La vie suivait tranquillement son cours à Département de l’Éducation depuis la rentrée en novembre dernier. Élèves et professeurs avaient réussi à prendre leurs marques, malgré un dispositif qui ne saurait remplacer Poudlard sur le long terme, et les cours s’enchaînaient sans incidents majeurs à déplorer. Après des débuts un peu fastidieux, Rose, la professeure Shafiq, comme on l’appelait par ici, s’avéra une professeure moins calamiteuse qu’on aurait pu le craindre. Certes, pendant le premier mois, elle mélangeait régulièrement les noms des élèves, et faisait tomber ses notes environ trois fois par cours, mais c’était surtout le signe de sa nervosité plus que d’une incompétence profonde. La pratique aidant, elle avait fini par prendre confiance en elle, et se comportait maintenant comme une professeure digne de ce nom. Bien aidée dans cette entreprise par les élèves de première année, qui trouvaient tout ce qu’elle faisait avec sa baguette absolument formidable, les braves gamins, qui n’avaient jamais rien vu de mieux.

En ce retour de vacances, ce n’était malheureusement pas les premières années qu’elle retrouvait, mais les élèves de troisième cycle. Un public bien plus difficile à impressionner, qui ne facilitait pas toujours la tâche qui lui avait été échue, à savoir, prendre la suite du professeur Flitwick. Les débuts de la timide et maladroite Rose avait été accueilli avec une certaine incrédulité, mais avec un peu de temps, la jeune femme avait réussi à faire ses preuves, et à leur montrer qu’elle en savait au moins autant que son prédécesseur. Ayant étudié les sortilèges pendant cinq ans à l’Académie Magique de Londres, elle était plus que qualifiée pour ce poste, ce qui ne l’empêchait pas de s’angoisser à l’idée de rater un sort tout simple devant la classe. Loué soit Merlin, ça n’était encore jamais arrivé.

Égale à elle-même, Rose était un professeur tout ce qu’il y avait de plus gentil, attentive aux progrès de ses élèves, peu avare de félicitations quand elles étaient mérité ou d’encouragements quand ils étaient nécessaires et jamais moqueuse de leurs échecs. On aurait eu du mal à croire que la jeune femme était également Mangemorte, malgré la marque des ténèbres qui s’affichait sur son avant-bras. Bien sûr, sa nomination à ce poste avait fait grincer quelques dents, en particulier dans les familles Merlinistes, mais les bruits s’étaient tus quand les parents avaient constaté à quel point elle semblait inoffensive. Il y avait bien eu une ou deux fortes têtes pour essayer de transformer son cours en arène politique, mais l’ancienne Gryffondor avait su prendre sur elle pour les faire taire (avec, éventuellement, une discrète intervention conjugale, au détour d’un couloir désert.) Mais dans l’ensemble, les cours de la professeure Shafiq se déroulaient sans histoire, et il fallait vraiment pousser pour s’attirer une remontrance de la jeune femme, qui n’aimait pas exercer son autorité plus que nécessaire.

Elle arriva de bonne heure pour son premier cours de la semaine, vêtue d’une voyante robe de couleur turquoise, qui lui avait valu ce commentaire de la part de son ancien partenaire du bureau « Charmant, Rose, maintenant tu as, non seulement, la personnalité d’une perruche, mais tu en as aussi le plumage. » Ce qui lui avait donné l’occasion de pratiquer le sujet du jour, le sortilège de mutisme, laissant dans un couloir un Macnair furieux et aphone. Un sort un peu en dessous du niveau qu’on pouvait espérer des élèves de troisième cycle, mais tout le monde n’avait pas bénéficié de la même qualité d’enseignement pendant les deux années de fermeture de l’école, et cela permettrait aux bons éléments de reprendre les cours en douceur.

La professeure s’installa dans sa salle de cours, fit apparaître le programme sur le tableau et s’appuya sur son bureau en attendant l’arrivée des élèves. Quand tout le monde fut enfin installé, elle frappa dans ses mains pour obtenir le silence.

