Quatorze heure. C'était l'heure du rendez vous. Dorn releva la tête de sa machine à écrire et posa l'article qu'il rédigeait sur le Chili à coté de ceux qui devaient partir à l'imprimerie. Ryan finissait de sélectionner les photos pour le dossier sur les Hors-la-loi. Il se leva, lança quelques paroles d'encouragement à l'équipe du service de la PIN, menaça sinon de mort, au moins d'un renvoi certain un pauvre pigiste qui passait par là, attrapa sa veste, et sortit du siège de la Gazette du sorcier et traversa le chemin de Traverse pour aller rejoindre le Ministère de la Magie.

Il ne payait pas vraiment de mine. Blond, avec les yeux gris et vivaces, Dorn pouvait passer pour beau, avec une beauté un peu agressive. Son air froid dissuadait les gens de lui parler. On le laissait tranquille. Il aurait pour passer pour n'importe qui, sinon : avec son pantalon marron, son t-shirt noir également, ainsi que sa veste marron, il avait un style décontracté qui lui permettait de se fondre dans la masse. Il ressemblait à tout le monde et à personne. Il aurait pu passer pour un sorcier, mais aussi pour un moldu. Talent du journaliste : passer inaperçu, et aller partout et nulle part.

Il entra dans le ministère, n'accorda comme d'habitude pas la moindre attention au hall, salua quelques connaissances et monta dans l'ascenseur. Il connaissait un peu le Ministère, il y avait travaillé, il n'était donc pas perdu et se dirigea avec sureté vers le bureau de la police magique. Là, il demanda à une secrétaire complétement paniquée et visiblement débordée :

"Je cherche Mlle MacIness, vous sauriez si elle est là ?
- Non, je ne sais pas. Et qui êtes vous ? John tu sais ou est Tara ?"

Après avoir eu une réponse négative de son interlocuteur, elle hocha la tête en signe de dénégation. Elle ne savait pas, et Dorn avait conscience qu'il n'obtiendrait rien de plus. Ils étaient débordés, et n'y avait aucune coordination. Bah, tant pis. Il s'assit et décida d'attendre, espérant que Tara reviendrait...

Tara inspira profondément en s'adossant au mur de la petite cafétéria. C'était un petit coin agrémenté de quelques sièges, d'une plante verte rabougrie et d'une cafetière toute simple où la baguette se révélait un instrument indispensable si l'on désirait une bonne boisson chaude. De quelques mouvements, un mug empli de café passa devant elle pour venir se nicher dans sa main tendue. Elle inspira encore une bouffée d'air frais puis bu une gorgée de café brulant, fermant les yeux en laissant l'arôme forte de la mixture noire se répandre dans sa bouche, la réveillant définitivement et la plongeant dans ses souvenirs. Le goût du café, c'était Pryam qui le lui avait donné. Il avait été un accroc à la caféine et ses lèvres avaient cette saveur forte, si particulière, qui lui donnait les larmes aux yeux. Parfois, il lui suffisait de regarder le fond de sa tasse ou de son mug pour voir les grands yeux d'or de son ancien fiancé... Peut-être était-elle folle... Et même surement... Mais elle avait été amoureuse à la folie de Pryam... Maintenant que Ielena était là, elle se sentait capable de panser un peu ses blessures si profondes, de ne plus partir en sanglots rien qu'en songeant à lui... Oh, elle était toujours bouillonnante de colère, mais elle se disait parfois qu'un jour peut-être quelqu'un lui apporterait le bonheur, lui donnerait la famille complète et heureuse dont elle avait toujours rêvé avec Pryam...

-Eh, Tara ! Le journaliste est là !

La jeune femme leva précipitamment son nez de son mug et retint un juron. Le journaliste de la gazette, merde, elle l'avait complètement oublié celui-là ! Elle remit sa baguette à la ceinture, se dépêchant de rejoindre les bureaux des brigadiers. On l'avait choisie pour cet entretien pour une raison qui lui était obscure, mais peut-être que l'on pensait à elle pour une promotion quelconque... En tout cas, cela lui assurerait une petite popularité, cet entretien avec un journaliste, sans doute un bureaucrate à peine sortie de l'acné adolescente, avec de grosses lunettes et des dents de castor attardé... Elle en avait vu des journalistes de ce genre quand elle était à Tokyo... A part qu'ils n'étaient pas roux, ce qui aurait bien compléter le portrait... Franchement, déblatérer les habituelles phrases que la propagande affectionnait tant n'était pas sa tasse de thé... Cet entretien allait être d'un ennui...
Quand elle arriva à l'accueil des bureaux, elle remarqua un homme assit sur un siège. Un homme vêtu d'un pardessus marron fort simple, dont les yeux gris et acérés la captivèrent un moment. Elle sourit aimablement, de ce sourire toujours un peu froid et réservé, s'approchant de lui en lui tendant sa main pour qu'il la serre.

