Red Rose Castle, propriété de la famille Rosier, était plus qu'un château ; c'était une île privée. On arrivait par portoloin ou on transplanait en bas de l'île, là où se trouvaient quelques maisons sorcières. Il n'y avait ensuite plus qu'à monter jusqu'au château, où le fidèle majordome Edgar attendait les visiteurs. Entouré de jardins, toutes ses fenêtres donnant sur la mer, le château avait du prestige.  Côté sud, on trouvait une grande terrasse, et une piscine surplombant la  mer. Un escalier creusé dans la falaise permettait de rejoindre la plage privée, et le port de plaisance où se balançait paresseusement La Rose des mers, le voilier familial.

Imaginez, on est loin de tout. Le temps s'est arrêté, il n'y a plus que vous et la mer. De quoi se reposer, s'arrêter, réfléchir. Avec objectivité, Adrian allait mieux, et cela était sans doute du aussi bien au fait qu'il avait arrêté de boire qu'au calme de la résidence de vacances.

Depuis quelques jours, son inquiétude revenait cependant. Cette histoire de pool-party perturbait Adrian. S'il s'entendait bien avec Evan, qu'il ne surveillait en réalité que peu, la présence de Nancy rendait vraiment la tâche pénible à Adrian. Il évitait de la croiser. Un jour je saurais comment j'ai pu ne pas voir que t'étais une connasse avant de coucher avec toi, ma fille.

Il était aussi nerveux parce qu'il y aurait Juliet. Adrian n'avait aucune idée de ce que cette nouvelle rencontre donnerait, malgré toutes ses bonnes résolutions et sa volonté que tout se passe bien : la faute à Nancy et à sa propre jalousie, qu'il ne parvenait que partiellement à contrôler.

Ladite Nancy lisait dans un transat quand il arriva à la piscine.

« Tu les laisses tranquilles, hm ? Eh, baisse ton magasine, écoute moi. Tu entends ce que je dis ?»

Sans plus l'écouter, il plongea, et enchaîna quelques longueurs. On était en début d'après-midi, le temps était idéal. Un bruit de pas fit stopper sa nage à Adrian, Edgar s'avançait vers lui :

« Monsieur, les invitées de monsieur Evan sont arrivées. »

« Ah, merci Edgar. »Juliet et Achlys étaient là, en effet. Adrian sortit de la piscine, évitant de regarder de façon trop insistante Juliet et sa robe de sorcière d'été. « Salut Jule. Achlys, enchanté de vous revoir. Edgar, vous voulez bien allez chercher monsieur Evan, je pense qu'il est à la plage. Je ne sais pas si mademoiselle Elena est encore ici, je ne les ai pas vu ce matin...vous avez fait préparé les chambres ?
-Certainement, monsieur, les deux chambres de l'aile sud, en face de la votre et de celle de monsieur Evan.
- Parfait, parfait. » Le majordome salua et s'éloigna. « Il faut aussi que je vous présente...Nancy, fais montre d'un peu de politesse, tu veux. Nancy Wildhurst, la sa...l'assistante du directeur Rosier. Je reviens dans un instant, le temps de ramener de quoi vous proposer à boire. La piscine est à vous en attendant. »

Il revint quelques instants plus tard, ayant passé une chemise à manches courtes, toujours ouverte cependant, et un short chargé d'un plateau de citronnade, café, et divers gâteaux. Nancy était retournée à sa lecture et Achlys parlait avec Evan. Il adressa finalement un sourire timide à Juliet :

« Je voulais...enfin, merci, pour les lettres. Ca m'a fait plaisir. Que tu prennes le temps de m'écrire, je veux dire. » Il s'appropria un verre de citronnade et lui en passa un.« Comment ça va, sinon ? »

Ne pas tout faire foirer ça commence par ne pas gueuler à tort et à travers. Et ce, même si t'es jaloux à crever, mon petit Ady. [/color]

Cette histoire n’enchantait pas du tout Juliet, mais elle n’avait pas eu le choix. Si Sonny avait su, il l’aurait probablement tuée. On ne va pas de son plein gré chez un mangemort comme Chapman Rosier, même pour faire plaisir à sa filleule. Tom et Juliet s’étaient disputés pour ne y aller jusqu’à ce que la jeune femme cède. Elle était passée prendre Lys le matin avant de repasser par chez elle puisqu’elle n’avait pas compris qu’elles dormaient sur place. Elle avait fait un sac pour la nuit - ô joie - pour finalement transplaner en compagnie de l’adolescente.

