Le rêve était ce qu'il y avait de plus révélateur en ce qui concernait l'inconscient. Il laissait voir ce qu'on pouvait refouler la journée, révélant des choses toutes aussi étranges les unes que les autres. Car s'il y avait bien une chose qui manquait alors: la rationalité. Car on s'autorise toute sorte de dérapage dans la vie rationnelle et consciente.
Le rêve pouvait révéler les secrets profondément ancrés dans l'être humain. Mais les secrets restent aussi les choses qui vont former et qui sont aux origines de l'être. Et il y a certaines choses que l'on préfère enfouir au plus loin, de sorte que jamais elles ne ressortent.

La nuit était déjà tombée sur le domaine d'Orgon's house, laissant à la nature la possibilité de reprendre ses droits les plus légitimes. On ne cherchait pas à comprendre de quelle façon le propriétaire des lieux réussissait à trouver le sommeil dans un lieu si froid et si loin de toute vie humaine. Disons simplement qu'il était en lui-même éloigné de toute vie humaine et de toute chaleur, étant un être de froideur et tourné.

Le lit de la chambre était grand, à baldaquin. D'un bois marron foncé, des rideaux rouges sang et noir, Valverde était allongé de tout son long. Il ouvrit soudainement les yeux.
Quelqu'un avait pénétré dans ses appartemments privés, deux étages plus bas, dans son salon personnel. Le vieil homme savait qu'il se levait toujours une heure avant qu'un elfe vienne lui apporter son petit déjeuner. Aussi, les champs de protections runiques ne réveillaient jamais Valverde, puisque jamais personne ne venait dans l'aile Est tant que le vieil homme n'était pas levé.
Rapidement, on toqua à sa chambre et la porte s'ouvrit.
Valverde se leva, assis dans son lit, une bougie fut allumée en plus de celle tenue par Dowlin, accompagné cette fois par deux elfes. Cudrem et un autre petit être que Valverde connaissait bien.

« Que se passe-t-il? »

« Maître Valverde, Dwolin sait qu'il ne doit pas vous déranger pendant la nuit. Mais... Bifur vient d'arriver de Gaydon avec une nouvelle. »

« Et quelle est-elle? »

« Maître, » commença le petit Bifur, « il s'agit de Monsieur de Saint-Clair. Il vient d'arriver à Gaydon. »

« A Gaydon? »

« Oui Maître, il veut vous voir. Et il est blessé. »

Le vieil homme sortit du lit, monta à l'étage supérieur, laissant là les trois petits êtres qui essayèrent de percevoir du bruit pouvait révéler les activités de leur maître.
Il revint dans la chambre quelques minutes plus tard, vêtu d'une robe marron et rouge-sang. Ses yeux fixèrent les trois petits êtres.

« Cudrem, va me chercher ma trousse de soins. Dwolin, retourne à tes affaires. Si quelqu'un vient à Orgon, je refuse qu'il entre. Quant à toi Bifur, attend-moi dans le hall, nous allons y aller ensemble. »

Les trois petits êtres prirent chacun la direction qui leur avait été communiquée.
Le vieil homme, quant à lui, observa par la fenêtre l'immense parc éteint et endormi.
Tryan venait d'arriver à Gaydon. Une affaire urgente, sans aucun doute. Il y avait là quelque chose d'étonnant. Le jeune-homme savait que Valverde n'avait pas des journées courtes, et que malgré peu de sommeil, les nuits étaient réparatrices. Ainsi, s'il le dérangeait en pleine nuit, des choses plus urgentes que le bien-être immédiat concouraient.

Après quelques minutes, Eris descendit à l'étage d'en dessous, réservé à son bureau personnel qui reprenait l'exacte décoration que celle précédemment installée au Ministère de la Magie avant que l'Ordre Nouveau ne soit Département de l'Intendance. Il se muni de sa baguette magique, la place dans sa manche à l'endroit alors réservé, et descendit une fois de plus d'un étage, se retrouvant au rez-de-chaussée de la tour Est, pièce servant de salon personnel au vieil homme. Cudrem l'attendait alors, munie de ce que Valverde avait précedemment demandé.

Les deux quittèrent la pièce, et après avoir traversé une galerie sombre, ils arrivèrent dans un grand escalier qui les mena au hall d'entrée. Bifur, sagement, attendait lui aussi l'arrivée de son maître.
Cudrem confia la trousse à l'autre elfe, Valverde prit le bras de ce dernier et ils quittèrent Orgon's house.