-Tara MacIness. Vous êtes monsieur Lyautey, n'est-ce pas ? Venez dans mon bureau, nous serons plus tranquilles...

Elle le guida jusqu'à une petite pièce pourvue d'un simple bureau et d'un placard où des dossiers avaient soigneusement été classés et rangés. Tara était un esprit froid et ordonné. Elle avait besoin que tout soit étiqueté et à sa place attitrée. Cela la rassurait un peu cette manière de tout maitriser. Au fond, c'était une femme désespérément fragile malgré cette attitude de contrôle et d'assurance. Elle posa son mug de café désormais tiède sur son bureau, laissant le journaliste prendre place à face. D'un mouvement de baguette, elle rangea quelques dossiers dont elle s'occupait avant de se tourner vers Lyautey.

-Bien, je suis tout à vous... Café, thé, chocolat peut-être ? Je vous proposerais bien un bon whisky écossais, mais je mets un point d'honneur à ne pas boire sur le lieu de mon travail... Vous vouliez me poser des questions sur quel sujet, au fait ?

Y avait-il quelqu'un qui daignerait enfin s'occuper de lui, oui ou non ? Dorn attendait patiemment, songeant à la pagaille médiatique que subissait le pays...il allait falloir un article synthétique sur tout ça. Il y avait eut la mort d'Abraxas Malefoy et la révélation de sa trahison, l'affaire Rowel, l'agression de Mandy Evans, la bataille autour des manticores, Valpo, la dragoncelle de Malefoy...beaucoup de chose qui méritaient l'attention du bureau de la PIN et dont il allait falloir qu'il s'occupe.

L'interview de Tara MacIness n'était qu'un début. Il comptait faire un dossier spécial en interrogeant toutes les catégories de sorciers sur les évènements en cour : ça donnerait un bon panorama de ce que pensait les gens. Bien sur, ce serait un peu faussé par la propagande, cette propagande qui faisait mentir les gens et le ministère, et que détestait Dorn. Il était foncièrement consciencieux, foncièrement pointilleux, et détestait ne pas être impartial. Pour lui, un journaliste faisait un travail d'information : il rapportait les faits, sans donner d'avis, sans donner son opinion. Pour lui, que la Gazette dépende du Ministère était une honte. Il ne disait rien, faisait son travail le plus correctement possible, évitait au maximum la propagande (il n'en avait pas besoin d'ailleurs : les faits parlaient d'eux-mêmes, puisque le Régime avait gagné) et de cette manière parvenait à conserver son poste. Il avait un réel talent d'analyste politique, et ses articles plaisaient généralement. Dorn n'avait donc pas trop de problèmes.

Pour l'instant, en tout cas. Il fronça les sourcils. Il avait, comme tout le monde, reçu la lettre de l'Ordre du Phénix. Les consignes étaient fermes : ne pas la signer, ne pas la garder, ne pas la lire. Il n'avait respecté qu'une de ces consignes sur les trois : il l'avait lue, il l'avait gardée, et il réfléchissait au fait de signer ou non le document. Qu'allait-il faire maintenant ? Il ne savait pas, et il avait besoin de temps pour réflechir.

Une voix le tira de ses pensées. Une femme lui tendait la main :

"Tara MacIness. Vous êtes monsieur Lyautey, n'est-ce pas ? Venez dans mon bureau, nous serons plus tranquilles..."

Dorn se leva, lui serrant la main avec un sourire :

"F. Dorn Lyautey, tout à fait. Enchanté de vous rencontrer, Miss MacIness."

Formule de politesse froide, ton froid, sourire aimable mais froid. Il n'était là que pour le travail, et il n'avait pas l'intention de sympathiser avec quiconque ici. Quoique...Tara MacIness était tout à fait son genre de femme, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds. Peut-être un peu jeune. Elle ne paraissait pas méchante. Non. Distante, plutôt. Comme si elle était prisonnière de quelque chose. Ou peut-être de quelqu'un ? Elle essayait de se protéger, observa Dorn en regardant le bureau de la jeune femme, soigneusement rangé, totalement impersonnel. Un peu de manière maniaque, en fait. Comme si elle essayait de controler le maximum de chose, même les plus petits détails. Pour avoir l'impression de garder le controle sur sa vie, pour se protéger elle-même.