Elles étaient arrivées sur l’île. La première était sans doute ravie quand la seconde pestait d’avance. Les vieux réflexes mourraient difficilement et elle regardait surtout quelle porte de sortie s’offrait à elles si elles devaient partir en urgence. On ne savait jamais …

- Parfait, grommela-t-elle. Transplanage et poudre de cheminette sont les seules options valables. Poussant un soupir, elle se tourna vers l'adolescente. Bon, allons y.

Elles furent accueillie par le majordome qui prit leur bagage les conduisit au bord de la piscine où les attendait déjà Adrian et Nancy. Elle le salua, probablement plus chaleureusement que prévu, et fit de même avec Nancy.

- Enchanté mademoiselle Wildhurst.

Par définition, Jule avait quelque chose contre la jeune femme, mais elle était bien décidée à ne pas voir les piques qu’Adrian lançait à son ex copine. De même, elle refusait d’être désagréable, elle valait mieux que ça. Evan les rejoignit, elle le salua également et puisque les adolescents avaient tant à se dire, elle les laissa papoter, se contentant de faire le tour de la piscine et d’admirer le paysage.

Elle fut vite rejointe par l’aîné des Rosier qui lui tendit un verre de citronnade. Elle le prit avec un sourire.

- Je ne te mentirai pas, je préfère ça au champagne. Ca me fait faire moins de bêtise. Elle ne fit pas de commentaire sur le fait qu'il ne buvait pas d'alcool, après tout, c'était elle qui lui avait dit qu'il devait diminuer la dose. De rien … pour les lettres, je veux dire. Ca m’a fait plaisir d’avoir de tes nouvelles. Ca va bien, un peu fatiguée, beaucoup de boulot, mais je ne t’ai pas oublié, je viens te voir et pour plus longtemps qu'un café. J'ai eu l'air idiote en arrivant chez la petite, je n'avais pas compris qu'on dormait sur place.

Elle avait d'ailleurs pesté, maudissant Tom sur plusieurs générations, mais c'était accessoire. LA jeune femme jeta un oeil à la piscine et soupira discrètement.

- Je devrais probablement me changer. Je vais passer pour une rabat joie si je ne mets pas mon maillot pour me baigner. Lys ne me le pardonnera jamais, je crois. Elle désigna les enfants qui bavardaient près de la piscine. Je ne savais pas qu'ils étaient si proches. Il faut croire que mon côté de la famille à vraiment quelque chose avec les Rosier. J'ai cru comprendre qu'elle connaissait ta soeur aussi.

Mud Blood

Elle ne savait pas à quoi s’attendre en acceptant cette invitation. Bien sûr qu’elle était ravie que son amitié avec Evan n’ai pas été balayée d’un simple coup de vent à cause de ses propres idioties, et qu’elle y voyait une possible réconciliation. Cela ne l’empêchait pas d’être nerveuse, de le revoir et d’assumer pleinement. Elle allait poser le pied dans l’antre du loup, dit Chapman-le-Mangemort-pas-très-rassurant, dont la descendance n’avait pas moins de crocs.

Même si elle avait grandement protesté auprès de sa mère, affirmant qu’elle était assez grande pour se rendre chez un ami sans être chaperonnée, Lys était rassurée d’avoir Juliet près d’elle. Elle était la garantie d’une certaine sécurité, lui apportant confiance pour la suite. La jeune fille accueillit sa marraine à bras ouverts, avant qu’elles ne fassent une halte chez elle. Parée de son gros sac à dos pour passer la nuit au manoir Rosier, Lys était prête pour transplaner.

