On avait plus vu cette feuille depuis un certain sur le tableau d'affichage de l'entrée.
Non, plus du tout, ni dans la salle commune de Gryffondor d'ailleurs, en fait, le voir avait fait un choc, et bien qu'il eut fallu l'autorisation de l'administration, H avait réussi, avec l'appui du professeur qui gérait sa maison, à poser ces papiers là.
L'équipe de Gryffondor recrute.
Les gagnants de la coupe avait subi un revers des plus désagréables lors du dernier match, et si H était susceptible à plusieurs petits problèmes mentaux en ce moment, le problème ne venait pas que de lui. Au dernier match, il y avait eu un manque cruel d'esprit d'équipe et un défaut de compétences. Pour pallier à ça, rien de mieux qu'une nouvelle sélection et un écrémage des anciens, histoire de clairement faire comprendre à tout le monde que personne n'avait de place attitrée dans l'équipe.

Pour être totalement honnête, H ne comptait pas spécialement reprendre de nouveaux joueurs, juste forcer les anciens à se remettre en question puisque c'était simplement ça le problème à ses yeux, bouffis d'orgueil, ils n'avaient pas su gérer cet excès de victoires, si on pouvait appeler ça ainsi.
Dans son bel habit de capitaine des lions, il accueillit tout le monde sur le terrain, anciens comme nouveaux, et leur servi un speech pas vraiment réfléchi des heures à l'avance : Il ne prendrait que les meilleurs. Point barre.
Ça mettait de suite dans l'ambiance, non pas par le ton, il était rare que H soit de base très conciliant, mais plus par la brutalité de la chose, le droit à l'erreur était plus que mince, peu de marche de manœuvre mais pour quelle récompense …
Être dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor, c'était avoir une place assurée auprès de H lors des périodes de crise, c'était éviter de se prendre une raclée par l'Elite, c'était devenir la plus haute entité de ce que la maison avait à offrir, quoi que fasse Valverde en voulant remplacer les préfets par on ne savait trop quoi, on écoutait plus un bon joueur de Quidditch qu'un politique. Il en avait toujours été ainsi à Gryffondor, et c'était peut être de là qu'on pouvait accueillir un ressemblance entre eux.

H organisa plusieurs matchs, participant à quelques périodes en tant que Poursuiveur pour faire tourner les postes, car certains avaient aussi souhaité s'essayer à la batte.
Étrangement, les entraînements de H n'avaient rien à voir avec ceux des autres équipes de Poudlard. Le lion avait la réputation d'être un barbare sanguinaire, increvable et violent à souhait, autant dire que le niveau d'exigence était le plus élevé de l'école ; c'était peut être pour ça aussi que l'équipe avait su se hisser très haut deux années auparavant.
Aussi chez H, l'entraînement ne se faisait pas à deux cognards comme lors des matchs, mais à quatre, il n'y avait pas de règles spécifiques, si ce n'était celle en vigueur, quoi que H fusse moins regardant pour ce qui était des fautes, surtout quand on le voyait jouer poursuiveur.
Le capitaine était un joueur de talent, on lui avait dit de tenter en pro, mais il n'y pensait que peu … sa technique au souaffle était impressionnante, il avait un bagage technique et une hargne qui dépassait le simple stade du joueur occasionnel à l'école, non, il avait ça dans le sang. Cela se voyait lorsqu'il arrivait à mettre dans le vent des joueurs emblématiques de sa maison, il n'était pas rare de le voir passer une feinte à Levinson, d'avoir Eden avec un petit grigri, mais ce n'était pas son poste, non, il jouait attrapeur.

Au dernier match, il n'avait pas eu de chance, il avait été là, sur la brèche, et pourtant ça n'avait pas suffi. Sa faute, celle de l'équipe, et voilà où on en était désormais.
Lorsque le dernier match s'acheva, il leur dit de se reposer un peu, profitant de ce temps pour réfléchir alors qu'il était probablement le moins épuisé du groupe avec Achille.
Il fut rapidement rejoint par un premier année qui le collait depuis le début de la rentrée, mais H avait pris ce bougre suicidaire en amitié et le voyait un peu comme sa mascotte, alors il lui demanda avec son habituel ton provocateur bien que cela soit involontaire :

« Alors le moche, t'en as pensé quoi ?
_ Elle se débrouille bien la miss dans ton équipe du dernier match.
_ C'est ce que j'me disais aussi.
_ C'est p'têtre le temps de mettre Eden sur la touche nan ?
_ C'est moi que ça regarde, on verra, allez coucouche panier le nabot. »

Le gamin s'exécuta après une mimique faciale plutôt provocatrice, et H se rapprocha, de son groupe, prêt à les affubler d'un 'okay that was great guys, realy great !', mais c'était mal connaître H.
Fixant le groupe reprendre son souffle, il s'adressa à eux d'une voix forte et qui ne traduisait aucune hésitation.

« Ça sera tout pour aujourd'hui, toi viens là, les autres vous pouvez y aller. »

Il avait désigné du doigt cette fameuse miss qui avait quelque peu brillé, il était temps pour elle de passer le dernier petit test de H, à savoir le face à face. Cette épreuve ne se déroulait pas sur le terrain, non, il s'agissait de s'entretenir avec le capitaine, et de répondre, bien de préférence, à ses questions. Il fallait sortir du lot et pourtant pouvoir se fondre dans l'équipe, ce n'était pas évident, cela prenait du temps, mais le capitaine agissait au flair, flair qui ne l'avait pour l'instant pas spécialement trompé malgré les quelques hallucinations qu'il avait eu il y a peu.
Lorsque les autres élèves commencèrent à partir, il fit signe à la miss de descendre, un signe de main quasi-autoritaire qui lui disait presque de venir aux pieds et de faire la belle, mais H n'était pas du genre à exiger ça … enfin, pas ce genre de prestations.
Quand les autres furent déjà loin d'eux, il regarda autour de lui, avant de revenir à la miss, s'adressant à elle avec son habituelle voix criarde et désagréable quand on en avait pas l'habitude.

« J'pense que c'est pas la peine que je me présente. J't'ai vu jouer … pas mal, y'a des trucs à améliorer, mais t'as potentiellement ta place dans l'équipe.»

L'annonce était faite d'entrée. Toutefois, le potentiellement indiquait que rien n'était définitif … beaucoup de choses n'étaient pas définitives, beaucoup sauf la mort.