"Bien, je suis tout à vous... Café, thé, chocolat peut-être ? Je vous proposerais bien un bon whisky écossais, mais je mets un point d'honneur à ne pas boire sur le lieu de mon travail... Vous vouliez me poser des questions sur quel sujet, au fait ?
- Café, si vous avez, merci. Et pour les questions...eh bien disons que je m'interesse à toutes les questions d'actualité, depuis la disparition de Drago Malefoy jusqu'au meurtre de Rowel, en passant par l'affaire des lettres ensorcelées. "

Il sortit un parchemin et une plume à papote. Puis reprit, d'un air très sérieux :

"Je dois vous avertir. Pas de propagande avec moi. Ce n'est pas mon métier, et les annonces régulières que publient le ministère suffisent amplement. Je ne publierai sans doute pas tout ce que vous direz, simplement pour des raisons de sécurité (je ne crois pas que vous teniez à mourir et moi non plus), mais je préférerais un minimum de sincérité. Mon métier est de restituer les faits. Pas de les utiliser."

Dorn était cash. Il attendit patiemment l'effet de ses paroles.

Lyautey était un homme d'apparence tout à fait séduisante. Un homme d'âge un peu plus mur, un blond aux cheveux platine, des traits creusés lui donnant un air félin, une beauté froide, qui trouvait écho à la sienne, au blond plus solaire qu'elle arborait, mais un soleil de banquise, entourant la pâleur de son visage arborant deux yeux sombres et glacés. Il s'était montré courtois en la saluant mais d'une courtoisie peu chaleureuse, tout à fait professionnelle.
A présent, dans le bureau impeccable de la jeune femme, elle lui demandait ce qu'il désirait en boisson. Comme tout anglais, elle pensait qu'il allait demander du thé et qu'elle allait devoir sortir un de ces infâmes sachets cachés dans elle ne savait quel placard... A moins de devoir en demander à un collègue, vu qu'elle n'avait rien à part une cafetière, dont elle se servait la plupart du temps, quand elle n'avait pas le temps de faire une pause et d'aller boire son café au calme. Aussi, fut-elle surprise de l'entendre lui demander du café.
Un goût pour la caféine... Un point commun, si l'on exceptait l'attitude froide et la blondeur.
Elle agita sa baguette pour que la cafetière commence à préparer le café tout en s'asseyant en face de Lyautey, prête à l'écouter. Le journaliste sortit son matériel avant de prendre un air sérieux qui selon l'humble avis de la jeune femme, lui seyait à merveille :

-Je dois vous avertir. Pas de propagande avec moi. Ce n'est pas mon métier, et les annonces régulières que publient le ministère suffisent amplement. Je ne publierai sans doute pas tout ce que vous direz, simplement pour des raisons de sécurité (je ne crois pas que vous teniez à mourir et moi non plus), mais je préférerais un minimum de sincérité. Mon métier est de restituer les faits. Pas de les utiliser.

La jeune femme resta silencieuse, jouant avec une mèche de cheveu d'un air songeur, assise avec nonchalance dans son fauteuil. Plutôt étonnant cette demande... La plupart des journalistes se contentaient de poser des questions sur tel ou tel sujet sans se demander si la personne en face d'elle parlait de son propre avis ou de celui du régime... De ce qu'elle se rappelait, les bureaux n'étaient pas surveillés, on en voyait pas l'utilité, aussi, elle pouvait parler aussi librement... Qu'elle se le permettait.

-Si je vous disais tout ce que je pense avec sincérité, je crois que vous ne pourriez rien mettre dans votre article, lui exposa t-elle en faisant venir avec sa baguette la tasse de café chaude, accompagnée d'une cuillère et d'une petite assiette remplie de sucres. Je ne sais pas comment vous aimez votre café pour ma part, je le préfère très fort.

Elle attrapa son propre café pour le réchauffer d'un coup de baguette magique avant d'en boire une gorgée, savourant sa saveur.

-Enfin, je peux quand même tenter de rester objective et vous parler un peu de l'atmosphère aux bureaux... Je suis désolé de ne pas pouvoir vous donner d'avis franc, mais, vous comprenez, mon père est à Azkaban... Alors je me contenterais de vous donnez l'avis général... Cela vous conviens ?

" Si je vous disais tout ce que je pense avec sincérité, je crois que vous ne pourriez rien mettre dans votre article...Je ne sais pas comment vous aimez votre café pour ma part, je le préfère très fort."

Dorn s'empara de sa tasse de café avec un demi-sourire. Les gens n'étaient pas habitués à la franchise. Ni à parler sincèrement, ni à avoir leur avis personnel. Alors quand ils tombaient sur un journaliste comme lui, un type qui se foutait éperdument de l'opinion de ses supérieurs, qui faisait son métier pour l'amour de l'art et qui globalement, était l'un des seuls journalistes encore objectifs de la Gazette du sorcier, ils étaient perdus et déstabilisés face à un type qui demandait des faits. Les gens ne comprenaient que rarement qu'il puisse essayer d'être impartial, de se contenter des faits et de les retranscrire fidèlement.

