, les formes et la loyauté d'un combat, tout le monde s'en foutait. Il tenta de répliquer, de lancer un sort à son adversaire alors que Mulciber se trouvait aux prises avec Eric Smith. Réussissant à se mettre debout, Adrian balança un bombarda : sans succès aucun.

« Putain, Ronce, est-ce que tu peux arrêter de te donner en spectacle et faire quelque chose de productif ? »

Immédiatement après, James foira lui aussi son sort.

« C'est bien la peine de se foutre de moi ! Va falloir faire mieux, on va finir par nous prendre pour des tocards, mon vieux. » Adrian était railleur, et se tourna de nouveau vers son adversaire : une petite brune inconnue au bataillon. « Bon, et vous ? Si vous voulez fuir, c'est maintenant, mais si vous voulez rester, je suis pas certain de pouvoir vous laisser partir. Quitte à être pendu, mieux vaut que ce soit pour avoir volé un dragon plutôt qu'un mouton, comme on dit, hein ? »

Se serait-il battu différemment s'il avait su qu'il s'agissait de Juliet Birch ? Sans doute pas vraiment : Adrian se battait toujours à la loyale, il employait rarement la magie noire, il faisait les mêmes sommations que les flics, il avait même laissé une chance à cette fille de partir. Il aurait sans doute été catastrophé, par contre, et aurait sans doute cherché le moyen de limiter les dégâts s'il avait pu. Mais peut-être pas tellement surpris.

Spoiler:

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Il était doué, ce sale gosse. Franchement, il ne s'en sortait pas mal. Il fallait au moins lui reconnaître ça, Nelson savait apprécier les duellistes, mais se moquer de ceux contre qui il se battait, c'était plus fort que lui, et Drago Malefoy, que Sonny perde ou gagne, allait en faire les frais, sans aucune hésitation, c'était clair. Mais il était vrai qu'il était moins ridicule qu'il ne l'imaginait. Le combat, de toute façon, virait moyennement bien : les sorts fusaient, blessant des alliés ou des ennemis, au choix, et détruisant le mobilier luxueux du parti puriste. FP allait en avoir pour une blinde à tout remettre en état, ce qui satisfaisait grandement Nelson : à défaut de s'en sortir vivant, il comptait bien emmerder ce joli monde jusqu'au bout. Mais déjà, Malefoy répliquait, assisté d'un autre type qu'il ne connaissait pas : il fut touché, Wally aussi. Légèrement sonné, Nelson se releva, observa qu'ils avançaient : une bonne chose. Ils étaient en bas de l'escalier, bonne chose. Il fallait se rapprocher de la sortie, mais Malefoy ne semblait pas décidé à le lâcher. Nelson répéta lentement :

« Tout homme s'enrichit quand abonde l'esprit, hein ? Je crois que tu devrais suivre ton conseil, petit. Tu vois on m'a toujours dit : Ne fais jamais confiance a une chose qui pense, et dont tu ne peux pas situer le cerveau. Je peine à voir le tien, encore. »

Immédiatement à ce moment là, il entendit une explosion, un grand bruit, et l'air s'emplit à nouveau de poussière. La sortie qui menait vers le hall et l'extérieur était bloquée. Nom d'un chien, ils n'avaient plus qu'une issue, il fallait débarrasser le plancher au plus vite. Sonny se releva. En face de lui se tenait une personne qu'il prit d'abord pour Wally, mais c'était en réalité encore Drago Malefoy, Wally se tenait juste à côté de lui.

« Bombarda maxima ! »

Le sort fusa, mais se perdit contre un mur : trop lent. Goyle parvint lui aussi à éviter celui de Wally, qui était encore un peu sonné. Le reste de la troupe était aux prise avec ses adversaires. Nelson observa Juliet, un instant, combattant Rosier, l'air un peu tétanisé.

« Lewis, on se reprend, il faut qu'on bouge, c'est pas le moment ! » Non, vraiment pas : il serait bien allé lui prêter main forte, mais il était trop loin. « Il faut qu'on passe, bougez vous, les enfants ! »

Spoiler:

Le fils Malefoy était un être arrogant et méprisant. Quand la situation tournait à son avantage, Drago savait faire le malin et vanter ses propres mérites. Dans le cas contraire, il savait aussi se faire discret et fuir avant que tout ne lui retombe dessus. Par chance, et à son plus grand plaisir, il était en position de force, ou du moins le sentait comme tel. Même si l'Ordre avançait vers la sortie, ils parvenaient à grandement les ralentir. Pour le moment, ils se maintenaient en bas des escaliers.

Cependant, il était face à un gus qui se prenait visiblement pour ce qu'il n'était pas. Même en position de faiblesse, il continuait à vanner Drago, ce qui avait le don de l'irriter. Il dévisagea cet ingrat, qui se fichait royalement de sa tronche. Les dents serrées, il s'avança vers lui, sa baguette levée.

▬ Tu ne passeras pas le pas de cette porte. Tout s'arrête ici pour toi et ta petite bande minable, nous ne sommes pas des agneaux mon vieux. Mais quitte à être pendu, mieux vaut que ce soit pour avoir volé un dragon plutôt qu'un mouton, non ? Alors soit content et fais moi un grand sourire, s'il te reste encore des dents.

Comme pour confirmer ses dires, un sort fit exploser la sortie. Si c'était parfait pour capturer les partisants de l'Ordre, ça l'était bien moins pour le budget du parti puriste. A force de combat, le siège allait tomber en morceau. Drago jura en regardant l'état des lieux, quel gâchis. Il se retourna vers les deux imbéciles, prêt à mettre à l'oeuvre ses menaces. Bien entendu, il ne les tuerait pas. Drago n'avait pas l'âme d'un assassin, mais il se ferait un plaisir de les capturer. L'avantage désormais, c'était qu'ils n'avaient presque plus aucune issue. L'étau se resserrait autour des intrus.

Leurs deux adversaires tentèrent un sort contre eux, mais Goyle et Drago furent plus rapides, ils évitèrent sans trop d'effort. Le blond soupira de lassitude. Goyle, dans un instant de bravoure, tenta un Endoloris contre l'un des types face à eux, celui qui avait insulté Drago. Il voulait sans doute montrer à cet empoté qu'on ne s'en prenait pas ainsi au Co-Dirigeant Puriste, mais il trébucha et s'avachit sur Drago, qui poussa un cri irrité.

▬ Pousse-toi, tu me gènes Goyle ! S'exclama-t-il en bousculant son camarade, puis s'adressa à Nelson. Tiens, regarde comment on lance un Bombarda Maxima.

Dans une posture fière et élégante, il informula le sort en direction de leurs ennemis. Il avait confiance en lui, était certain de l'emporter, alors il n'échouait pas. Il valait mieux pour lui que la situation continue dans ce sens, sans quoi il pourrait de nouveau succomber à la panique. Mais pour le moment, il maîtrisait le combat. Le sort explosa auprès de Nelson et de son allié, les renvoyant contre les murs de l'escalier. D'un air condescendant, imbu de lui même, il regarda ses victimes se relever.

▬ Pourquoi est-ce qu'on me donne toujours ce qu'il y a de plus ridicule ? Soupira-t-il, coulant un regard las vers Nelson, assez fort pour qu'il l'entende.

Il redressa Goyle auprès de lui, lui lançant un regard autoritaire. Ces gars restaient tout de même solides, ils n'étaient pas encore à terre. Drago pouvait au moins leur laisser ça. Ils ne devaient pas baisser leur garde.

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