Le silence régnait dans la pièce sombre lorsqu’y entra, Augustus Rookwood, de son habituel pas méthodique et serein, avec ses gros sourcils marqués et son visage taillé de traits géométriques. Il était grand, plutôt maigre, avec un bouc qui faisait encore des ravages, malgré la cinquantaine parmi les femmes. Le bureau de Menroth au PPA n’était pas investi par le puissant Mangemort comme celui du Département des Mystères, et pour cause, il n’avait rien d’officiel. Il s’était juste arrogé un droit sur un bureau inoccupé et banal quoique d’une richesse exemplaire. Menroth n’était qu’un membre, certes parmi les financeurs et les fondateurs du Département et, s’il en représentait la tendance la plus radicale, la plus belliqueuse, il n’y était pas officiel, cependant il y bénéficiait, comme partout ailleurs d’une assise large et confortable. Les récentes arrestations et détention de l’ex ministre et de Lincoln Crow n’étaient pas de bonnes nouvelles. Sa récente alliance avec Mulciber l’obligeait à travailler sur le dossier et il était venu au Parti faire un discours le matin même, dans lequel il avait exhorté son auditoire avec une hargne et une rage qui ne lui étaient habituelles qu’on combat. Il avait parlé sur une estrade, la voix amplifiée devant un parterre de véritables fidèles et d’opportunistes : dragons et véracrasses réunis là en foule pressée. Menroth, archétype de guerre, véritable machine à tuer, debout devant la foule en orateur, tel un roi révélé, un chef de guerre implacable, sans canne ayant recouvré une bonne partie de sa force et se mouvant avec une aisance féline, dressé, grand et terrible, lourd comme quatre, à peine moins imposant qu’un demi-géant était là leur criant de sa puissante voix, martelant, frappant du poing. Un discours tout en rage et c’était rare chez le Mangemort. On racontait qu’il en avait fait de nombreux avant chaque bataille qu’il avait mené, on avait eu vent des exhortations de la bataille de Mlijev, des gobelins morts et au sol, détruits par la Banshee, le spectre de la mort, on avait frissonné d’un homme capable de faire appel à des puissances occultes. Sans sa Cape, vêtu d’une chemise de sorcier il était d’autant plus impressionnant qu’il aurait pu assommer un cheval de son bras.

Le discours n’avait duré qu’une heure au cours de laquelle il avait apporté une défense si vigoureuse à Mulciber à sa politique qu’on s’était un instant demandé si c’était bien le Mangemort à la Cape qui parlait ainsi. Il avait chaleureusement félicité le Ministre pour sa prestance et ses choix, même s’il l’avait appelé au maximum de mesure et de retenue, à « rester dans son rôle » et à laisser davantage de marge à la compétence et moins à la fierté, mais c’avait été la seule pique, qui avait mieux mis en relief ses encouragements en faveur de la guerre. La foule avait bruyamment applaudi un bon discours, empli de haine, de racisme et de sectarisme, car les foules sont enclines à applaudir les hommes de pouvoir puissants, ceux qui ont le vent en poupe. En effet Menroth était le dernier pilier du régime de Lord Voldemort qui n’avait pas été ébranlé puisqu’il était finalement revenu de Mlijev encore plus terrible et encore plus fort, par une capacité sans précèdent dans l’histoire du gouvernement magique britannique d’un Directeur de Département à ouvertement envoyer paître un Ministre tant il avait l’emprise sur le Département des Mystères. Personne ne voulait tendre la main pour le déplacer. Il l’avait toujours dit, il était une tour dans le jeu d’échec, avec une frappe puissante et, s’il pouvait être lent à se mettre en marche vers le combat, il était l’un des plus forts. Par la sérénité et le courage de ses décisions, il était invincible et il était temps de révéler au peuple de Grande Bretagne, dans toute sa splendeur, l’homme qui mènerait les assauts contre l’Irlande. Et certains murmuraient même qu’il pourrait passer devant Mulciber dans la course à l’Intendance. Oh bien sûr, Menroth savait qu’il n’y aura pas de départ. Il possédait lui-même un Horcruxe savait reconnaitre le regard brisé de l’homme qui a mutilé la partie la plus intime de son être, l’homme qui a fait le pari le plus fou qui soit.