Hormis cette sensation toujours désastreuse, mais devenue terriblement habituelle, le voyage se passa sans encombre et les deux jeunes femmes arrivèrent devant une bâtisse qu’Achlys n’aurait jamais imaginée même dans ses rêves les plus fous. Elle savait bien que son meilleur ami était riche, mais elle n’avait jamais réellement poussé l’idée à ce point. Et dire que c’était une résidence de vacances.

Accueillies par un Majordome – rien que ça – puis menées à l’arrière du manoir, au bord de la piscine, Achlys eu le loisir d’observer l’étendue de la richesse des Rosier. Elle ne savait si elle était admirative ou dérangée par ce monde qui n’était pas le sien. L’adolescente reconnu immédiatement Adrian Rosier, qui lui paraissait sous un meilleur jour – et espérons un peu plus aimable – que la dernière fois. Elle le salua poliment, attendant avant de se faire un avis à sons sujet. De même qu’elle souhaita le bonjour à cette Nancy, bien qu’elle n’avait fichtrement aucune idée de ce qu’elle pouvait faire ici. La petite amie d’Adrian peut être, bien qu’il ne l’ai pas présentée ainsi. Elle suivit le majordome du regard, parti chercher Evan… Et Elena.

Achlys sentait le bout de ses doigts lui picoter, comme si elle allait abattre son poing sur la face de quelqu’un, et certainement d’Evan. Cet idiot de Serpentard savait pertinemment que Lys ne pouvait pas voir Elena en peinture. Il l’avait peut être invitée pour lui étaler à la face à quel point il était amoureux et heureux avec cette Sang-Pur. Et les aider à partir sur un meilleur pied peut-être. Mais Lys penchait plutôt pour la première option.

Seulement, elle s’était promis de discuter avec calme avec Evan et de renouer leurs liens endommagés. Elena ne pouvait rien changer à une amitié si forte, c’était décidé. Alors quand elle vit Evan arriver, elle se dit qu’elle allait se forcer à être aimable avec la petite amie de ce dernier. Personne ne mordrait personne aujourd’hui.

▬ Evan, le salua-t-elle d’un petit sourire nerveux, avant de tourner la tête vers la petite amie, se forçant à garder le sourire. Elena.

A les voir tous les deux, elle s’imagina un instant dormir dans la chambre en face de la leur, puis de nombreuses visions horrifiques s’insinuèrent dans son esprit. Elle chassa cette pensée obscure, cela ne l’aiderait à aucun moment. Calme et contenance.

▬ Merci… Pour l’invitation Evan. Tu le sais déjà, mais ça me touche.

Cette fois, son sourire était sincère. Qu’importe à quel point ils pouvaient encore être tendus, elle l’aimait toujours comme le meilleur des amis.

- Vraiment ? C'est gentil à vous Nancy, c'est vrai que vous n'êtes plus toute jeune non plus. De loin, je n'avais pas vu les rides, je vous avais pris pour une amie d'Evan, dit-elle avec un sourire parfaitement amical.

Quoique Jule n'aimait pas penser à ses années d'actrice, elle l'avait tout de même été et elle était parfaitement capable de feindre l'air amical. C'est ce qu'elle faisait tout en retournant discrètement l'insulte.

Dommage, dommage, ce n'était pas exactement comme ça qu'elle voyait les choses. Néanmoins, elle était une invitée et elle ne voulait pas se montrer impolie aussi acquiesça-t-elle, mais mis tout de même le holà à une éventuelle partie de pêche. Il y avait des limites à ne pas franchir tout de même.

- Pêcher ? Non, non, au mieux, je veux bien te regarder, mais je ne suis pas très nature. Je préfère largement faire le tour de l'île.

Elle frissonna en se rappelant son dégoût constant quand il fallait manipuler des ingrédients visqueux ou à moitié vivants en potion. Il lui proposa une cigarette qu'elle prit avec plaisir. Elle haussa les épaules quand Adrian sous-entendit qu'il y avait peut-être de l'eau dans le gaz entre sa filleule et son cousin.