« Pour l'instant c'est moi qui fait ce choix là, on verra après avec l'équipe si on te garde ou pas. De base, j'veux voir tes miches au prochain entraînement ok ? Après je te dirais quoi.»

H avait beau être très difficile, il n'en demeurait pas moins un bon capitaine. Autoritaire et exigent, il avait façonné l'équipe à l'image d'une famille, car l'équipe était soudée, la décision se prendrait ensemble, il fallait une alchimie entre les membres, les individualités ne suffisaient plus à ce niveau.
Elle allait devoir s'intégrer tout en restant elle même, c'était là le défi, défi que d'autres avaient su relever avant elle. Parch l'avait fait entre autre, pour devenir un bon batteur d'ailleurs, un des joueurs qui avait ramené la coupe.
Invitant la miss à marcher le long du terrain, H lui laissa alors la parole en la questionnant.

« Bon sinon c'est quoi ton p'tit nom ? Et qu'est ce qui t'a ramené ici ?»

C'était le début de la deuxième épreuve qui commençait pour la miss.

« Bon, c'est d'accord. Mais tu fais bien attention, hein ? Tu ne vas pas trop haut. C'est juste pour essayer. »

Un soupir l'interrompit.

« Ne t'en fais pas, m'man, j'suis sûr qu'elle va s'en tirer à merveille. Et puis, c'est pas comme si on lui demandait de participer à la Coupe du Monde de Quidditch. »

Samantha réprima un sourire tandis que son cousin se tournait vers elle, sérieux, tout à coup.

« Pas vrai, Samy, que tu seras prudente ? »

La fillette hocha la tête, le visage résolu. Ses yeux s'attardèrent un instant sur les quatre personnes qui l'entouraient : la mine soucieuse de sa tante, le sourire confiant de Leah, le masque imperturbable de Douglas, le regard à la fois envieux et admiratif de son frère. Alors seulement elle se mit en place et, se remémorant les recommandations qui lui avaient été faites, donna un coup de pied au sol. Le balais répondit aussitôt et elle se sentit s'envoler, aussi légère qu'une plume ou un oiseau. Le vent lui ébouriffa les cheveux et un formidable sentiment d'euphorie, d'allégresse et de plénitude mêlées l'envahit. Un rire naquit sur ses lèvres. Pour la première fois de sa vie, elle était libre – totalement libre.


Elle avait vu cette feuille depuis un petit moment, placardée bien en évidence sur le tableau d'affichage de l'entrée. Sans compter qu'il y avait les commentaires qui allaient avec, ragots et rumeurs finissant irrémédiablement par tomber dans les oreilles pourtant les moins disposées à y prêter attention. Il fallait dire que, pour un événement, c'était un événement, qui avait causé un véritable choc chez les Gryffondors. Personne n'ignorait que le dernier match joué contre les Serpentards ne s'était pas extrêmement bien déroulé et, apparemment, le capitaine de l'équipe avait pris la décision de renouveler un peu ses joueurs. Au départ, elle n'y avait pas vraiment prêté attention – ou, du moins, c'était ce dont elle avait tenté de se persuader. Jusqu'à ce qu'un soir, au sortir du repas, Oliver la rejoigne en courant, le regard pétillant :

« Alors, tu te présentes ? »

Elle avait haussé les épaules.

« Où ça ? »

Son cadet avait plissé les yeux tandis qu'un sourire entendu lui venait aux lèvres.

« Tu sais très bien de quoi j'veux parler. »

Elle s'était détournée sans répondre mais, depuis, l'idée n'avait cessé de trotter dans son esprit. Après tout, pourquoi pas ? Elle volait dès que l'occasion s'en présentait et, à force d'assister aux différents matchs, avait fini par bien intégrer les règles du Quidditch. Elle pouvait toujours essayer, n'est-ce pas ? Elle n'avait rien à perdre.

Et ce fut ainsi que la jeune fille se retrouva, ce jour-là, en compagnie des autres joueurs, anciens ou prétendants, à écouter le discours que Mercurius, plus connu sous l'énigmatique surnom de H, leur avait concocté. Discours simple à comprendre, au demeurant. Il ne garderait que les meilleurs. C'était à eux de faire leurs preuves. Ceci dit, chacun enfourcha son balais et la qualification commença. Match qui, contrairement à ses craintes, se déroula plutôt bien, et Samantha était assez contente d'elle lorsque le capitaine siffla la fin du jeu. Celui-ci se rapprocha du petit groupe que formaient les joueurs et leur donna la permission de rentrer se reposer. Elle allait suivre le mouvement quand il la désigna du doigt. Tous, sauf elle. Sa posture ne traduisit aucune hésitation alors qu'elle se tournait dans sa direction. Le regard qu'il posa sur elle était insondable et elle renonça à interpréter son expression. Elle saurait ce qu'il lui voulait bien assez tôt.

Lorsque les autres eurent disparu, ses yeux firent le tour du terrain avant de revenir à son visage et il prit la parole d'une voix légèrement criarde. Pas la peine qu'il se présente. En effet. Tous les Gryffondors connaissaient le nom du capitaine de leur équipe de Quidditch – c'était d'ailleurs l'une des premières choses que tout nouvel élève apprenait en arrivant dans leur maison. Si elle s'attendait à ce qu'il lui dit ensuite, cela ne lui fit pas moins plaisir. Cependant, elle ne s'y trompa pas. La réputation du H le précédait où qu'il aille, et il était de notoriété publique que ce dernier était d'une exigence et d'une volonté peu communes. Elle devait donc se montrer au prochain entraînement, mais il n'y avait encore rien de définitif là-dedans – cela dépendrait notamment de la réaction et de la décision des autres joueurs. Néanmoins, c'était toujours ça de gagné. Elle avançait sur la voie qu'elle s'était fixée, pas après pas.

Le jeune homme demeura silencieux un instant avant de l'inviter à marcher sur le terrain avec lui. Elle lui emboîta le pas, muette, attendant les questions qui, de fait, ne tardèrent pas.

« Je m'appelle Samantha Willow, répondit-elle à sa première interrogation, mais la plupart des gens qui me connaissent me nomment Sam. »

Elle laissa passer une courte pause afin de réfléchir à sa seconde demande.

