8h15 … Assise à la table de la salle à manger, le nez dans le journal, j’étais en train de lire les dernières nouvelles tout en terminant ma tasse de café. Ce n’étais qu’une journée comme une autre qui débutait pour moi. Une journée encore toute seule dans ce manoir immense, trop grand pour moi, avec pour seule compagnie, un doberman trop affectif et un vieil elfe de maison grincheux.

8h45 …Fin de la lecture et départ pour une balade dans le parc. Tobias, le chien m’accompagnait, profitant du calme matinal pour galoper à travers le parc. Moi, encore une fois seule et silencieuse, j’avais opter pour un petit passage vers la tombe familiale où reposait mes parents. Mon père je m’en fichais un peu. Même s’il m’avait poussé pour réussir dans ma vie, il m’avait aussi quelques peu déçu par sa violence envers moi alors que je n’avais fait que me défendre en tuant Stephen. M’accroupissant devant la tombe, je dégagea la neige qui recouvrait l’écriture avant de poser mon regard sombre sur le nom de ma défunte mère.

J’espère que tu ne m’en voudra pas mère … Je ne suis pas faite pour être Langue de Plomb, rester enfermée … Très peu pour moi ! Mais ne t’inquiète pas, je ne te décevrais pas !

Me redressant, je leva les yeux vers le clocher qu’on voyait au loin. Il sonnait la demi-heure … 9h30 … Il était temps pour moi de m’en retourner au manoir pour me préparer pour cet entretien au ministère. Ce n’était qu’un entretien de plus mais j’avais vraiment envie d’entrer dans ce département. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il me semblait que c’était celui qui me permettrait de retrouver plus vite mon fils, parce que c’était celui qui me permettrait de bouger le plus, parce que … non j’avais X raisons mais à savoir si elles étaient bonnes …

10h … La vieille horloge comtoise était en train d’égrener les dix coups quand j’entra dans la pièce. Fredrick, l’elfe était en train de faire le ménage quand je posa mon regard sur lui. Immédiatement, il s’arrêta et vient devant moi, prêt à satisfaire mes besoins. Un léger sourire narquois passa sur mon visage alors que l’envie de l’envoyer bouler me traversa l’esprit.

Je ne sais pas à quelle heure je rentre mais tu sais ce que tu as à faire.
Oui Maîtresse. Je souhaite à ma maitresse de réussir son entretien !
Ais-je déjà loupé quelque chose ?

Sans attendre que l’elfe réponde à cette question piège, je tourna les talons et sortis de la pièce pour récupérer ma cape avant de passer dans une autre pièce pour utiliser la cheminée et me rendre au ministère. Fredrick servait les Dodderidge depuis déjà de nombreuses années et s’il avait été heureux de suivre ma mère, il ne semblait pas me porter dans son cœur. Malheureusement pour lui j’étais sa maitresse et il me devait obéïssance. Malgré cela, l’elfe se permettait souvent de me répondre, chose qu’il aurait d’ailleurs fait si je n’étais pas partie si vite de la pièce.

Ma vie n’était pas une si grande réussite que ça mais j’espérais bien changer ça rapidement. Je n’avais que vingt-quatre ans et encore pas mal d’années devant moi aussi avais-je postuler quelques jours plus tôt pour entrer au département de la justice magique et plus précisément en tant qu’exécutrice des nuisibles.

J’avais reçue ma convocation la veille et c’est pour ça que je me trouvais actuellement dans l’ascenseur me conduisant au niveau 2. Je connaissais déjà cet étage pour avoir fait partie pendant quelques temps de la brigade de police magique mais c’était il y avait déjà quelques années et c’était mon autre moi, la Emelyne gentille et calme, celle qui se faisait discrète et faisant son boulot sans rien dire. Mais ce n’était plus moi … Maintenant j’avais plutôt tendance à être violente, directe et franche même avec les autorités. Ce qui me poserait surement problème avec mon futur supérieur mais tant pis, je tâcherais de prendre sur moi, au moins pour l’entretien …

Sortant de l’ascenseur, je regarda la porte menant au bureau de la brigade avant de lui tourner le dos et d’entrer dans le bureau qui m’intéressait. Me dirigeant vers la secrétaire, je me présenta rapidement avant de lever les yeux vers l’horloge. 10h15 … Pile à l’heure comme à mon habitude, je n’étais ni en avance, ni en retard ...