Quelques minutes plus tard, après être arrivés dans la zone de transplanage de Gaydon- c'est-à-dire la cuisine- Valverde et Bifur se dirigèrent vers le grand salon du manoir.
A mesure qu'il avançait dans les couloirs sombres de Gaydon, Eris avait la sensation que la bâtisse avait une fois de plus repris ses droits sur les hommes. Comme à chaque fois qu'elle était désertée, la demeure offrait aux hommes une étrange atmosphère.
Arrivant dans le salon officiel, Eris vit Tryan assis sur un fauteuil, l'épaule en sang. Le vieil homme, d'un geste rapide de baguette, alluma quelques chandeliers et l'immense cheminée.
Il s'avança d'un pas mesuré vers le jeune-homme, son regard froid et concentré posé sur sa blessure.

« Bonsoir. Je suppose et espère des explications. Mais elles viendront plus tard. »

D'un même geste de baguette, Eris fit disparaître le haut de Tryan, le laissant alors torse nu. Il s'approcha de se dernier et examina avec attention la blessure de ce dernier. Il passa rapidement sa main au dessus, tout en regardant le reste de l'épaule, le haut du torse et le bras.
Il prit sa baguette et exécuta lentement un cercle autour de la blessure, canalisant ainsi ses effets et évitant qu'elle n'ait d'autres effets sur les alentours. Il plaça ensuite sa main juste au dessus de la blessure. Une lumière blanche s'y échappa et entra dans l'épaule du jeune-homme. Quelques instants plus tard, il appliqua des bandages sur cette dernière juste avant de poser successivement sa main sur le haut du torse, l'épaule puis le bras, évacuant les précédentes douleurs.

Il se retourna, appela Bifur et lui demanda qu'on amène une chemise propre des anciens appartements de Tryan. Quelques minutes plus tard, tandis que Valverde finissait d'observer la blessure guérie du jeune-homme, l'elfe revint muni de la dite chemise qu'il donna à Tryan, lui laissant le temps de se rhabiller.
Une fois son matériel rangé, le vieil homme s'installa dans un fauteuil fasse à Tryan. Il replaça ses cheveux blancs et gris, plus longs qu'avant sa prétendue mort, puis posa son regard sur celui du jeune français.

« Je t'écoute. Que se passe-t-il, et que s'est-il passé? »

Ce qu'il y avait de certain, c'était qu'on ne pouvait faire confiance qu'à très peu de personnes dans un monde où l'homme régnait. D'ailleurs la confiance ne s'émanait que de l'existence de l'homme, puisque d'autres liens unissaient les animaux entre eux. Quant à ce qui pouvait les unir aux hommes, c'était justement cet aura qu'ils pouvaient dégager, rassurant de piètres créatures en demande de nourriture et de soins. Car chez l'homme, il y avait aussi ce qui régissait le comportement des animaux. L'instinct de survie y était tout aussi présent, voire bien plus développé que l'on pouvait penser. Aussi, il y avait chez l'homme des liens qui, entre eux, ne pouvaient se défaire. Des liens si forts que si un jour ils venaient à être menacés, s'en suivraient la réconciliation ou la destruction.
Ce genre de lien était rare, voire chez certains impossible. Notons aussi Voldemort qui n'avait jamais eu une once de respect ou d'amour pour les autres. Mais sa tâche était louable et son charisme ne pouvait être remis en question. Ainsi, il représentait aux yeux de la population un Mage Noir redoutable, une force de la nature particulièrement imposante. Force qui pouvait obliger la population à accepter le purisme. Puisque l'homme avait eu tendance à s'auto-détruire quand on lui avait laissé le choix, pour assurer le bien commun et la sécurité de tous, il était de soucis international que le purisme s'impose dans les moeurs de tous, afin que l'ordre des choses soit rétabli.

