Dorn le savait, il aurait du se taire. Il imaginait déjà ce qui pouvait lui arriver. Il le savait parfaitement. Il en avait écrit des articles sur des traîtres. Il connaissait le chatiment. Mais non. Il n'y eut rien au final. Rien du tout, et l'interview continua. Un jour, il faudrait qu'il remercie Tara. Il se le promit mentalement, continuant à noter ce qu'elle disait. C'était, comme il s'en était douté, quelqu'un de bien, et de profondément bon.
En plus, c'était tout à fait son genre de femme.

Toutes considérations non professionnelles mises à part, le mieux était de se concentrer sur l'interview en elle-même :

" Comme d'habitude, sécurité avant tout. Je conseille à nos concitoyens de n'ouvrir aucune de ces lettres et de ne pas y prêter attention. Et, entre nous, pour ceux qui les ouvriraient, je leur conseillerai de mettre en ordre leurs affaires et rester toujours sur leurs gardes. Leur témérité risque d'être punie au prix fort car si l'Ordre renait de ces cendres, la sécurité à été renforcée et les mangemorts sont déjà à pied d'œuvre, en plus de nos forces de police et les exécuteurs sur le terrain. A l'heure actuelle, nous traquons le moindre terroriste et certains signataires ont déjà été capturés...Et exécutés.Pour ce qui est des leaders du groupe, le jeune Weasley notamment, nous enquêtons à son sujet et avons déjà plusieurs pistes pour remonter jusqu'à lui. Pour ce qui est de la menace... Quand Sheppard ou Manrey étaient encore à Poudlard, on les croyait inoffensifs, puis ils ont finis par devenir les plus grands terroristes de Grande Bretagne. Je pense donc qu'il ne faut pas s'avancer trop vite, même si certaines personnes pensent qu'avec un jeune homme comme leader, nous n'avons rien à craindre. Car si nous connaissons le général, nous ne savons pas quel armada il y a derrière... Et vu les événements tragiques qui ont eu lieu dernièrement, il y a tout lieu de croire que l'Ordre peut être beaucoup plus puissant que nous pourrions le penser. "

Mettre ses affaires en ordre ? Dorn voyait où elle voulait en venir, sauf que ce n'était pas si facile que ça. Quand vous devez gérer votre mère qui prend les envoyés du Ministère pour des vendeurs à domicile, un père têtu cloué en fauteuil roulant mais anti-régime à mort, une soeur de dix-sept ans qui n'en fait qu'à sa tête, un grand-père duelliste décidé à tuer tous les pros-régime du pays, comment faites vous pour gérer vos propres affaires ? Vous vous débrouillez, certes, et c'était le cas de Dorn, mais c'est dur...en même temps qu'est ce qui ne l'était pas aujourd'hui ?

Il continua alors :

"Il parait évident que le Ministère a besoin d'un homme fort. Qui pensez vous être le mieux placé pour devenir ministre ?"

L'interview n'était rythmé que des réponses de la jeune femme et des questions du journaliste, la mélodie n'était jouée que par le grattement léger mais distinct de la plume sur le papier. La jeune femme posa ses doigts sur son mug, observant que celui-ci était à nouveau froid, mais elle n'avait plus vraiment envie de café, à dire vrai. Un bon whisky écossais lui aurait d'avantage fait plaisir, ainsi qu'un peu de bon tabac, mais les règles étaient strictes dans son bureau : pas d'alcool, pas de tabac. Rien que du papier, du café, et quelques interrogatoires au sein de cette pièce fermée et évidemment insonorisée. C'était l'idéal quand on voulait avoir son coin tranquille dans cet immense bâtiment, si impersonnel.
La plume se figea, montrant que Dorn avait terminé de noter sa réponse. Le journaliste n'attendit même pas un peu pour immédiatement continuer son interview :

-Il parait évident que le Ministère a besoin d'un homme fort. Qui pensez vous être le mieux placé pour devenir ministre ?