Quelques mots de la secrétaire et me voilà en train d’entrer dans le bureau du directeur. Un bureau est toujours un bureau quelque soit la personne qui l’occupe et celui-ci n’y coupe pas. Un rapide regard autour de moi avant de me fixer sur l’homme installé à son bureau.

Prenez un siège.

Baissant les yeux sur les deux fauteuils présents devant le bureau, j’opta pour celui de gauche. Pourquoi celui-ci ? Aucune idée et je dois dire que je m’en fichais, c’était un siège comme un autre. Un siège qui verrait s’accomplir soit ma réussite soit ma défaite mais ça il s’en fichait bien puisqu’il devait en voir régulièrement des fesses sur son assise. Quoique certaines devaient être plus agréables que d’autres …

Lançant un regard à la secrétaire, je resta silencieuse, plus longtemps que je ne l’avais jamais été lors d’une entretien mais j’avais muris depuis le temps et la vie c’était chargée de m’apprendre pas mal de choses qui me permettaient d’être un peu plus posée. Mais bon, ça restait encore à voir …

Lincoln Crow, puisque c’était le nom du directeur, était en train de regarder mon dossier. Je ne souvenais de cette tonne de paperasses que j’avais remplie un soir, quelques jours après la mort de ma mère. J’y avais passer pas mal de temps, préférant en mettre trop que pas assez mais en restant discrète quand même sur certains points, comme la mort de Stephen, mon ex-compagnon ou mon passage chez les raffleurs. Ce dernier n’avait duré que quelques mois te devait logiquement prendre fin avec mon entrée dans ce service. Mais si je venais à échouer, je continuerais très certainement sur cette fois, même si je n’y trouvais aucune satisfaction personnelle.

Alors Miss... Miss Selwyn. Vous aspirez à entrer au Bureau des Exécuteurs de Nuisibles du Ministère de la Magie Anglais, au service de la haute puissance du Lord et de l'Intendance. Je vois que vous faîtes déjà partie du Parti Puriste Anglais, ce qui est une excellente chose... quelles sont vos motivations, réelles j'entends, pour entrer dans ce groupe ?

Ah ! Voilà qui devenait plutôt intéressant ! Enfin une personne qui ne cherche pas à être sympathique à vos yeux pour mieux vous enfoncer après. Il entrait directement dans le vif du sujet sans passer par les politesses d’usage et les questions personnelles sans grande importance. Croisant les jambes et arborant un léger sourire, je me redressa légèrement avant de me lancer dans un petit discours non préparé.

Des motivations … Hum … Comme toutes les personnes qui sont déjà passées devant vous, je pourrais dire que c’est pour faire partie des meilleurs, pour servir mon pays et le Lord mais ça ne serait que des paroles en l’air, que des paroles pour se faire bien voir, pour se … « mousser ». Ce qui n’est pas mon genre.

Je m’interrompis quelques secondes me demandant s’il allait apprécié mon discours et ma façon de voir les choses. J’avais toujours été franche, chose qu’on m’avait souvent reprocher lors de mes formations mais qui m’avait aussi permis de m’imposer quand j’étais sûre de moi.

Je suis là pour ma propre expérience. J’ai envie de voir autre chose, de découvrir d’autres horizons tout en essayer de purifier un peu ce pays. La Brigade, les Langues-de-Plombs, c’est bien mais je n’y trouve pas mon intérêt. Je … m’ennuie.

Ce n’était pas vraiment des motivations parce que si je m’ennuyais pour si peu il était fort à parier que ce soit la même chose dans ce service. Oui mais voilà, chaque passage dans ces services avaient été une étape de ma vie. La Brigade c’était avant la naissance de mon fils, avant que je ne tue Stephen de sang froid et que mon père pète un câble. Les Langue-de-Plomb c’était pour avoir un emploi plus fixe et régulier et élever mon enfant correctement. Les Raffleurs … Les raffleurs c’était le moment de folie après l’enlèvement de Clovis, c’était un espoir de le retrouver peut-être, espoir qui avait disparu quand ma mère avait mis fin à ses jours. C’est à ce moment là que j’avais compris qu’il me fallait plus, qu’il me fallait avoir un emploi qui valle la peine de se battre vraiment et les exécuteurs étaient pour moi le mieux.