Mais Tara était franche. Elle admettait avoir son opinion personnelle. Cas rare parmi les brigadiers. Cas rare parmi les gens du ministère, en fait. Pour la première fois, il lui adressa un sourire franc :

"Au moins, je suis prévenu, n'est-ce pas ? Ne vous inquiétez pas, en principe, il ne devrait pas y avoir de questions embarrassantes...
Pour le café, ne vous en faites pas. Tant qu'il n'est pas froid, ça me convient."

Il avala une gorgée du breuvage, observant encore la jeune femme. Elle était réellement séduisante. Bien que d'apparence froide, Dorn devinait au fond quelqu'un de sympathique. Peut-être quelqu'un avec qu'il pourrait bien s'entendre. Peut-être. S'il n'était pas aussi froid, aussi, ça aurait pu faciliter le relationnel. Mais non, bien sur que non. Qu'y avait-il derrière ça ? La peur de s'attacher ? La peur de faire mal, surtout. Dorn se connaissait, il savait parfaitement ce qu'il était, il savait qu'il pouvait être blessant sans le vouloir, il savait aussi que les gens s’arrêtaient souvent à la première impression, celle du type blasé, solitaire, froid et cynique, qui préfère avancer seul, ignorant l'humour, et la capacité qu'il avait à devenir agréable, amical, et bon, si on lui en laissait le temps.

"Enfin, je peux quand même tenter de rester objective et vous parler un peu de l'atmosphère aux bureaux... Je suis désolé de ne pas pouvoir vous donner d'avis franc, mais, vous comprenez, mon père est à Azkaban... Alors je me contenterais de vous donnez l'avis général... Cela vous conviens ?"

Dorn hocha la tête en signe d'assentiment. Il voyait bien que Tara s'inquiétait pour son père. Lui-même ne s'inquiétait-il pas pour Amy, sa soeur, qui était à Poudlard, et qui était une véritable tête brulée, doublée d'une personne qui avait des idées bien arrêtées sur les Mangemorts ? Quand il n'était pas à la Gazette, il était à Poudlard à essayer d'arrondir les angles, car leur mère ne s'occupait plus que de ses tableaux et que leur père ne pouvait plus se déplacé à cause d'un accident qui l'obligeait à rester cloué dans un fauteuil.

"Logan MacIness, ancien juge du Magenmagot, ayant condamné Tom Jugson et Larsen Menroth, aujourd'hui respectivement directeurs du Magenmagot et du Département des Mystère, à Azkaban...oui, je comprends parfaitement. Je vous l'ai dit, de toute façon, il ne devrait pas y avoir de questions gênantes."

Il prépara sa plume, et précisa d'un air tranquille :

"Permettez que je fasse un test, avant que nous ne commencions, je me méfie des plumes à papotes, elles ont tendances à faire un peu ce qu'elles veulent...alors. Je suis F. Dorn Lyautey, journaliste pour la Gazette du sorcier."

Il observa la plume écrire, puis se mit à lire.

Séduisant trentagénaire à la plume acérée, Francis (dit Dorn) Lyautey, est un des meilleurs journalistes...

Dorn soupira, agacé, et rangea la plume dans sa serviette de cuir pour en sortir un stylo plume noir et argent, tout ce qu'il y avait de plus classique. Il plia en quatre le parchemin, en sortit un autre, vierge, et dit, excédé :

"Je ne m’appelle pas Francis. On va revenir aux bonnes vieilles méthodes, puisque la plume à papote ne me réussit pas : un stylo plume moldu devrait être plus sur. Bien. A présent, commençons, si vous le voulez bien."

Il s'interrompit le temps de déboucher son stylo, puis commença par la première série de questions qu'il comptait poser :

"Que pensez vous de la trahison d'Abraxas Malefoy ? D'après l'enquete en cours, pouvez dire à nos lecteurs s'il avait des complices ? "

