Do your Job.
Logan Wellington & Caroline Flemmings
Attablé à une terrasse, les lunettes de soleil sur le haut de son nez droit, le colosse est courbé sur son parchemin. Ça fait de longues minutes maintenant que son café est froid, mais il ne l'a toujours pas remarqué. Trop concentré sur sa page, Logan ne relève pas son nez de son papier. Son stylo moldu, bien plus pratique les plumes et les pots d'encre des sorciers, griffonne sur le parchemin sans s'arrêter.
Voilà quelques mois qu'il remplit des feuilles et des feuilles de notes personnelles, d'observations portées sur la société, de commentaires et de critiques des journaux et des articles de propagande, ainsi que d'un recensement des mesures des puristes et leurs effets. En tant qu'historien, il s'est donné la mission d'être le premier et le meilleur pour documenter ce que le pays endure. Bien entendu, il ne pourra pas faire imprimer son œuvre avant des mois, voir des années tant que les mangemorts et les puristes seront au pouvoir. Ça ne passerait certainement pas la censure. Logan pourrait même se faire tuer pour ça. Mais l'Histoire ne s'arrête jamais, et Logan a toujours de quoi rajouter des éléments dans son livre tous les jours. Peut-être faudrait-il qu'il le fasse publier anonymement aux Etats-Unis ? C'est une option à laquelle il réfléchit depuis quelques jours.
Logan cesse enfin d'écrire, le poignet endolori. Il reste plongé dans ses pensées quelques instants avant de jeter un œil à sa montre. Il écarquille soudainement les yeux et pousse un juron bien senti. Il était sensé aller à une vente aux enchères aujourd'hui, et il est déjà en retard ! Le colosse rassemble ses parchemins et les tasse maladroitement, les mettant sous son bras en essayant de n'en perdre aucun. Aussitôt ses grandes jambes le portent dans les rues, esquivant les gens en face de lui, donnant quelques coups d'épaules malencontreux.
Il ne connaît pas le lieu, et ne peut donc pas transplaner. Mais c'est sans compter le réseau de cheminette, qui le conduira à la bonne adresse sereinement. Peut-être pourra-t-il avoir un artefact à étudier s'il est assez rapide !
Se rendant à la première cheminée qu'il peut atteindre dans un magasin de robes de sorciers, il se glisse dans la cheminée et attrape la poudre, la jetant à ses pieds et annonçant l'adresse à haute voix. Malheureusement pour lui, il sent le piège se refermer sur lui lorsque la cheminée crépite et que les flammes lui lèchent tout le corps. Une perturbation magique l'envoie bien loin de son adresse originelle, sûrement un défaut de la cheminée, et Logan se retrouve soudainement aplatit entre deux murs, étouffé par de la poussière soulevée autour de lui. Elle s'infiltre dans sa gorge et son nez, le faisant tousser brutalement pour tenter de respirer. Une vive douleur le saisit quand il se cogne la tête contre une brique au dessus de lui. Le noir complet augmente encore son anxiété et la panique ne tarde pas à l'envahir. Autour de lui, ses précieux parchemins volent en tous sens. Son premier réflexe est de plonger ses doigts dans sa bourse de poudre de cheminette. Vide. Quel enfer…
Logan se contorsionne pour attraper sa baguette et tente de lever la main. Peine perdue. Il se mord la lèvre et pousse un juron :
- Par Merlin ! Il y a quelqu'un ?! A l'aide ! Crie t-il, respirant une nouvelle fois la poussière qui lui brûle la gorge.
Pas de réponse. Logan ferme les yeux et tente de se calmer. Il ne doit pas exploser le mur de la cheminée bouchée. Il n'a aucune idée d'où il peut être. Un manoir, une cheminée dans un magasin, dans un hall… S'il doit se mettre à lancer des sorts d'oubliettes à une centaine de moldus, il ne s'en sortira jamais. C'est alors qu'il a cette idée. Le bureau des départements des transports.
Le colosse se contorsionne, se cognant une nouvelle fois le crâne, et se penche en avant. Il utilise le sortilège de communication des cheminées et établie la connexion avec le ministère.
Étouffant à moitié, il tente de plonger sa tête dans les flammes, les yeux clos pour ne pas se les irriter avec la poussière. Il finit par grogner à voix haute, bouillant de colère et de panique, lorsqu'il entend les balbutiements d'une secrétaire visiblement choquée par son attitude :
- PUTAIN ! Vous allez me trouver quelqu'un au département des transports TOUT DE SUITE ! Sinon j'explose la cheminée où je suis coincé et je m'expose aux moldus si il y en a ! Grouillez-vous !