Tout était déjà expliquer dans le dossier mais un entretien ne passait pas que par la lecture de ce dit dossier mais aussi par la parole, par la façon d’agir des gens. J’étais franche et je le resterais tout le temps. Après je n’étais pas sûre que ça plaise à un supérieur, raison pour laquelle j’avais quelques doutes quand à la réussite de cet entretien. Mais on ne pouvait pas savoir sans avoir tenter sa chance …

Donc à part avoir une nouvelle expérience et me lancer à fond dans un nouveau but, je ne peux pas dire que j’ai de réelles motivations.

Il était presque certain que j’avais grillé mes chances d’entrer dans un tel service, après tout, il fallait une grande motivation pour faire partie de l’élite du ministère sans avoir été pousser à le faire parce qu’étant un bon élément dans un autre service. Certes, j’avais réussit mes deux formations mais je n’étais guère aller plus loin, toujours à cause de problèmes personnels. Maintenant je n’avais que moi, enfin jusqu’à ce que je retrouve Clovis, parce que j’étais sûre qu’il était vivant. Etait-ce mon statut de mère qui me faisait dire ça ? Aucune idée mais je ne lâcherais rien tant que je n’aurais pas de preuve.

Si servir le Lord n'est rien d'autre que « des paroles en l'air » alors expliquez moi ce que vous faîtes ici, Miss Selwyn, plutôt qu'à Azkaban ?

Un sourire éclaira mon visage alors que je ne quittais pas le directeur du bureau du regard. Je l’aurais pensé plus intelligent que ça pour aller voir plus loin que le sens premier de la phrase mais bon, peut-être ne s’était-il pas attendu à ça et n’avait pas pris le temps de décortiquer correctement mes dires.

Ce que je fais ici ? Et bien il me semble que je passe un entretien d’embauche …

Je marqua un arrêt me laissant déguster avec plaisir ma façon de lui répondre. Voilà bien longtemps que je n’avais pas jouer avec les mots. Ce n’était pas évident à faire lors des formations et chez les raffleurs, rare étaient ceux qui avaient assez d’intellect pour comprendre ce que je lançais.

Vous n’avez pas très bien saisi la subtilité de ma phrase. Bien évidemment que servir le Lord est une chose plus qu’intéressante mais je ne compte pas utiliser cette simple phrase pour tenter de me glisser dans vos doux papiers !

Voilà comme ça c’était dit. Je détestais jouer les pot-de-colle, les filles faciles, les dragueuses invétérées ou même les filles à papa sûre d’elle. Non j’étais moi-même avec ma franchise que ne plaisait qu’à très peu de monde et qui m’avait valut bien des soucis pendant mes études à Poudlard.

Je suppose que vous savez au moins à quel poste vous prétendez être la mieux placée. Le corps des Exécuteurs de Nuisibles est une élite à la fois intellectuelles, et militaires. Nous nous basons sur des critères complexes afin d'analyser nos agents, et même si vos « motivations » ne me conviennent absolument pas, j'aimerai tout de même voir si vous êtes aptes à passer les tests.

Mais pour qui me prenait-il ? Pour une blonde ? Même si j’en avais l’allure, j’étais loin de l’être que ce soit au niveau du mental, de la façon de penser ou même de ma façon d’agir. J’étais impulsive, c’était mon plus gros défaut, d’ailleurs c’était visible vu ma façon d’avoir répondu à la question sur les motivations. Je ne l’avais pas convaincu ? Ca tombait bien, moi aussi je n’étais pas convaincue par mes propres mots !

Le regardant sortir du bureau, je resta … sagement à ma place me demandant bien comment allait finir cet entretien. Oh j’avais quelques avis sur la question mais je préférais laisser ça de côté et voir au fur et à mesure. Après tout, j’avais encore plus d’un tour dans mon sac …

Vous répondrez le plus rapidement possible aux questions que je vais vous poser. Soyez précise, concise, et n'hésitez pas.

Je le vis revenir avec un énorme dossier sous le bras. J’étais curieuse de connaître la suite de l’entretien et j’avais même hâte de répondre à ses questions. Je préférais largement des travaux pratiques à de la théorie et si ses questions étaient pour me piéger, je comptais tout faire pour m’en sortir sans problème.