Valverde regardait Tryan de ce regard attentif et posé. Il oubliait toute méfiance envers ce jeune-homme. Bien qu'ayant grandi et appris en sagacité, il restait un jeune-homme. Ce jeune français venu de nulle part pour devenir tout. Valverde l'avait pris sous son aile durant les premières semaines, puis l'avait jeté en venant tout juste de lui apprendre à voler. Car il fonctionnait ainsi, c'était comme cela qu'on lui avait appris à vivre. Il ne voulait pas porter Tryan toute sa vie. Il préférait que ce dernier chute, ou se fasse mal et revienne quelque fois vers lui pour demander des conseils. Car c'était ainsi qu'il avait été éduqué. La mort de Jeanne l'avait jeté en l'air et les conseils de sa grand-mère l'avaient fort aidés. Seulement, ses parents et l'univers politique qui régnait perpétuellement à Gaydon avait fait de cet enfant intelligent, un monstre brillant de purisme.

Mulciber avait encore fait des siennes, mais Eris en avait strictement rien à faire. A force de se jeter tout seul dans un danger qu'il savait ne pas maîtriser, il finirait par mourir, et le régime en serait totalement bousculé. Bien qu'avec le temps le vieil homme avait appris à avoir plus de "confiance" envers ce ministre, il restait très douteux sur certains aspects de sa personnalité. Ne rejetant pas les choix de Voldemort, non pas par vénération mais par respect et se sachant non chargé de faire des choix à sa place, il considérait Mulciber comme très ambiguë et changeant. Ainsi, dans un temps où il faut maintenant montrer que le purisme est quelque chose de normal et de stable, mettre à la tête d'un Ministère un être ne pouvait se tenir plus de trois heures sur une chaise sans gigoter, boire puis sauter dans la gueule du loup était chose très risquée et parfois incompréhensible.
Mais si Mulciber devait tomber, il tomberait. Et tant que l'éducation du peuple était aux mains de l'Ordre Nouveau, Mulciber pouvait sauter dans tous les sens qu'il voulait, Eris ne s'en occupait pas.

Il était là question de tout autre chose et Tryan n'était pas venu se plaindre ou rire de Mulciber. Il avait des choses à dire au vieil homme, au point même qu'il avait oublié que ce dernier ne vivait plus à Gaydon. Les choses étaient urgentes et le vieil homme écouta attentivement les paroles de Tryan.

Menroth avait trahi. Rien de bien étonnant. D'ailleurs, Menroth avait trahi depuis le jour où dans son esprit, il avait pensé à son bonheur personnel au lieu de prendre en compte le bien de la Communauté. Il y avait certes là quelques qualités, puisqu'en tout défaut il y a une qualité. Ainsi, Menroth avait, à temps, sauvé le Ministère des délires de Mulciber. Mais Mulciber s'était calmé tandis que Larsen avait continué à considérer le Ministre comme une menace à prendre au sérieux et à éliminer. Valverde, avait senti que Mulciber ne s'attaquait plus au bonheur commun et avait décidé de le laisser faire, dans son coin. Et il avait eu raison. Larsen, quant à lui, s'était livré une guerre acharnée. Mais dans cette lutte vaine et inutile, il en avait oublié l’élément principal: Tryan.

« Je ne suis pas surpris. Quiconque sert ses intérêts privés trahit le Purisme. »

Valverde savait cependant que sans Menroth, la barque tremblerait encore. Car Valverde était au dessus du Ministère Anglais. Il n'y resterait plus que Mulciber, Avery et Tryan. Mulciber tout aussi intelligent et compétent soit-il restait un être instable. Avery était un excellent directeur de Département mais avait choisi de ne pas peser dans la balance politique. Il ne resterait alors plus que Léon, Eris, Tryan et Mulciber. Car Avery et Crow, bien que très compétents dans leurs domaines, ne s'occupaient pas des affaires puristes en général. Ils ne faisaient pas des discours, pas de propagande. Rien de tout cela. On avait aussi besoin d'hommes comme eux. Eccleston quant à lui, rentrait dans le même domaine.

« Le Seigneur des Ténèbres saura palier au manque que la disparition de Menroth va produire. Je ne m'en inquiète pas. »

Tryan avait déjà rencontré Voldemort, et Voldemort avait gardé un avis neutre sur ce jeune-homme. Maintenant que les deux savaient pour Menroth, il fallait prendre une décision. Une décision qui changerait beaucoup de choses.

« Mais mes doutes se tournent vers cet Hors-la-loi. Que s'est-il passé quant à Malkiavan? »

Le vieil homme essayait de comprendre. Il fallait qu'il puisse réunir tous les élements, quitte à se rendre sur place pour voir Malkiavan lui-même. Il devait se construire des certitudes fortes pour conseiller le jeune-homme. Il ne prétendait pas avoir la science infuse. Aussi, il ne donnait aucun conseils tant qu'il n'avait pas pesé le pour et le contre de chaque élément dont il disposait.

