L’arrogance envahissante de Nott était contagieuse et il ne la supportait pas. Il était difficile de ne pas vouloir être plus orgueilleux que lui quand on se retrouvait face à ce bougre d’homme. Il était horripilant, détestable. Et c’était justifié de vouloir l’étriper. Alors, finalement, dans le fond, si Nott était honnête avec lui-même, il pouvait reconnaître que Smith était un chic type. Il se défendait tant bien que mal, et donnait tout ce qu’il pouvait pour tenir tête au rédacteur en chef de la Gazette. Le duel n’était pas si déséquilibré finalement et même Nott reconnaissait qu’il ne menait pas large face à son adversaire. Il avait simplement plus d’expérience justifiant sa domination. Nott loupait rarement un sort. C’était son héritage Poudlardien qui revenait, probablement aidé aussi par la patte paternelle qui l’avait formé à se défendre depuis tout petit. Les Nott n’étaient pas bruyants, ni même grandiloquents ; mais ils aimaient se battre. Nott adorait le contact physique, il avait joué des poings une longue partie de sa jeunesse, jusqu’à un certain âge où sa vie de sang-chaud devenait moins adéquat à son style de vie. Il avait connu Azkaban et la débrouille criminelle, la clandestinité politique même la censure. C’était un type qui, si l’on passait la carapace de saloperies qui le recouvrait, avait eu une vie mouvementée. Il avait un passé pas si facile que ce que l’on imaginait en le voyant. Nott était un homme qui s’était fait lui-même car il était arrivé dans le monde actif à une époque où être puriste était pire qu’être cracmol. Et son extrémisme assumé, revendicateur, clamé dans les colonnes des journaux presque clandestins où il avait commencé sa carrière, l’avaient amené à une vie difficile. Son orgueil d’aujourd’hui se comprenait par son expérience où l’on avait toujours voulu le détruire. Il en était ressorti puissant et méprisant, probablement, comme le sentait Smith, méfiant des autres. Il exécrait le merlinisme pour ce qu’il était et ce qui lui avait fait subir. Il comptait se venger de la bienséance et de la censure agréable, acceptée. Nott était, avant d’être puriste, un journaliste convaincu de la transparence de l’information et des réalités sociales et mondiales. La censure n’avait pas sa place. C’était probablement pour cela qu’il refusait également de s’affilier officiellement aux Forces Puristes qui, liant Voldemort, voulait exclure le merlinisme.

La violence physique faisait du bien. Elle remettait les idées en place. Alors quand Smith lança son sort, Hypérion, presque masochiste, le prit volontiers de plein fouet. La foule arrêtait de rire. Le sérieux qu’avait pris le duel n’était plus propice à la rigolade. Comme si le croche-patte de Nott s’était passé ailleurs, dans un autre univers. Hypérion savait que Cassidy le regardait, Anne peut-être aussi, sûrement Théo. Bizarrement, cette information lui importait. Comme un besoin de fierté. Les brûlures, certes superficielles mais bien réelles, lui consumaient ses habits. Ses manches étaient en découpés, en pièce, laissant apparaître quelques parties de son corps. Le duel était fait dans les règles, mais il n’avait rien d’un duel d’enfants de cœur. Nott ne savait pas combattre sans hargne ; Smith non plus visiblement. Simplement Hypérion avait probablement une envie que l’autre ne ressentait pas : l’envie nécessaire d’écraser son adversaire. La supériorité puriste obligeait ses croyants à ressentir un tel besoin. Il ne souriait plus, mais la dernière remarque l’obligeait à sourire narquois. Il secoua sa tête, à la fois amusé, à la fois moqueur. Il agita sa baguette et informula un Icarcerem. Les cordes sortirent de sa baguette tels des serpents enragés. Elles s’enroulèrent autour des chevilles de Smith et le propulsèrent en arrière avant de la plaquer violemment au sol, l’empêchant de bouger, serrant sur les articulations et sous la gorge. Nott, gagnant, se rapprocha de son adversaire et lorsque l’arbitre déclara sa victoire, retira d’un geste les cordes.

- Il y aura alors, au moins, plus d’enjeu et de difficulté à la ridiculiser qu’ici.

Il rangea sa baguette, salua son adversaire comme le voulait la tradition – Nott était un grand respectueux des traditions – et quitta la scène de combat, victorieux, acclamé par la foule.

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