« Bonjour et bonne année à tous, j’espère que vous avez passé de bonnes vacances. » Elle pointa sa baguette en direction du tableau « Comme vous le voyez, nous commencerons cette nouvelle année par un sortilège relativement simple. Du moins qui devrait l’être, si j’ai réussi à vous enseigner quelque chose depuis la rentrée. » conclut-elle, avec un sourire bienveillant.

La professeur quitta son estrade pour se promener entre les tables, interrogeant les élèves en même temps.

« Et donc, pour commencer, que pouvez-vous me dire sur le sortilège de mutisme : formule, exécution, utilité, risques... »

Sortilèges, pas nécessairement la matière préférée de Cassidy, pas qu’elle n’aimait pas ça, mais elle préférait largement la Métamorphose. Elle avait même pensé abandonner cette matière en troisième cycle, en raison de son emploi du temps chargé, puis avait finalement décidé de la poursuivre tout de même, ne voyant pas comment on pouvait estimer être un sorcier digne de ce nom sans avoir un A.S.P.I.C en sortilèges. Elle gardait toujours dans un coin de sa tête ce conseil, mille fois entendu, de sa mère « surtout, ne se fermer aucune porte. » Et comme elle n’était pas encore certaine de ce qu’elle voulait faire après Poudlard, le quidditch ne durait qu’un temps, et on ne pouvait pas sérieusement envisager de se faire poursuivre par des cognards jusqu’à cinquante ans, elle essayait de suivre le plus de cours possible, tant qu’elle était à l’école. Le sujet ne l’emballait pas plus que ça dans le fond, mais lui apparaissait comme un basique de tout sorcier qui se respectait. La Gryffondor suivait donc le cours de sortilège, en râlant, et racontant à qui voulait l’entendre qu’elle était épuisée et qu’entre les entraînements et les cours, elle s’en sortait à peine. Aucune raison de s’inquiéter pour autant, râler était plutôt un signe de bonne santé chez Cassidy.

L’adolescente arriva pile à l’heure pour le début du cours, ignora avec un dédain qui faisait honneur à sa propre maison les Serpentards déjà présents, et fila s’installer à une table du premier rang. C’était bien le problème du troisième cycle, les cours étaient électifs et donc, toutes les maisons se retrouvaient ensemble dans tous les cours. Elle regrettait le bon vieux temps des cours communs Gryffondor/Poufsouffle. Enfin, un des problèmes, l’autre était les kilomètres de parchemin qu’on leur demandait à chaque devoir. Heureusement pour son moral, les cours de sortilèges s’avéraient essentiellement pratique.

Elle salua la professeure et attendit tranquillement le début du cours, en feuilletant négligemment son livre et commentant à voix basse les derniers matchs du championnat avec son voisin. Elle avait été un peu sceptique quant aux capacités d’enseignante du professeur Shafiq au début, mais lui avait laissé le bénéfice du doute, parce qu’elle était une ancienne Gryffondor et une poursuiveuse plutôt douée. Cassidy était méfiante, depuis Ombrage et les Carrows, elle se méfiait des profs nommés par le ministère, et plus encore des profs Mangemort. Mais au final elle appréciait les cours, maladresse à part, la prof n’était pas s’en rappeler son prédécesseur, avec ce genre instituteur gentil et attentionné, c’était pas si mal, elle savait s’en accommoder.

Elle découvrit avec bonne humeur le sujet du jour, le sortilège de mutisme, parfait. Pas trop compliqué, juste ce qui lui fallait pour la reprise. Et pour avoir le temps de s’entraîner en vue du match à venir contre les Faucons de Falmouth. Elle orna la tête de son parchemin de la date du jour et du sujet, et commença à noter les diverses réponses données par les autres élèves. Cassidy n’était pas exactement une star sortilège, et ses notes oscillaient généralement entre l’Acceptable et l’Effort Exceptionnel, alors elle essayait de suivre le cours avec attention, pour compenser.

