L'institution de l'équipe de Gryffondor constituait une sorte d'eldorado pour les membres lambda de la maison, une sorte de secte privée très fermée et quasi-imperméable. Voilà pourquoi en faire partie était à la fois un honneur et un privilège, la protection, la sûreté et la reconnaissance, tout ce qu'un ado normal recherchait. Si bien qu'une simple visite dans un vestiaire signifiait beaucoup pour ces gens là, il était si simple de les rendre heureux …


« J'accepte la visite avec plaisir, j'ai toujours rêvé d'entrer dans les vestiaires ! »

Haussant les épaules, H enfonça la clef dans la serrure et s'ouvrit alors le couloir sombre. Le seul éclairage était celui en provenance du dehors, s'enfonçant dans l'endroit, il fit signe à sa nouvelle recrue de le suivre. Étrangement, la plupart des joueurs qui passaient par là dans le sens inverse trouvait l'endroit particulièrement long, l'atmosphère se remplissait rapidement d'une certaine pression, d'un certain stress, une tension palpable que Sam aurait bien le temps de découvrir.

« En général les joueurs aiment pas ce couloir, je sais pas pourquoi honnêtement … c'est assez drôle de voir la tête qu'ils tirent lorsqu'ils attendent là.»

Poursuivant le chemin, il arriva dans un autre couloir avec plusieurs embranchement, prenant l'un d'eux il approcha d'une porte qu'il ouvrit avec une autre clef avant d'allumer l'endroit pour que Sam puisse découvrir les lieux.
Il y avait des banc pour que les joueurs puissent s'asseoir, plusieurs grands lavabos ressemblant étrangement à des auges, et plus loin les douches. Au dessus des lavabos on pouvait voir des glaces, rendues brillantes par l'éclairage.
Gardant le silence, il laissa Sam examiner l'endroit alors qu'il posait ses affaires à sa place. Il espérait que la demoiselle appréciait les lieux, quand il put croiser son regard il lança :

« Tu verras, on s'habitue vite. D'ailleurs chacun à sa place, tu verras au prochain entraînement.»

Après un bref sourire, il jeta un regard sur ses affaires puis il raccompagna Sam au dehors des vestiaires. Laissant la porte ouverte, il lui dit alors :

« J'te tiendrais au courant pour les prochains entraînements. En attendant, essaye de faire copain-copain avec les joueurs de l'équipe.»

Il lui fit un clin d'oeil avant de lui donner une petite tape dans le dos, ajoutant presque à voix basse :

« Bien joué miss ...»

H la regarda s'éloigner dans le couloir, puis il referma la porte du vestiaire. Là il se changea avant de prendre une bonne douche bien chaude, l'eau brûlante ayant rougi son corps sans qu'il ne la sente vraiment. Enfilant son pantalon pour la tenue de rigueur dans l'école, il commença à se sécher les cheveux avec sa serviette avant d'entendre dans un échos étrange, comme si cela venait de loin et qu'une brume avait rendu la chose plus mystérieuse :

Twinkle, twinkle, little star,

H leva les yeux, s'immobilisant en attendant quelque chose. Puis la voix reprit.

How I wonder what you are !

Lentement, il approcha la main de son sac, il tira discrètement sa baguette, sans geste brusque, maintenant sa serviette comme pour faire mine de continuer à se sécher les cheveux.

Up above the world so high,
Like a diamond in the sky.

Il se retourna, scrutant les alentours pour y détecter une éventuelle présence.

Twinkle, twinkle, little star,
How I wonder what you are!
When the blazing sun is gone,
When he nothing shines upon,

H s'approcha de la douche, se plaquant contre le mur avant de surgir soudainement dans ces dernières, baguette à la main prête à faire feu si une présence se manifestait. Mais rien. La voix reprit la comptine.

Then you show your little light,
Twinkle, twinkle, all the night.
Twinkle, twinkle, little star,
How I wonder what you are!

Le souffle du lion commença à s'accélérer avant de se faire plus audible, comme si la pression commençait à monter à l'intérieur. Afin de se calmer, il se pencha pour vérifier qu'il n'y avait rien sous les bancs. Évidemment qu'il n'y avait rien …

Then the traveler in the dark
Thanks you for your tiny spark;

Le lion marcha jusqu'à la porte, elle était bien fermée …

He could not see which way to go,
If you did not twinkle so.
Twinkle, twinkle, little star,
How I wonder what you are!