« En fait, ça fait pas mal de temps que j'envisage d'essayer d'intégrer l'équipe. Enfin, pas mal de temps... Elle hésita. Disons que, pendant mes premières années à Poudlard, j'étais pas trop dans cette optique là. J'ai toujours aimé le Quidditch, et voler en général, parce j'habite chez ma tante qui vit en Irlande. J'ai assisté à des matchs et, en vacances, montais sur un balais, mais ça n'allait pas plus loin. Quelques secondes s'égrenèrent encore avant qu'elle ne reprenne : De toute manière, l'équipe était complète, personne n'avait besoin de personne et je trouvais amplement de quoi m'occuper de différentes façons. Elle buta sur un caillou qui roula sous son pied mais elle continua sans s'interrompre : Et puis, j'ai vu l'annonce, sur le tableau d'affichage. Je n'ai pas tout de suite pris ma décision, j'ai d'abord été... indécise. Devançant le questionnement de Mercurius, elle soupira. Pourquoi ? Moi-même, je n'en sais rien. Elle se mordilla la lèvre, songeuse. Je suppose que je n'étais pas certaine d'être prête, d'être à la hauteur. Il y eut une pause et, soudain, elle redressa le menton, le regard fier, flamboyant. Dans ses yeux, la conviction avait remplacé le doute. Non, en fait, ce n'est pas parce que j'avais peur de ne pas être prise ou de me ridiculiser que j'ai hésité. Je me suis simplement demandé... Elle prit une profonde inspiration et accéléra légèrement le pas. Où est l'intérêt de tout ça ? Se battre pour une coupe, pour la gloire, pour les sensations, pour la célébrité, pour l'amusement ? Pour soi ou pour les autres ? Elle avait froncé les sourcils. Tu comprends, je n'aime pas accomplir quelque chose – n'importe quoi – sans savoir pourquoi je le fais. Il faut que ça me plaise, que j'ai vraiment envie de l'obtenir. Sinon, ça ne sert à rien. Du moins, c'est mon point de vue. Elle demeura un long moment silencieuse avant de conclure : Finalement, je me suis dit que je volais pour mon propre plaisir, pour le vent sur ma peau, pour la liberté. Mais aussi... Un sourire farouche naquit sur son visage. J'aime gagner, j'aime la complicité. Triompher tous ensemble – pour nous, pour l'équipe, pour le Quidditch, pour Gryffondor – ça me plairait. Ça me plairait vraiment. Et, si les autres joueurs m'admettent également parmi eux, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que, cette année, ce ne soit pas Serpentard qui remporte la victoire. »

Consciente d'être allée peut-être un peu trop vite en besogne, elle esquissa un nouveau sourire, plus humble.

« Je veux dire... Je déteste les Serpentards, et je n'aime pas perdre non plus. Après tout, ça ne me coûtait rien d'aller tenter ma chance. »

Le jeune homme, à ses côtés, n'avait toujours pas décroché une parole. Elle se demanda ce qu'il pensait, à quoi il réfléchissait. Quelle serait sa prochaine interrogation ?

Que restait il de Gryffondor ? Plus grand chose. Les maisons semblaient comme dépassées, il y avait un autre combat, beaucoup plus sanglant, peut être plus politique aussi.
Il n'y avait plus de maisons, juste des sangs, des forts, des faibles, des puristes, des bourbistes, un infâme cocktail de tout ça. Et H n'avait jamais été aussi puissant que sous cet ère.
Du temps où les maisons avaient encore leur importance, on pointait du doigt ce qu'il était, à savoir un être dénué de valeurs propres à sa maison d'origine, il était impossible pour lui de s'intégrer. À défaut de pouvoir changer, il essayait de changer les autres, alors que plus puissants que lui cherchait à changer le monde.
Un jour, peut être tiendrait il une partie du monde entre ses doigts … que le monde prie pour que cela n'arrive jamais … qu'il prie, il n'avait bien que ça à faire.

Le monde élève le connaissait, il ne connaissait cependant pas ce monde, étrangement. H était un être formidablement puissant pour son prétendu niveau, et son absence de morale le poussait à faire ce qu'une grande majorité rebutait à faire. Le sale boulot de l'Elite, c'était lui qui l'avait fait et il continuait à le faire si on le lui demandait, bien qu'en ce moment il se faisait discret, il était tout de même là.
Malgré ses hallucinations il n'était pas plus instable qu'avant … oui oui c'est entièrement possible qu'il soit pire qu'avant, mais les temps changent, les gens aussi, pas lui.
Alors il fallait donner une nouvelle tête à Gryffondor, car il n'était pas immortel, et l'équipe en avait besoin. Toutefois, pour une raison obscure, l'administration Valverde avait tenu à le garder lui, un élément perturbateur, l'épine dans le pied du purisme. Pourquoi ? Il ne savait pas. Peut être était ce là une énième manipulation de Bedan, peut être pas, auquel cas il s'en foutait, il avait ce qu'il voulait.
Pour l'instant, ça se résumait au capitanat de l'équipe de Quidd' et tolérer quelques petites frappes sous le manteau, peut être le pouvoir à Poudlard avait il compris que délaisser un peu le haut du panier ne lui ferait pas de mal. Après tout, le meilleur ordre était celui qui était naturel nan ?

Il en était de même pour le Quidditch, H ne prenait que les meilleurs, le haut du panier, et si cette miss voulait sa place, elle allait devoir le gagner, mais qu'on se le dise clairement, le plus dur était fait.

« Je m'appelle Samantha Willow, mais la plupart des gens qui me connaissent me nomment Sam. »

Sam … il était pas question d'un petit être aux pieds poilus et accompagnant un type qui devait détruire l'alliance de Chuck Norris ? Nan ? Ah, il devait peut être confondre, les gens s'appelaient tous pareil aussi, c'était compliqué de reconnaître qui était qui. De toute façon, il n'avait jamais entendu parlé d'elle.

Et puis elle enchaîna sur un gros blabla qui eut vite fait de perdre H. Clairement, la capacité d'attention d'un cancre dans l'âme était plus que limitée, entre les petits nains qui couraient tout nus dans un champ de fleur et les singes qui jouaient des cymbales, son esprit était vite encombré.
Mais bon, il était habitué à trainer avec quelques donzelles, et il savait à quel point ces dernières aimaient blablater, surtout pour ne rien dire. En fait, il pensait qu'elle irait à l'essentiel, visiblement non, aussi il écouta de manière plus que distraite ce qu'elle avait à lui dire.
Jusqu'à la fin, il pensait qu'elle n'avait rien d'autre à foutre que blablater.