Votre affiliation morale avec le régime est-elle positive ou négative ? Pouvez-vous me citer trois hors-la-loi connus à ce jour ? Êtes-vous une sang-pur ? Comment s'appelle votre mère ? Avez-vous des enfants ? Comment s'appelle(nt)-il(s) ?

Positive. Sheppard, Weasley et Jugson. Oui. Selena. Oui, un fils. Clovis.

Si certaines questions me semblaient logique, d’autres étaient purement pour me troubler. Je répondais rapidement tentant de ne marquer aucun arrêt malgré le fait que d’évoquer mon fils me blesse légèrement.

Pouvez-vous donner une raison simple à la traque de l'Ordre des Phénix ? Avez-vous déjà tué quelqu'un ? Avez-vous déjà blessé quelqu'un ? Avez-vous déjà été torturé ? Si oui, quand ? Par quel sortilège ?

Leurs membres sont contre le régime. Oui. Oui un hors-la-loi. Oui, il y a quelques années. Par Doloris.

Les questions étaient très précises et m’obligeaient à revoir des moments que j’aurais peut-être préférer oublier. J’avais encore mal au crâne après ma rencontre avec le coin d’un trottoir et tout ça à cause de Tom Jugson. Bien évidemment je ne comptais pas le chanter sur tous les toits mais bon, je lui avais quand même laisser un souvenir qui allait le faire boiter pendant quelques temps.

Connaissez-vous le Parti Puriste Anglais ? Quel est son rôle ? Qui le dirige ? De quoi est constitué l'Intendance ? Avez-vous vu votre enfant dernièrement ? Êtes-vous en couple ? A quand remonte votre dernier rapport sexuel ?

Oui, j’en fais partie. Répandre la parole puriste et contrecarrer les plans des bourbistes. Mike Witcher. Du département de l’Ordre Nouveau et du ministère de la magie Anglais, Gallois et Ecossais. Non. Non. Ca ne vous regarde pas.

Alors là, il allait un peu loin avec ses questions … Je voulais bien être sympa mais il y avait des limites et j’avais donc répondu à cette dernière question sur un ton plutôt sec par rapport au reste où je m’ennuyais limite un peu. Quoique j’aimais faire travailler ainsi mes méninges.

Êtes-vous en lien avec un hors-la-loi ? Connaissez-vous John Mulciber ? Qu'avez-vous manger hier soir ? Avez-vous vos BUSE ? Avez-vous déjà eu un rapport sexuel avec un nuisible quelconque ? Et vos ASPIC ? Refusez-vous l'autorité du Seigneur des Ténèbres ? Savez-vous mentir ?

Non. Oui, personnellement. Rien. Oui. Malheureusement oui. Oui. Non. Quand il le faut oui.

Je répondais sans réfléchir vraiment, mes réponses sortant du tact au tac. Bon ok c’était déjà mon habitude en temps normal mais là j’avais passé la vitesse supérieure. A vrai dire je commençais même à prendre plaisir à ce jeu de questions réponses, même si certaines étaient pour le moins très personnelles.

Répondez-moi maintenant de manière construite, vous pouvez réfléchir avant de vous lancer dans la réponse, de plus si vous ne voulez pas y répondre, vous n'êtes pas tenue de le faire et vous pouvez quitter le bureau sans explication : où est votre enfant Miss Selwyn?

Mon cœur loupa un battement. Pourquoi s’acharnait-il sur de telles questions ? Ne savait-il pas qu’une mère souffrait de ne pas pouvoir voir son enfant, de ne pas pouvoir le serrer dans ses bras, s’occuper de lui. Ne même pas savoir s’il était vivant ou pas, si je le reverrais un jour … Crow me laissait une chance de ne pas répondre mais quitter ce bureau voulait aussi dire tirer un trait sur un possible poste au sein de ce département. Ok je n’étais pas sûre d’obtenir un quelconque poste mais sortir d’ici ne m’aiderait pas à savoir.

Je n’en ai aucune idée.

J’aurais pu m’arrêter là et ne rien ajouter mais il m’avait demander d’être constructive dans ma réponse. Pour une fois j’allais l’écouter et faire ce qu’il me disait sans hésiter, même si mon cœur saignait rien que de penser à Clovis.