Tara agitait son mug de café d'un air distrait, mais quand le journaliste évoqua le nom de son père et les raisons de son incarcération, elle sentit sa main se crisper tout en ressentant, au fond d'elle-même, un étrange sentiment de fierté. Son père, elle l'avait haït dans les dernières années, après la mort de sa mère, mais depuis, elle était partie au Japon, était revenue à la maison... Et avait osé pénétrer son bureau, la seule pièce qu'elle n'avait jamais visité. Un endroit aussi impeccable et bien rangé que son propre bureau. Elle partageait ce tempérament maniaque avec son père, ce besoin de contrôle absolu... Une des armoires contenait une pensine et toute une collection de souvenirs soigneusement étiquetés et classés. Que des souvenirs de ses procès. Elle avait pu voir qu'il avait participé aux procès de nombreux serviteurs du Lord, dont les célèbres, désormais, Tom Jugson et Larsen Menroth. Leurs procès, elle avait pu en être l'invisible spectatrice en plongeant dans les souvenirs de son paternel. Elle s'était demandé à quoi cela pouvait servir jusqu'à ce qu'elle tombe sur des notes rapides, raturées et tachées d'encre par endroits, notes que son père avait prise suite à l'observation de ses souvenirs et qui démontrait à quel point Logan était investi dans son métier. Il décortiquait en effet chacun de ses souvenirs de cette manière, au calme, loin de la pression du tribunal, pour pouvoir ensuite voir si il avait fait des erreurs, si d'autres choses étaient à prendre en compte dans l'affaire, bref, rester le plus objectif et professionnel possible. C'en était presque malsain tant cela était étudié et avait du prendre le pas sur la vie familiale de Logan MacIness... Elle se rappelait bien qu'il était un bourreau de travail, qui négligeait parfois son rôle de père, mais il restait quelqu'un de bon, qui ne voulait que le bonheur de tous...

-Permettez que je fasse un test, avant que nous ne commencions, je me méfie des plumes à papotes, elles ont tendances à faire un peu ce qu'elles veulent...alors. Je suis F. Dorn Lyautey, journaliste pour la Gazette du sorcier.

La plume se mit alors à écrire seule dans des rondes que Tara observait d'un air pensif, jusqu'à ce que celle-ci ne s'arrête, laissant son propriétaire lire. Cela ne sembla pas plaire à Dorn puisqu'il rangea immédiatement la plume pour sortir un simple stylo plume et un parchemin, non sans au préalable plier soigneusement celui sur lequel la plume à papote avait écrit, tout en disant avec lassitude :

-Je ne m’appelle pas Francis. On va revenir aux bonnes vieilles méthodes, puisque la plume à papote ne me réussit pas : un stylo plume moldu devrait être plus sur. Bien. A présent, commençons, si vous le voulez bien.
-Je vous en pris, lui répondit-elle en reposant son mug sur le bureau.

Elle le laissa se préparer à écrire puis écouta attentivement la série de questions que commençait à poser Lyautey :

-Que pensez vous de la trahison d'Abraxas Malefoy ? D'après l'enquête en cours, pouvez dire à nos lecteurs s'il avait des complices ?

Merde... C'était bien une question auquel elle n'aurait pas voulu répondre vu la relation qui s'était établie entre elle et Abraxas... Bien sur, relation professionnelle, un marché entre eux qui n'avait abouti à rien, mais qui était resté jusqu'à la mort dudit Abraxas... Néanmoins, c'était maintenant loin derrière elle et personne n'avait fait le lien puisqu'ils ne s'étaient rencontrés que deux fois : la première durant son entretien à la commission et la seconde lors d'un rendez-vous dans un petit village perdu, sur la tombe de la femme d'Abraxas. Dans les deux cas, aucun témoin, rien... A part un certain Alwyn qui avait disparu, mais dont elle se doutait qu'il réapparaitrait tôt ou tard, comme à son habitude. C'était un vieux loup qui aimait se faire désirer...

-Il est maintenant de connaissance public que la femme d'Abraxas Malefoy, Amanda, anciennement Lestrange, était une membre de l'Ordre du phénix, il est donc naturel que nous puissions penser qu'Abraxas était lui-même de mèche avec les résistants. Néanmoins, je pense, pour ma part, bien que certains de mes collègues soient d'accord avec moi, qu'ici le crime était tout à fait passionnel et qu'Abraxas n'a agit que pour venger la mort de sa femme et non pas pour monter une quelconque rébellion contre le régime. Il n'est tout de même pas exclu pour le moment qu'il y ai eu des complices et enquêtons sur le sujet, bien que cette piste ne donne rien pour le moment...

Dorn prenait des notes écoutant la réponse de Tara. Il y avait presque, au delà de l'interet journalistique qu'il portait à l'affaire Malefoy, une affaire personnelle à comprendre ce qui s'était passé. Il avait rencontré Malefoy lors d'une interview comme celle-ci, lorsqu'il faisait un dossier sur la commission du sang. Il l'avait rencontré et deux ou trois jours après, il était mort. Que pouvait-il faire face à ça, sinon avoir le devoir de se souvenir, et celui de publier la vérité sur Abraxas. Car là où l'on parlait d'un terroriste, lui n'avait vu qu'un homme fatigué de vivre, il n'avait vu chez le cousin de Lucius qu'un homme malheureux d'avoir perdu sa femme...

