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Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G.

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Edern O. Jensen
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Edern O. Jensen


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MessageSujet: Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. EmptyMar 4 Nov - 16:49

QG de la Résistance, Glasgow, Ecosse, Royaume-Uni.

Bureau:

Un hôpital. Le nouveau QG de la Résistance à Glasgow était un hôpital, et il le resterait tant qu’ils garderaient au moins le contrôle de leur quartier avant de partir pour s’installer sur l’île de Skye – puisque ça avait été le résultat du vote. Si Edern n’était branché ni sang pur ni né-moldu il était en revanche heureux qu’on lui demande son avis, lui, cracmol – officiellement moldu – sans intérêt. Et il avait tout observé, n’avait pas apprécié que les cracmols ne soient même pas mentionnés jusqu’à ce moment où Hermione Granger avait pris la parole et où elle leur avait assuré que tout le monde serait traité de la même manière sans faire de différence ou de discrimination sur n’importe quel critère, sang, race, habilités, ce genre de choses.
Si Edern n’avait pas tout de suite décidé d’aller la voir il savait que ça arriverait, personne ne savait pour lui et il savait que tôt ou tard il devrait confier son secret à quelqu’un et autant que ce soit pour la bonne cause. Mais ce soir il allait festoyer, dormir, peut-être boire un peu avant mais il ne ferait aucun pas vers elle, elle n’était qu’une sang-de-bourbe et une voleuse de pouvoirs après tout. Il se serait bien entendu avec l’Intendance sur ce point-là si ces derniers ne cherchaient pas à exterminer les gens comme lui, les erreurs de la nature en tous genres, très présent dans l’imaginaire collectif, bêtes difformes et sans âme qui mangeraient vos enfants pour le petit déjeuner. Et si Edern n’était pas un canon de beauté il n’était clairement pas cannibale et il estimait que c’était plutôt un point pour lui.

Le temps passa donc, ainsi que la nuit et c’est au matin qu’il se réveilla avec une certitude : il irait voir Granger aujourd’hui, il voulait des garanties, il voulait savoir ce qu’il adviendrait des gens comme lui dans leur République, il ne voulait pas aller voir Benjamin Mulciber, il ne l’aimait pas vraiment, il ne pouvait pas aller voir Sheldon, il avait peur qu’il lui en veuille de lui avoir menti toutes ces années et qu’il finisse par le détester, qu’il partage l’information avec Banshee et qu’elle aussi se mette à le détester parce que quelque part il est quand même un putain de sorcier. Il ne voyait que cette femme, la seule personne à avoir fait un pas en direction de toute l’assemblée et inclut tout le monde dans son discours, elle était aussi Ministre de la Justice et s’ils n’étaient pas égaux sur ce points ils ne le seraient nulle part.

C’est pourquoi après s’être rapidement enfilé un peu de porridge pour le petit-déjeuner il attendit qu’elle quitte la salle du repas pour se rendre dans son bureau, peut-être travaillait-elle déjà sur plusieurs projets de lois, et lui laissa le temps qu’il estimait être nécessaire pour aller jusque là-bas et s’installer correctement, il ne voulait pas débarquer dans son bureau comme une furie sitôt qu’elle se serait assise dans son fauteuil, il voulait la laisser respirer un peu avant de lui faire partager ce qu’il avait à dire.

Il se leva finalement, estimant qu’il avait laissé assez de temps à celle qui dirigeait l’Ordre du Phoenix avec l’aide de Ron Weasley mais s’arrêta avant d’atteindre la porte de la salle. Il crut voir passer une ombre un fantôme de son passé. Il reconnut une démarche et un profil. Il avait l’impression de la voir partout, sa sœur, Anthéa, elle lui manquait plus que jamais maintenant qu’il avait trouvé un endroit où vivre en paix, il aurait tellement aimé qu’elle voit ça que c’était comme si elle était là avec lui, il voulut retourner à la raison et arrêter de chasser des fantômes mais quand il sortit de l’endroit il la vit de nouveau, il ne put résister à l’envie de voir où elle allait, de la suivre de loin, rien que pour s’assurer que ce n’était pas elle, sa sœur était morte, on ne ressuscitait pas, aucune magie n’était assez puissante pour accomplir ce genre d’acte. La femme le vit, il le remarqua parce qu’elle accéléra le pas. Il se sentit coupable, il comprit qu’il l’avait effrayé et ce n’était pas du tout son intention, dans un élan soudain et parce qu’il voulait s’excuser d’avoir probablement fait peur à la demoiselle en la suivant comme ça, qu’elle soit sa sœur ou non, il accéléra le pas et la héla.


« Mademoiselle, excusez-moi. Attendez. Je suis désolé je ne voulais pas vous … »

Il tourna à un bout de rue mais il n’y avait plus personne, elle avait disparu. Elle devait être une sorcière, avait pris peur et avait transplané, logique.
Il se sentait bête et se frappa le front du plat de sa main. Il avait dû passer pour un gros psychopathe sans le vouloir, mais il aurait dû se douter que suivre quelqu’un d’une manière aussi suspecte en temps de guerre et avec toutes ces violences alentours ne ferait pas vraiment bonne impression. Mais il avait encore cette vision dès qu’il fermait les yeux, cette silhouette qu’il connaissait trop bien et n’arrivait pas à l’effacer, il avait essayé pourtant mais elle revenait, sans cesse, il était hanté par le fantôme de celle qu’il avait aimé le plus au monde et ne parvenait pas à y échapper, il la voyait morte puis il la voyait marcher, il se voyait retourner à son appartement, observer le sang, il se voyait s’enfuir du manoir familial en emportant la baguette de sa sœur avec lui. En y pensant il posa la main sur sa poche, se laissa tomber au sol et sortit l’instrument magique. C’était tout ce qui lui restait d’elle, ça et ses souvenirs, les gens ne savaient pas qu’il avait une baguette tout le temps sur lui, de toute manière il ne pouvait s’en servir, les gens ne connaissaient pas son passé ni même d’où il venait, le passé n’importait pas ici.
Les gens se foutaient bien de ce que vous aviez pu faire auparavant, tout le monde était accueilli, c’était grâce à la capacité des grands bandits de rue de fermer les yeux sur le passé et de ne même pas poser la question qu’il avait pu recommencer à zéro, et ici c’était pareil, ils n’étaient pas tous des bandits ou des criminels, en tout cas pas dans le sens que cela prenait pour Edern mais ils repartaient tous de zéro sans demander des comptes ou des justifications à propos d’actions passées.

Il fit tourner le bout de bois entre ses doigts, puisque ce n’était que ça, un bout de bois entre ses mains, il avait bien essayé de la faire fonctionner cette baguette, il essayait tous les jours, il connaissait un nombre énorme de formules magiques par cœur, il connaissait toute la théorie, avait lu et relu tous les manuels d’école de sa sœur mais rien n’y faisait, il ne pouvait manifester la moindre once de magie et ce constat le rendait toujours amer même s’il savait déjà que ça finirait comme ça. Il n’avait jamais été considéré comme un être humain à cause de ça, il avait longtemps voulu se rattraper et quelque part il le voulait toujours mais il ne le pouvait pas et ne le pourrait jamais.
Cet artefact, si puissant dans les mains d’un sorcier ne bougerait pas avec lui. Parce qu’il n’était pas un sorcier, mais il n’était pas non plus un moldu, là était tout son dilemme. Il ne savait quelle identité choisir, il avait l’impression de ne pas en avoir, c’est pourquoi il  avait choisi de se faire passer pour un moldu, c’était le plus simple et il voulait être pleinement qui soit acceptée et qu’il doive enfouir l’autre. Sauf qu’il ne l’avait jamais enfouie. La preuve était là, dans son sac en bandoulières, tous ses cahiers de recherche en Histoire de la magie. Il n’avait jamais pu étudier à Poudlard mais avait toujours compensé avec les manuels de sa sœur et plus tard, lorsqu’elle termina l’école, les livres de la bibliothèque, il arrivait toujours à faire en sorte que sa sœur lui en achète, il avait choisi un domaine qui pouvait le rapprocher du monde magique et qui en même temps ne lui demandait pas de faire preuve de pouvoirs magiques, tout ce dont il avait besoin était de solides connaissances et il les avait.

S’étant repris, il rangea la précieuse baguette dans sa grande poche et se releva. Il se rendit vers ce qui lui servait de chambre et rangea tout, sac comme baguette.
Il était temps pour lui de rendre visite à Hermione Granger, il ne savait pas depuis combien de temps il était là mais il était certain qu’elle avait eu le temps de s’installer maintenant.
Il marcha jusqu’à l’hôpital et entra sous l’œil méfiant des gardes. À l’entrée il trouva la réception et se fit rediriger vers son bureau après qu’on lui ait retiré ses armes, c’est-à-dire une dague, celle particulièrement belle qu’il avait utilisée contre Eris Valverde, un couteau de chasse et un pistolet. Il avait toujours des armes de base sur lui, tout pouvait arriver à n’importe quel moment ici. Il laissa cependant ces dernières aux gardes, s’étant assuré qu’il pourrait les récupérer après. Il comprenait les précautions, il était hors de question que n’importe quel personne puisse accéder aux personnes du gouvernement tout en étant armé, c’était la porte ouverte à tous les attentats.
Il grimpa les escaliers rapidement, l’entraînement physique qu’il subissait depuis quinze ans lui permettait au moins de ne pas gémir entre les paliers et de tout monter d’une traite.

Il arriva ensuite devant une secrétaire.


« Bonjour monsieur, puis-je vous aider ? »

Ça paraissait évident, il n’était pas là par hasard.

« Oui, oui, bonjour, je voudrais voir Hermione Granger, et non je suis navré mais je n’ai pas de rendez-vous. »

Il avait ajouté ça pour s’épargner des questions inutiles mais la secrétaire ne posa pas trop de problèmes.

« Vous avez de la chance elle n’est pas en rendez-vous et a donné l’ordre de laisser entrer tout le monde. »

Parfait. Au moins c’était un signe d’ouverture. Il entra poussa la porte et se présenta.

« Bonjour, Edern Jensen. »

Il tendit la main vers la Ministre pour qu’elle la lui serre si elle en avait envie. Pendant ce temps il jeta un œil au bureau, pas immense, très encombré, il y avait beaucoup de bibelots et de photos mais Edern doute que ce soit elle qui ait fait la décoration, les résistants ne voyageaient généralement pas avec autant d’objets personnels, en tout cas lui ne le faisait pas.
Il ne reconnaissait personne sur ces photos, le médecin officiant ici avait dû tout abandonner en hâte en s’enfuyant. Intéressant de s’établir dans un hôpital, ce n’était pas anodin comme choix. Mais il n’était pas là pour ça.