Il a été enlever il y a quelques mois de ça alors qu’il était sous la surveillance de ma mère. Je ne sais pas où il est mais mon cœur de mère me dit qu’il est toujours vivant et un jour … oui un jour je le retrouverais …

Pendant toute ma réponse, j’avais soutenu son regard essayant de garder la même volonté que j’avais eu plus tôt mais cette fois, je sentais mon assurance qui s’effritait tout doucement. Clovis était un sujet sensible, délicat, dont je ne parlais à personne même pas à Fredrick qui pourtant essayer parfois d’amener le sujet sur le tapis. Oh non, je me refusais d’en parler pour éviter d’avoir mal, pour éviter de souffrir et voilà qu’aujourd’hui, je me laissais aller à répondre à un inconnu, un homme que je ne reverrais peut-être pas si mon entretien échouait.

Cet entretien tient plus du ridicule semblable à celui que vous projetez continuellement plutôt qu'à l'embauche pour laquelle vous prétendez être assez mature. Ce qui est, visiblement, faux.

Ah bah tiens ! Encore un qui m’aimait pas mon humour ! C’était dommage pour lui mais je n’allais pas changer pour ses beaux yeux ! Je disais « ses beaux yeux » de un parce que c’était une expression et de deux, parce que je trouvais qu’il avait un regard accrocheur. Non ce n’était pas qu’il me plaisait, surement pas que je profiterais ainsi d’un entretien pour regarder l’homme mais il fallait dire que quelques unes de ses questions était plutôt du genre à emmener des pensées pas forcément à leur place dans un tel rendez-vous.

Et vous n'avez pas saisi la mienne. Je ne laisse aucunement place à la médiocrité dont vous faîtes preuve. Maintenant, fermez là, ou vous finissez à Azkaban pour insubordination.

J’avais envie de répondre … ça me démangeait litteralement mais je n’en fis rien. Non je préféra sourire doucement, un sourire mesquin, un sourire qui laissait entendre que j’avais compris le bonhomme mais que j’aurais bien voulu lui dire ses quatre vérités, un sourire qui aurait pu se transformer en rire en voyant la prétention d’un homme qui se croyait à l’abri de tout sous prétexte qu’il était chef et peut-être quand même meilleur que moi. A l’origine il était un homme, un humain, une chose qui avait une vie qui pouvait prendre fin, comme tout le monde ici bas.

L’entretien continua avec le fameux test. Une série de questions où je devais répondre franchement et rapidement. Certaines questions étaient tout à fait logiques et d’autres non. Je répondis avec mon naturel calme, celui que je pouvais mettre en application quand j’étais intéressée par le sujet mais que je n’avais pas montré jusqu’à présent. J’avais préféré montrer d’abord ma nature première, celle qui ressortait toujours au début et qui faisait de moi, l’impulsive que j’étais, voir même une instable comme diraient certains. Mais en venant ici, j’avais eu l’envie de changer et pour ça je devais aussi faire preuve d’un respect pour un supérieur ainsi que d’un calme que j’avais déjà prouver pendant ma formation de langue-de-plomb.

Vous en voulez à votre mère?

La question me fit froncer les yeux. J’en avais voulu à quelqu’un c’est sûr mais ce n’était certainement pas ma mère. Elle avait été plus présente pour Clovis que moi-même. Donc si je devais en vouloir à une personne, ça serait moi !

Et si il advenait que votre fils soit mort, que feriez-vous ? Ne pensez-vous pas espérer trop de le retrouver ? Mort, Clovis ne serait plus un fardeau pour vous, pourriez-vous alors vous plonger corps et âme dans votre métier?

Un fardeau … Pour sûr Crow n’avait pas d’enfant, pas de famille pour dire ça … J’aurais voulu ne pas répondre à ses questions, faire l’ignorante, voir même quitter le bureau mais encore une fois, j’avais besoin d’aller jusqu’au bout de ma démarche pour y voir plus clair dans ma vie, dans mes nouveaux objectifs. Je garda le silence un moment, je n’avais jamais réfléchis à cette question, pensant que mon instinct de mère était infaillible mais il avait une possibilité qu’il dise vrai et si c’était le cas … Et bien si c’était le cas, il faudrait bien que je continue … Même si l’on dit qu’on ne devrait pas survivre à nos enfants, la terre ne s’arrêtait pas de tourner pour autant et je me devrais de faire mon duel et aller de l’avant.