Le reste de la journée il avait, dans le bureau du PPA, fait des plans, dans l’obscurité d’une bougie, fait des plans pour la guerre, en prenant soin de donner des directives à Bill Tresco, le chef du Gold Blood.

Il ne sortit pas tard, souhaitant rentrer pour se livrer à la concoctions de potions et de breuvages de force qui l’aideraient lorsque les premiers assauts seraient menés, lorsqu’en chemin il croisa Maléficus Serpens. Depuis peu, il s’occupait de Gabriel Lestrange. Les deux jeunes hommes s’étaient liés par une volonté identique d’occuper les bonnes places. Jusqu’ici Larsen n’avait pas vu en les deux ce qu’il souhaitait voir. Il était persuadé, non sans raison puisqu’il avait appris, avec tous les Mangemorts auprès du Seigneur des Ténèbres lorsqu’il avait leur âge. Mais même avant cela, il s’était montré déjà plus fort qu’eux. Serpens le salua et lui parla. Le Mangemort répondit d’un grognement maussade. Puis il lui marmonna quelque chose :

-Tout dépend ce qu’il veut faire. Un peu comme vous, Serpens. Venez !

Le Mangemort, à grandes enjambées, les portes ensorcelées s’ouvrant à grand fracas devant lui, ses bottes résonnant sur les dalles du Parti Puriste, se dirigea vers les salles de duel où deux membres du bataillon Gold Blood se mirent au garde à vous devant deux membres respectables, enfin surtout devant Menroth, les Jeunesses Puristes étaient dirigées par Serpens mais il n‘avait pas de réel pouvoir sinon le droit de siéger et d’apprendre. Menroth monta sur estrade, et salua comme il se doit.

- Montrez-moi que vous avez progressé par rapport à la dernière fois. Et cela vous aidera à passer vos ASPICS si vous n’en sortez pas trop abimé.

La dernière fois en effet, Serpens avait été ridicule.

Le premier sort de Serpens, une petite chose, ne fut pas difficile à contrer pour le Mangemort à la Cape, mais lui fit froncer les sourcils et ce fut avec une voix sèche et pleine de reproche que, dès lors qu’il eut fit s’échouer le sort sur sa baguette le cassant, il s’adressa à Serpens.

-Serpens ! Il ne sied guère à un Sang-Pur d’utiliser des sorts de Sang-de-Bourbe pour entamer un duel, sauf dans la nécessité ou dans l’action. Dans un duel courtois, votre lâcheté terni votre blason. Et tarit la pureté de votre sang. Battez-vous comme un pur !

Et Larsen fit la démonstration de ce que cela signifiait pour lui. Il leva sa baguette, campé sur ses appui, légèrement sur l’arrière, prêt à encaisser le contrecoup de la déflagration qu’allait engendrer son premier assaut. Il semblait qu’il y eut un instant de flottement, un léger moment de silence avant qu’une explosion ne parte. Mais elle ne fut pas provoquée directement sur Maléficus, mais derrière lui, et elle le souffla vers Lars. Le barotraumatisme avait été important et l’amplitude de la pression avec même créé une déflagration qui menaça de roussir Serpens. Il fut sauvé par la déflagration qui l’envoya vers Larsen. Le Mangemort à la Cape leva sa baguette et fendit violement l’air pour abattre Serpens mais celui-ci se dépêtra de l’assaut avec l’habileté d’un vieux briscard, ce qui surpris Lars qui avait pourtant crû, l’espace d’un instant qu’il était passé sous la garde du jeune homme. Il aimait bien utiliser la spéciale de Dolohov qui était l’un des rares sorciers qu’il aurait redouté d’affronter au près.

En combattant aguerri Larsen savait qu’une attaqué ratée n’était pas un motif suffisant pour reculer. Au contraire, il fallait maintenait la pression, cela évitait de se retrouver à reculer et reculer est le proche de fuir. Ce que Menroth n’aimait pas du coup, en fier descendant des brusques guerriers de la steppe bulgare, de la vallée polonaise et de la colline écossaise. I les battait debout et avait un sang de combattant brutal, tel un Viking, préférant écraser l’ennemi de ses assauts à reculer. Du moins était-il ainsi lorsqu’il se battait au près. Au loin, il se faisait plus technique et moins brutal, mais incisif, se montrant étonnamment mobile. I les contenta de sorts léger pour terminer la passe repoussa Maléficus du bras, à l’orée d’une ouverture stupide de celui-ci dans sa garde.