C'était peut-être cela qui l'avait motivé pendant toute ces années. S'oublier. Oublier qui on est, se laisser aller au bonheur des autres au lieu du sien. On n'imagine guère combien de choses entrent en compte dans une vie et quand on s'y penche avec un peu plus de concentration et d'intérêt, on se rend trop vite compte qu'elles sont présentes, ces choses.

Comment pouvait-on penser que si Eris Valverde était un si grand politicien puriste, c'est que toute son enfance, il avait été mis au dessus d'un chaudron rempli de haine contre les moldus et que l'Amour l'avait tenu hors de ce chaudron. Un beau jour, le fil s'était rompu, et l'enfant qu'il était alors à l'époque, sa soif de connaissance, sa grande mémoire, son intelligence, son goût pour la lecture, avait plongé dans le chaudron. Il en était ressorti haineux contre les moldus. Mais la souffrance l'avait poussé à s'oublier, à mettre sa vie au service des autres, de la cause. Mais finalement, si on était un tant soit peu égoïste, il n'y avait pas de pire solitude et souffrance que celle d'Eris Valverde, qui, en somme, était passé à côté de sa vie.

Larsen Menroth avait très bien compris le monde et avait un objectif: le conquérir. Il était un solitaire, ne pouvant faire confiance qu'à des personnes de sang, qui pouvaient l'unir jusqu'à la mort. Rien d'autre. Il n'avait confiance en personne d'autres. Sur certains moments, il pouvait trouver un soutien solide, mais toujours avec une bonne raison. Eris l'avais été, il le savait. Mais ce que Larsen ignorait, c'est qu'il avait lui aussi servi à Eris, notamment pour freiner Mulciber dans sa course acharnée contre le vide.
Mais Larsen avait un point faible: sa force. Il la pensait redoutable, insurmontable et intouchable. Aussi croyait-il que personne n'allait le toucher. Mais en soulignant sa force, il montrait indirectement qu'elle était vulnérable et pouvait à tout moment chanceler.

C'était là sans-doutes la force des hommes de "paix" du purisme. Léon, Eris et Tryan. Les trois représentaient une certaine neutralité. Le premier avait des compétences magiques que lui-même n'avait plus besoin de mettre en avant. Il en était de même pour Eris quant à ses compétences politiques. Pour Tryan, il oeuvrait dans l'ombre, se rendant utile et indispensable. Une sorte de neutralité dans les affaires internes.

« C'était bien là le problème. Arriver à le capturer n'a pas été chose aisée puisque Jugson a éliminé presque toutes les traces de son passage ou presque. »

Jugson avait caché bien des choses et trahi bien des personnes. Eris ne s'en rendait surement pas assez bien compte mais cette personne était des plus étranges. D'ailleurs, la plupart des Mangemorts avaient en eux cette part de mystère indestructible mais aussi illisible. Ils étaient ainsi, on ne pouvait leur reprocher.
Mais Jugson avait oeuvrait pour le régime, bien que dans l'ombre, les première réminiscences d'un bourbisme caché commençait à s'éveillait. Car bien qu'il soutenu la cause puriste, son penchant pour la facilité et l'oeuvre bafouée faisaient de lui un bourbisme de l'ombre. Les bourbistes étaient, pour certains, des Sang-Purs, ce qu'on appelait alors des Traitres à leur Sang. Valverde, en ayant pour mission de les traquer, avait bien compris leur fonctionnement.

Ils pensaient à eux avant de penser aux autres.

« Je l'ai interrogé moi même, et il a fallu user de nombreux procédés pour l'affaiblir suffisamment pour que je m'introduise dans son esprit, n'étant pas légilimens de nature, cela n'a pas été une partie de plaisir, mais tu auras probablement plus de facilité que moi dans ce domaine. J'y ai découvert la suite des évènements, à savoir que l'histoire aurait pu s'achever ainsi, mais il n'en fut rien. Plus tard, il fut contacté par le département des mystères, Menroth souhaitait le voir, et il a fait forcing pour le rencontrer chez lui.
Il y a été, et devant des vampires non répertoriés par le ministère, il a épargné ce terroriste et toute sa famille mais pire que ça … il les a couvert et a … il a ... Il a laissé une marque que jamais il n'aurait du faire. »

Une somme de nouvelles qui arrivaient à vitesse grand V et qui ne laissaient que peu de temps à Valverde de peser le poids des choses.