" Il est maintenant de connaissance public que la femme d'Abraxas Malefoy, Amanda, anciennement Lestrange, était une membre de l'Ordre du phénix, il est donc naturel que nous puissions penser qu'Abraxas était lui-même de mèche avec les résistants. Néanmoins, je pense, pour ma part, bien que certains de mes collègues soient d'accord avec moi, qu'ici le crime était tout à fait passionnel et qu'Abraxas n'a agit que pour venger la mort de sa femme et non pas pour monter une quelconque rébellion contre le régime. Il n'est tout de même pas exclu pour le moment qu'il y ai eu des complices et enquêtons sur le sujet, bien que cette piste ne donne rien pour le moment..."

Evidemment que ça ne donnait rien. S'il y avait des complices, sur qu'ils étaient à l'intérieur même de la famille. Les hauts pontes du ministère avaient du saisir tout ce qui pouvait être utile, tout ce qui pouvait être dangereux pour eux et qui devait rester confidentiel. Ils ne devaient pas faire confiance à la Brigade pour ça, il y avait là-dedans trop de choses embarassantes pour qu'on confie les preuves flagrantes des trahisons de hauts membres du régime à de simples brigadiers. Et puis ça aurait donné une mauvaise image du ministère, et ils ne voulaient surtout pas de mauvaise presse. Cette fois, ce n'était plus le journaliste, mais l'analyste politique qui parlait. Dorn se rendait compte que le Ministère cachait des choses, mais quoi ?

Il finit de noter la réponse de MacIness, de son écriture fine et anguleuse, puis il reprit avec une nouvelle série de questions. Cette fois il s'agissait d'un domaine où elle avait toute compétence pour agir, et a priori où elle devait pouvoir le renseigner.

"Les agressions de hors-la-loi se font de plus en plus fréquentes. Où en est l’enquête sur la mort de Mr Rowel et de l'agression du Pr Evans ? En savez vous plus sur leurs agresseurs, Tremere Malkavian et Meredith Roseburn ?"

Dorn se fichait pas mal de Malkavian, même s'il applaudissait secrètement le geste de celui-ci, il se fichait aussi qu'Evans soit blessée. Il s’intéressait au sort de Meredith Roseburn, parce qu'il la connaissait personnellement. C'était autrefois une amie à Poudlard, mais ils s'était perdus de vue au fur et à mesure des années : alors que Meredith était déjà aurore, Dorn avait fait plusieurs formations, et il n'était entré au ministère qu'un an avant la chute et pas du tout dans le même service qu'elle : lui a la liaison moldue, elle chez les aurors...ils ne se voyaient plus. Et maintenant, c'était une hors-la-loi. Drole de vie tout de même...

Dorn notait tout soigneusement, consciencieusement, de cette écriture belle et fine de celui qui passe sa vie à écrire. La jeune femme observait le mouvement du stylo plume, écoutait le grattement de la pointe métallique sur le parchemin. Cela lui rappelait lorsqu'elle était encore à Poudlard, munie de son propre instrument d'écriture, à noter les paroles de son professeur... Binns avait sans doute été le pire de tous, elle s'endormait littéralement avec lui et c'était aussi l'explication de ses si mauvais résultats avec cette matière... Enfin, de toute manière, elle était une personne d'action et plus intéressée par l'astronomie que par des livres poussiéreux, qui étaient plutôt le propre d'Alwyn...

-Les agressions de hors-la-loi se font de plus en plus fréquentes. Où en est l’enquête sur la mort de Mr Rowel et de l'agression du Pr Evans ? En savez vous plus sur leurs agresseurs, Tremere Malkavian et Meredith Roseburn ?

La voix de Dorn la tira un peu de ses rêveries et elle du se reconcentrer sur les questions qu'il lui posait. Ah oui, les fameuses affaires Rowel et Evans... Le pire dans l'histoire était Rowel, sa mort avait provoqué un sacré foutoir parmi les brigadiers, exécuteurs et autres personnes de la justice, mais depuis, tout avait été repris en main par les directeurs des autres départements et les rumeurs allaient bon train sur le prochain élu au poste. Tom Jugson était l'un des candidats et sans doute le plus sûr d'accéder à un tel grade... Pour sa part, Tara aurait bien voulu lui faire ravaler sa sale petite tronche de sang-pur vantard, mais elle ne pouvait rien faire, juste songer un peu que son père l'avait fait enfermé à Azkaban, qu'il avait réussi à le faire et que si il s'en sortait, peut-être qu'il pourrait le refaire, à nouveau, quand le Lord noir tomberait...
Elle leva les yeux vers Dorn qui attendait sa réponse, puis commença à parler :