Je … n’y ais jamais penser. Je ne considère pas mon fils comme un fardeau mais comme une force. Chacun à sa façon de penser mais pour moi la famille est importante pour pouvoir avancer. Je n’ai plus que Clovis et si je devais le perdre …

Je m’interrompis quelques secondes pour me reprendre et ne pas flancher. J’étais loin d’être une femme à me laisser abattre mais il avait su trouver mon point faible et le toucher parfaitement pour pouvoir jouer avec moi, pour me voir faiblir et me perdre.

.. Il faudrait que je me trouve une nouvelle famille, et pour moi intégrer une équipe est comme intégrer une famille. Donc il est certain que je m’investirais à fond.

Je m’étais reprise correctement, répondant cette phrase d’une voix forte et posée, voir même avec une certaine pointe d’agressivité. Je ne voulais pas être incorrecte, je l’avais été suffisamment pour qu’il voie mon caractère aussi j’espérais qu’il comprenne mes dires.

Répondez-moi simplement Miss Selwyn, et puisque vous êtes « franche » cela ne devrait pas être difficile : pensez-vous avoir le mental pour être Exécutrice de Nuisibles?

La question était facile en apparence mais je ne voulais pas répondre sur un coup de tête, je ne voulais pas partir sans avoir été franche et directe jusqu’au bout. Je me devais de répondre complètement à cette question, sans rien cacher de ce que je pensais.

Non.

La réponse était sortie directement, peut-être même un peu trop mais vu qu’il voulait de la franchise, il allait être servi jusqu’au bout. Au moins je n’aurais pas de regret à la fin …

J’ai suivit la formation de la brigade mais je ne suis pas allée plus loin à cause de la naissance de mon fils. J’ai suivit la formation de langue-de-plomb mais je ne suis pas allée plus loin à cause de la disparition de mon fils. Tant que je n’aurais pas la preuve de sa mort, je serais toujours attachée à lui. Depuis je suis raffleuse enfin, je tente de l’être pour faire passer le temps mais je suis incapable de vivre correctement. Je suis instable comme le prouver mon vécu jusqu’à présent. Mon passage rapide à Sainte Mangouste suite à mon duel contre Jugson m‘a fait comprendre que je devais me reprendre, faire quelque chose de ma vie avant qu’il ne soit trop tard.

Je m’interrompis à nouveau, cherchant la phrase qui pourrait conclure un tel discours. Je savais déjà la réponse qu’il allait me fournir mais je pouvais être contente de moi, j’avais été jusqu’au bout, sans flancher, sans disjoncter complètement comme ça m’arrivait parfois quand je me retrouvais seule au manoir.

Je suis loin d’être parfaite mais j’ai au moins l’honnêteté d’être moi-même en toute occasion et pour ça j’en suis fière.

Qu’il dise ce qu’il veux, moi j’avais atteint mon but. Les raffleurs ce n’était pas si mal finalement et je pourrais peut-être arriver à me trouver un coéquipier. Duncan par exemple, il était un assez bon combattant et je pourrais m’entendre avec lui …

Spoiler:

Pourtant, vous ne devriez pas.

Je ne releva pas la phrase bien que j’hésitais un peu à lui répondre. Chacun avait son point de vue sur la chose et le mien était complètement différent. Avoir un enfant me permettait de me sentir plus forte, de me sentir vivre et d’avoir une raison pour me battre et rentrer vivante le soir. Mais ce n’était pas forcément le bon moment pour lui donner ma propre opinion même si j’appréciais sa façon de débattre quoi que ses réponses étaient toujours trop fermées à mon goût.

Etre attentif aux paroles de l’autre était bien mais pendant que je faisais mon petit discours, je sentais le regard de Crow fixé sur moi. C’était troublant la façon dont il me regardait, j’y retrouvais un air de mon père quand ce dernier sondait la personne en face de lui pour en apprendre le plus possible en quelques minutes. C’était gênant d’être la cible d’un tel regard mais surement nécessaire pour qu’il puisse savoir que je disais la vérité, même si j’avais prétendue plus tôt être capable de mentir. Ce n’était pas aujourd’hui que je le ferais, je n’en avais pas besoin.