Quand elle l’eut salué il poursuivit.


« Je suis ici parce que je suis inquiet. À propos des citoyens de la République. »

Peut-être un peu alarmiste. Il soupira un instant, on aurait dit qu’il allait lui annoncer une menace d’attentat ou une chose dans ce goût-là.

« Je. » Pause. Pas facile. « J’imagine que vous savez garder un secret. »

Bien mon garçon tu avances. Il attendit qu’elle confirme, ce n’était pas grand-chose une promesse orale mais il fallait lui faire confiance pour le coup. Il la vouvoyait, c’était sa manière à lui de mettre du respect là-dedans même si concrètement il avait peut-être un peu envie de lui hurler dessus en lui demandant de lui rendre les pouvoirs qu’elle avait volé.

« Bien. Je suis un cracmol, officiellement moldu pour tout le monde. C’est … plus simple pour moi. Mais peu importe. Je voulais que vous preniez en compte ma … notre situation. Nous sommes … »

Pas préparé ? Non pas vraiment il était plus là sur un coup de tête, il n’avait pas préparé de discours ou quelque chose du genre, il était plutôt parti pour le faire au feeling et ce n’était pas nécessairement aisé.

« Nous avons toujours été rejetés ou dénigrés, que ce soit par le gouvernement actuel et illégitime de l’Intendance ou au sein du précédent gouvernement. Même si le précédent Ministère n’avait pas de lois actives contre les cracmols la discrimination était bel et bien présente. Et c’est pour m’assurer que les choses changeront avec la République que je suis ici. Je veux un engagement de votre part, une loi, peu importe, je veux simplement que vous vous montriez prête à changer les choses. Vous m’avez donné l’impression d’être ouverte aux propositions et au dialogue, c’est pourquoi j’ai préféré venir vous trouver vous plutôt que quelqu’un d’autre. Je veux simplement que les cracmols soient reconnus et pas forcés de choisir entre une identité sorcière ou une identité moldue mais qu’ils ne pourraient posséder complètement de toute manière. »

Il ne parlait pas comme un rustre, il ne parlait mal ou de manière un peu brutale que lorsqu’il était avec les autres dans la salle du repas ou des choses comme ça, ici c’était différent, il ressortait son éducation et ses bonnes manière pour coller à la situation, il discutait avec un membre du gouvernement, certes pas encore rétabli en Angleterre mais même. Ca suffisait à Edern pour la considérer comme quelqu’un d’important.
Une identité propre, c’était ce dont Edern avait toujours rêvé, lui sans arrêt tiraillé entre les sorciers et les moldus, il était peut-être trop tard pour qu’il se considère réellement comme un être unique mais il voulait que les futurs cracmols sachent qu’il ne sont pas simplement une moitié de ci et une moitié de ça mais une personne à part entière et clairement pas divisée par une double identité un peu étrange.
Il espérait simplement que tout soit réglé rapidement et il avait assez foi en les capacités de compréhension d’Hermione, en dépit de son sang pour les aider tous.
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Hermione Granger Origins
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Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Empty
MessageSujet: Re: Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. EmptyMer 12 Nov - 1:28

"Être soi veut dire s’aimer, s’accepter, se respecter tel que l’on est, dans son corps, son âge et son sexe, en jouissant notamment d’un psychisme séparé, différencié, autonome, dégagé des confusions d’identités, de places et de fonctions ainsi que des dépendances parasitaires. Lorsqu'on est soi, on ne se trouve ni enclavé ni inclus dans le psychisme des autres, bien qu’étant en lien et en échange avec eux, dans le respect de la différence et de la distance." - Moussa Nabati

Spoiler:

Depuis l'opération Reconquista, les combats s'étaient poursuivis dans les rues de Glasgow, là où, quelques jours auparavant, nous avions organisé un immense rassemblement au pied d'un hôpital abandonné et délabré afin de relancer un processus démocratique que tout le monde pensait disparu depuis des années, tout en auto-proclamant cette première République de Grande-Bretagne ; une idée que je trouvais bonne, mais prématurée, car elle pré supposait un bon nombre de conflits qui risquaient de faire éclater notre récente unité. D'un autre côté, s'il subsistait des inconvénients quel qu'ait pu en être le cas de figure, nous étions beaucoup à penser qu'une résistance unie valait mieux qu'une résistance divisée sur des principes et des questions de succession. Pendant ce temps, chaque journée écoulée voyait l'Intendance reprendre du terrain, quartier par quartier. Les rapports faisaient mention de milliers de victimes civiles et militaires tandis que notre mouvement se préparait pour l'évacuation en direction de l'île de Skye.

C'était avec la mine sombre et les sourcils froncés que je m'étais lancée dans mon travail, sans perdre de temps. Le Premier-Ministre m'avait confié une tâche délicate consistant à rétablir une certaine crédibilité de la Justice. Je me disais que le problème ne tiendrait pas tant à l'organisation de mon Ministère que du tribunal de la République, mais davantage dans les mentalités, car il ne faisait aucun doute qu'une Constitution et des principes énoncés à la face du monde ne changeraient pas l'âme des gens, mais que la guerre, elle, le pourrait. J'entretenais le mince espoir de les voir réclamer autre chose que du sang et des larmes et que cette banalisation du mal dont j'étais le témoin depuis des années. Malheureusement, je songeais qu'il avait fallu connaître l'esclavage et la souffrance pour les aider à manifester un peu de compassion, pour comprendre ce que pouvait être l'existence d'un elfe de maison au quotidien. Hélas, ce n'était que lorsque l'on manquait de tout, lorsque l'on était privé de libertés que l'on pensait acquises, que l'on perdait de vue un être cher, que l'on finissait par comprendre combien la vie et nos droits étaient précieux.

Le défi était là, dans cette capacité à convaincre, à se montrer digne de la tâche qui incombait à ce gouvernement. Si un changement devait avoir lieu, il s'effectuerait parmi la population, sans avoir besoin de faire un excès de politique, car je comptais sur l'intelligence de toutes ces cultures différentes pour réaliser où étaient nos intérêts, pour susciter de la compassion, une solidarité et de l'identification par la force naturelle des choses. Cela m'avait déjà frappée à l'époque où je tentais de recruter des adhérents pour la S.A.L.E. : cette absence de compassion, cette crainte d'affirmer tout haut ce que l'on pensait tout bas, en sachant que l'on craignait la réaction des autres. Même Hagrid n'avait pas voulu en entendre parler, lui qui se montrait pourtant si généreux avec d'autres créatures éminemment plus dangereuses, alors que nous étions en train de parler d'actes de barbarie contre lesquels je m'étais offusquée, au point d'avoir voulu faire la grève de la faim après avoir découvert que la nourriture que l'on faisait apparaître chaque jour dans la Grande-Salle de Poudlard provenait d'Êtres intelligents réduits en esclavage. Leur cause était mienne, car en dehors du professeur Dumbledore, de Harry et Ron, personne ne voulait s'occuper d'eux.

Je trouvais dès lors normal qu'une fille comme moi - hyper sensible et soucieuse de son prochain - ait pu utiliser cette capacité d'empathie qui me permettait de m'identifier aux autres, à être très sensible à leur souffrance, y compris lorsqu'il s'agissait d'animaux. Je n'avais pas oublié Gripsec, non loin du coffre des Lestrange, lorsqu'il me proposa d'agiter une espèce de maraca, dont le son était destiné à provoquer chez une dragonne une immense souffrance liée au souvenir d'un dressage que seuls des barbares avaient pu réaliser sur une créature, certes, dangereuse, mais qui ne méritait pas de vivre dans de telles conditions. Et la meilleure était de l'avoir vu se battre à la bataille de Poudlard pour une raison qui nous échappait, y compris Buck l'hypogriffe que Harry et moi avions sauvé des griffes de MacNair, de Malefoy et du Ministre Fudge. Alors ? Fallait-il voir une dette d'honneur, un jugement raisonné parmi des créatures que nous considérions comme inférieures ? Eh bien, je pensais que s'ils ne disposaient pas de la parole, il existait une intelligence différente selon les créatures, allant de l'instinct à une intelligence très développée, qui pouvait les pousser à faire preuve de noblesse de caractère.

Ah, ça... La commission de régulation des créatures magiques, où j'avais été nommée par Hagrid comme avocate, m'était restée en travers de la gorge. Tout ça, parce que ce minable de Malefoy occupait une fonction importante. qu'il utilisait le chantage, l'intimidation, la corruption, son titre de noblesse et ses relations pour s'assurer que cette commission à la noix, totalement partiale, composée de débiles profonds et dénuée de la moindre compassion, n'ait à ne tenir aucun compte des preuves et des arguments qui aurait pu lui sauver la vie. C'était scandaleux ! Et vous voudriez me parler du Magenmagot, ce groupement de sorciers où la corruption et la confusion des pouvoirs avaient provoquée de graves injustices ? Alors là, non ! Il fallait abolir ce modèle dépassé qui envoyait des gens en prison ou à une mort horrible, y compris des innocents, en fonction de qui détenait le Pouvoir, car sans Dumbledore, Harry et moi n'aurions jamais pu sauver Sirius et Buck d'une injustice qui leur aurait coûté la vie ! Voilà pourquoi je voulais combattre la corruption, établir une Justice s'opposant aux pressions et au copinage.

Pour l'instant, j'avais rédigé et fait voter la Constitution du Ministère de la Justice. Je m'étais penchée sur deux projets que j'estimais ne pas aller l'un sans l'autre. Je me disais que pour établir un code de Justice juste et équitable, il faudrait résoudre une question fondamentale et très délicate : définir un Être intelligent, redéfinir la liste des espèces protégées ou menacées ainsi que celle des créatures nuisibles et maléfiques afin de remettre un peu d'équilibre et poser des valeurs susceptibles de favoriser la préservation de notre biodiversité. A partir de là, lorsque le statut de chacun serait défini, il faudrait s'atteler à ceux des créatures magiques intelligentes puis aux humains parmi lesquels figuraient les moldus, les sorciers, les cracmols, les nés-moldus et les lycanthropes, où tous disposeraient des mêmes droits, d'une égalité en vertu de la Constitution et de la Loi. Notre République était laïque, sociale et démocratique. Et si l'un de mes rôles consistait à garantir les libertés individuelles et collectives, il ne serait pas question d'approuver la moindre discrimination, de se taire si la Constitution ne s'avérait être qu'une vaste plaisanterie.