- Ils se rabibocheront vite. Ce sont des adolescents, ils n'en sont pas encore à un âge où la politique les divise pour de bon. S'il l'a invité, c'est qu'ils sont sur la voie de la réconciliation, je pense. Je ne m'inquiète pas pour eux.

Ils ne restèrent pas seuls bien longtemps et furent interrompus par Nancy. La jeune femme était superbe, il fallait l'admettre. Elle avait un corps de rêve, gâché par son accent américain dès qu'elle ouvrait la bouche. Ca donnait réellement envie à Juliet de lui conseiller d'appliquer le très sexiste "Sois belle et tais-toi", juste pour la survie de ses oreilles.

- Vraiment ? Un Jet-Setteur ? Je suis jalouse, répondit-elle sur le même ton que la jeune femme. Il doit être plus proche de vous que de moi puisque je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir dans ses heures de gloire. Il est sensible, c'est vrai, beaucoup de délicatesse je dirais. Après, tout, tous les hommes ne sont pas sympathiques au point de laisser leur ex participer à une pool-party alors qu'ils se sont fait larguer. C'est merveilleux d'avoir su rester amis, c'est pour ça que vous êtes ici, j'imagine. Pas autre chose ? Elle lui sourit toujours aimablement et tapota à son tour l'épaule de Nancy.

Cette gamine commençait déjà à l'agacer, mais elle préférait faire comme si de rien n'était. En réalité, elle était curieuse à propos de cette soirée et elle avait l'intention d'en savoir plus en interrogeant Adrian lui-même ou à défaut Nancy. Pas besoin de se la mettre à dos pour le moment donc. Elle montrait simplement les crocs pour signaler qu'elle pouvait jouer au même jeu qu'elle au besoin. Elle remercia Adrian pour ses instructions et fut heureuse de s'échapper au premier étage. Elle y croisa le majordome qui lui montra sa chambre et lui évita probablement une rencontre désagréable avec le portrait du père de son hôte. La chambre était définitivement trop grande pour qu'elle se sente à l'aise, soupirant, elle se changea rapidement dans son bikini, pris un sac dans lequel elle fourra un livre, une robe de plage et un drap avant de redescendre vers la piscine où l'on venait apparemment de lancer Nancy et Evan sans leur demander leur avis. Le soleil tapait fort elle commençait déjà à sentir sa morsure, elle se sentait particulièrement contente d'avoir coupé ses cheveux. Elle rejoignit Adrian sur le bord de la piscine. De là où elle était, elle pouvait clairement voir la marque sur son bras, ça la mettait mal à l'aise, mais elle ne voulait pas entamer une nouvelle dispute alors elle détourna le regard pour le regarder dans les yeux. Elle s'assit sur le rebord de la piscine à côté de lui et plongea ses jambes dans l'eau pour faire instantanément la grimace.

- Elle est froide ! Je vais peut-être juste vous regarder d'ici, dit-elle avec espoir tout en sachant qu'il y avait peu de chance qu'on ne la jette pas à l'eau elle aussi.

Si Adrian lui paraissait plus avenant que leur précédente rencontre, cette Nancy qui sortait d’on ne sait où n’inspirait pas confiance à Lys. Elle vint les saluer avec son drôle d’air, et la manière dont elle parlait à Juliet ne plaisait guère à l’adolescente. Lys n’était elle-même pas dupe, ce ton surjoué n’était pas de bonne augure. Mais Achlys, fidèle à elle même, préférait attendre avant de juger trop vite. Bien que cette notion battait plutôt de l’aile dernièrement et qu’elle ne pu s’empêcher un sourire à la réplique de sa marraine.

▬ Merveilleux, oui... Répondit-elle d’un ton aimable, souriante. Mais je n’échangerais ma maison avec celle-ci pour rien au monde… Un peu trop tape à l’œil.