Votre manque de persévérance et votre manque de professionnalisme pourraient vous coûter cher. Aucun Exécuteur n'a un jour quitté les rangs du Bureau sous prétexte qu'il en avait marre, que sa famille subissait des problèmes, ou à cause d'un quelconque événement. Aucun n'Excuteur ne l'a un jour fait tout simplement car c'est un manque de logique pur. Souvenez-vous en, pas pour moi, au moins pour vous. Si vous pensez quitter un groupe, c'est que vous n'avez pas réellement envie d'y entrer.

J’aurais dit plutôt que c’était un manque de motivation … J’avais intégrer la formation de la police magique sur les souhaits de mon père et pour les langues de plomb, ça avait été un coup de tête. J’aimais mon fils mais je n’étais pas faite pour rester enfermée au manoir vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour m’en occuper. Du coup ayant quitter les formations à peine terminer, je ne m’étais jamais sentie vraiment intégrer à un groupe. Peut-être était-ce la raison du pourquoi je n’avais pas accrocher …

Ne répondant pas, n’ayant rien à ajouter, je hocha la tête avant de le regarder fermer le dossier et se lever. L’entretien était-il terminé ? Ne sachant que faire, je resta assise, attendant la sentence qui allait bientôt tomber. Il ne m’avait pas adresser un regard, peut-être que c’était sa façon d’être avec ceux qu’il refusait … Toujours était-il que mon cœur battait la chamade alors que j’attendais qu’il ajoute quelque chose.

Vous commencez demain à 8h. Pas de retard excusable. Sauf si vous ne pensez pas être assez honnête avec vous-même pour savoir que vous en êtes tout à fait capable, auquel cas, ne remettez pas les pieds à la Justice Magique et allez vous fourrer chez les raffleurs, ces éléments basiques et sans ambition.

Heureusement que j’étais assise parce que le choc fut grand. Malgré ma franchise, voir même mon incorrection, il avait décidé de m’accepter dans ses rangs … C’était … surprenant et je m’avoua que j’étais impressionnée qu’il tente sa chance avec moi dans son service. Un léger sourire passa sur mon visage en pensant qu’il venait de gagner mon respect. Enfin une petite partie déjà ! Ce qui n’était pas si mal quand on savait comment j’étais difficile sur mes contacts d’avec les autres.

Me levant enfin de ma chaise, je parcourus une nouvelle fois la salle du regard avant de sortir rejoindre la secrétaire. J’avais entendu Crow lui parlait sans forcément comprendre ses dires. Il avait du laisser des instructions avant de partir et donc je m’arrêta devant la jeune femme, attendant qu’elle m’explique la suite des évènements. Elle m’expliqua le fonctionnement du service, me fit visiter rapidement et me confia plusieurs dossiers qu’il faudra que j’étudie dès le lendemain à mon arrivée au bureau. Rangeant mon badge dans ma poche, je lança un sourire à la jeune femme avant de lancer.

Plutôt sympa le patron non ? Et pas mal ténébreux …

La secrétaire me jeta un regard limite choqué avant de bredouiller une phrase dont je ne compris pas un moment. Puis elle retourna rapidement derrière son bureau, reprenant l’air revêche que je lui avais vu à mon arrivée. J’éclata d’un rire franc avant de lui faire un signe de la main et de quitter les locaux. Si tous les membres de ce département étaient aussi coincés que la secrétaire, j’allais bien pouvoir m’amuser avec ma franchise à tout épreuve. En espérant que ça ne dérange pas le patron que je change un peu ça. Je détestais bosser dans une ambiance morne et sombre, c’était limite … déprimant.

A peine sortie du ministère, je transplana en direction de mon manoir. Regardant le bâtiment, je ne me dirigea pas vers mais mais le contourna pour m'avancer vers le sanctuaire où était enterré ma mère. M’accroupissant devant sa tombe, je souris doucement.

Je l’ai fais maman. Je suis enfin allée jusqu’au bout d’une démarche et je te fais la promesse de m’investir à fond pour devenir la meilleure exécutrice.