Le mémorandum du Premier-Ministre me chargeait d'intégrer dans la procédure pénale interne certaines notions de droit international qui n'existaient pas dans le monde magique, ce qui m'avait valu d'étudier les conventions, protocoles, les traités et le verdict des tribunaux internationaux afin d'en lister les exactions puisque leurs définitions avaient évoluées à cause de certains conflits tels que celui de l'ex-Yougoslavie ou du Rwanda. Je faisais bien-sûr allusion aux crimes contre une espèce intelligente (que je préférais à crime contre l'humanité), au génocide, aux crimes de guerre et à la guerre d'agression. Je pensais aussi que la façon dont nous traitions les animaux était symptomatique des disfonctionnements qui prévalaient avant la chute du Ministère et qui était basée sur une vision du naturalisme reposant sur une compréhension imparfaite et pervertie de la théorie sur l'origine des espèces, de Charles Darwin, un moldu. De fait, je songeais à inclure une autre définition : celle des crimes contre la Nature, car il fallait protéger les espèces animales d'une chasse trop massive qui les conduiraient à l'extinction.

Spoiler:

Je voulais commencer par consulter le Ministre des êtres et créatures magiques afin de le convaincre de prêter une oreille attentive à l'importance de cette terminologie juridique, au fait qu'il fallait aider les elfes de maison à acquérir de nouveaux droits, à se sortir de l'esclavage. En tant que Ministre de la Justice, j'assumais la fonction de Super-Intendant sur les autres Ministères en matière juridique, ce qui signifiait que j'avais mon mot à dire sur toutes les réglementations, y compris en faisant usage de ma liberté d'expression. A partir de là, il n'aurait plus qu'à définir quels seraient les aménagements qu'il faudrait adopter afin que toutes les espèces intelligentes susceptibles de s'intégrer en société puissent disposer des mêmes droits tout en songeant à ceux qui nécessitaient un accompagnement et une protection, en prenant des mesures afin de résorber toutes les formes de discrimination. Il s'agissait aussi de l'une des missions qui m'avaient été confiée à moi et au Ministre Macgonagall : abroger toutes les lois du sang et toute forme de discrimination.

Je ne pensais pas faire du bon travail si l'on ne répondait pas à ces questions, si l'on ne m'aidait pas à définir ou à redéfinir des éléments dont j'aurai à tenir compte dans l'élaboration de futurs projets de loi ou de réformes. La République n'aurait plus de sens si elle se permettait de se contredire, n'est-ce pas ? Alors, oui, ma tâche de juriste, de législateur, exigeait de moi de la rigueur, de la réflexion et de la précision puisque la formulation, la terminologie juridique et le perfectionnisme s'avéraient indispensables afin d'éviter les erreurs ou les trop grandes libertés d'interprétation propices aux abus. Cela ferait sans doute de moi quelqu'un d'intransigeant, de difficile à convaincre, en sachant que je ne devais pas me laisser manipuler ni malmener lorsque je reconnaissais des requêtes qui dissimulaient des intentions propices à la controverse. Mon autorité devait être forte. Je devais agir avec intégrité, impartialité, avec le sens de l'écoute et l'esprit ouvert. Hélas, la loi était dure et c'était la loi et je n'étais pas vendeuse de tapisseries ni prête à consentir à des arrangements mafieux.

Accorder l'usage d'une baguette magique ne me semblait pas indispensable lorsque je savais pourquoi cette polémique refaisait surface. Depuis, j'enchaînais les conversations avec le Ministre chargé des Êtres et créatures magiques. Je lui avais dit qu'imiter un sorcier lorsque l'on était fier de sa culture et que l'on pouvait s'en abstenir pour pratiquer la magie, risquait de faire passer un gobelin pour un faible aux yeux de ses congénères, que cette acculturation le pousserait à vouloir laisser tomber ce qui faisait d'ordinaire sa fierté. Oui, bon, quoi ? Je ne cherchais pas à empiéter, mais à collaborer avec mes collègues Ministres, à jouer mon rôle judiciaire. Si Karnaj souhaitait se faire jeter par l'un de ses rivaux politiques ou railler par son peuple, pourquoi l'en empêcher ? Par contre, je connaissais l'Histoire de la magie et les raisons qui opposaient les sorciers aux gobelins depuis des siècles pour savoir que cela risquait de troubler l'ordre public et pousser leur représentant à agir avec traîtrise sur le champ de bataille rien que pour voir la République s'effondrer.

Je me disais que les gobelins devaient réaliser qu'en rompant avec la République ils prendraient le risque de perdre leur position lucrative dans le domaine commercial et bancaire, surtout si elle obtenait la victoire finale. Si Karnaj pouvait avoir l'esprit joueur, je pensais qu'un gobelin préférait jouer sur les deux tableaux, faire l'hypocrite en attendant d'y voir plus clair sur sa prochaine mise. S'il restait entier sur ses positions et si son peuple ne partageait pas son opinion, ils devraient changer de représentant. Mentir et porter atteinte à l'intégrité de la République étaient une chose que je ne tolérais pas puisque j'avais eu des retours sur ce qu'il avait raconté à son peuple après le vote. Restait à savoir s'il recherchait la confrontation pour servir ses intérêts ou non. En attendant, j'espérais que mon collègue ne se laisserait pas berner par un individu que je connaissais mieux que lui et qui jouait sur sa gloire passée, ses compétences de guerrier et son arrogance pour intimider ses interlocuteurs.

Le Ministre m'avait fait comprendre poliment qu'il appréciait mon aide, qu'il me consulterait en cas de besoin et qu'il prenait note de mon grand intérêt pour les elfes de maison. Il se mit à rire pour détendre l'atmosphère tandis que je l'avais observé avec le plus grand sérieux. Son rire disparut très vite. Discuter d'un sujet aussi capital avec moi que l'abolition de l'esclavage ça n'était jamais de la tarte. J'étais là pour obtenir des résultats, pour agir avec rigueur et efficacité. C'était comme ça. Cela étant, je n'avais rien à voir avec Mike Witcher, le bourreau, ni avec John Mulciber, l'exterminateur. Il suffisait de comparer nos Ministères et nos lois, y compris nos méthodes, pour se rendre compte qui de nous leur proposait une Justice la plus juste et la plus équitable possible. Je ne recherchais pas l'admiration ou la vénération, à jouer les tyrans, mais à sauver et à protéger des vies, à faire le plus de bien possible, sans avoir trop peur d'assumer mes convictions, car je n'effectuais pas cette tâche pour ma gloire, mais pour les autres.

Rare étaient ceux à pouvoir imaginer ce que je ressentais chaque matin, lorsque je venais m'asseoir dans ce bureau qui n'était pas le mien, mais celui d'un chirurgien. Je ne ressentais aucune jouissance à détenir ce pouvoir sur les autres, car s'il s'agissait d'un aphrodisiaque pour certains, cela me rappelait ma crainte d'échouer, de ne pas être à la hauteur. Être prise de nausée ou d'une angoisse en imaginant l'importance de la tâche, cela n'avait rien de très sexy ni de très réjouissant, en sachant que nous menions une guerre. Je n'avais qu'une confiance limitée en moi et je me sentais bien seule, alors que j'étais entourée par beaucoup en permanence. Je faisais semblant d'être sûre de moi, de jouer avec ma capacité d'occlumens et mon caractère pour montrer une image forte, pour convaincre qu'une femme pouvait oeuvrer pour son pays et de nobles causes, pour rassurer les autres. Je ne me confiais plus depuis des années, je prenais des précautions. J'avais l'impression d'être Dumbledore, avec tous ces secrets, ses heures passées à faire les cent pas pour bâtir des stratégies et réfléchir à la manière de contourner ou de contrecarrer les techniques employées par l'ennemi.

Je savais que certains ne m'aimaient pas, qu'ils me verraient comme un Ministre de pacotille, une pauvre fille, une incapable et comme une sale sang-de-bourbe. Cela ne me donnait pas envie de me venger sur eux, de leur imposer ma vision des choses, mais l'on ne gouvernait pas toujours en fonction de l'opinion populaire ou de la vindicte publique, car je défendais l'idée qu'une société qui bannissait la torture et l'esclavage ne pouvait pas tolérer que de telles exactions soient commises sur d'autres en raison de l'origine ou de tout autre critère, à moins de considérer qu'il y ait des exceptions, ce que je trouvais abominable. Lorsqu'un procès exigeait un jury, on sélectionnait les jurés. On ne laissait pas le peuple décider du sort d'un accusé comme s'il s'agissait d'une émission de télé-réalité où il suffisait de s'asseoir avec du pop corn et une bière pour se défouler avec des bêtises aussi palpitantes que l'encéphalogramme d'une grenouille. Est-ce que j'en avais quelque-chose à faire de l'opinion publique ? Bien-sûr que oui, mais il ne fallait pas que les vilaines choses que l'on racontait sur nous aient une chance de nous atteindre.

Griffonnant délicatement sur mon parchemin, à l'aide de ma vieille plume d'aigle, achetée pour treize mornilles à Pré-au-lard, j'étais absorbée par mon travail, consciente que ce que j'étais en train de concevoir n'était pas nouveau, en dehors de l'IVG/IMG, des droits accordés aux elfes de maison, des lois anti discrimination et de l'abolition des privilèges des sang-purs puisqu'il s'agissait d'un énorme progrès pour le monde de la sorcellerie. En fait, j'étais pour ainsi dire la gardienne de la conscience collective, comme la protectrice du droit, des opprimés et des valeurs de la République, même si je n'étais pas exempt de défauts. Les moldus auraient aussi besoin de mes services, pour préserver leurs acquis, pour agir en trait d'union et leur redonner confiance, mais je n'avais rien à voir avec un Être supérieur qu'il fallait vénérer pour sa bonne parole puisque je n'étais pas toujours certaine d'être sur le bon chemin, en dépit de la confiance que j'accordais à mon intelligence.

Ma secrétaire frappa à la porte de mon bureau et entra après avoir marquer une hésitation. Elle portait avec elle quelques dossiers ainsi que des notes. Deux d'entre elles me firent rire aux éclats. En principe, ces nouvelles auraient du avoir l'effet inverse, mais cela me sembla si...