Quand les circonvolutions de la professeure la ramenèrent au premier rang, Cassie en profita pour lever la main et prendre la parole sur le sujet.

« Même si l’adversaire maîtrise les sortilèges informulés, le sortilège de mutisme reste utile, parce que les sortilèges de combats sont toujours plus puissants quand ils sont formulés. »

Juste remarque, observée de ses propre yeux, l’été dernier, tandis qu’elle était allée encourager son père qui faisait des prouesses sur l’estrade du tournoi du duel. Et dire que sa mère affirmait que c’était un divertissement mesquin et inutile.

La partie théorique touchait à sa fin, on allait pouvoir passer à la pratique. Sur un Serpentard grande gueule ? Cassidy l’espérait.

Même si elle était un peu plus assurée qu’à ses débuts d’enseignante, les cours étaient toujours une source de nervosité pour Rose, et la jeune femme n’avait de cesse de prendre sur elle pour avoir l’air plus à l’aise qu’elle ne l’était réellement. Elle affichait un sourire perpétuel à destination de ses élèves, mais au fur et à mesure que la salle se remplissait, la Mangemorte sentait son estomac se tordre dans tous les sens, et ne pouvait pas empêcher cette petite voix dans sa tête de lui suggérer les pires hypothèses : et si elle se prenait les pieds dans sa robe et s’étalait devant la classe ? Et si un élève en blessait mortellement un autre pendant la pratique ? Et si quelqu’un se levait et quittait la salle en hurlant qu’elle était une prof minable ? Heureusement pour elle, et ses ouailles, quand le cours commençait enfin, elle était capable de prendre une grande inspiration et de se lancer, et de faire comme si enseigner était tout à fait naturel pour elle.

D’ailleurs, se promener dans la classe et interroger les élèves était surtout une bonne excuse pour ne pas rester plantée derrière son bureau comme une potiche, fixée par les regards scrutateurs des étudiants. Elle espérait aussi qu’en agissant ainsi, elle pousserait chacun à participer, même les plus timides. Rose gardait en horreur toute les fois où, étant encore élève, elle avait dû se lever et crier à moitié sa réponse depuis le fond de la classe. Sa petite ronde s’avéra satisfaisante, visiblement, du point de vue théorique, les élèves étaient au point sur le sortilège de mutisme. Tandis que le tour de parole se déroulait, elle commenta les diverses réponses et y apporta éventuellement des précisions.

« Une excellente réponse de monsieur Rosier, qui vaudra 5 points de plus à Serpentard. Vous noterez cependant qu’un sortilège de mutisme mal exécuté pourrait entraîner une augmentation de la taille de la cible ainsi que de son volume sonore, à un niveau assourdissant. » Avant de reprendre sa petite route, elle se pencha sur le voisin d’Evan « Et redressez-vous, monsieur Flint, avant que je ne vous fasse pousser dans le dos une bosse, qui vous obligera à vous tenir ainsi étalé sur votre table. »

Peu douée, mais prévoyante, Rose avait noté dans un carnet une série de remarques promptes à corriger sèchement les petits travers de ses élèves. Liste régulièrement mise à jour, avec l’aide de son cher et tendre et de Macnair. Et qui arrivait à maintenir l’illusion qu’elle possédait deux grammes d’autorité. Après ça, la professeur continua ses interrogations, mine de rien.

« Exact, une bonne observation de mademoiselle Faulkner-Nott. 5 points à Gryffondor.  En situation de combat, et face à un adversaire d’une grande puissance, le sortilège de mutisme peut vous permettre de réduire les dégâts. Si vos réflexes sont assez aiguisés pour répliquer à temps à un sortilège informulé. »

Si Rose avait choisi l’étude des sortilèges à sa sortie de Poudlard, ce n’était pas un choix par défaut, mais bien parce que cette matière la passionnait, aussi bien la pratique que son penchant universitaire, la théorie magique. Elle essayait autant qu’elle pouvait de transmettre ce goût aux élèves, en prenant toujours soin de leur indiquer des pistes pour aller plus loin, même lorsque le cours portait sur un sortilège d’apparence simpliste.