Question complexe qui demandait réflexion. Heureusement pour Dorn, Tara avait déjà sa petite idée sur le sujet :

-Vous m'en posez des questions, si je puis me permettre... M'enfin... Au sein du Ministère, on parle que de ça... Et vous savez le plus drôle ? C'est que les deux candidats au poste sont justement deux hommes qu'ont condamnés mon père : Larsen Menroth et Tom Jugson. Pour ce qui est de leurs qualités respectives... Menroth est ce qu'on pourrait appeler un cador de la baguette. Un homme de terrain impitoyable, même s'il ne rivalise pas au niveau sauvagerie avec Bellairs ou Lestrange... Non, je dirais que son style est plus... Mesuré. Mais c'est une personne de poigne, assurément. Tom Jugson, de ce qu'on m'a dit, a été une personne assez instable avant son séjour à Azkaban. C'est maintenant quelqu'un fait pour les jeux de pouvoir. Main de fer dans un gant de velours, le genre de général qui mènerait ses armées... A la baguette, justement... Tout se joue entre ces deux là, mais si vous voulez mon avis, un autre candidat, bien qu'en dehors du Ministère, pourrait aussi se présenter : Léon Brom, l'inquisiteur de Poudlard. Il allie à la fois une intelligence plus aiguisée qu'un fil de rasoir et une expérience de terrain plus que supérieur à la moyenne. On parle aussi parfois d'Eris Valverde, mais je ne pense pas qu'il fasse le candidat idéal. Le Ministère a besoin d'une image jeune, dynamique et forte. Je ne dénigre pas monsieur le directeur, qui, je n'en doute pas, est sans doute un duelliste accompli et une forte personnalité au sein du Ministère, mais non, ça ne sera pas lui. Comptez plutôt sur Tom Jugson, Larsen Menroth et Léon Brom. Ils sauront sans aucun doute mener l'Angleterre pour la gloire du régime.

Elle avait été peut-être un peu moins subtile sur cette réponse-ci. On sentait sa rancœur, sa haine envers tout ces mangemorts avilis, et elle n'avait pu s'empêcher de prendre un ton à la fois méprisant et écoeuré sur le "monsieur le directeur". Il fallait dire que la première impression que lui avait fait le vieillard avait été désastreuse et elle ne doutait pas que cela était vice versa. Le vieux allait lui en faire baver, c'était assuré...

-Si vous avez terminé avec vos questions, je pense que nous pourrons passer à votre dette, observa t-elle d'un air à la fois indifférent et concerné, soit un air tout et nuances et plutôt déroutant. Puisque je vous sauve la mise, je pense que vous me devez quelque chose, non ? Que diriez-vous, hum... De m'inviter à diner ou déjeuner ?

" Vous m'en posez des questions, si je puis me permettre... M'enfin... Au sein du Ministère, on parle que de ça... Et vous savez le plus drôle ? C'est que les deux candidats au poste sont justement deux hommes qu'ont condamnés mon père : Larsen Menroth et Tom Jugson. Pour ce qui est de leurs qualités respectives... Menroth est ce qu'on pourrait appeler un cador de la baguette. Un homme de terrain impitoyable, même s'il ne rivalise pas au niveau sauvagerie avec Bellairs ou Lestrange... Non, je dirais que son style est plus... Mesuré. Mais c'est une personne de poigne, assurément. Tom Jugson, de ce qu'on m'a dit, a été une personne assez instable avant son séjour à Azkaban. C'est maintenant quelqu'un fait pour les jeux de pouvoir. Main de fer dans un gant de velours, le genre de général qui mènerait ses armées... A la baguette, justement... Tout se joue entre ces deux là, mais si vous voulez mon avis, un autre candidat, bien qu'en dehors du Ministère, pourrait aussi se présenter : Léon Brom, l'inquisiteur de Poudlard. Il allie à la fois une intelligence plus aiguisée qu'un fil de rasoir et une expérience de terrain plus que supérieur à la moyenne. On parle aussi parfois d'Eris Valverde, mais je ne pense pas qu'il fasse le candidat idéal. Le Ministère a besoin d'une image jeune, dynamique et forte. Je ne dénigre pas monsieur le directeur, qui, je n'en doute pas, est sans doute un duelliste accompli et une forte personnalité au sein du Ministère, mais non, ça ne sera pas lui. Comptez plutôt sur Tom Jugson, Larsen Menroth et Léon Brom. Ils sauront sans aucun doute mener l'Angleterre pour la gloire du régime. "