« Je veux dire... Je déteste les Serpentards, et je n'aime pas perdre non plus. Après tout, ça ne me coûtait rien d'aller tenter ma chance. »

Visiblement elle avait fini, c'était pas trop tôt, aussi souffla t'il sans s'en cacher.

« Tain t'es vraiment une gonzesse toi … t'arrêtes pas de parler ...»

De ce fait, comme il avait décroché, il ne s'attarda que sur la dernière partie de son exposé argumenté.

« Bref, j'te le dis cash, je m'en fous que t'aimes ou pas les Serpentards, tout ce que je veux c'est qu'on gagne contre eux. T'peux même haïr les autres équipes, ça me regarde pas, tant que ton Quidditch est bon. T'vois c'que j'veux dire ?»

Il espérait, et il valait mieux pour elle. Peu de ses joueurs fonctionnaient à la haine, lui ne le faisait pas et pourtant il était probable qu'il y soit le plus sujet, mais non. Son but allait être de la canaliser, de lui permettre de développer son jeu et d'en faire une tigresse, ivre d'une colère sans nom contre les Serpents, il allait devoir lui montrer les multiples facettes d'un jeu hargneux, elle allait devoir se montrer bien moins sage que là … et moins bavarde aussi, car sinon elle allait écoper du doux surnom de TG, taggle pour les intimes, ou RTL, raconte ta life.

« Bon sinon, autre p'tit truc, j'en ai rien à branler d'la politique, ici c'est Quidditch ok ? Que tu puisses pas piffrer Valverde, que t'aies envie de te faire Bedan bref j'm'en fous. Ici on parle pas sang et tout ça, on joue. J'sais que les autres sont assez portés là d'sus, moi ça me regarde pas c'que vous pensez … pareil pour tes notes, cancre ou pas rien à secouer, tant que t'es là pour les matchs et les entraînements, y'aura pas de soucis avec moi.»

Il laissa un blanc, se grattant les cheveux avant de reprendre.

« Par contre si jamais t'as des emmerdes, j'veux que tu m'en parles. J'pourrais p'tête pas t'aider, mais l'important c'est que tu me tiennes au courant. Si c'est privé et que t'as pas envie d'en parler, t'me dis simplement que ya un soucis et j'en tiendrais compte.

Essaye aussi de pas avoir trop d'emmerdes avec l'Elite et la bande à Valverde … j'ai pas envie de voir la tête d'un de mes joueurs sur la grille de l'école.»

En fait, c'était pas tant le fait de voir une tête détachée d'un corps qui le gênait, c'était plus qu'il s'agisse de celle d'un de ses joueurs. Encore plus s'il s'agissait de celle d'un BON joueur.
Fermant cette parenthèse, il enchaîna sur totalement autre chose.

« Bref, sinon t'as déjà joué en équipe ou tu connais des gens du groupe ?»

Histoire de savoir s'il fallait tout reprendre depuis le début ou si elle avait les bases. En tout cas, les premières fois allaient être difficiles, surtout si elle passait par la case théorie du jeu de Gryffondor, ce qui lui vaudrait probablement une petite heure dans les vestiaires des lions à visionner des schémas de jeu qu'elle devrait appliquer à l'entraînement.
Contrairement à l'image qu'on avait de lui en dehors du terrain, H était un bon capitaine et il n'y avait bien que le Quidditch où il pouvait se montrer intelligent.

Le long soupir que poussa Mercurius à la fin de son petit exposé ne passa pas inaperçu, loin de là. Un instant, elle se demanda si elle devait se sentir vexée et si ce qu'elle avait raconté était aussi ennuyeux que cela mais, visiblement, c'était plutôt la longueur qui avait rebuté le jeune homme. Compréhensible. Elle ravala une excuse du genre « Désolée, je parle pas autant d'habitude, ça doit être le stress » afin de l'écouter. Lui, au moins, faisait court, concis, précis. C'était sa manière de fonctionner et, en tant que capitaine de l'équipe, c'était à elle de s'adapter à lui et non l'inverse. Saisi. Elle allait faire de son mieux.

Il continua un peu, lui expliquant sa façon de faire et de voir les choses. Ne parler ni de politique ni de notes, règle numéro un. Ça lui allait. Après tout, elle avait choisi de tenter d'intégrer l'équipe pour, entre autres choses, changer un peu d'atmosphère, s'aérer les idées. Penser vol, discuter balais. Le Quidditch était une activité prenante à part entière. Le H laissa passer une courte pause puis reprit la parole du même débit rapide et saccadé. Emmerdes. Qu'entendait-il par là ? Problème privé, ennui public ? N'importe quel souci, du plus minime au plus important ? Ce ne fut que lorsqu'il cita le nom de Valverde qu'elle réalisa. La convocation. Le rendez-vous approchait à grands pas et, l'espace d'un instant, elle se demanda si elle devait lui en parler. Cela ne jouerait certainement pas en sa faveur mais, d'un autre côté, cela prouverait au Gryffondor qu'elle était de bonne foi. Un bref moment, elle se sentit projetée en arrière, dans la Grande Salle, pendant le discours de l'Inquisiteur. Oui, elle en avait la certitude, à présent. C'était bien Mercurius qui avait été cité avec les autres élèves que Valverde désirait mettre en avant. Elle n'eut cependant guère le temps de s'attarder là-dessus car le sorcier lui posa une nouvelle question. Visiblement, de son point de vue, le sujet était clos. Elle hésita un peu quant à la réponse à donner mais se décida rapidement.

« C'est la première fois que je jouerai en équipe. Et pour les gens dont celle de Gryffondor est constituée... »

Elle réfléchit un moment.

« Il n'y a pas Sara Engels et Leonora Levinson ? Avec Josh Eden, non ? »

Les noms de filles lui étaient venus plus spontanément car, à la différence des garçons, elle pouvait les côtoyer à l'intérieur du dortoir. Quant à Josh Eden, il avait été cité, lui aussi – mais pas dans le bon sens.

