Morganne n'était pas du style à chercher les embrouilles. Ou plutôt, disons que quand elle les cherchait, c'était sans en avoir conscience. Sur ce point, elle était bien différente de ceux de sa maison. Et dans la situation présente encore, elle voulait éviter tout conflit.

"Pareil..."

Wald' était convaincu qu'elle la connaissait, rien que de vue, forcément que de vue. Ce n'était pas une Serpentard, et elle ne parlait quasiment qu'à des Serpentards. Pas qu'elle répugne les autres maisons, non, elle était même plutôt indifférente à ce rangement idiot, mais elle devait supporter les conséquences de tout cela. Et les Serpentards allant faire ami-ami avec les autres maisons n'étaient pas les mieux vu.

En réalité, la fatigue devait la tirailler plus qu'elle ne le pensait, sa capacité de réflexion était très réduite. Certes, on ne peut pas dire qu'elle soit exagérément élevé en temps normal. Mais là, elle avait beau chercher et chercher encore, fouiller dans les moindres recoins de sa mémoire, elle n'arrivait pas à mettre un nom sur ce visage. Finalement, elle haussa les épaules et se résigna.

"On..." Elle marqua un blanc , j't'ais déjà vu mais... C'est quoi ton nom déjà ?

Directement à l'essentiel, au moins, elle était sûre de se faire comprendre. Pas que l'information demandée l'intéresse particulièrement, pas du tout même, mais maintenant que la conversation était engagée. En fait, le but principal était en quelque sorte de parler, pour ne rien dire. Enfin, peut-être que la conversation prendrait une tournure intéressante.

Amber Céleste, drôle de nom. Au premier abord, elle n'y trouvait pas une consonance anglaise. Enfin, ce n'était pas ses affaires.
Ce n'était pas vraiment une discussion, un comblement de silence. On posait des questions sans vraiment écouter les réponses, on répondait sans vraiment avoir compris la réponse. Une sorte de jeu, un passe temps pour Morganne. Non pas qu'elle apprécie réellement les échanges creux, mais après une nuit blanche et vide, on se contentait du moindre commerce verbale : un mot, pour un mot. Le silence pesant est une dette trop lourde à porter dans une telle situation.

"Wald' ".

Quelque chose lui disait que préciser son nom était inutile. Après tout, soit son interlocutrice n'en avait rien à faire, soit elle le connaissait déjà. Le deuxième point l'aurait étonné particulièrement. À quoi bon retenir les noms des gens qu'on ne côtoie pas ? C'était emprisonner son esprit avec des notions inutiles et lourdes.

La neige... Le froid. Il ne fraudait pas longtemps avant qu'elle doive retourner au dortoir, au risque de mourir de froid. Quoique, ce n'était pas une mort désagréable par rapport aux autres. D'abord bercé tendrement par le froid ambiant, avant de s'endormir, puis, le retour éternel ? Non, impossible. Morganne ne croyait pas à toutes ses conneries sur l'immortalité de l'âme. Simplement créés par l'Homme pour combattre la peur de l'infiniment vide. Du rien. Du Néant.

Mais comment en était-elle arrivée à ce genre de réflexion ?
Recentrons-nous sur le sujet, Wald', enfin, sur le semblant de sujet...

L'accentuation sur le "encore" montrait sans hésiter une lassitude certaine du manteau blanc et froid. La poudreuse était à consommer avec modération, au risque que ses effets béatifiant s'inversent pour laisser place à une haine sans fin pour l'élément blanchâtre. Morganne était un peu dans le même cas, comme tout le monde, en fait.
Le silence se réinstallait petit à petit.

"Faudra s'y faire, le soleil ne reviendra pas..."

De quel hiver et de quel soleil parlait-elle ? La saison qui laissait son manteau blanc chaque année sur le monde, ou celle qui s'était installée il y a un certain temps maintenant, manteau d'un mage sombre. L'astre qui disparaissait tous les soirs ou la lumière d'espoir qui avait disparu.