« Une dernière information, le sortilège de mutisme est la seule protection connue contre le chant du Focifère, un animal intiment lié aux révoltes Gobelines du 14e siècle. Pour ceux qui voudraient creuser le sujet, je vous recommande la lecture des ouvrages d’Ulric le Follingue et de Burdock Muldoon. »

Chacun ayant eut la chance de participer à la partie théorique, la professeure regagna son bureau et annonça que l’on passerait désormais à la partie pratique du cours. Rose sortit sa baguette de sa poche, l’agita et fit apparaître différentes caisses, contenant des crapauds taureau ou des corbeaux, pour l’instant silencieux. Elle invita les élèves à choisir l’un ou l’autre, tandis qu’elle se saisissait d’un corbeau, qu’elle posa sur son bureau.

La Mangemorte redonna sa voix à l’animal, puis lança un sortilège de mutisme, en prenant soin de bien décomposer le mouvement pour que chacun puis observer la marche à suivre. Elle vit ensuite avec satisfaction la bouche de l’oiseau s’ouvrir, tandis qu’il restait désespérément muet.

« À vous maintenant, commencez par formuler votre sortilège pour ce premier essai. »

D’un coup de baguette, elle redonna la voix à toute la ménagerie, qui s’en donna à cœur joie. Et se rapprocha des élèves pour évaluer leurs compétences en matière de sortilèges.

Penchée sur son parchemin, Cassidy prenait soigneusement note de tout ce qui se disait pendant l’introduction théorique au cours. L’on avait parfois du mal à la croire en la voyant déambuler, bavarde et agitée dans les couloirs, mais la Gryffondor était plutôt une bonne élève, très scolaire, qui ne négligeait jamais ses révisions avant un cours, ou la lecture d’un ouvrage conseillé par le professeur. Pour tout dire, au sein de sa maison, Cassidy passait même plutôt pour une intello, celle à qui on demandait son exercice pour le recopier, ou à côté de qui on se mettait pour pouvoir copier quand on séchait pendant un examen. Bonne camarade d’ailleurs, elle ne refusait jamais d’aider un condisciple, non sans leur servir un ou deux commentaires sarcastiques. Avant de replier son parchemin, elle ajouta un ou deux points qu’elle aimerait développer sur le sujet, en se promettant d’aller faire un saut à la bibliothèque à la fin de la journée. Beaucoup de chose avait changé dans la vie de Cassie depuis l’été dernier, mais son amour des livres était resté intact, et elle n’aimait rien de plus que se pelotonner dans un bon fauteuil, en compagnie de son chat et d’un volume conséquent.

L’adolescente tapait nerveusement du pied en observant la démonstration de la professeure, qui venait de réduire au silence un malheureux piaf d’un simple coup de baguette. En matière de magie, Cassidy était toujours plus à l’aise avec la théorie qu’avec la pratique. Ses succès estivaux aux examens l’avaient rassurée quant à sa capacité à réussir ses sortilèges, n’empêche, elle préférait largement avoir à raconter les révoltes des gobelins à travers les âges, plutôt que de devoir faire taire un animal excité devant tout le monde. Et de devoir assumer son échec devant une bande de Serpentard qui se tordraient de rire, ça, c’était un affront qu’elle n’aurait pas su supporter. D’où l’importance de faire bonne figure devant cette bande de naze, et de ne pas les laisser croire une seule seconde qu’elle doutait de sa capacité à lancer un simple sortilège de mutisme.

D’un geste décontracté, elle agita sa baguette, et à l’aide d’un sortilège d’attraction, attira un crapaud qui vint de poser délicatement sur la table. Pourquoi le crapaud plutôt que le corbeau ? Plaisir sadique de voir la grimace sur le visage de Nathalie, sa voisine, qui avait une sainte horreur des crapauds. Fallait bien se divertir un peu.