- Hihihi ! Quoi ? C'est Mardi Gras, c'est ça ? , fis-je en toisant ma secrétaire en riant.

- Euh... je ne comprends pas, Madame la Ministre... , me répondit-elle, l'air circonspect et surpris.

- C'est Ronald ou Fergie... le Premier-Ministre, qui vous a demandé de me faire une blague, n'est-ce-pas ? ,lui demandais-je avec plus de sérieux.

- Eh bien, non, je...

- Dac-cord... , rétorquais-je en soupirant et en haussant les sourcils d'un air blasé.

Donc, chaque 31 juillet aura lieu "la journée de la haine" ? Hihihihi !

- Pourquoi riez-vous autant, Madame la Ministre ? , me demanda t-elle comme si j'avais respiré du gaz hilarant par mégarde.

- Je ne sais pas ! Hihihi !

Imaginez les criminels et les voyous se donnant à coeur joie pour détourner cette fête. Les forces de l'ordre auront tellement de boulôt que ce vieux fossile à la tête du département de l'Inquisition Espagnole aura l'air bien malin. Non, je m'attendais à mieux... Hihihi ! Eh bien, Nous pourrons toujours ajouter cela à la liste des chefs d'inculpation !
, concluais-je entre ironie et sérieux.

Oh, je me doutais que ce ne serait pas amusant, mais si nous combattions cela par la journée de l'Amour ? Ce serait plus constructif, non ? Il fallait que je prenne cela à la rigolade pour rassurer ma secrétaire et ne pas me laisser atteindre par ce genre de divertissement qui m'éloignait des sujets nationaux. J'avais noté la date qui était celle de la naissance de Harry. Cela ne m'inspirait rien de bon, mais il y avait des choses bien plus importantes et urgentes. J'ignorais que j'allais rencontrer un individu aux idées extrémistes qui éprouvait d'énormes difficultés à définir son identité propre et à se considérer comme un individu doté d'une grande richesse, de la faculté de s'auto-émanciper pour se reconstruire, s'accepter et être accepté tel qu'il était : un individu avec ses forces, ses faiblesses, ses démons et ses contradictions.

Quant à la soit-disant trahison de la Reine, cela ne fait que trahir ceux qui ont rédigé cet article de propagande. Seuls des sorciers pourraient y croire, en sachant que Sa Majesté ne disposait d'aucun moyen ni d'aucune intention de renverser le Premier-Ministre. L'étiquette établie au sein de cette monarchie parlementaire était très importante et beaucoup de Britanniques aimaient leur Reine. Elle a été infirmière durant la seconde guerre mondiale, le saviez-vous ? Sans le soutien de l'armée, c'était impossible et il me paraît évident que sans l'invasion des sorciers, cela ne se serait jamais produit.

- Mais cela ne vous rend t-il pas furieuse ?

- Pas vraiment... Ceux qui ont assassiné la famille Royale, seront jugés d'une manière ou d'une autre devant notre tribunal ou sur le champ de bataille. Cela ferait même les affaires de la République plutôt que d'avaliser la politique de l'Intendance. Ne vous préoccupez pas de ça. Ce sera tout, Miss Radcliffe. Je vous remercie.

- Bien, Madame la Ministre. Merci à vous. ,conclût-elle en se retirant avec politesse.

J'avais endossé mon rôle très vite. On pouvait me critiquer en affirmant que je ne croyais pas tellement en cette République ou en déclarant que je n'accordais qu'une confiance limitée au Chancelier. Les raisons qui avaient conduit à cette alliance étaient du à l'aspiration des résistants, parce que je l'avais voulu en dépit de mes opinions et de mes doutes. J'avais accepté cette représentation à l'Assemblée et ces deux postes de Ministre pour que toutes les nuances politiques aient leur mot à dire, pour contre balancer une éventuelle envie de radicalisation, pour que l'Ordre puisse survivre dans cette résistance unifiée. Je ne m'étais pas contredite, je n'avais pas menti, je n'avais pas caché mes intentions. Contrairement à Ron, je n'exigeais pas de loyauté sous peine de mort. Je la laissais libre de choix, bien que nos bases étaient protégées par serment du Fidelitas. Si les membres de l'Ordre m'avaient suivi, c'était parce que je leur avais prouvé que mon petit-ami ne dictait pas ma conduite, que j'étais prête à tout sacrifier dans l'intérêt général, comme je l'avais fait sous cette tente avec Harry et Ron.

Je sortis une photographie de Dumbledore arrachée d'un livre de Rita Skeeter et une autre représentant Harry. Je ne me sentais pas digne. Je n'étais pas encore la dirigeante officielle de l'Ordre puisque Ron et Kingsley étaient censés être devant moi dans l'organisation. Pourtant, c'était avec moi que Benjamin et Sheldon avaient eu à négocier cette alliance et la manière d'organiser le vote qui avait conduit à la proclamation de la République. Pour moi, en dépit de tout, cette alliance valait mieux qu'une guerre entre résistants, car elle nous aurait affaibli face à l'Intendance. Fergie m'appréciait et ce sentiment était réciproque. Je n'avais pas oublié son geste de sympathie dénué d'intérêt à un moment où j'avais éprouvé le besoin de parler à quelqu'un. Je n'avais pas encore rencontré ses enfants, mais je me disais qu'ils pourraient m'apprécier, en sachant combien j'estimais leur papa, sauf si le fait d'être Anglaise leur posait un quelconque problème avec leur karma.

Un homme entra dans mon bureau, me faisant relever le nez de mes parchemins.

« Bonjour, Edern Jensen. »

- Bonjour, Monsieur"

Je m'étais levée afin de lui serrer la main, en lui souriant en signe de bienveillance et d'hospitalité. Son patronyme ne me disait rien. En fait, je ne savais rien de lui, mais j'étais heureuse de voir quelqu'un oser franchir ma porte. On pouvait venir se moquer de moi, m'insulter ou défendre de vraies idées, je ne reniais pas ce que j'avais dit après le vote et l'intervention de Karnaj. J'étais au service des gens. On pouvait venir me voir pour demander une défense, porter plainte ou me parler de leurs droits. Mais s'il s'agissait de venir m'embêter...

« Je suis ici parce que je suis inquiet. À propos des citoyens de la République. »

Ah... Remarquez la résistance comme la République étaient en danger depuis bien plus longtemps que cette proclamation. Ce jeune homme était-il ici pour m'avertir d'un complot ou de toute autre menace ? Je ne savais pas trop quoi en penser. Je me demandais s'il allait me révéler un complot ou si cela n'allait être qu'une plaisanterie de mauvais goût ou bien encore un mauvais moment où j'allais encore être confrontée au racisme, à quelqu'un qui désapprouvait ma nomination. Seulement, à bien le regarder, il ne semblait pas très à l'aise, mais je me méfiais des apparences trompeuses. Eh bien, voyons ce qu'il allait me dire... Je lui fis signe poliment de s'asseoir, s'il le désirait.

« Je. » l'homme marqua une pause. Il semblait hésitant. « J’imagine que vous savez garder un secret. »

Si je n'avais pas été occlumens, j'aurai sans doute froncer les sourcils d'un air suspicieux avant de soupirer, en me demandant où ce jeune homme voulait en venir, alors que la réponse semblait évidente. Je détenais tellement de secrets en tant qu'Indésirable numéro 2 et membre de l'instance de direction de l'Ordre du Phénix, que l'on pouvait difficilement douter de ma loyauté et de ma capacité à conserver un secret, quel qu'il soit. J'avais été torturée par Bellatrix Lestrange et pourtant je n'avais trahi ni Harry ni la cause que je défendais. J'avais hôché la tête pour lui signifier que oui, je savais tenir un secret, sauf si l'on me demandait de dissimuler un crime ou une trahison.

« Bien. Je suis un cracmol, officiellement moldu pour tout le monde. C’est … plus simple pour moi. Mais peu importe. Je voulais que vous preniez en compte ma … notre situation. Nous sommes …

J'avais beau être brillante, je n'étais pas Merlin. Son hésitation et son attitude m'indiquaient qu'il n'avait pas l'habitude de prendre la parole. Peut-être craignait-il ma toute nouvelle autorité ou d'éventuelles représailles. En s'adressant à moi, il admettait, à sa façon de parler, une honte vis-à-vis de laquelle il préférait être considéré comme un moldu plutôt que comme un cracmol. Son hésitation sur le "ma" "notre" ne m'avait pas échappé. Ce qu'il me disait me paraissait encore trop soudain pour que mon intellect ait pu faire le lien et déduire certaines choses, mais je le laissais poursuivre, avec cette curiosité qui me caractérisait lorsque quelqu'un osait venir vers moi pour défendre sa cause personnelle ou celle d'un groupe en général. Il existait un premier paradoxe : se faire passer pour un moldu était pire qu'un cracmol aux yeux d'un sorcier aux idées extrêmes et ne changerait en rien la manière dont il était persécuté au sein de l'Intendance ou de la résistance. Une raison logique était de se dire qu'un cracmol aurait honte de ne pouvoir pratiquer la magie à cause de l'attitude des autres et surement de ce qu'on lui avait mis dans son esprit, mais rare étaient ceux qui ne conservaient pas l'espoir de développer des pouvoirs magiques et d'être mieux considérés.

Nous avons toujours été rejetés ou dénigrés, que ce soit par le gouvernement actuel et illégitime de l’Intendance ou au sein du précédent gouvernement. Même si le précédent Ministère n’avait pas de lois actives contre les cracmols la discrimination était bel et bien présente...

C'était la stricte vérité. Je ne pouvais qu'aquiéscer en hochant la tête, avec la mine grave, car ce qu'il tentait de me dire revêtait une énorme importance. C'était une question de respect. Ce qu'il ignorait, peut-être, c'était que le gouvernement, y compris moi-même, étions prêts à nous battre pour lui et ses semblables. J'avais à l'esprit Miss Figg ou Rusard... oui, oui... même lui et cela en dépit du souvenir que je pouvais avoir de lui. Il s'était battu pour nous lors de la bataille de Poudlard, il était le fruit d'une société inégalitaire et pourtant, même s'il n'en aurait pas voulu, j'éprouvais de la pitié pour lui. Je comprenais pourquoi Dumbledore, cet homme qui demeurait mon mentor au même titre que Macgonagall, lui avait accordé une chance à Poudlard. Ron et Harry n'auraient pas été de cet avis, mais moi j'étais prête à aider les Êtres comme Argus, tant qu'ils manifestaient l'envie de devenir meilleurs ou d'accepter cette main tendue. Il n'y avait aucune honte à cela, à condition de laisser sa fierté ou son arrogance de côté pour ne porter aucun jugement.