Elle laissa les trois adultes ensemble autour de leur citronnade pour se tourner vers son ami et la compagne de ce dernier. Elle pouvait pester autant qu’elle le voulait, elle était obligée d’admettre qu’ils formaient un beau couple. Le genre trop parfait, avec le charisme d’Evan et la beauté exaspérante d’Elena. Lys n’osa pas regarder les courbes de la jeune femme, ou elle aurait eu honte de ses propres formes qu’elle trouvait bien moins féminines. Tout en gardant son sourire un peu forcé mais se voulant avenant, elle observa la petite amie d’Evan s’éloigner, avant de soupirer. Ce serait long, mais Achlys tiendrait, elle refusait de se laisser aller une nouvelle fois à des querelles idiotes.

▬ Bien, même si j’admets être un peu nerveuse. Et toi ? Son regard se tourna vers la bâtisse si imposante et le paysage trop parfait. Je crois que le mot est… Paradisiaque. Je ne suis pas certaine de me sentir à ma place. Elle baissa alors les yeux, lâchant un petit soupir. C’est gentil à elle, je crois. Je te promets de faire des efforts aussi, Evan. Le principal, c’est qu’elle soit une bonne personne avec toi.

Elle ne voulait pas être plus sotte qu’Elena, elle aussi voulait être capable de faire des concessions. Les deux jeunes femmes ne seraient sans doute jamais amies, mais elles pouvaient faire des efforts, pour Evan. Lys ne comptait plus flancher, elle devait prouver à son ami qu’elle valait mieux que ça.

Là dessus, Adrian s’approcha d’eux, alors qu’Elena revenait. Lys ne vit Juliet nulle part, mais ne s’en fit pas. L’adolescente observa avec un œil intrigué le cousin d’Evan lancer Nancy à l’eau, avant qu’il ne la rejoigne d’un bond. Elle ne pu empêcher un petit rire en voyant l’air mécontent de l’assistante du grand patron, mais c’était simplement bon enfant.

La proposition d’Adrian de jeter Evan à l’eau était plus que bienvenue. Lys comptait recoller les morceaux entre eux, et ce ne serait pas leurs premiers amusements à l’eau. D’un sourire moitié innocent, elle se tourna vers son meilleur ami, lui faisant les yeux doux. Achlys avait un côté pragmatique, aussi avait-elle immédiatement enfilé son maillot de bain sous sa robe d’été. D’un geste rapide, elle la fit passer par dessus sa tête, balança ses sandales au loin et attrapa Evan par le bras.

▬ Allez, ça va nous rappeler de bon souvenirs ! Lui dit-elle avec complicité.

Ni une ni deux, elle le tira pour plonger avec elle. Elle en aurait presque oublié Elena, qui s’était rhabillée. Sortant la tête de l’eau, elle se tourna vers elle, lui fit un léger sourire sans mauvaise arrière pensée, puis se tourna vers sa marraine qui les rejoignait, s’asseyant près d’Adrian. Juliet pouvait bien dire ce qu’elle voulait, elle ne devait pas être si mécontente d’être venue, au regard de la relation amicale qu’elle semblait entretenir avec Adrian. S’approchant des deux adultes, elle s’appuya contre le rebord, juste à côté d’eux.

▬ C’est quoi cette fausse excuse, si tu t’es mise en maillot ce n’est pas pour rester là à faire bronzette comme les vieux ! J’sais que tu sais t’amuser toi aussi, la taquina-t-elle avec un sourire malicieux, prête à la tirer de force s’il le fallait.

Juste à côté d’Adrian, elle remarqua un traçage noir sur son bras, qui ne pouvait être autre chose qu’un tatouage. Achlys ne put s’empêcher de dévisager la marque des Ténèbres, n’osant poser la question. Mais si Adrian était un Mangemort, et c’était clairement le cas, il allait rapidement mettre l’adolescente très mal à l’aise. Perdant son sourire, elle ne pu lâcher le tatouage des yeux, ne sachant si elle en était effrayée ou dégoûtée.