« Hey Nath, dis bonjour à m’sieur le crapaud ! » souffla-t-elle en donnant un coup de coude à cette dernière.
« Beurk. » fut la réponse éloquente de Nathalie, qui essayait, tant bien, que mal d’empêcher son corbeau de picorer sa trousse.

Cassidy passa la main dans sa chevelure blonde, y’avait plus qu’à se lancer. Bon sang de sang pur, c’était pas simple de se concentrer au milieu de cette ménagerie. Tenant fermement sa baguette en bois de rose, elle la pointa sur le crapaud qui coassait calmement, en la fixant de ses yeux torves, ce n’était clairement pas la première fois qu’il servait de cobaye et il était loin d’être impressionné.

« Silencio » formula-t-elle, en essayant de rester sourde au raffut ambiant.

Victoire, la gorge de l’animal continuait à se gonfler, mais il était résolument muet. La Gryffondor afficha un petit sourire satisfait.

Rose ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, avec une pointe de désespoir, en voyant certains élèves faire des manières en attrapant les crapauds. C’était navrant, des jeunes sorciers, bientôt ou déjà adultes qui jouaient les vierges effarouchées devant un malheureux batracien. Avec une génération pareille, il ne fallait pas s’étonner que la société aille à vau l’eau. Si les élèves voulaient progresser sur la route des sortilèges, il faudrait bien qu’ils s’habituent à devoir manipuler des choses encore bien moins ragoutantes qu’un crapaud. Quand on savait ce que pouvait produire un sort mal agencé. La Mangemorte hésita un petit moment, elle avait bien envie de leur faire remarquer qu’il était grand temps de se comporter comme des adultes, puis finalement se ravisa. Elle n’aimait vraiment pas asticoter ses élèves sur des petits détails mesquins de cette espèce.

Heureusement, cette petite exaspération vu vite remplacée par un sentiment de satisfaction, tandis qu’elle circulait dans la classe, observant la pratique du sortilège. Ce n’était pas, et de loin, le plus complexe des maléfices, mais l’éducation de certains élèves avait clairement été laissée à l’abandon pendant ces deux années de fermeture de l’école. Alors quand elle voyait que certains réussissaient, alors que lors de la reprise des cours, ils avaient eu du mal à se dépêtrer d’un sortilège d’attraction, la professeure estimait qu’elle avait fourni un bon travail de remise à niveau de la classe depuis novembre. Si certains n’avaient pas totalement réussit à silencier leur animal, la plupart des élèves s’en était sorti d’une façon tout à fait honorable. La jeune femme poussa un soupir de soulagement, tandis que petit à petit, le silence revenait dans la classe.

Rose dispensa quelques explications supplémentaires aux élèves qui avaient le moins bien réussi, ainsi que quelques félicitations à ceux qui les méritaient, avant de remonter sur l’estrade et de gratifier la classe d’un sourire réjoui par leurs bons résultats.

« Très bien. Bien sûr je n’en attendais pas moins de vous. Même si certains n’ont pas obtenu une réussite complète, vous y êtes presque, et je suis sûre qu’avec un peu plus de pratique, vous réussirez. »

La Mangemorte tira une montre de sa poche. Le temps filait incroyablement vite quand elle était en classe, mais ils auraient encore un peu de temps pour pratiquer. Elle invita les élèves à échanger leurs cobayes, dans l’absolu il n’y avait aucune différence entre réduire au silence un corbeau ou un crapaud, mais pour certains sorciers, le résultat obtenu pouvait être surprenant.

Rose avait bien conscience que le niveau du cours devait être un peu décevant pour certains de ces élèves, qui avaient beaucoup travaillé entre la fermeture de l’école et sa réouverture. Malheureusement, Rose ne pouvait pas faire de miracle pour combler les lacunes des autres, et n’avaient pas envie de se lancer des sortilèges complexes pour un cours d’une heure. Mais comme ils suivaient ces cours plus simples sans trop rouspéter, elle eut envie de leur proposer une petite récompense.