« Et un Achille, aussi, n'est-ce pas ? »

Comme Mercurius approuvait, elle précisa :

« Mais je les connais surtout de nom, en fait. Je ne fréquente pas beaucoup les autres élèves. »

Voire pas du tout, pour certains. Ils marchèrent quelques secondes en silence tandis qu'elle s'interrogeait toujours. Lui dire ? Ne pas lui dire ? Quel choix valait le mieux ? Finalement, elle décida d'opter pour l'honnêteté et, avant qu'il ne puisse embrayer sur autre chose, elle ouvrit la bouche en espérant qu'il ne l'interromprait pas :

« Au fait, tu sais, tu m'as demandé de te dire, si j'avais des emmerdes ? lâcha-t-elle en reprenant ses termes. J'ai reçu une convocation de Valverde. Elle le devina se contracter, à ses côtés. Peut-être avait-elle eu tort, au final. Y'a deux ou trois jours, peut-être. Je sais pas pour quelle raison exactement, mais ça m'étonnerait que ça soit pour me lancer des fleurs. »

Ça y était, c'était dit. Elle était convoquée chez l'Inquisiteur de Poudlard, elle ignorait pourquoi et elle venait de le confier à son éventuel futur capitaine. Qui, au demeurant, demeurait muet. À quoi pouvait-il bien réfléchir ? Regrettait-il, à présent, d'avoir envisagé la possibilité d'engager une fauteuse de troubles dans son équipe ? Il n'aurait aucun mal à lui trouver une remplaçante, de toute manière. La jeune fille repensa à ce qu'il avait dit au sujet des têtes empalées sur la grille de l'école. Il plaisantait, bien sûr. Pourtant, elle ne put s'empêcher de se représenter un crâne aux orbites vides fixer le chemin qui menait à Poudlard. Un crâne qui, un jour, s'était appelé Samantha Isabella Willow.

L'équipe … elle allait bientôt voler en éclat. Cela n'avait que commencé légèrement au premier match, une défaite ça passait, et H avait tout contrôlé une fois le match terminé. Il fallait éviter que la maison ne se disperse à nouveau, feindre l'unité dans un premier temps, puis la retrouver.
Il en avait parlé avec Sarah, elle était sur le départ, elle se remettait pas mal en question ces derniers temps, H ne critiquait pas, il savait le pourquoi du comment, ou tout du moins il le devinait.
Josh était un membre fantôme de l'équipe, pareil pour Achille, autant dire que Gryffondor n'avait plus rien avoir avec l'équipe d'il y avait un an ou deux.
Il fallait du sang neuf, et si quelqu'un voulait la place de capitaine, alors H pourrait lui laisser, il fallait essayer autre chose, pour surprendre.
C'était peut être aussi pour ça qu'il avait lancé cette séance de recrutement, pour trouver de nouveaux joueurs, et peut être dénicher la perle rare.

Bon ok, la miss n'avait rien d'une perle rare, d'un précieux élément indispensable, mais le capitaine avait vu de bonnes choses, d'autres à améliorer certainement, mais d'ici peu, et avec de la bonne volonté, elle aurait sa place au souaffle chez les rouge et or.
Elle lui expliqua toutefois qu'il s'agirait d'une première pour le travail d'équipe, tant mieux, elle verrait ça à l'entraînement et avec une mise en situation.
Pour le reste ? Oh elle connaissait les joueurs de nom, mais pas personnellement. Gryffondor était peut être une petite famille, mais les têtes étaient rarement avec les pieds, voilà tout. En attendant, elle connaissait déjà une partie de l'équipe, chose positive.

Alors que le lion allait lui préciser quelque chose, elle lui fit une première confidence, signe de la confiance aveugle qu'elle lui témoignait déjà.


« Au fait, tu sais, tu m'as demandé de te dire, si j'avais des emmerdes ?

_ Ouais ?

J'ai reçu une convocation de Valverde. Y'a deux ou trois jours, peut-être. Je sais pas pour quelle raison exactement, mais ça m'étonnerait que ça soit pour me lancer des fleurs. »

Le lion resta un instant silencieux. Oh putain, pas déjà ? Ça sentait pas bon, vraiment pas bon pour elle. Voilà qu'une de ses futures joueuses commençait déjà à avoir des emmerdes alors que noël n'était pas encore passé … il espérait qu'elle puisse jouer quand même. Enfin … surtout qu'elle ne crève pas dans un premier temps, on connaissait l'Inquisiteur pour son sens de la démonstration, domaine il excellait via une présence et une force naturelle qui se voulait à la fois déplaisante et pourtant bien réelle.
Que lui dire ? H hésita, marcha encore un peu, et puis se décida à lui donner clairement le fond de sa pensée.

« J'sais que je suis pas l'mieux placé pour dire ça … mais moufte pas.»

Oui, c'était particulièrement étrange de l'entendre dire ça, lui qui avait une sulfureuse réputation.

« T'as le droit de penser que Valverde fait de la merde … mais dis le pas … ok c'est chiant, ok c'est se mentir à soi même … mais c'ptêt' le seul moyen qu'on a de jouer au Quidditch … pis d'rester en un seul bout ...»

Soupire.

« Bref t'as bien fait d'm'en parler. J'peux rien pour toi là … mais si t'as un soucis avec l'Elite, t'me le dis et je m'en occupe. Valverde j'peux rien y faire … Bedan ya moyen, mais plus haut j'peux pas.»

La triste réalité.

« Bref parlons d'aut' chose … ouais donc j'voulais t'dire, pour l'équipe, t'peux les appeler par leur prénom. Éventuellement par leur surnom, mais évite les noms de famille, ça fait snob et on aime pas trop. Pareil pour les surnoms trop intimes tu vois, t'évites d'appeler Sarah Groslolo d'entrée quoi.»

Il eut un bref rire. C'était relativement drôle à bien y repenser, et si elle osait, elle prendrait probablement une torgnole violente.
Continuant sur un ton léger, le lion lui demanda alors quelques trucs :

« Sinon le Quidditch en général ? Ton balais c'est un quoi ? T'y connais quoi en stratégie de Quidditch ? Et pour celle de l'équipe des lions ?»

Voilà de quoi poursuivre l'entretien.

Moufte pas. Tel était le conseil du H. Et en un sens, il avait sans doute raison. Mais en serait-elle seulement capable ? Au moins, il avait plutôt bien réagi à cette nouvelle – disons qu'il ne lui avait pas sauté à la gorge ou quoique ce soit dans le genre. Laissant cette pensée de côté, elle se concentra sur la suite du discours du capitaine qui était en train de lui expliquer comment se comporter avec les autres membres de l'équipe. Pas les noms de famille, déjà. Aucun problème. A vrai dire, elle appelait rarement quelqu'un par son nom – hormis lorsqu'elle ne se souvenait plus de son prénom ou que le quelqu'un en question lui était franchement antipathique. Pas de surnom trop intime non plus. Là encore, pas de souci. Après tout, elle ne les connaissait pas pour la plupart ou, dans tous les cas, peu. Les prénoms lui convenaient très bien. L'exemple qu'il utilisa lui arracha un bref sourire. Elle ignorait que Sara Engels possédait un tel qualificatif, mais c'était toujours bon à savoir – même s'il était plus qu'improbable qu'elle en use un jour.