Et c’est pour m’assurer que les choses changeront avec la République que je suis ici. Je veux un engagement de votre part, une loi, peu importe, je veux simplement que vous vous montriez prête à changer les choses. Vous m’avez donné l’impression d’être ouverte aux propositions et au dialogue, c’est pourquoi j’ai préféré venir vous trouver vous plutôt que quelqu’un d’autre. Je veux simplement que les cracmols soient reconnus et pas forcés de choisir entre une identité sorcière ou une identité moldue mais qu’ils ne pourraient posséder complètement de toute manière. »

Spoiler:

Il avait fallu du courage à cet homme pour venir, quand bien même mon nom n'impressionnerait pas tout le monde. Je ne voulais pas tellement être crainte, mais respectée. Un engagement de ma part ? Il aurait plus que cela. Oui, j'étais ouverte au dialogue et aux propositions, tant que celles-ci n'avaient rien de discriminatoires ou d'excessives. Pour le reste, il avait raison, même si la fin de ses propos me surprirent. Je pris une profonde inspiration et ce fut avec un sourire et beaucoup de calme que je lui répondis, après avoir un peu réfléchit, car sa demande ne semblait pas si évidente.

- Changer les choses fait partie de la volonté de ce gouvernement, Monsieur Jensen. Le Premier-Ministre m'a chargé d'une mission qui vise à la suppression de toutes les mesures discriminatoires ratifiées par l'Intendance, à établir des lois visant à condamner certains crimes et à supprimer les privilèges accordés aux sang-purs. Parmi ces mesures, je travaille avec le Ministre Macgonagall afin de garantir que tous les citoyens de la République soient considérés égaux en droit et protégés par la loi. Cela signifie la fin des statuts de sang, l'abolition de toute forme d'apartheid ou de discrimination, y compris au travail, où des mesures seront prises afin de rétablir un équilibre, en sachant que nous sommes conscient que les groupes défavorisés ne bénéficient pas des mêmes armes que les autres, qu'ils sont objectivement désavantagés et qu'il ne suffit pas d'abolir une inégalité de droit pour que dans les faits, l'égalité advienne.

Je pris soin de marquer une pause tandis que j'observais mon interlocuteur avec bienveillance et en m'adressant à lui avec le plus grand respect. La fin de mon propos marquait une évidence : si la loi pouvait rétablir une égalité et une équité de droit, changer les mentalités prendrait plus de temps et nécessiterait des mesures - en plus des changements que la guerre instaurerait dans nos façons de voir le monde - pour forcer un peu les choses en douceur, pour rétablir un équilibre et permettre aux générations suivantes de grandir avec des valeurs différentes. L'Intendance établissait la même chose, mais de manière brutale, déshumanisée, par le biais d'un lavage de cerveau et l'élimination de toute forme de contestation afin d'instaurer une inégalité de fait.

Je ne parle pas seulement des cracmols, mais aussi des femmes, qui souffrent des deux côtés de la barrière de certaines discriminations. Je parle des mariages forcés, des rapports consanguins, des interdictions, des préjugés, moqueries, insultes et traitement de salaire différent de celui des hommes pour des compétences et un travail équivalent. Je parle des homosexuels, des bisexuels et des lesbiennes, de cette hypocrisie de la part des extrémistes qui entretiennent un racisme ambiant, alors que nous savons que ces conceptions racistes ont été propagées par des familles aristocratiques qui ont pratiqué l'apologie de la haine et des crimes racistes pour préserver leurs privilèges.

Oui, parce qu'en fin de compte les discriminations et le racisme ne revêtaient pas qu'une forme. Le problème ne concernait pas que les cracmols et les nés-moldus. C'était ce que j'avais voulu souligner au cas où cet homme penserait qu'il était seul à souffrir de persécutions illégitimes, car sans en savoir davantage sur sa vie, je partais du principe que je n'avais pas affaire à quelqu'un partageant toutes mes opinions. Mais je me doutais qu'au fil de la conversation, je risquais d'être confrontée à diverses choses. L'ennui, c'était qu'en qualité de Ministre, mes projets devaient recevoir l'aval du Premier-Ministre, subir un débat et un vote de l'Assemblée pour être ratifié puis promulguer par le Chancelier. M'engager à défendre des droits était une chose, mais il fallait avoir conscience que la démocratie consistait à s'exprimer, à débattre et à voter, que certaines choses ne pourraient être acceptées si elles étaient contraire aux valeurs républicaines, notamment en acceptant une mesure qui nous ferait lentement et insidieusement basculer vers un apartheid, à cause d'un manque de sagesse, de prudence et d'une vision à long terme.

Je vais proposer au Ministre Macgonagall d'étudier la possibilité d'établir une "discrimination positive" visant à compenser les inégalités socio-économiques et plus modestement à améliorer la représentativité de certaines catégories parmi les élites. Il s'agirait d'opérer des modifications légales du champ de concurrence en établissant certains postes réservés, des quotas et des filières distinctes afin de contrebalancer une situation de fait. La mesure prendrait effet sur vingt ou trente ans, puis il suffirait d'abolir cette mesure lorsque l'équilibre naturel des choses aura pu être constatée. Certains hurleront au favoritisme. En outre, je vais proposer des mesures pour la protection des enfants, y compris lorsqu'ils sont victimes de mauvais traitements.

Par contre, au sein de la République, nous sommes tous libres et égaux en droit. Aucun cracmol n'est forcé de choisir entre une identité sorcière ou moldue puisque de toute façon ces deux cultures peuvent faire partie de leur identité propre, qu'ils sont libres de choisir l'une ou l'autre voire les deux en fonction de leurs affinités. Lorsque vous dîtes qu'aucun cracmol ne pourrait complètement posséder l'une ou l'autre, il s'agit d'une opinion personnelle qui n'engage que vous, Monsieur, car je ne pense pas que l'on puisse décider de cela pour les autres ni que cela soit une chose impossible., concluais-je avec un sourire.

Je marquais une pause afin de respirer un peu et pour réfléchir.

Nous voulons rétablir une société pluraliste. L'identité ethnique est une chose, l'identité propre une autre. Chacun est libre de la définir, de vivre dans ce pays ou un autre en espérant s'y intégrer. Cela n'interdit pas la reconnaissance de langues régionales ou étrangères ou d'identités différentes. Ce qui unit une Nation, c'est autre chose : une envie de vivre ensemble, de partager des choses en commun, de partager une Histoire et une langue commune, d'être solidaire, y compris avec les étrangers. Nous prendrions le risque de glisser vers un régime d'apartheid et un ségrégationnisme si nous faisions l'erreur de rétablir un jugement de valeur puisque ce serait contraire aux valeurs républicaines et aux Droits de l'Homme et du Citoyen.

Je pris soin de marquer une pause pour fixer mon interlocuteur avec sérieux.

Je vous prie de m'excuser, mais comprenez que les cracmols et les nés-moldus sont déjà reconnus au sein de cette République comme des individus égaux en droit, au même titre que les autres, ce qui n'était pas le cas avant aujourd'hui. Seriez-vous en train de rechercher votre identité, qui suis-je ? A quel monde j'appartiens ? Ma différence est-elle un atout ou un handicap voire une chose dont je devrais avoir honte ? S'agit-il de questions que vous vous posez, Monsieur ? Eh bien, croyez-le ou non, mais si l'on vous a dit que vous n'étiez rien, que vous ne valiez rien, ces gens se trompaient, car vous avez été confronté au racisme et à l'intolérance, comme moi...

J'avais engagé la conversation en rendant des comptes à un citoyen qui me demandait des garanties de protection. J'avais essayé de lui montrer le plus grand respect et la plus haute considération, mais moi aussi j'avais le droit de faire usage de ma liberté d'expression, d'argumenter et de lui expliquer certaines choses. Contrairement aux racistes qui, eux, pratiquaient la discrimination, qui refusaient la pluralité, je recevais cet homme sans me soucier de ses origines ou de son handicap. S'il le voulait, j'étais prête à l'aider à y voir plus clair, à comprendre qu'elle était son identité propre, à s'accepter et à s'auto-émanciper. La Justice c'était aussi cela, selon ma propre conception des choses : on ne sanctionnait pas que les délinquants ou les criminels, on ne fixait pas que des règles, on ne s'occupait pas que des prisons. Il fallait aussi montrer de la compassion envers ceux qui avaient souffert d'injustice, pour les aider à se reconstruire ou à se racheter. Qu'importe si cet homme ne m'aimait pas...
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MessageSujet: Re: Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. EmptyVen 5 Déc - 1:21

Il ne savait pas ce qui le mettais le plus mal à l’aise : devoir parler de ce qu’il st sans rien cacher et en plus à quelqu’un qu’il ne connaît pas ou parler, simplement, avec elle ou avec n’importe qui d’autre. Il n’était pas un grand orateur c’était certain et sa zone de confort s’arrêtait généralement à ses amis et il n’en avait pas des masses. Alors là il était doublement sorti de cette zone et n’en menait pas large intérieurement autant qu’extérieurement puisqu’il n’avait jamais été doué pour cacher ce qu’il pensait.
C’est pourquoi il sortait des phrases pseudo-alarmistes sans tout à fait le vouloir, il ne contrôlait pas son discours. Ou pas autant qu’il le voudrait en tout cas. S’il avait pu il l’aurait écrit en avance et serait arrivé avec des fichettes et si la tension était trop grande il lui aurait juste refilé les notes. Mais ça aurait probablement été pire encore pour Hermione. Enfin. Il fut content qu’elle lui propose de s’asseoir, il marmonna un rapide merci et prit place sur le siège en face de lui, au moins il n’aurait pas peur de s’écrouler d’une minute à l’autre.
Bien installé, il décida de reprendre, essayer de faire descendre la tension qu’il avait dû installer en balançant qu’il avait peur pour la République. Alors que plus que pour la République et ses citoyens c’était pour lui qu’il avait peur, Edern pouvait être quelqu’un d’extrêmement égoïste et en même temps infiniment généreux. Il était tout et son contraire et lui-même s’y perdait un peu. Tout dépendait des moments et des situations, lorsque quelque chose touchait de près à sa condition de cracmol il jouait pour lui, il était toujours très à fleur de peau lorsque l’on abordait ce sujet.