Le vieil homme se leva du fauteuil dans lequel il avait tant était assis à Gaydon. Ils n'étaient pas installés dans les deux fauteuils prêt de la cheminées, vu que Tryan était arrivé blessé. Il s'approcha d'un feu, la couleur des flammes illuminant son visage et contrastant ses traits vieillis et ridés.

Menroth avait encore agi en solitaire. Il avait voulu passer pour le sauveur du régime, en prétendant avoir expédié Malkiavan au fin fond de la mort. Mais l'homme était encore vivant.
Valverde savait que beaucoup de succès étaient impossibles, surtout dans un monde telle que la politique. Il y a toujours des moments où d'autres sont plus forts, d'autres réussissent alors que l'on reste dans l'ombre. Mais ces réussites et cette ombre n'ont que fin d'apprendre.
Ainsi, quand on se couronnait de succès plusieurs fois de suite, quelque chose était caché. Et Valverde s'en était douté tout en sachant qu'il ne s'agissait pas là de quelque chose dont il devait se mêler.

« Nous allons aller voir ce qu'il a à me dire. Je ne sais pas ce qu'il en découlera, tu en seras l'unique responsable dans le sens où seul toi a le choix de faire ce que bon te semble. » Le Directeur de l'Ordre Nouveau se retourna et regarda Tryan. « Mais tout repose sur toi et je sais que tu assumeras les conséquences de tes actes. Positives ou négatives. »

Il quitta sa position, traversa le grand salon puis le quitta. Après être allé prévenir Bifur de son départ, il revint auprès de Tryan, qui de toute évidence, se doutait qu'ils étaient sur le départ.
Il se posta à l'entrée de l'immense pièce.

« Je suis prêt. »

Qui savait alors ce qu'ils allaient trouver.

C'était là la première fois que le vieil homme pénétrait dans l'antre de Tryan.
Il était difficile d'entrevoir des parties privés des trois hommes froids de la politique puriste. Rien ni personne ne savait quoi dire sur la vie privée de Brom, Valverde ou De Saint-Clair. Ils étaient toujours présents dans ce monde si complexe qu'est la politique. On savait tout de leurs actions, leurs projets, on les respectait pour cela. Mais quant à leurs vies privées, on ne savait strictement rien. Tout le monde ou presque ignorait où se situait la nouvelle demeure du vieil homme, comme tout le monde ignorait celle de Brom ou Tryan. On ne s'y aventurait jamais car ces trois hommes étaient des hommes publiques.
Le jeune-homme avait vécu quelque temps à Gaydon. Cet immense manoir avait une réputation sinistre, réputation dont avait eu besoin son propriétaire pour se faire un nom dans l'immensité puriste de l'Angleterre en 2003. Et les Valverde étaient alors surtout connus pour être une famille de Sang-Pur ayant comme objectif l'élimination du Sang moldu. Et le manoir Valverde de Gaydon en était l'illustration parfaite. Ce lieu de tourments et de torture, tout en imposant respect et silence. Magnifique et immense demeure, aux salles richement décorées et à la bibliothèque surpassant celle de Poudlard.
Mais Eris, à son retour d'Urquhart en Octobre 2004, après une prétendue mort très formatrice, avait vu le vestige d'un passé, ou une puissance qui le dépassait. Un lieu de souffrances passées qui ne se liait pas avec les projets. Valverde avait été reconduit par Voldemort dans sa mission à l'Ordre Nouveau. Et même plus. Il avait eu des fonctions élargies. Un nouveau départ somme toute. Il fallait avancer, rompre avec le passé et ses coutumes étranges et très destructrices.
Orgon's house était ainsi devenue la nouvelle demeure du vieil homme. Bien plus calme, bien plus petite mais à l'image du Mangemort. Il en avait besoin.

Eris suivit son fils spirituel dans l'immense allée, jetant quelques rapides coups d'oeils sur l'extérieur du bâtiment. Il ne lâchait du regard ce jeune-homme, à l'allure élancée et au charisme indéniable. Il était presque fier -s'il avait pu ressentir quelque chose- de l'homme qu'il était.