Puis Mercurius, sans doute pour relancer un peu la conversation, lui posa de nouvelles questions. Il l'interrogea successivement sur son propre balai, ce qu'elle connaissait des stratégies de Quidditch et de celles de Gryffondors. Samantha prit le temps de réfléchir avant de lui répondre :

« Jusqu'à très récemment, je volais sur le Brossdur 11 de mon cousin ou sur le Comète 260 de sa copine, mais j'ai reçu à mon anniversaire un balai, comment dire... pour moi toute seule. C'est un Nimbus 2001. Elle soupira. Mais j'ai pas encore eu le temps de vraiment m'entraîner dessus, ça fait même pas un mois que je l'ai. En fait, aujourd'hui, c'était la première fois que je l'essayais véritablement. Elle esquissa un sourire avant de conclure : Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçue. »

Elle garda le silence quelques secondes avant de reprendre :

« Pour les stratégies de Quidditch... Disons que ça dépend pas mal des équipes, non ? Et puis des joueurs aussi, évidemment. Les Faucons de Falmouth, par exemple, sont plutôt connus pour leur jeu brutal alors que les... Elle hésita un instant. … Bombardiers de Bigonville, je crois, l'équipe du Luxembourg, si je me souviens bien, ont la réputation d'une stratégie essentiellement offensive. »

Sur le moment, les exemples lui avaient manqué, et elle avait cité ces deux noms pratiquement au hasard, sans savoir pourquoi elle les avait choisis plutôt que tous les autres qui s'offraient à elle. Si les Faucons étaient assez célèbres, peu de Britanniques connaissaient les Bombardiers et, si elle n'avait pas lu une brève présentation de cette équipe dans un manuel qu'elle avait emprunté à la bibliothèque il y a quelques semaines de cela, elle n'en aurait sans aucun doute jamais soupçonné l'existence.

« Quant à l'équipe de Gryffondor... J'avoue que je ne suis pas une spécialiste. Tout ce qui est tactique me, comment dire... dépasse un peu. »

Pas qu'elle fût spécialement bête ou fonceuse, non. Simplement, elle avait toujours préféré l'action à la réflexion bien que, quelquefois, les deux, elle le savait, aillent obligatoirement de paire. Comme dans ce cas de figure. Le Quidditch l'illustrait parfaitement – de même qu'une grande majorité de sports, d'ailleurs.

« Mais, enfin... Elle a la réputation d'être plutôt basée sur l'offensive, elle aussi, n'est-ce pas ? Et d'avoir une manière de jeu assez violente, non ? »

Elle ignorait si c'était le terme adéquat ou encore si Mercurius serait d'accord là-dessus. Toujours était-il que c'était justement tout ce qui faisait la renommée de l'équipe de sa maison.

Poudlard était devenu une course à la réussite. On avait déserté le Quidditch, les éventuels clubs et autres associations, devenues obsolètes, et le lien qui unissait les membres d'une même maison avait volé en éclat à mesure que la structure de l'école s'était peu à peu politisée.
Il n'y avait plus de Gryffondors, de Serpentards, de Poufsouffles, il n'y avait que les puristes et les autres. Oui oui, les autres, puisque bizarrement, rien en avoir à foutre de la politique semblait être aussi impie que de penser bourbiste selon Valverde.
Ce qui sauvait H ? L'Elite, et peut être Bedan … non, en fait non, plus Crow et les résultats scolaires de son apprenti. Qu'on se le dise, H était sûrement sorti major de sa promotion, aussi surprenant que cela puisse paraître, ses étonnantes notes en magie noire et en cours pratiques lui donnaient un avantage certains puisqu'il n'avait raté qu'une seule buse … matière qu'il retrouvait quand même en sixième année puisqu'obligatoire. Fuck off la politique !
Plus tard, on ne lui demanderait pas de faire de la politique, il ne voulait pas décider de ce qui était bien ou mal, lui il voulait appliquer, qu'on lui dise 'tu tapes sur machin' ou 'ramène moi la tête de truc', en somme, faire le sale boulot. Crow semblait avoir compris que c'était le leitmotiv de son protégé et qu'en ça, il était le parfait petit soldat, si on lui donnait ce qu'il voulait en retour.
Là encore, Saint-John ne s'était pas planté dans son analyse … on tient quelqu'un par ses envies.

Et si le ministère ne voulait pas de lui ? Il y aurait toujours le Quidditch, il n'aurait plus qu'à passer les sélections de toute manière, là encore, il avait une porte de sortie. Et on tombait toujours sur la récurrence première de H : pas de politique.
Bref, il revint au Quidditch, écoutant ce que la demoiselle avait à lui dire.


« Jusqu'à très récemment, je volais sur le Brossdur 11 de mon cousin ou sur le Comète 260 de sa copine, mais j'ai reçu à mon anniversaire un balai, comment dire... pour moi toute seule. C'est un Nimbus 2001. Mais j'ai pas encore eu le temps de vraiment m'entraîner dessus, ça fait même pas un mois que je l'ai. En fait, aujourd'hui, c'était la première fois que je l'essayais véritablement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçue. »

H haussa un sourcil. Un Brossdur ? Elle était si pauvre que ça ? H pensait qu'il n'y avait plus personne pour oser utiliser ces trucs, à pour faire le ménage éventuellement, et encore. C'était vrai qu'à coté d'elle, il y avait un gros contraste. Lui, avec son éclair de feu noir, rutilant, digne d'un fils à papa, elle avec son truc un peu dépassé, mais parfaitement fonctionnel.
C'était vrai, les nimbus 2001 étaient de bons balais,pas spécialement donnés, mais plutôt pas mal. Rien ne valait l'éclair de feu, mais H savait reconnaître un bon balais d'une grosse arnaque, le nimbus 2001 n'en était pas une.
Vint le moment de parler stratégie ensuite.