Quand on demandait ce que faisait Nancy Wildhurst dans la vie, la réponse la plus honnête aurait été ce simple mot : « semblant ». Tout était faux chez elle. Elle n’était plus qu’un personnage. Laura Northanger, la si gentille et si mignonne Laura n’était plus. Il ne restait que Nancy et son accent abominable, Nancy et ses caprices, Nancy et son physique de rêve.

Elle menait exactement la vie dont elle rêvait, elle cotoyait des gens riches et intéressants qui lui permettraient d’obtenir le pouvoir si elle les séduisait assez bien. Elle était persuadée de mériter cette vie, après tout, n’avait-elle pas tout sacrifié pour obtenir ce qu'elle voulait ? Son être en entier, son accent, les gens qu'elle aimait.

Sans être à plaindre, ce qui la caractérisait était une absolue solitude. Elle mentait à tout le monde et ne pouvait garder auprès d’elle de vrais amis. En permanence elle était entourée de gens comme elle. Méchants, hypocrites, menteurs.

Adrian était beaucoup de choses, mais pas ça. Elle avait triché avec lui comme avec les autres et lui était sincère. Voilà pourquoi entre autre, Nancy était agacée par sa relation avec Juliet Birch. Il y avait quelque chose entre eux, il fallait être idiot pour ne pas le voir. Et il avait l’air heureux avec elle. Ca l’ennuyait, car elle détestait voir les autres ensemble alors qu’elle était seule.

Ça l’ennuyait d’autant plus que Juliet Birch ne semblait pas décidée à se laisser faire. Les gens qui avaient du répondant étaient les pires. Elle remit ses lunettes de soleil avec dignité et s’en alla comme une reine - ou quelqu'un qui n’a rien à répondre, au choix. A l'abri derrière son magazine, elle murmura pour elle même un « espèce de connasse bêcheuse », avec un accent très londonien.

Mais cette tranquillité ne dura pas, elle fut rapidement rattrapée par Adrian.

« Mais qu’est-ce...Ah non !» Trop tard, il l’avait déjà poussée à l’eau. Elle frissonna un instant, elle était un peu fraîche si on rentrait dedans comme ça. Elle regarda Adrian d’un air dépité : « Mon brushing, c'est pas croyable ça, tu es d’une méchanceté ! »

Comment ça c’était cliché ? Bien sûr que oui, elle était un cliché ambulant. Heureusement, Evan ne tarda pas à la rejoindre dans le club des gens humiliés.

« Je propose de noyer votre cousin, Evan, lui et ses bonnes idées le méritent amplement.»

Menace qu’elle mit à exécution immédiatement, sortant de la piscine pour rejoindre Adrian, Juliet et Achlys. Finalement, Rosier s’était installé sur le rebord de la piscine lui aussi. Elle passa un bras autour de son épaule, adressa et d’un geste le fit basculer (et elle avec, forcément) dans la piscine.

« Coup bas pour coup bas, chéri.»

Elle sourit de toutes se dents ultrabright à Juliet et Achlys, puis lança mine de rien en s'installant sur le rebord de la piscine :

« Je ne plaisantais pas quand je disais qu’il devait beaucoup vous aimer. Il m’a presque interdit de vous parler.» Ça c’était la vérité. Elle haussa les épaules, faussement étonnée :
« Comme si j’étais ce genre de personne.» Elle ajouta, semblant pensive : « A mon avis c'est vous, son chagrin d’amour. Il ne faut pas lui faire ça, chérie, après il va voir les hôtesses du Emerald's en quête d’affection et il boit jusqu'à se faire du mal. »

Était-elle sincère, disait-elle la vérité ou parlait-elle juste pour le plaisir de lancer des horreurs à la face de Juliet et ruiner une relation sans doute précaire avec Adrian ?

« Enfin, Achlys a raison, vous ne pouvez pas rester ici sans vous baigner, l’eau est très bien quand on s’y habitue.» Elle adressa un signe de la main à Adrian : «Ady, darling, nous te rejoignons ! Tu ne boudes pas à cause de ma petite blague de tout à l’heure ?»

Peut-être pas pour ça mais pour tout le reste, oui.