Mais les temps n'étaient pas à la fierté et à l'amour. Si Eris et Tryan marchaient dans cette allée, où l'aube commençait peu à peu à arriver, c'était parce qu'une chose grave avait eu lieu. Menroth était allé bien trop loin dans sa quête utopique du pouvoir. Il n'avait pas servi le purisme.
Eris n'était pas Voldemort. Il n'avait rien à recevoir du dit Mangemort à la Cape. Mais il restait un serviteur du Purisme, et même l'incarnation publique de celui-ci après Voldemort. Chacun avait une mission dans la politique, celle d'Eris était d'être la flamme idéologique de la politique puriste. Cette flamme devait guider les êtres dans ce nouveau chemin et supprimer ceux qui ne méritaient pas d'exister dans ce monde rempli de Sorcellerie.

Ils entrèrent dans le demeure du jeune français, accueillis par les cris féminins de sa fiancée.
Valverde déposa son regard froid et étonné sur la jeune femme. Cette dernière se sentit vite gênée, mais non moins en colère du retard domestique de son compagnon. La vie à deux a ses petites doses de charme que Valverde ne pouvait pas comprendre.
Qu'importe ce que l'on pouvait dire. Ils allaient dans quelques minutes, révéler peut-être la plus ignoble des trahisons chez les Mangemorts.

Valverde était un Mangemort à part. Le Seigneur des Ténèbres le savait. C'était surement pour cela que Tryan ne le voyait avant tout pas comme un mangemort, mais comme un politicien puriste. Car sans les Mangemorts, Eris serait devenu ce politicien puriste. Mais que serait devenus des Mulciber, Lestrange et autres Mangemorts tant attachés à leur Maître?
Valverde était presque indépendant. Le Seigneur des Ténèbres connaissait les compétences de ce vieil homme et il en avait besoin. Il y avait en ce monde d'autres politiciens, peut-être meilleurs que Valverde. Mais le présent prouvait que Valverde était unique en son genre à l'heure actuelle. Et Voldemort avait besoin d'une personne comme celle-ci, au lieu de le voir comme ennemi. Depuis l'arrivée de Valverde à l'Ordre Nouveau, la Purge était devenue régulière, suivie et proposait des résultats clairs. Voldemort en voulait même plus et avait étendu la mission du vieil homme.
Et cela, on ne pouvait le nier. Voldemort avait autant besoin de Mangemorts tels que Brom et Valverde qu'eux avaient eu besoin de lui en un temps où il fallait une violence et une puissance suffisamment fortes pour imposer le purisme aux yeux de tous.

Rapidement, les deux hommes atteignirent la cellule où était emprisonné Malkavian, ancien terroriste de renom que Valverde n'avait jamais rencontré si ce n'est sur une affiche de la Justice Magique.
Le vieil homme s'approcha du vampire. Ses yeux froids observaient avec attention le visage affaibli de ce si tristement célèbre nom. Par sa faute, ou grâce à lui, Jugson avait trahi.

Le Directeur de l'Ordre Nouveau pointa sa baguette magique sur l'ancien hors-la-loi prétendu mort. Après avoir vu la marque des ténèbres qui provoqua sur lui un air de mécontentement, un éclair blanc s'engouffra dans le visage du vampire.

« Legilimens! »

Des silhouettes se dessinèrent.
Valverde reconnu alors le célèbre terroriste, bien en meilleure santé qu'actuellement. Il parlait avec un homme de haute taille, cheveux roux et rouge, tout vêtu de rouge. Son image était imposante bien que pas primordiale pour cette découverte.

« Je sais que cette mission ne t'enchante guère, mais tu es le seul qui puisse faire le lien, pas d'ancien langage chez les sorciers, par conséquent tu dois traduire tout ce que je dirais et tout ce qu'il me dira, et ce sans le moindre avis personnel, est ce clair ? Je ne veux pas des habituelles procédures, on reçoit un invité, peut être pas de marque, je n'en sais rien. Tu lui laisseras sa baguette, tu as mon autorisation pour le mener directement à moi, si on te demande ce qu'il fait là, tu répondras que c'est mon invité, est ce bien compris fils ? »

«Oui monseigneur … »

« Tu sais que je ne te livrerais pas à eux, pas une seconde fois, cependant, il est probable qu'il cherche à te défier personnellement. Tu accepteras et tu devras utiliser la magie du sang, mais juste basique, si tu vois ce que je veux dire.