« Pour les stratégies de Quidditch... Disons que ça dépend pas mal des équipes, non ? Et puis des joueurs aussi, évidemment. Les Faucons de Falmouth, par exemple, sont plutôt connus pour leur jeu brutal alors que les... Bombardiers de Bigonville, je crois, l'équipe du Luxembourg, si je me souviens bien, ont la réputation d'une stratégie essentiellement offensive. »

Beaucoup de blabla encore.

« Quant à l'équipe de Gryffondor... J'avoue que je ne suis pas une spécialiste. Tout ce qui est tactique me, comment dire... dépasse un peu. Mais, enfin... Elle a la réputation d'être plutôt basée sur l'offensive, elle aussi, n'est-ce pas ? Et d'avoir une manière de jeu assez violente, non ? »

A nouveau, le capitaine des lions haussa les épaules avant de lui répondre.

« J'aurais bien été tenté d'te dire que ouais, mais c'est pas vraiment le cas.»

Il soupira.

« Y'a deux ans, vu les batteurs de fou qu'on avait, je t'aurais dit ouais, mais là nan. Ce qui fait la force de l'équipe, c'est le collectif. Faut savoir qu'à la base on a pas des joueurs très technique hein ? Juste qu'on fait tourner la balle correctement et qu'individuellement, bah les duels sont quasi-tout le temps gagné.

C'était vrai jusqu'au dernier match ...»

Et la débandade avait suivi, un duel de perdu, puis deux, et voilà que cela devenait le gros bordel.
Venait maintenant la dernière vraie question de l'entretien pour le poste.

«Allez dernière p'tite question et après j'te fous la paix, qu'est ce que tu penses apporter toi à l'équipe ?»

Et après, si elle voulait poursuivre la discussion, cela serait moins professionnel, beaucoup plus dans l'échange que dans l'interrogatoire en règle.

Oui mais non. Game over. Selon Mercurius, la force de l'équipe de Quidditch dont il était le capitaine reposait essentiellement sur le collectif. Si les joueurs, bons par eux-mêmes, pouvaient également marquer des points sur l'individuel, ils ne se démarquaient toutefois pas par leur technicité. D'où l'importance de se sentir suffisamment intégré parmi les Gryffondors concernés, de savoir qu'ils pouvaient compter les uns sur les autres et, enfin, de se faire confiance mutuellement. Du moins pour le jeu. Samantha assimila ces informations en silence, consciente de leur importance quant à sa future place dans l'équipe, tellement concentrée sur les paroles du jeune homme qu'elle sursauta légèrement lorsqu'il s'interrompit. Le dernier match. Évidemment. Pour chaque Gryffondor un tant soi peu intéressé par le Quidditch, ces quelques mots réveillaient des souvenirs nombreux et pas des plus heureux. La débandade. Voilà par quoi pouvait se résumer ce qu'ils avaient récemment connu. Un gros bazar suite auquel le H avait décidé de faire place nette. D'où la présence de la sorcière sur ce terrain en sa compagnie.

Il laissa passer un silence avant de reprendre sur un ton qu'il s'efforça de rendre un peu plus enjoué :

« Allez dernière p'tite question et après j'te fous la paix, qu'est-ce que tu penses apporter toi à l'équipe ? »

La jeune fille haussa un sourcil. Ce qu'elle pourrait apporter à l'équipe de Quidditch de Gryffondor ? À vrai dire, elle ne s'était jamais posé la question. Elle réfléchit un instant avant d'ouvrir la bouche, sourcils froncés :

« Je sais pas... Une certaine énergie, peut-être ? Je dis pas que l'équipe en manque, mais le changement apporte toujours plus ou moins de dynamisme, non ? Une nouvelle tête, de nouvelles idées, de nouvelles méthodes de jeu... Et puis, ma propre formation, mon évolution à laquelle je suppose que tous les joueurs participeront à leur manière, ça peut motiver, aussi, empêcher la stagnation. Enfin, c'est mon avis. »

Elle se mordilla les lèvres, songeuse, avant d'interroger à nouveau :

« Au fait, désolée de te demander ça, le rapport est pas flagrant, mais j'voulais savoir, ils sont à peu près à quelle fréquence, les entraînements – j'veux dire, si je suis prise, bien sûr ? Tous les soirs, une fois par semaine, plus, moins ? »

Balayant le terrain du regard en attendant la réponse du Gryffondor, ses yeux se posèrent sur les deux balais entreposés dans un coin. Le sien et celui de Mercurius – noir et brillant qui, d'après sa forme et sa finesse, devait certainement être un Éclair de Feu. Malgré elle, un soupir lui échappa. La surprise du H quand il avait su sur quels balais elle avait appris à voler ne lui était pas restée invisible, en dépit de sa discrétion. Et il était vrai qu'en comparaison de son Éclair de Feu, tous les autres pouvaient lui paraître risibles. C'était un peu comme un étalon pur-sang mis à côté d'un poney shetland. Sa tante n'était pas spécialement pauvre ou, en tout cas, couvrait tous leurs besoins, mais il allait de soi que son seul salaire de libraire ne pouvait pas non plus faire des merveilles. Ainsi, Samantha avait conçu sans problème tous les sacrifices qu'elle avait dû accomplir afin de parvenir à lui acheter ce Nimbus 2001 qui, s'il était loin de valoir l’Éclair de Feu, restait tout de même un bon balai. Un bon balai qui était toujours mieux que tout ce qu'elle avait connu jusqu'à présent. Un bon balai auquel elle s'était attachée et qu'elle n'aurait jamais cédé contre tout l'or du monde – même en échange d'un Éclair de Feu.

La venue de Sam dans l'équipe allait bouleverser la structure même de l'équipe. Gryffondor était connue pour son jeu de poursuiveur plutôt développé et surtout terriblement efficace. Il était presque impensable d'y toucher, et pourtant, H avait décidé de le faire, simplement et sans se poser de questions.
Certains allaient partir, des personnes qu'on ne pensait pas partir un jour … et d'autres allaient arriver. Sa place, Sam aurait à se la faire, simplement, H ne serait là que pour encadrer rapidement le tout, mais il fallait rentrer dans l'équipe, pas spécialement dans une structure établie ou selon un profil type, non, il fallait simplement prouver que l'on avait sa place, simplement.
Au mérite, serait la devise de Gryffondor désormais, car ils n'étaient plus les plus forts, plus depuis le dernier match.