Evidemment. Dorn aurait du se douter qu'elle les décrirait comme ça. Sans doute qu'il n'aurait pas fait mieux lui-même. Menroth, Brom, Valverde, et Tom. Menroth était effectivement un homme violent, sauvage, et bagarreur, un homme dangereux, doublé d'un mage noir hors pair. C'était aussi le cas de Brom, grand vainqueur d'Urqhart, duelliste très intelligent, réputé lui aussi pour bien connaitre les arcades des branches les plus sombres de la magie. Il y avait aussi Valverde, extrémiste fanatique jusqu'au bout des ongles, grincheux, mal aimable, détestant les sangs-mêlés, les nés moldus, et les journalistes. Détestant le monde entier au final. Mais là où Tara se trompait le plus, c'était bien sur Tom. Dorn connaissait Jugson. Il savait ce qu'il était, ce qu'il n'était pas et qu'il voulait être. Instable par le passé, lui ? Non. Bon politicien, c'était vrai. Mais il ne s'était pas calmé, Dorn s'en doutait. Azkaban était passé par là. Il ne pouvait pas être devenu plus normal maintenant. Lyautey l'avait vu devenir progressivement fou, progressivement colérique, progressivement un tueur. La prison n'avait pas du arrêter cette folie, juste la rendre différente.

" Hum...bien que ce soit inécrivable, vous avez une définition assez juste des mangemorts...sauf peut-être sur Jugson. Instable par le passé lui ? Il n'a pas changé. L'adjectif approprié n'est d'ailleurs pas instable, mais le terme salaud convient mieux...et c'est celui qu'il emploie lui même pour se décrire. "

Encore une fois, la familiarité avec laquelle il parlait de Jugson montrait qu'il le connaissait bien. Dorn jeta un oeil à Tara. Eut un sourire :

"Vous devez me prendre pour quelqu'un de bizarre...A Poudlard, mes deux meilleurs amis s'appelaient Meredith Roseburn et Tom Jugson. J'étais à Serpentard, oui. Mais je viens d'une famille où l'on n'a pas de préjugés...mais les temps ont changé. Je n'ai pas vu Tom et Meredith depuis seize ans...et je n'ai jamais pu convaincre Jugson qu'il était dans le faux."

Dieu sait s'il avait essayé, pourtant. A une époque, on pouvait parler avec Tom. A une époque, c'était quelqu'un d'ouvert. A une époque, c'était une période charnière, ou il aurait pu basculer du coté du bien. Mais personne n'avait su le convaincre et il était trop tard à présent pour revenir en arrière.

"Si vous avez terminé avec vos questions, je pense que nous pourrons passer à votre dette..."

Aie. Mauvais plan, ça...

" Puisque je vous sauve la mise, je pense que vous me devez quelque chose, non ? Que diriez-vous, hum... De m'inviter à diner ou déjeuner ? "

Quoique. Pas si mauvais que ça, au final. Dorn n'était jamais réticent à inviter quelqu'un à diner. Surtout lorsqu'il s'agissait d'une femme. Jolie qui plus est. De plus, il détestait de ne pas payer ses dettes.

"Eh bien, je suppose que je le devrais, en effet...fit-il en ayant l'air de réfléchir. Voyons. Il est trop tard pour déjeuner aujourd'hui, et mon père passe ce soir à la maison...que diriez vous de samedi soir ? Si vous acceptez de venir chez moi vers 20 heures, je vous emmène au meilleur italien de Londres. Cela vous convient-il ?"

A elle de décider, lui ne pouvait faire que proposer.

[HRP : Je veux faire le diner irp (ça me changera des articles et des interviews ) ! ]

Le grattement du papier. Toujours ce fichu grattement qui commençait à lui taper sur les nerfs. Oh ça oui, l'envie de dégainer sa baguette, de réduire en cendres cette fichue partie du foisonnement de piafs en tout genre...
Dorn, éloigné de ces pensées meurtrières de la jeune blonde, arrêta à nouveau de noter pour reprendre d'un air qui semblait passablement embêté du point de vue de Tara :

-Hum... Bien que ce soit inécrivable, vous avez une définition assez juste des mangemorts... Sauf peut-être sur Jugson. Instable par le passé lui ? Il n'a pas changé. L'adjectif approprié n'est d'ailleurs pas instable, mais le terme salaud convient mieux... Et c'est celui qu'il emploie lui même pour se décrire.

Tiens tiens... Il connaissait donc Jugson également... Plus elle en apprenait sur Dorn plus elle allait de surprise en surprise, mais elle ne bronchait toujours pas, se contentant d'écouter :

-Vous devez me prendre pour quelqu'un de bizarre...

Pas vraiment. Elle en avait vu des plus étranges, même s'il n'en savait rien. Alwyn en était d'ailleurs un beau spécimen et que dire d'Astéria !

-A Poudlard, mes deux meilleurs amis s'appelaient Meredith Roseburn et Tom Jugson. J'étais à Serpentard, oui. Mais je viens d'une famille où l'on n'a pas de préjugés...mais les temps ont changé. Je n'ai pas vu Tom et Meredith depuis seize ans...et je n'ai jamais pu convaincre Jugson qu'il était dans le faux.