« Mais Orguilas est mieux placé que moi pour défendre le clan dans un duel … »

« Suffit ! Tu es sorcier, mais tu es un membre comme un autre, si tu ne le veux pas, alors prends le comme un ordre, sinon, je reverrais ma position sur ton utilité. »

« Comme vous le voudrez. »

« Bien, va l'accueillir, il est tout proche. »

Quelques minutes plus tard, Valverde reconnu le faciès si célèbre du Mangemort à la Cape. Les deux s'étaient donc bien rencontrés.

« Menroth Larsen … Bien de vous voir ici, entrez je vous prie. »

Cette allure, ce visage, tout était là. Tryan n'avait pas menti une seule seconde et Larsen avait bien rencontré un être supposé être mort.

Menroth marchait. Il partait. Laissant derrière lui une des plus grandes menaces.
Vivante.

Quelques temps plus tard, le temps c'était encore avancé dans son existence.
Valverde était dans un lie qu'il ne connaissait guère. Et il avait en lui les sensations qu'avait alors éprouvé le terroriste. Un monde de sentiments qui lui mis la chaire de poule.
On voyait Rachel, la femme de Tom Jugson. Cette dernière n'était pas dans une position facilement confortable et à en s'appuyant sur ce que ressentait alors le vampire, il avait du pouvoir du elle.

« Je vais écrire une lettre à votre mari prochainement, on va voir s'il tient à vous, mais avant, je compte bien laisser Meredith souffrir un peu ... »

Tout concordait.
Il s'agissait du moment où Valverde avait combattu Meredith. Cet ajout de preuve installait les évènements dans des faits réels.

Trois personnes se tenaient alors, là, dehors.
Tom, Malkiavan et un inconnu.
La conversation révélait ainsi une seconde trahison.

« Pour commencer, demandes lui s'il est ouvert à la négociation, et s'il est prêt à rester en vie, ainsi qu'à conserver son poste de ministre. De toute façon, il n'a pas vraiment le choix, mais je préfère rester dans des termes sympathiques, je l'autorise à me poser des questions sur la résistance, en guise de bonne foi. ... Tu lui diras aussi, que l'échange ne va pas que dans un sens, si je réponds à ces questions, il devra me rendre la pareille, mais qu'il n'ait crainte, je ne le questionnerais pas sur ce gouvernement ou quoi que ce soit de politique, les affaires anglaises ne sont pas les miennes … il comprendra ma réelle motivation quand il acceptera les négociations. Tu peux traduire vas y ... »

« Alright. Dis lui que je marche, dans la mesure du raisonnable. »

Les minutes étaient passées.
Et il restait maintenant peu de temps avant que le vampire soit inutile.

« Bien, c'est presque l'heure, Tom Jugson se fut plus une corvée qu'un plaisir d'avoir à faire affaire avec vous, je ne doute pas que ça soit réciproque. Seven, content de vous avoir revu, même remarque que pour votre cousin. Adieu. »

« Ciao, Rachel. Arrivederci. »

Le sortilège s'arrêta.
Valverde était de retour dans le cellule humide où croupissait cette... personne. Il regarda Tryan de ce regard froid et calme.

« Larsen Menroth est donc un traître. »

Cio, Larsen. Arrivederci.

Spoiler:

Valverde s'approcha du vampire. Ses yeux se collèrent dans ceux de l'ancien si célèbre terroriste. Valverde y lu l'homme déchu. L'histoire de tout un clan, soudainement attaqué de plein fouet. Valverde ne connaissait pas énormément de choses sur le monde vampirique, bien qu'il sut que les personnes possédant de tels dons -ou malédiction- se réunissaient en clan et qu'un système patriarcale s'établissait alors. Ce vampire ne trahirait jamais les siens.

Il s'était trahi lui-même.

Il passa soudainement une main devant son visage. Une légère lumière bleu pénétra à travers les pores de sa peau. Quelques secondes après, il s'endormait.
Il tourna la tête vers le jeune français. On voyait sous ses yeux quelques signes de fatigue. Mais voilà bien longtemps que ses cernes avaient été remplacées par des rides. Comme si sa vieillesse, bien trop tôt prononcée à cause des années à Azkaban, avait immortalisée les traits d'une souffrance vitale pour qui il était alors.