-Avant toutes choses, je tiens à signaler à nos concitoyens que nous assurons leur sécurité et je recommande quoi qu'il en soit la prudence, dans n'importe quelle entreprise... Ensuite, nous pouvons déjà vous dire que l'enquête concernant l'agression de Mr Rowel, malgré toute notre bonne volonté, ne peut s'effectuer comme il se doit, puisqu'il fut assassiné en territoire étranger. Néanmoins, nous faisons tout notre possible pour pouvoir réunir le maximum d'indices concernant cet incident et traquer le terroriste Malkavian. Concernant l'agression de Mlle Evans, nous avons fort heureusement son témoignage à disposition. Il est clair que ces deux attentats ont eu pour but d'instaurer le chaos parmi le gouvernement et la population, qui pourrait penser que si les enseignants de Poudlard ne peuvent pas assurer leur propre sécurité, comment leurs enfants pourraient être protégés des attentats ? Le spectre de la bataille de Poudlard hante toujours les mémoires et il faudra du temps avant que celui-ci ne s'estompe, mais je peux garantir à nos concitoyens que Poudlard est sous haute surveillance et qu'il n'arrivera plus rien. Les incidents de la fiole empoisonnée au bal de Poudlard, de la fuite des deux élèves à Pré-au-Lard, les agissements d'une résistance interne à l'école... Tout ceci n'est plus et loin désormais. Les coupables ont été retrouvés et châtiés, les élèves ne risquent plus rien. En ce qui concerne le gouvernement, les directeurs des différents départements se sont organisés pour éviter le scénario que nous redoutions tous et le département fonctionne normalement, la sécurité est toujours assurée.
Pour ce qui est de Malkavian et Roseburn, nous avons pu établir leurs profils et travaillons actuellement sur leur arrestation. Des avis vont être placardés pour leur mise à prix et nous avons renforcés nos équipes pour pouvoir mettre la main sur eux.

La réponse se fit un peu attendre, puis vint, assez longue. Dorn notait tranquillement, notant rapidement. La plume volait litérralement sur le papier, tracant lettres, qui devenaient mots qui eux mêmes devenaient phrases...

" Avant toutes choses, je tiens à signaler à nos concitoyens que nous assurons leur sécurité et je recommande quoi qu'il en soit la prudence, dans n'importe quelle entreprise... Ensuite, nous pouvons déjà vous dire que l'enquête concernant l'agression de Mr Rowel, malgré toute notre bonne volonté, ne peut s'effectuer comme il se doit, puisqu'il fut assassiné en territoire étranger. Néanmoins, nous faisons tout notre possible pour pouvoir réunir le maximum d'indices concernant cet incident et traquer le terroriste Malkavian. Concernant l'agression de Mlle Evans, nous avons fort heureusement son témoignage à disposition. Il est clair que ces deux attentats ont eu pour but d'instaurer le chaos parmi le gouvernement et la population, qui pourrait penser que si les enseignants de Poudlard ne peuvent pas assurer leur propre sécurité, comment leurs enfants pourraient être protégés des attentats ? Le spectre de la bataille de Poudlard hante toujours les mémoires et il faudra du temps avant que celui-ci ne s'estompe, mais je peux garantir à nos concitoyens que Poudlard est sous haute surveillance et qu'il n'arrivera plus rien. Les incidents de la fiole empoisonnée au bal de Poudlard, de la fuite des deux élèves à Pré-au-Lard, les agissements d'une résistance interne à l'école... Tout ceci n'est plus et loin désormais. Les coupables ont été retrouvés et châtiés, les élèves ne risquent plus rien. En ce qui concerne le gouvernement, les directeurs des différents départements se sont organisés pour éviter le scénario que nous redoutions tous et le département fonctionne normalement, la sécurité est toujours assurée.

Pour ce qui est de Malkavian et Roseburn, nous avons pu établir leurs profils et travaillons actuellement sur leur arrestation. Des avis vont être placardés pour leur mise à prix et nous avons renforcés nos équipes pour pouvoir mettre la main sur eux."

La sécurité était assurée, mais oui, bien sur, Dorn y croyait volontiers...Pas après tout ce qui s'était passé. Pas après toute ces agressions, pas après la réapparition des hors-la-loi, et de Weasley...Pas après l'affaire Abraxas, de toute façon. Remarque, la prudence dans n'importe quelle entreprise, ça incluait aussi les hors-la-loi et leurs actions...Dorn eut un sourire un peu sarcastique, toujours penché sur son parchemin. Tara employait un vrai discours de jésuite, disant ce qu'elle pensait, mine de rien, sans rien dire au fond, de choquant.