Il scruta alors le plafond, espérant y détecter un haut-parleur, mais rien … il pointa machinalement sa baguette vers ce dernier, sans rien trouver à dire, il était impuissant dans cette situation.
Lorsque la voix reprit la suite de la comptine, un frisson parcourut son échine, laissant entrevoir un mouvement pareil à un spasme purement physique ou nerveux.

In the dark blue sky you keep,
While you thro' my window peep,

Rien, toujours rien … invisible … il devait dérailler. Courant vers les lavabos, il se passa un peu d'eau sur le visage, se stoppant un instant. Plus rien ?

And you never shut your eye,
Till the sun is in the sky,

Il reprit sa baguette, une expression nerveuse sur son visage alors qu'il ne trouvait plus ça drôle du tout … l'avait il trouvé un instant ? Il en doutait.
Serrant les dents, les yeux injectés de sang, il était à l'affut du moindre petit signe, prêt à envoyer toutes les pires saloperies magiques qu'il connaissait.

Twinkle, twinkle, little star,
How I wonder what you are!

Des tics nerveux se faisaient voir sur tout son corps, mouvements incontrôlés, tremblements, alors qu'il respirait de manière audible, la mâchoire toujours serrée. Cela continuant un instant avant que la voix ne disparaisse dans un rire enfantin … même si la voix ne semblait ni celle d'un enfant, ni celle d'un adulte. Une voix qui lui était … comme familière.

Et puis plus rien, le silence.
On aurait pu croire que la pression retombée, il n'en fut rien, H regardait rapidement dans toutes les directions, se reculant presque jusqu'aux bancs alors qu'il lui semblait que la lumière oscillait légèrement.
Sans y faire gaffe, ses yeux passèrent sur la glace … une jeune fille se tenait derrière lui.
Rapidement, il se retourna, baguette prête à faire feu alors qu'il poussait cette brunette sur le banc, pointant sa baguette sur elle alors que les vêtements du capitaine retombaient des suites du mouvement. Pourtant aucune attaque magique ne partit.

Stoppé devant cette vision, il reconnaissait ce visage couvert de fumée et d'une espèce de poussière noire. Ces cheveux … ces yeux … elle le fixait avec un sourire presque malsain, elle respirait fortement elle aussi. H était tellement absorbé par cette vision qu'il ne nota pas la robe blanche à fleurs vertes qu'elle arborait ; robe qui était par ailleurs déchirée vulgairement par endroit.
C'était … elle ?

«Tu n'es pas content de me voir Mercurius ?»

H resta figé avant de prononcer machinalement :

« Kat' ?! Tu devrais être morte ...»

La jeune fille rit, sa voix rappelant étonnamment celle qui avait chanté la précédente comptine.
Elle hocha la tête avant de se relever en le poussant à son tour, le lion reculant sous l'impact mais en tenant fermement sa baguette, toujours pointée sur cette morte.

«C'est tout ce que tu trouves à dire à ton ancienne partenaire ? Hein ?»

Elle se mit à lui tourner lentement autour. S'il parvenait à la tenir en joug au début, il n'en fut pas toujours ainsi, si bien que lorsqu'elle sortit de son champ de vision elle disparut, réapparaissant ensuite derrière lui.

«Tu n'as rien d'autre à dire H ? Pas de 'je suis désolé Kat' ? Pas de 'Pardon Kat de t'avoir laissée cramer vivante' ? Ou un 'Je m'excuse Kat de t'avoir laissé crever pour une connasse dont je me suis ensuite débarrassé' ?»

Pourtant le lion restait terriblement silencieux, accusant le coup tout en subissant la pression.
Lorsqu'elle réapparut derrière lui, il put le voir dans la glace, elle se pencha avant de lui susurrer à l'oreille.

«T'inquiète pas H, je vais l'avoir ma revanche … tu vas bientôt crever.»

Elle rit suite à cette phrase. Se retournant, le lion balança un ostéoclaste qui se finit contre le mur alors qu'elle disparut en riant … un rire qui ressemblait sur la fin à un cri d'agonie …
H souffla fortement, évacuant la pression. Toutefois, il garda fermement sa baguette.
Qu'est ce que c'était que ce bordel …