« Il est préférable qu'il se repose. Je ne sais ce que le Seigneur des Ténèbres lui fera, notamment sous l'effet de la colère. Ce sommeil réparera une ultime fois le trouble de son esprit. »

Il retourna une dernière fois la tête vers ce vampire attaché dans cette sinistre cellule. Un temps, s'il avait pu ressentir autre chose que de la froideur, il aurait eu pitié de cet être arraché de la vie pour la gloire de bien d'autres hommes, et surtout, d'une cause.

Il écouta cependant ce qu'avait à dire Tryan. Les choses devenaient bien plus compliquées. Valverde avait maintenant la preuve que Menroth avait trahi. Les choses en seraient de même si Tryan n'existait pas. Que ferait un Mangemort tel qu'Eris Valverde face à la trahison d'un autre Mangemort du même poids et de la même renommée que lui?
Le Seigneur des Ténèbres réagirait très mal, même si le comportement du Mangemort à la Cape avait déjà était digne de la trahison lorsqu'il avait commencé à agir par lui-même. Mais Voldemort n'était pas idiot. Il avait depuis bien longtemps compris le jeu de Larsen et avait fait en sorte que ce dernier arrive à sa propre chute. Il l'avait forcé à assumer les conséquences de ses actes et à aller jusqu'au bout des décisions qu'il avait fait prendre.
Larsen en voulant contrôler l'Angleterre en prenant avec lui les plein pouvoirs et en laissant à Valverde la propagande qu'il avait toujours su gérer, il garantissait le maintien, certes, du gouvernement qui avait tout d'un bateau chancelant avec Mulciber comme capitaine. Mais, par dessus tout, il assurait sa place auprès de tous, promulguant ses intérêts particuliers avant de s'occuper de ceux des autres.
Larsen avait des compétences, c'était indéniable. Mais son département était en train de sombrer. Il ne respectait pas les demandes faites par Brom à Urquhart. Chacun s'attelait, au péril de sa vie, à exécuter les ordres.
Tout le monde, sauf lui.

« Malkavian sera disponible si tu en as besoin pour le présenter en cas de besoin de témoignage, en revanche, j'entends bien garder cette vampire, j'ai quelques expériences et projets pour elle … si tu n'y vois pas d'inconvénients, j'aimerais la garder. »

Valverde venait de regarder le mur tournant, laissant voir une autre vampire. Une seconde que Tryan avait réussit à capturer.
Au moins, le vieil homme ne doutait pas des compétences du jeune français dans l'analyse et le contrôle des créatures magiques de ce monde.
En soi, c'était très positif. Il fallait justement réussir à gérer ses affaires et en faire toujours plus. Toujours de quoi rebondir en cas de coup difficile. Et il n'y avait jamais rien qui pouvait donner aux autres l'occasion de détruire.

« Tu es maître de tes choix de Tryan. Quant à moi, ce que j'ai vu chez Malkavian m'a largement suffit. »

On ne pourrait pas douter de ce qu'allait faire le jeune-homme. Ses intentions étaient claires et Valverde ne pouvait l'en empêcher. Les Mangemorts avaient toujours craint le jeune français, surement parce qu'il avait les capacités de trouver chez certain la faiblesse qu'ils avaient toujours cherché à cacher. Le bénéfice d'avoir toujours été un Mangemort non trop important et surtout bien plus indépendant, et d'être désormais l'être le politicien puriste le plus connu de toute l'Intendance et surement plus encore.

Il y avait maintenant une décision à prendre quant à la trahison de Larsen. Valverde n'avait pas à prétendre être celui qui en avait fait la découverte. Il n'était que là pour attester les faits. Il était une présence neutre, qui, bien que sentant presque de l'aversion pour quelqu'un qui fut avant un ami, gardait un oeil observateur et mesuré sur les faits.
Valverde avait vu dans les propres souvenirs de Malkiavan la trahison de Larsen. Voldemort n'y aurait pas plus de mal, surtout s'il voulait attester des faits réels.

« Mais où est passée Rachel? »

Il y avait cet autre point. Tom et Larsen avaient fait croire à tous que Rachel était morte. En soi, rien de bien dramatique. Il s'agissait de leurs affaires.
Mais ils avaient inclus le vampire dans cette triste machination. D'autant que la marque des Ténèbres inscrite sur Malkiavan était visible.
Une fois de plus, Larsen s'était pris pour qui il n'était pas.