Il avait attendu qu’elle lui signifie qu’elle était disposée à entendre la suite et que rien ne sortirait de ce bureau. Il se doutait bien qu’elle était femme de parole et pas du genre à trahir ceux qui croient en la même chose qu’elle et qui sont dans son camp. Il ne la pensait pas même du genre à déballer les petits secrets sordides comme le sien s’il venait à tourner le dos à la résistance, ou en tout cas il ne pensait pas qu’elle était adepte de la vengeance mesquine et sournoise. Mais il devait en avoir le cœur net et même si elle pouvait bien lui mentir il avait pris sa décision, il voulait lui faire confiance et il ne lui suffirait donc que d’une approbation de sa part pour qu’il ne lance la machine, parce qu’il abordait le plus gros morceau et que mine de rien, ce temps qu’il prenait en attendant qu’elle ne réponde il en profitait pleinement pour faire une pause avant de se lancer dans sa requête.

Elle semblait à l’écoute, neutre, ça changeait, ici il n’avait pas l’impression d’être jugé, bien au contraire, il s’ouvrait pleinement, lâchait son sac avec toutes les imperfections qui le caractérisait sans craindre un éventuel retour de flammes.
Une fois qu’il eut terminé, il se tordit nerveusement les mains sans pour autant cesser de regarder la née-moldue, il ne voulait pas rater un instant de sa réaction et de sa réponse, tout cela lui importait énormément.


- Changer les choses fait partie de la volonté de ce gouvernement, Monsieur Jensen.

Première phrase. Soulagement. Très clairement, il avait juste la confirmation qu’il n’avait pas fait tout ça pour rien, qu’il avait frappé à la bonne porte et surtout qu’il ne s’était pas trompé sur son cas. Encore fallait-il écouter la suite. Ce qu’il ne manqua pas de faire.

- Le Premier-Ministre m'a chargé d'une mission qui vise à la suppression de toutes les mesures discriminatoires ratifiées par l'Intendance, à établir des lois visant à condamner certains crimes et à supprimer les privilèges accordés aux sang-purs. Parmi ces mesures, je travaille avec le Ministre Mcgonagall afin de garantir que tous les citoyens de la République soient considérés égaux en droit et protégés par la loi. Cela signifie la fin des statuts de sang, l'abolition de toute forme d'apartheid ou de discrimination, y compris au travail, où des mesures seront prises afin de rétablir un équilibre, en sachant que nous sommes conscient que les groupes défavorisés ne bénéficient pas des mêmes armes que les autres, qu'ils sont objectivement désavantagés et qu'il ne suffit pas d'abolir une inégalité de droit pour que dans les faits, l'égalité advienne.

Pause. Hmm. Au moins semblait-elle être acquise à la cause de l’égalité. Cependant il y avait toujours un ‘mais’, c’était un fait, rien n’était jamais tout rose. Et malheureusement, Edern ne pouvait qu’acquiescer cette fois. Il hocha donc gravement une fois la tête, bien sûr. On ne changeait pas comme ça la façon de penser d’un peuple, sauf si on le faisait par la force, en procédant à de larges campagnes agressives ou en s’introduisant directement dans le cerveau de l’individu, quoi qu’il en soit, il y avait toujours profanation d’une des libertés les plus sacrées de tout individu, à savoir celle de penser. Et tout égoïste qu’il était, Edern refusait catégoriquement qu’on impose un respect, même si leur haine était injuste et infondée – comme sa propre haine vis-à-vis des nés-moldus et sang-purs mais il ne poussait pas encore sa pensée si loin – il ne voudrait jamais s’imposer comme ça, en les privant de tout pour ne plus être détesté. Dans ce cas-ci, au moins serait-il craint alors qu’il préférait être aimé, pas nécessairement adoré et loué mais juste accepté, pas discriminé, il voulait que les gens cessent de le regarder étrangement quand ils apprenaient qu’il était cracmol, comme s’il était une bête de foire contagieuse.

- Je ne parle pas seulement des cracmols, mais aussi des femmes, qui souffrent des deux côtés de la barrière de certaines discriminations. Je parle des mariages forcés, des rapports consanguins, des interdictions, des préjugés, moqueries, insultes et traitement de salaire différent de celui des hommes pour des compétences et un travail équivalent. Je parle des homosexuels, des bisexuels et des lesbiennes, de cette hypocrisie de la part des extrémistes qui entretiennent un racisme ambiant, alors que nous savons que ces conceptions racistes ont été propagées par des familles aristocratiques qui ont pratiqué l'apologie de la haine et des crimes racistes pour préserver leurs privilèges.

Elle prônait donc l’égalité au sens large, pour tout le monde, tout le temps, partout. Ceci dit c’était bien le sens de l’égalité. Être appliqué à tout le monde. Il était pour. Ou en tout cas il l’imaginait. Il ne pensait plus tellement à ce qu’il détestait maintenant, il pensait surtout aux solutions qu’on pouvait apporter à son problème, et s’il fallait pour ça passer par l’égalité de tous les sang il s’en contre-fichait, de toute manière il ne demandait pas que les cracmols soient au-dessus de tout le monde, ce serait complètement débile, ce serait juste un autre régime illégitime et tyrannique. Ce n’était pas ce pourquoi il se battait aujourd’hui. Mais il comprenait des choses, juste qu’il y avait encore plus de choses pour lesquelles il pouvait lutter que juste lui-même et son petit monde de cracmol-land. Il en prenait pleinement conscience et était prêt à être actif de tous les côtés, partout où on aurait besoin de lui, il se plaisait à penser qu’en étant lui-même il pourrait aussi peut-être gagner du respect, comme il avait fait avec Sheldon et avec Banshee, celle qu’il considérait comme sa petite sœur.

- Je vais proposer au Ministre Mcgonagall d'étudier la possibilité d'établir une "discrimination positive" visant à compenser les inégalités socio-économiques et plus modestement à améliorer la représentativité de certaines catégories parmi les élites. Il s'agirait d'opérer des modifications légales du champ de concurrence en établissant certains postes réservés, des quotas et des filières distinctes afin de contrebalancer une situation de fait. La mesure prendrait effet sur vingt ou trente ans, puis il suffirait d'abolir cette mesure lorsque l'équilibre naturel des choses aura pu être constaté. Certains hurleront au favoritisme. En outre, je vais proposer des mesures pour la protection des enfants, y compris lorsqu'ils sont victimes de mauvais traitements.

Discrimination positive. Hmm. Si ça pouvait changer quelque chose, soit. Il lui faisait confiance, il voyait à peu près où elle voulait en venir et était sûr que d’autres trouveraient ça tout sauf juste mais peu importe, si elle voulait s’engager sur ce chemin et que ça lui apportait des bénéfices, à lui, Edern Jensen, alors il ne la contredirait pas.

Par contre, au sein de la République, nous sommes tous libres et égaux en droit. Aucun cracmol n'est forcé de choisir entre une identité sorcière ou moldue puisque de toute façon ces deux cultures peuvent faire partie de leur identité propre, qu'ils sont libres de choisir l'une ou l'autre voire les deux en fonction de leurs affinités. Lorsque vous dîtes qu'aucun cracmol ne pourrait complètement posséder l'une ou l'autre, il s'agit d'une opinion personnelle qui n'engage que vous, Monsieur, car je ne pense pas que l'on puisse décider de cela pour les autres ni que cela soit une chose impossible.

Jamais tout à fait moldu, jamais tout à fait sorcier. Elle ne voulait pas le comprendre, elle ne voulait pas le voir. Tant pis pour elle. Il se contenta de hausser les épaules. Qu’aurait-il pu dire de toute manière ? La même chose que ce qu’il venait d’avancer. Et ça n’aurait servi à rien, juste à les faire tourner en rond de manière stupide et tout sauf productive. Évidemment que son opinion n’engageait que lui mais il était à peu près sûr que beaucoup de cracmols étaient dans la même position que la sienne. Il avait accepté plus par fatalisme qu’autre chose que jamais il n’aurait de pouvoirs, il avait fini par l’intégrer, il n’y avait pas de fille recherche pour acquérir des pouvoirs magiques chez lui, il tenait juste à garder un lien avec la société sorcière, par ce qu’il pouvait faire, à savoir étudier en profondeur l’histoire de la magie, il n’avait pas besoin de pouvoir pour ça. Et maintenant qu’il avait réussi à acheter des livres sur l’histoire moldue il pouvait croiser les deux, c’était assez intéressant et il rêvait que la guerre soit terminée pour qu’il puisse s’y consacrer pleinement, c’était sa passion après tout et il était assez doué là-dedans sans pour autant avoir pu bénéficier d’éducation dans ce domaine.
Parce qu’il ne possédait pas de pouvoirs magiques il n’avait pu se rendre à Poudlard et si ce choix paraissait logique, il n’avait pu bénéficier de tout un pan de la magie qu’il aurait pu étudier, comme certaines parties de la botanique ou de l’étude des créatures magiques, l’histoire de la magie et même l’astronomie. Il aurait aimé qu’on le laisse accéder à ce savoir, qu’on prévoit des établissements, pour les jeunes cracmols désireux de garder un lien avec la magie, en leur enseignant tout ce qu’ils pouvaient savoir dessus sans avoir à la pratiquer.
Il ne parla pas à Hermione de son idée, pas maintenant, il avait besoin d’y réfléchir un peu plus, mais il se verrait bien enseigner à des cracmols, ou même des moldus (puisqu’avec la levée du secret magique tout était possible) voulant en savoir plus dans les domaines leur étant naturellement accessibles. Avec la recherche c’était vraiment une de ses aspirations dans la vie.

Plongé dans ses rêveries, d’écoles imaginaires mais pourtant si réalisables et tout ce qui s’en suivait il avait raté une partie de la réponse d’Hermione. Tout ce qu’il ne voulait pourtant pas faire. Il se maudit intérieurement et se raccrocha comme il put au discours.


- Je vous prie de m'excuser, mais comprenez que les cracmols et les nés-moldus sont déjà reconnus au sein de cette République comme des individus égaux en droit, au même titre que les autres, ce qui n'était pas le cas avant aujourd'hui. Seriez-vous en train de rechercher votre identité, qui suis-je ? À quel monde j'appartiens ? Ma différence est-elle un atout ou un handicap voire une chose dont je devrais avoir honte ? S'agit-il de questions que vous vous posez, Monsieur ? Eh bien, croyez-le ou non, mais si l'on vous a dit que vous n'étiez rien, que vous ne valiez rien, ces gens se trompaient, car vous avez été confronté au racisme et à l'intolérance, comme moi...