Mais ce qui l'intriguait le plus, c'était ce qu'elle avait dit sur Meredith. Son profil ? Autant pour Malkavian, il comprenait, le type n'avait pas l'air tout à fait fini, voir même carrément barré, mais Meredith... Tout se basait sur son histoire, il le savait, pas sur sa psychologie. Dorn ne comprenait vraiment pas du tout. Et la réaction, l'air interdit et peu convaincu qu'il eut du le montrer :

"Vous avez établi le profil de...Meredith ?"

Puis il vit la façon dont le regardait Tara. Il ne l'avait pas appelé Roseburn, ou Meredith Roseburn. Juste Meredith. En un mot, il avait démontré par a plus b qu'il la connaissait, puisqu'il employait son prénom, ce qui dénotait une certaine familiarité entre eux...Alors il murmura :

"Soyez gentille, oubliez ce que je viens de dire, et continuons."

Question suivante, donc...

"On a assisté récemment à la renaissance de l'Ordre du Phénix. Ou en est l'enquete à l'heure actuelle ? Savez vous où se cachent ses leaders ? L'Ordre est-il une menace réelle pour le régime ?"

Tara observait Dorn durant son discours de propagande teintée de quelques pensées qu'elle essayait habilement de manipuler. Elle ne disait pas ce qu'elle pensait réellement, elle ne pouvait pas le clamer haut et fort... Mais à défaut, elle pouvait parfaitement faire passer quelques messages subliminales dans ses dires, et Dorn sembla y être quelques peu sensible, puisqu'un sourire sarcastique s'afficha sur ses lèvres.
Quand elle passa à la dernière phrase, concernant les deux terroristes, Malkavian et Roseburn, l'expression du journaliste se fit bien moins certaine et il releva la tête pour dire avec une hésitation dans la voix :

-Vous avez établi le profil de... Meredith ?

Il s'était grillé. Dorn connaissait Roseburn, et même de façon plutôt intime vu qu'il l'appelait par son prénom. Tara leva un sourcil, restant néanmoins silencieuse, laissant Lyautey tenter de se rattraper un peu :

-Soyez gentille, oubliez ce que je viens de dire, et continuons.

Il avait de la chance, beaucoup de chance... Avec un autre, il aurait immédiatement été arrêté et serait passé en salle d'interrogatoire voir de torture à Azkaban, dans le but de récupérer des informations sur Roseburn. Mais Tara avait signé et en signant, elle se portait garant des membres de l'Ordre et des résistants tant qu'elle le pouvait. Et puis... Dorn était le genre d'homme à son gout, elle devait l'avouer. Bien entendu, elle savait qu'elle ne pourrait jamais oublier Pryam, jamais faire une croix sur tout ce qui s'était passé... Mais aspirer à tenter autre chose... Pourquoi pas ?

-On a assisté récemment à la renaissance de l'Ordre du Phénix. Ou en est l'enquête à l'heure actuelle ? Savez vous où se cachent ses leaders ? L'Ordre est-il une menace réelle pour le régime ?
-Comme d'habitude, sécurité avant tout. Je conseille à nos concitoyens de n'ouvrir aucune de ces lettres et de ne pas y prêter attention. Et, entre nous, ajouta t-elle en semblant transpercer Dorn du regard, pour ceux qui les ouvriraient, je leur conseillerai de mettre en ordre leurs affaires et rester toujours sur leurs gardes. Leur témérité risque d'être punie au prix fort car si l'Ordre renait de ces cendres, la sécurité à été renforcée et les mangemorts sont déjà à pied d'œuvre, en plus de nos forces de police et les exécuteurs sur le terrain. A l'heure actuelle, nous traquons le moindre terroriste et certains signataires ont déjà été capturés... Et exécutés, ajouta t-elle plus sobrement. Pour ce qui est des leaders du groupe, le jeune Weasley notamment, nous enquêtons à son sujet et avons déjà plusieurs pistes pour remonter jusqu'à lui. Pour ce qui est de la menace... Quand Sheppard ou Manrey étaient encore à Poudlard, on les croyait inoffensifs, puis ils ont finis par devenir les plus grands terroristes de Grande Bretagne. Je pense donc qu'il ne faut pas s'avancer trop vite, même si certaines personnes pensent qu'avec un jeune homme comme leader, nous n'avons rien à craindre. Car si nous connaissons le général, nous ne savons pas quel armada il y a derrière... Et vu les événements tragiques qui ont eu lieu dernièrement, il y a tout lieu de croire que l'Ordre peut être beaucoup plus puissant que nous pourrions le penser.