Elle ne dit rien à ce propos, songeant seulement qu'il devait être triste de voir où en était rendu leur amitié... C'était un peu comme elle avec Shimitsu ou Madison... Jadis, à l'école, elles avaient été plus unies que les doigts des mains... Puis était venu le Lord Voldemort. Madison était partie en Allemagne, Shimitsu avait finie par partir également, au Japon pour sa part... Et elle, Tara, était restée en Angleterre.
Jugson était devenu directeur du Magenmagot, Roseburn était devenu une hors la loi et Lyautey, lui, était un simple journaliste.
Shimitsu était devenue guérisseuse au Japon, Madison, journaliste en Allemagne et elle, Tara, était une brigadière en Angleterre...
Le destin était salaud avec les amitiés...
Quand elle parla de dette à Dorn, celui-ci eu l'air de perdre des couleurs, déjà qu'il en avait peu, mais paru se ragaillardir quand elle lui parla de diner ou déjeuner avec elle. Elle se surprit à sentir presque un sourire amusé sur son visage. Ah, ces hommes... Dès qu'une jolie femme leur faisait une proposition, ils croyaient l'affaire dans la poche et sortaient le champagne... Hum, non, peut-être pas Dorn. Il ne semblait pas de ce genre... D'ailleurs, il prit un temps pour réfléchir :

-Eh bien, je suppose que je le devrais, en effet... Voyons. Il est trop tard pour déjeuner aujourd'hui, et mon père passe ce soir à la maison...que diriez vous de samedi soir ? Si vous acceptez de venir chez moi vers 20 heures, je vous emmène au meilleur italien de Londres. Cela vous convient-il ?
-Parfaitement, lui répondit-elle avec un sourire très discret. Je suis libre ce soir-là...

Enfin, libre... Elle avait sa fille, mais Raven pourrait s'en occuper... Et les habituels sorts de défense ne seraient pas de trop...

-Vous allez rire, fit-elle en se levant, mais je n'ai jamais été dans un restaurant italien. J'ai déjà repéré le bistrot écossais qui fait le meilleur whisky, le bar de Londres qui a le meilleur café et le restaurant de Tokyo avec les meilleurs sushis, mais un italien... Nada. Alors je compte sur vous pour m'aider dans mes choix.

Elle ne pu s'empêcher de sentir ses lèvres esquisser un véritable sourire, comme de ceux qu'elle adressait parfois à Pryam. Et rien que cette pensée lui déchira le cœur. Elle se détourna un bref instant pour inspirer une bonne bouffée d'air avant de tendre la main vers Dorn pour la serrer.

-J'espère en tout cas avoir été utile pour votre article, monsieur Lyautey, dit-elle d'un ton très professionnel. Nous nous reverrons donc samedi.

[Hrp : Pas de problème ]

Invitation acceptée. Eh bien voilà, ce n'était pas si difficile. Ce que Dorn prenait au départ pour une simple interview se terminait plutôt bien au final. Et ça déboucherait sur une soirée sympathique, même si partant sur la base d'une dette....

" Vous allez rire, fit-elle en se levant, mais je n'ai jamais été dans un restaurant italien. J'ai déjà repéré le bistrot écossais qui fait le meilleur whisky, le bar de Londres qui a le meilleur café et le restaurant de Tokyo avec les meilleurs sushis, mais un italien... Nada. Alors je compte sur vous pour m'aider dans mes choix.

Dorn eut un sourire :

"Rire à propos de quelqu'un qui avoue qu'il ne connait pas quelque chose ne fait pas partie de mes habitudes, Miss MacIness. Mais vous pouvez compter sur moi pour vous guider. "


Il la vit sourire. Un vrai sourire cette fois, pas froid comme avant. Mais elle détourna les yeux. Il y avait là quelque chose qui la tourmentait, mais Dorn n'insista pas. Ce n'était pas son role de demander à Tara ce qu'il y avait. Si elle voulait lui dire, elle lui dirait d'elle-même.

"J'espère en tout cas avoir été utile pour votre article, monsieur Lyautey. Nous nous reverrons donc samedi.
-Encore une fois merci, Miss MacIness. A samedi donc."

Il lui serra la main, puis finalement, s'en alla comme il était venu. Reprenant le chemin de la Gazette, il alluma une cigarette. Il se demanda un instant ce qui se passerait le samedi, puis fidèle à sa devise, renonça à deviner. Prendre la vie comme elle venait était toujours plus facile.