Si les cracmols étaient déjà reconnus pleinement ce n’est pas ce qu’il avait pu comprendre lors de leur grande explication, si, vaguement par le discours de Mlle Granger ici présente mais rien de plus, pas vraiment mentionnés dans la constitution, ni même nulle part d’autre il s’était senti très seul il fallait le reconnaître.
Et évidemment qu’il recherchait son identité. Il n’avait toujours fait que ça. Il était tiraillé de partout et ne savait plus où se placer, c’est pour ça qu’il ne disait rien aux autres, il n’était même pas capable de s’accepter pleinement lui-même, comment les autres le pourraient ?
Mais il appréciait le geste de la fin, vraiment.


« Merci. »

Vraiment énormément. Parce qu’on ne lui avait jamais vraiment dis qu’il était mieux que ce qu’il pensait et qu’il se sentait bien sur le moment, juste à savoir que quelqu’un avait été capable de lui dire ça, comme ça. Et il voulait simplement la remercier. Et sans bégayer, sans trébucher, sans trembler, il réussissait à parler, parce qu’il n’avait pas besoin de réfléchir pour une chose comme celle-ci, il savait remercier correctement quand il le fallait, il n’était pas ingrat, pas tout à fait.

« J’ai en effet été confronté au racisme, c’est aussi pour cela que je viens vers vous en secret et je conçois que vous ayez pu être victime du même genre de violences gratuites.
Si j’ai rejoint la résistance c’est aussi parce que je savais que c’était ici que j’aurais le plus de chance d’être accepté pour qui je suis une fois que je me serais accepté moi-même. »


Et là il eut un rire nerveux. Parce que non, il ne s’était toujours pas accepté, il ne vivait pas en paix avec lui-même, sinon il ne vivrait pas caché. Même si Hermione avait dû le comprendre il s’était senti obligé de le dire, surtout pour lui, parce qu’il se rendait encore plus compte de la chose. Cette discussion faisait l’effet d’un début de thérapie sur lui parce qu’il osait pour la première fois dire des choses qu’il n’avait toujours fait que penser et ruminer, mais les dire les rendait réelles, il pouvait mieux les voir et les appréhender et surtout il se sentait mieux. Vraiment mieux. Il ne reprendrait pas de points de sa réponse, elle avait été claire, complète et surtout il voulait juste voir qu’elle était prête à l’aider, il avait eu sa réponse.

« Mais vous avez accepté de m’aider et plus encore vous m’avez écouté et je ne saurais jamais dire à quel point c’est important pour moi. Le fait que vous vous montriez si attentive signifie bien plus pour moi que ce que vous pensez. »

Il aurait pu partir mais il n’en ressentait ni le besoin ni l’envie. Il ne savait pas trop comment relancer la conversation mais il était parfaitement disposé à rester encore un peu ici, dans cet endroit où il savait qu’il était accepté pleinement pour qui il était.
C’était la première étape de son coming out et c’était très important pour lui, le point positif était qu’il n’avait pas eu besoin de le faire auprès de ses parents puisqu’ils avaient vu avant lui qu’il ne possèderait jamais de pouvoirs magiques.
S’il avait pu le dire à un membre du gouvernement, à une née-moldue qui plus est-il pourrait très bien l’annoncer à ses proches. Plus facile à dire qu’à faire mais au moins il avait de l’espoir.
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MessageSujet: Re: Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. EmptyVen 26 Déc - 8:02

"Si Harry Potter nous a appris quelque chose, c'est que personne ne devrait rester dans un placard" - JK Rowling - 16/12/2014

Ce personnage se tenait devant moi, l'air mal à l'aise, sans parvenir à se maîtriser. Mon sentiment, à dire vrai, était partagé entre la perplexité et une légère méfiance qui ne se lisaient absolument pas sur mon visage. Non, j'étais là, assise dans ce fauteuil à le fixer d'un air calme et posé, en me demandant si l'analyse préliminaire de son discours avait été la bonne, si effectivement Edern Jensen était à la recherche de son identité propre.

A la base, je ne me reposais sur aucun à-priori. Un cracmol était toujours victime de discrimination et de rejet par la société sorcière qui accordait une importance capitale à la magie, comme symbole de puissance et d'identité ethnique, dont le port d'une baguette magique avait toujours été un de leurs signes extérieurs.

L'idéologie puriste et ses divers courants s'était fondée - surtout à partir du XVIe siècle - sur l'idée selon laquelle un sorcier sans pouvoir magique ne serait pas un sorcier, ce qui se rapprocherait donc le plus d'un moldu ; d'un être humain sans pouvoir magique. Selon eux, les nés-moldus seraient une menace qu'il conviendrait de tenir à l'écart de la société pour raison de sécurité, parce qu'ils leur rappellaient une culture qu'ils avaient plagié à leur bénéfice, de manière sélective ou influencé bien avant l'édification du secret magique.

En somme, un cracmol serait un handicapé ne bénéficiant d'aucun droit tandis que les nés-moldus seraient des "voleurs de pouvoirs magiques" parce qu'aucun sorcier aux conceptions racistes et xénophobes n'admettrait qu'avant les incidents qui avaient émaillé notre Histoire - peu importe qui avait commencé - les moldus et les sorciers vivaient en harmonie jusqu'à l'apparition des premières religions monothéistes et notamment le Christianisme.

Le Conseil des sorciers - l'ancêtre du Ministère de la magie - avait été fondé en partie pour trouver des solutions pacifiques aux heurts de plus en plus fréquents entre des moldus apeurés et manipulés par leur religion, leurs dirigeants et par certains sorciers, mais il fallut attendre les persécutions commises à Salem pour que le monde de la sorcellerie ne se décidât à l'édification du secret magique international.

A l'époque du Ministre Fudge, le racisme anti moldu était alimenté par les rares familles au soit disant sang-pur, suffisamment riches et influentes pour semer le trouble dans les différentes catégories sociales afin de maintenir leurs privilèges, mais aussi pour semer la discorde chez les autres, alors que de plus en plus de sorciers s'entichaient davantage des moldus et de leurs originalités culturelles. Bien-sûr, tout cela prit fin à la chute du Ministère et à l'instauration du régime de l'Intendance.

Le purisme et ses dérivés n'étaient rien d'autre que des théories racistes basées sur des préjugés et des amalgames, tout en étant la base d'un ségrégationnisme et d'une politique xénophobe touchant toutes les couches de la société à des degrés divers. Mais alors, quelle pourrait donc être l'identité ethnique, culturelle, géographique, physique et linguistique d'un né-moldu et d'un cracmol ? Quelle serait donc leur identité propre ?

Tout d'abord, en observant ce Monsieur d'un air calme et posé, je me disais que c'était en recherchant à tout prix la différenciation que l'on suscitait le rejet de la part des autres, que l'on radicalisait une pensée qui pourrait conduire à la haine envers une communauté en raison de sa pensée, de ses origines, de son sexe, sa religion, son apparence physique ou de tout autre critère arbitraire. Tout le contraire d'une intégration réussie, respectant malgré tout le droit à la différence et à ne pas être persécuté sur l'un de ses motifs.

Ensuite, pourrait-on parler d'identité ethnique, culturelle et linguistique pour les nés-moldus et les cracmols ? Oui et non puisque tout deux étaient coincées entre deux cultures et pour des raisons différentes : l'une sorcière et l'autre moldue. Ils appartenaient - qu'on le veuille ou non - aux deux, bien que ce choix puisse être librement consentis. Après tout, tout deux possédaient une culture, une Histoire, une langue, un territoire, des traditions et des moeurs qui avaient été imprégnées par ces deux cultures et qui seraient plus proches qu'on ne voudrait bien l'admettre.

Les discriminations dont faisaient l'objet ces deux catégories étaient injustes et intolérables, mais elle n'en faisaient pas - à mes yeux - des peuples puisque sans le purisme nous ne serions pas en train d'y réfléchir. Dès lors, les propos de ce Monsieur Jensen sonnaient à mes oreilles comme une ambiguïté, comme l'aveu qu'il n'avait pas réussi à se dépêtrer de la pensée puriste, qu'il n'avait pas encore trouver sa place dans la société. Seulement, sa façon de voir les choses me semblait trop radicale et peu partagée par une communauté qui espérait autre chose que de voir cette République instaurer une forme insidieuse de ségrégationnisme.

Par identité physique, j'entendais par là que les moldus, les sorciers, y compris les nés-moldus et les cracmols étaient fait des mêmes gênes, qu'ils possédaient une apparence proche, qu'ils appartenaient tous à la catégorie des Êtres humains. Par contre, lorsque vous jugiez un individu sur sa couleur de peau, son handicap, la couleur de ses yeux ou de ses cheveux, sur ses origines, en niant son existence ou ses droits ou sur toute autre différence, vous créez une discrimination que cette République et son Ministre de la Justice ne sauraient tolérer, puisque contraire aux valeurs Républicaines, aux droits de l'Homme, à l'idée que tous étaient nés égaux en droit.

Les cracmols étaient dans la même position que les nés-moldus aujourd'hui : la majeure partie voulaient obtenir la reconnaissance de leurs droits, une protection contre les discriminations, la capacité de pouvoir s'intégrer dans la société, de s'intégrer parmi les élites qui les avaient pourtant rejeté, persécuté et exterminé depuis que Jedusor avait dérobé le Pouvoir. En niant leur propre héritage, ces deux communautés nieraient leur propre existence, ce qui serait stupide. En réalité, je pensais que tant qu'aucun d'entre nous ne parviendrait à s'accepter, à être fier de ses différences et sans aide pour se reconstruire humainement, en sachant que la Constitution ne reconnaissait qu'un seul peuple Britannique, composé de tous ses citoyens sans distinction, nous en serions encore à penser comme ce Monsieur Jensen.

Le fait d'avoir une double culture, une double identité n'était pas un problème pour moi, puisque je savais que chaque culture avait été influencée par les autres, qu'elle entretenait des relations avec les autres. Pour moi, un Anglais, un Gallois, un Ecossais ou un Irlandais d'origine Indienne ou Chinoise - né ou non en territoire Britannique - était un individu à part entière, non quelqu'un d'incomplet, d'anormal. Penser le contraire serait raciste, contraire aux droits fondamentaux et à la Constitution. Bien entendu, je n'avais rien contre le communautarisme, tant qu'il ne se manifestait pas à l'excès pour détruire les valeurs Républicaines et l'unité de la Nation. Je lui préférais l'auto-émancipation sociale.

