Un homme sage dirait qu'il faut toujours garder espoir et qu'en fermant les yeux, ce ne sont pas les ténèbres qui nous entourent mais notre lumière intérieure qui cherche à les dissiper. Etait-ce vrai ou était-ce faux ? A priori Severus Rogue n'en avait cure. La sagesse coulait sur lui comme l'eau sur le duvet d'un canard : à peine glissait-elle et jamais elle ne pourrait prétendre s'y accrocher.
Alexa Turman ne savait rien de la vie de Rogue. Absolument rien si ce n'est son emploi de professeur et sa tendance à la cruauté vaguement gratuite, proche d'une forme de racisme primaire, pour les gens de la Maison du courage. Et pourtant. Se rendait-elle seulement compte qu'elle était probablement la personnes qui, durant ces 20 ou 25 dernières années, s'était le plus inquiété pour lui.
Severus Rogue n'avait connu de l'amour que l'ébauche amère et atroce de l'unilatéralité. Il fut capable d'aimer, mais n'ayant jamais connu la réciproque, il ne put exercer cette capacité au point d'oublier jusqu'à son existence. Le rejet, la haine et la violence avait meurtri son esprit aussi durement que les coups de son père n'avaient lacéré la peau désormais parsemée de cicatrices de son dos.
Pouvait-on se remettre d'une enfance et d'une adolescence brisée ? La question était difficile. Rogue avait mal tourné, car il avait utiliser sa haine comme un moteur ardent quand rien d'autre n'avait pu marché. Il avait fait cec que les autres semblaient faire. Il avait tenté de les imiter. Tenté de les surclasser. Tenté de se montrer aussi normal que possible. Il avait été gentil, adorable même, alors qu'il était avec Lily. On ne pouvait pas prétendre que les choses allaient de soi pour lui dans tous ces domaines de la vie. Les gens l'ennuyaient, les gens le décrivaient comme un homme introverti, mais la vérité était tout autre.
La haine de la différence avait poussé les gens à se moquer de lui. D'abord Tobias qui ne supportait pas le monstre qu'il avait engendré. Ensuite les moldus, ces imbéciles heureux qui ne connaissait que la loi des rapports de force. Ensuite Potter et Black, sous leurs airs cools et branchés. La violence revêtit bien des visages au cours de la vie de Rogue. Bien sûr il devint également un bourreau tout autant qu'une victime, mais cette victime qu'il fut jadis avait fait de lui un terrible bourreau. On ne ressortait jamais indemne et les cicatrices, surtout quand elles sont aussi nombreuses et profondes que celles de Severus, sont des réserves inépuisables de haine et de violence. Toutes deux furent bien utile à l'homme pour tomber dans les arcanes de la magie noire avant de rejoindre les rangs de Lord Voldemort.
Pourtant au fond de lui, Rogue était et restait un homme bien. Aussi étrange que celà puisse paraître. Cela était le fait de l'influence de Dumbledore probablement. Si il était le plus grand sorcier de son temps, même devant Jedusor, c'est parce que le Professeur avait toujours su rendre les gens autour de lui meilleurs. Albus était un père spirituel pour Severus Rogue. Abréger les souffrances de l'homme selon ses voeux et selon son plan fut une épreuve difficile. Mais il l'avait fait.
Albus Dumbledore ne l'avait pas traité avec bienveillance pour autant. Il s'était montré dur et exigent, mais jamais paternaliste souple ou empathique avec lui. Rogue ne lui en voulait pas et de toute façon, il n'aurait guère apprécié que le vieil homme s'adresse à lui de cette façon. Severus lui était reconnaissant d'avoir redonner un but à sa vie, et il tâcherait de l'accomplir, tôt ou tard.
Il allait poser la main sur la poignée quand la voix de Turman brisa le silence que Rogue avait généré. Il l'écouta à moitié avant de se retourner. Il aurait préféré que cela eut cessé au moment où il avait fini de parler, mais ma fois, comme toujours, la vie ne lui offrait pas ce qu'il désirait.
Elle le remercia. Pour tout ce qu'il avait fait. Incluant une torture qu'elle n'oublierait jamais de sa courte vie. Elle montrait sa gratitude, elle déclarait ne plus vouloir déranger, ce qui était assez raté pour le coup. M'enfin, mieux vaut tard que jamais dit-on. Elle répéta ses instructions machinalement tout en faisant un geste que Severus n'avait pas vu depuis bien longtemps. Il la regarda tendre la main dans sa direction. Il fixa ce geste d'humanité si incongru puisque adressé à lui et à lui seul. Il ne pouvait comprendre pleinement ce geste. Cela lui était tout simplement impossible. Il leva ses ses yeux noirs pour les ancrer dans ceux de Turman et dit, sans prendre cette main qui lui était tendue :
Je n'ai rien fait qui ne mérite une quelconque gratitude mis Turman.
Il prit une petite pause, et poursuivit, plus par politesse que par conviction :
Je ne manquerai pas de passer au QG si le besoin s'en fait ressentir.
Elle s'écarta et se dirigea vers la cheminée d'un pas lent, preuve que la jeune femme était encore meurtrie de ce que son ancien professeur lui avait fait subir. Elle lui adressa un au revoir auquel il répondit :
Au revoir Alexa.
Il la salua en utilisant son prénom pour la première fois, preuve qu'à minima, elle venait de gagner son respect.
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