« Je sais que certains d’entre vous souhaiterai un peu plus de pratique, ce qui n’est pas toujours simple à organiser tant que nous sommes au Ministère. Pour compenser, j’aimerai vous proposer l’ouverture d’un club de duel, si vous êtes intéressé, bien entendu. »

Sans ménagement Cassidy attrapa son crapaud, lui redonna sa voix et l’échangea avec le corbeau de Nathalie. Corbeau, crapaud, peu importe, ça n’avait aucune importance pour elle, Cassie n’était pas facilement dégoûtée par les animaux. Elle jeta un regard un peu méprisant et un peu moqueur à sa voisine, qui contemplait son cobaye comme s’il s’agissait d’un vieux calbut’ crasseux.

« Allez, arrête ton numéro de princesse de mes deux, c’est qu’un crapaud, bon sang de sang pur. » lança l’adolescente sur un ton morveux.

Nath’ avala la rebuffade d’un air indifférent, et se concentra sur l’exercice. Elle et Cassidy s’entendaient généralement bien, et elle s’accommodait sans trop d’émoi des remarques au vitriol de celle-ci. C’était le risque lorsque l’on fréquentait Cassidy, elle était une amie d’une loyauté à toute épreuve, mais elle avait de hautes exigences morales, n’hésitait jamais à dire ce qu’elle pensait, et généralement, ne s’embarrassait pas de frivolité tel que le tact. C’était sûrement à ce genre de comportement que les gens faisaient référence quand ils qualifiaient la Gryffondor de peste insupportable. L’adolescente estimait, pour sa part, qu’elle possédait une franchise rafraîchissante.

Si son précédent sujet s’était montré d’une admirable placidité, on ne pouvait pas en dire autant du volatile. Ce piaf avait clairement des envies d’indépendance, et s’agitait nerveusement, essayant vainement de picorer la baguette de Cassidy. Après une courte, mais virulente, lutte, elle parvint à lui faire lâcher l’instrument, ce qui eu pour conséquence de faire pousser à l’oiseau de long cris perçant. Exaspérée, la petite blonde agita nerveusement sa baguette en murmurant rapidement la formule. C’était quand même plus simple quand votre adversaire voulait bien se laisser faire, ce qui arrivait rarement dans la vraie vie.

Pour la pureté du mouvement, il faudrait repasser, mais pour les résultats, c’était concluant, l’oiseau était désormais muet. Cassidy échangea un rapide high five avec sa voisine, qui venait elle aussi de réduire son crapaud au silence. Les Gryffondors portaient haut les couleurs de leur maison aujourd’hui.

Si les animaux étaient tous plus ou moins silencieux désormais, un autre bruit agitait la classe. Visiblement, la proposition de la professeure Shafiq d’organiser un club de duel pour les élèves suscitait l’enthousiasme chez certains. Cassidy de son côté se contenta de hausser les épaules avec indifférences. Elle estimait avoir déjà bien assez d’activités extra scolaires sans en plus avoir à s’inscrire pour des bagarres organisées. Elle repoussa d’un geste de la main le coude insistant qui s’insinuait dans ses côtes, signes d’excitation d’un condisciple rouge et or.

« Non, mais j’ai pas le temps, j’ai un métier moi, je tiens pas un stand de crêpes. »

Puis se retournant, elle aperçut le regard goguenard et prétentieux de certains Serpentards. Ça, c’était un défi, et un de ceux que l’on ne pouvait pas refuser sans ternir son honneur. Elle passa une main dans sa tignasse platine et répondit avec une moue boudeuse.

« ‘Fin, je dois bien avoir un peu de temps libre pour botter des culs de Serpentards. »

Après tout, son père avait remporté le tournoi de cet été, les Nott possédaient peut-être une aptitude naturelle au duel. Et sinon, Hypérion pourrait toujours lui refourguer un ou deux tuyaux.