H cherchait de nouveaux batteurs, sans toutefois en trouver. Des postes boudés peut être, surtout quand on savait les entraînements que le capitaine imposait. Pas deux … mais quatre cognards. Quatre, de quoi provoquer une paranoïa sévère à qui n'y était pas habitué. De plus, il ne fallait pas avoir peur de prendre des coups et de ressortir de là avec quelques bleus. Preuve en était, il y avait des joueurs qui étaient dans l'équipe depuis un moment.

Le capitaine des Gryffondors écouta la réponse de Sam, y accordant une certaine attention, espérant qu'elle fasse court, contrairement à précédemment.


« Je sais pas... Une certaine énergie, peut-être ? Je dis pas que l'équipe en manque, mais le changement apporte toujours plus ou moins de dynamisme, non ? Une nouvelle tête, de nouvelles idées, de nouvelles méthodes de jeu... Et puis, ma propre formation, mon évolution à laquelle je suppose que tous les joueurs participeront à leur manière, ça peut motiver, aussi, empêcher la stagnation. Enfin, c'est mon avis. »

Bonne réponse. Elle avait bien répondu à cette question, elle avait bien identifié le problème, elle avait compris où les lions merdaient, et elle se proposait pour aider à relancer une dynamique perdue. Grand bien lui en face, elle avait déjà la sympathie et la considération du capitaine qui, sans l'imposer dans l'équipe, allait s'assurer qu'elle ait sa place avec les avantages que cela impliquait.
Désormais, elle deviendrait quelqu'un à ne pas chercher dans le château, quelqu'un que les élèves essayeront de respecter, sous couvert de recevoir une branlée de la part de H et d'un éventuel volontaire de l'Elite qui aurait envie de se défouler un peu.
Avant que H ne lui souhaite la bienvenue dans l'équipe, elle lui demanda quelques précisions.

« Au fait, désolée de te demander ça, le rapport est pas flagrant, mais j'voulais savoir, ils sont à peu près à quelle fréquence, les entraînements – j'veux dire, si je suis prise, bien sûr ? Tous les soirs, une fois par semaine, plus, moins ? »

H eut un bref rire un peu dément avant de lui répondre :

« Si ça tenait qu'à moi un par jour !»

Soufflant pour reprendre son souffle suite à une bonne tranche de rire il précisa toutefois :

« En général on est sur quatre par mois, donc un par semaine si possible. Mais ça dépend des fois en fait, si y'en a qui ont des devoirs un peu chiant ou des contrôles, bah en général on évite, ou alors on se fait un petit truc pour ceux qui veulent.»

Et Dieu savait qu'on aimait le Quidditch chez les rouges.

« Par contre avant les matchs ça monte. Au moins deux pour la dernière semaine, le week-end et le mercredi. Le jeudi repos avant le grand soir.»

Retournant près des vestiaires, il lui donna une tape dans le dos, très amicale bien qu'un peu rude.

« J'pense que j'peux te dire bienvenue dans l'équipe Samy !»

Un sourire sur son visage, le lion semblait détendu et plutôt sûr de lui, comme s'il savait que ses joueurs allaient déjà souhaiter la bienvenue.
Sortant une clef de sa poche, il lui demanda alors avec sympathie :

« Tu fais un petit tour au vestiaire ou je te fais visiter ?»

Quitte à ce qu'elle se familiarise avec les lieux, autant que cela soit fait rapidement.
On devinait au ton que H avait pris que le registre avait changé. Plus calme, plus détendu, bien moins autoritaire, plus ouvert, on voyait que maintenant Sam faisait partie d'un cadre plutôt intime, proche d'une amitié sans même se connaître.
Désormais, elle faisait partie de la famille, celle des Gryffondors. Elle avait passé la porte.

Elle sut, au sourire sincère qui lui éclaira le visage et à son petit hochement de tête satisfait, qu'elle avait bien répondu. Et, surtout, deviné juste. C'était bien cette énergie qui manquait depuis quelque temps à l'équipe de Gryffondor, et elle se proposait à juste titre de dynamiser tout cela. Si elle y parviendrait ou non, c'était une autre histoire. Sans doute cela se ferait-il automatiquement, selon les réactions des autres joueurs et son intégration dans l'équipe. Du moins, elle l'espérait.

Le rire qui échappa à Mercurius après son interrogation la prit de court et elle eut un léger sursaut, ne sachant comment réagir. Le jeune homme, cependant, ne s'en formalisa pas et sa réponse ironique lui arracha un sourire. Certes, un par jour, c'était peut-être beaucoup. Il lui expliqua ensuite les fonctionnement des entraînements et la jeune fille acquiesça d'un mouvement du menton. Un chaque semaine dans la mesure du possible, puis le week-end et le mercredi lors de celle précédent le match. Ce programme lui convenait.

Ce faisant, ils avaient repris le chemin des vestiaires et, alors qu'ils s'en trouvaient à quelques pas seulement, le Gryffondor se tourna vers elle pour lui asséner une tape amicale dans le dos, un large sourire étirant ses lèvres :

« J'pense que j'peux te dire bienvenue dans l'équipe Samy ! »

Si cette dernière fut étonnée – tant par son geste que par l'utilisation de ce surnom – elle ne le montra pas et sa surprise fit presque aussitôt place à un réel plaisir. Évidemment, les autres joueurs ne s'étaient pas encore prononcés au sujet de sa nomination en tant que poursuiveuse, mais une telle marque de sympathie de la part du capitaine de l'équipe la toucha. Ils ne se connaissaient guère que de vue au début de l'entretien et, à présent, celui-ci la traitait comme s'ils se côtoyaient depuis toujours. Sans compter qu'elle savait ce que cette nouvelle familiarité signifiait, aussi bien au niveau du Quidditch que de sa maison et de Poudlard en général. On n'attaquait pas impunément un protégé du H. Souriante, elle s'empara de son balai tandis que l'autre faisait de même de son côté. En se redressant, il prit de nouveau la parole sur un ton beaucoup plus détendu :

« Tu fais un petit tour au vestiaire ou je te fais visiter ? »

Le voyant sortir une clé de la poche de sa veste, elle approuva d'une voix enjouée :

« J'accepte la visite avec plaisir, j'ai toujours rêvé d'entrer dans les vestiaires ! »

Et, alors qu'elle lui emboîtait le pas à l'intérieur, son Nimbus à la main, tellement chaud sous ses doigts qui lui paraissait pratiquement vivant, elle esquissa un sourire heureux, décidé, presque jubilatoire. Elle avait été acceptée.