-Pense que ton adversaire peut utiliser son physique. C’est bien tu as progressé. Attaque à nouveau, et ne fais pas l’impur.

Et il reprit sa garde du combat plus distancié, plus rigide et statique, se tenant droit comme un « i », avec ses joues creuses dont la droite était brûlée sous la barbe et avec ses yeux concentrés qui ne tremblaient jamais que sous le regard rouge du plus puissant sorcier de tous les temps. Sa baguette était dans a main gauche, tenue avec trois doigts, mais fermement car il en avait l’habitude et il avait décollé l’autre bras pour accentuer l’injure et ouvrant la main et en l’écartant. Son sourire de tueur se dessina lentement, alors qu’il guettait du coin de l’œil la faute de garde du Serdaigle. L’échange ne l’avait pas essoufflé, il n’avait pas même semblé un seul instant sur le point de prendre un sort, car il avait mené la danse. Mais la capacité défensive de Serpens semblait être plus forte que prévue et il avait été très surpris de voir comme le jeune homme s’était bien débrouillé.

Serpens avait bien géré le début de l’aventure. La garde ferme du Mangemort, il la parvint même à percer en profitant d’une lenteur dans le replacement de celle-ci. Un peu de sang coula et Menroth fut satisfait de voir que le jeune homme pouvait faire mieux que ce qu’il lui avait montré par le passé.

-Vous avez progressé dans l’attaque comme dans la défense.

Le jeune homme se permit même de railler Menroth qui n’apprécia pas la plaisanterie. Il y eut un éclair dans les yeux du Mangemort et il montra au jeune homme un léger aperçu de sa véritable de force. Il leva la bras si vite que Serpens ne put rien y voir et lui envoya un sort qui le frappa avec une rapidité exemplaire. Le trait noir, un « domini tenebrae » fendit l’air, non comme un faisceau mais ne fit qu’un éclair de lumière noir et toucha au cœur du jeune homme qui se retrouva projeté vers le sol, brûlé par la magie noire. Mais ne n’était pas tout. Menroth n’était pas homme à se laisser charrier par le premier venu. Il fit un mouvement de sa baguette qui leva Maléficus du sol, tout entier de son jeune corps et le claqua avec force contre les froides dalles du PPA, car il avait été viré hors de l’estrade de duel. Le nez cassé probablement désormais. Enfin bon ce n’était pas par un maléfice donc il ne serait pas blessé à vie La brûlure du sort en revanche resterait.

-Ne parlez pas de choses que vous ne connaissez que mal.

Et Menroth reprit sa garde du combat distancié. Il avait l’œil enviant de celui qui est heureux d’avoir trouvé un adversaire. Peut-être allait-il valoir le coup ? C’était peu probable, Serpens était bon, mais pas assez Le Mangemort desserra sa garde, si elle était trop rigide, le combat perdait de son intérêt et puis, encaisser des sorts aidait un homme à s’endurcir. Et lui, bien qu’il le fut largement devait préserver sa force physique. L’on savait d’ailleurs qu’il était résistant à la seule vue de son visage parcouru de cicatrices. Menroth agita sa baguette et fit apparaitre des épées, au nombre de neuf elles se mirent à l’entourer et à tourner autour de lui Désormais Maléficus n’avait plus qu’une chance Sa prochaine attaque serait forte et ne laisserait guère de marge au jeune adulte qui se ferait sans doute hacher menu.

-Voilà de la magie noire.

C’est alors que les lames prirent une couleur différente. Du gris du métal, elles se tintèrent d’une sorte d’aura de fumée épaisse et noire. Menroth abaissa sa baguette et au lieu de tourner sur elles-mêmes elles se plantèrent en cercle autour de lui dans le sol. Plantèrent ? Non elles firent fondre le sol à sa seule approche.

-Effleurez une seule de ces lames et je frapperai directement votre âme.

La fumée disparut soudain. Les lames redevinrent des épées normales, coupante mais frappant au physique. Derrière Maléficus il y eut une nouvelle explosion, mais cette fois il ne fut pas poussé vers Larsen. Il ne se passa en fait rien. Menroth rigola en voyant la tête du jeune homme. Il rigolait de toute façon qu’il réagisse ou non, car il est drôle de voir un Serpens perdre.