Je vis cet homme en face de moi s'installer sur sa chaise, hésiter, se reprendre et me confier sa propre vision des choses ainsi que ses espérances. J'aurai aimée que Minerva fusse là, car c'était son rôle de Ministre de défendre les intérêts des sorciers, bien que nous parlions ici d'un individu dont personne ne s'était soucier avant moi. En tout cas, s'il pensait que j'allais trahir sa confiance, ce Monsieur se trompait, car j'avais la réputation d'être très fiable et même au-dessus de tout soupçon. Quant à la vengeance mesquine et sournoise, oh, disons que cela dépendait du préjudice et de la manière de restaurer la Justice, mais de là à commettre un meurtre ou à agir de manière déloyale, ça jamais.

Oui, j'étais à l'écoute, neutre, sans le juger. Il aurait pu dire des choses que je n'appréciais ou ne tolérais pas, tant qu'il ne s'agissait pas d'une atteinte à l'honneur ou d'un outrage à magistrat, disons que j'en avais vu d'autres. Mon travail consistait à défendre notre conception de la Justice, mais aussi les valeurs Républicaines et - oserais-je dire - l'honorabilité de ce Gouvernement. Je le vis - bien-sûr - se tordre nerveusement les mains sans cesser de me fixer du regard. Mes première paroles semblèrent l'avoir rassurer.

Non, on ne changeait pas la manière de penser d'un peuple ainsi, du moins pas lorsque l'on proposait quelque-chose en sous-entendu qui risquait d'ouvrir la porte à un excès de communautarisme, à la fragilisation des valeurs Républicaines et à l'instauration insidieuse et progressive d'une ségrégation. A partir de là, pourquoi fonder un tel régime si en fin de compte nous nous comportions comme ceux contre qui nous luttions ? Car en dépit de ce que ce Monsieur semblait croire, j'étais disposée à changer les choses, pas à me faire avoir par un tour de passe passe linguistique.

Ce que j'avais dit était sincère, basé sur des études qui avaient eu lieu en Europe avant l'apparition du régime de l'Intendance. Seulement, je ne voulais pas me contenter d'analyses, de pourcentages, de sondages, de projections et aller savoir quoi d'autres puisque c'était ainsi que l'on déshumanisait son travail, que l'on créait d'une certaine manière de l'injustice et des erreurs de jugement, surtout lorsqu'il fallait prendre en compte les fraudeurs jusqu'au plus haut échelons de la société. Je n'étais pas dupe : une société et une Justice plus justes et équitables, cela passait forcément par la responsabilisation de tous, par le refus de l'hypocrisie. Certains auraient beau parler de pragmatisme et aller savoir quoi d'autre, lorsque l'argent et les relations se mêlaient à l'affaire, il arrivait bien des surprises.

Je n'avais rien d'une personne naïve. Je savais que les ambitions personnelles, les complots, l'argent et d'autres choses pouvaient se montrer aisément corrupteurs. Je ne voulais devenir ni Premier-Ministre ni Chancelier, mais rester à la Justice pour des raisons qui dépassaient de loin ma propre existence. L'avenir de la résistance et la conduite de cette guerre, je ne les oubliais pas ; pas plus que je n'oubliais mon statut d'Indésirable numéro 2. Mais pour moi, ce Monsieur Jensen n'était pas une bête de foire contagieuse, pas comme certains le feraient avec les lycans. Mon job était de défendre les droits individuels et collectifs de chacun.

J'étais prête à faire de la digression en lui parlant de parents cherchant à imposer leurs valeurs à leurs enfants, qui refusaient de voir leur fille s'amuser avec des vêtements ou des jouets pour garçon, de voir ces derniers s'intéresser aux poupées ou au vernis à ongles. Les conventions et les préjugés avaient la vie dure alors qu'il conviendrait de leur laisser une certaine liberté pour explorer leur individualité et leur potentiel, pour se construire une identité personnelle qui n'appartiendrait à nul autre. Pour ma part, j'étais une féministe, mais je pensais aux hommes qui ne pouvaient pas exprimer leurs sentiments en public de peur de passer pour des faibles ou pire encore, parce que pour un bon nombre aucun d'eux ne pourrait assumer cette sensibilité - certains parleraient de féminité - qu'on le leur reprocherait.

Ce problème n'était guère différent des autres. Les gens n'avaient pas à juger ni à être forcer à suivre un quelconque stéréotype. La loi ne devrait pas avoir à légiférer sur ces questions, sur ce qui relèverait de l'identité personnelle, de la vie privée. Oh, un certain nombre se sentirait choqué par ma vision des choses, car nous vivions dans un monde où les gens avaient un avis sur tout, où ils prétendaient être tolérants alors qu'à la moindre revendication la tyrannie du nombre et du soit disant bon sens l'emportait sur des minorités persécutées. Voyez-vous, j'étais une femme, intelligente, brillante, une née-moldue, une résistante, une ancienne Gryffondor, une amie de Harry Potter, une féministe, quelqu'un de fort, l'Indésirable numéro 2 et votre Ministre de la Justice. Rien que la preuve vivante que les théories fumistes de Serpentard n'étaient que du baratin.

Je savais qui j'étais, j'acceptais mes différences avec fierté, comme un atout. J'assumais mon héritage, ma loyauté envers mes amis et mes convictions. Mais plutôt que de sombrer dans la haine, le racisme et les forces du Mal, je me battais pour exister, pour défendre les autres, même ceux qui ne m'aimaient pas. Allez vers les autres, Monsieur Jensen, avais-je envie de dire. Apprenez à les connaître, à respecter ce qu'ils sont. Vous seriez bien surpris de découvrir qu'ils ne sont pas forcément des bêtes assoiffées de sang ni des gens vivants dans un placard. Bien-sûr, j'aurai eu envie d'ajouter : J'ignore si mon point de vue est le bon, même si je me sent coincée entre le républicanisme et le libéralisme politique. Je pense que cette question mériterait un débat, que cela risquerait de mettre le feu à cette République, si l'on considère les autres problèmes ethniques que nous aurons à résoudre, mais rien ne vous empêche, avant toute chose, d'en discuter avec moi, d'échanger nos arguments et de tenter calmement d'envisager un compromis. Croire qu'une identité repose sur quelque-chose d'unique, d'homogène n'est qu'une illusion, car elle se construit comme un puzzle et hélas, c'est en pensant comme les puristes que bien des exactions sont commises. L'identité est une somme de différences. Rien d'autre.

Oui, je prônait l'égalité au sens large, pour tout le monde, tout le temps, partout et j'étais prête à entendre les suggestions de cet homme, s'il en avait. L'ennui lorsque l'on gérait un pays tout entier et non une portion de celle-ci, comme à l'heure actuelle, c'est que les responsables passaient de plus en plus de temps à se justifier, à comploter et à penser à leur avenir politique, qu'à songer à résoudre les problèmes individuels des gens ; ce qui était impossible puisqu'un Ministre se devait de déléguer et ne faire aucun favoritisme. L'avantage de ma fonction à l'heure actuelle, c'était que je pouvais recevoir tout le monde - même du courrier - afin que mes services puissent faire leur travail. Mais devant ce communautarisme étroit (fonder une communauté né-moldu qui existait déjà me semblait déjà saugrenue), il était préférable de défendre l'idée qu'une société se composait de multiples communautés qui s'entrecroisaient sur un même territoire. Il fallait éviter le piège d'un enfermement, celui de l'autosatisfaction qui consistait à se complaire dans sa propre revendication et à ne plus voir comment était le reste du monde.

Les mesures que je proposais - en faveur de la discrimination positive - devaient être débattues avec Minerva, avec le Premier-Ministre puis avec l'Assemblée. Elles étaient intéressantes, bien qu'imparfaites. Autant ne pas mentir. Changer les moeurs passait par l'éducation, par les valeurs transmises au sein du cocon familial. Là se posait un autre problème : celui des divorces, des familles recomposées, des familles mono parentales, des couples homosexuels. Comme quoi le problème né-moldu et cracmol était loin d'être mon seul soucis. Au risque de choquer là encore, je pensais que lorsque l'on voyait des stars adopter des orphelins - y compris étrangers - avec plus de facilité que les autres, alors que l'on refusait à un orphelin la possibilité d'espérer un peu de bonheur et une vie meilleure sous prétexte que ses parents n'étaient pas composés d'un homme et d'une femme. Que pourrait t-on dire d'autre ?

Monsieur Jensen haussa les épaules lorsque je lui fis comprendre qu'un cracmol - comme un né-moldu - était libre de choix, que personne ne pouvait leur imposer une identité sorcière ou moldue, puisque de toute façon, les deux étaient présentes. Le contraire m'aurait étonnée. Son opinion n'engageait que lui et je persistais dans cette analyse, notamment parce que j'y voyais l'expression d'un rejet, sans doute involontaire, mais qui existait malgré tout. Vouloir à tout prix s'insérer dans une case était le signe que quelque-chose n'allait pas - pardonnez-moi - car il n'y avait aucun mal à être différent, selon mon point de vue. Et c'était l'un des points qu'Edern refusait d'admettre, alors qu'il ignorait que je souffrais d'un complexe d'infériorité et d'une phobie sociale liée avec ce que j'avais vécu plus jeune.

Je ne le jugeais pas sévèrement. Je ne me moquais pas de lui, je l'écoutais, tout simplement. Je n'étais pas certaine d'avoir raison, mais je me disais qu'en l'aidant à définir son individualité, à lui fournir un but dans la vie, à lui donner la possibilité d'exprimer son talent - à condition d'être intégré et de le voir faire preuve de courage pour s'intégrer - il finirait par changer d'avis ou tout au moins par être moins radical. Je me disais aussi qu'en ayant de bons amis, capables de le conseiller, de lui montrer certaines choses, comme ce fut mon cas, cela lui donnerait matière à réfléchir. En tout cas, j'essayais de rester la plus ouverte possible.

Evidemment, en dehors de ma personne, aucun membre du Gouvernement n'avait eu de discours aussi large que moi, en mentionnant tout le monde, car pour moi il ne faisait aucun doute que chacun se ferait une idée de la Constitution et chercherait à vérifier si oui ou non ce Gouvernement serait bel et bien au service de tous. Bien-sûr, j'avais fait mouche chez ce jeune homme qui recherchait son identité et des réponses à ses questions. Mon but n'était pas de mentir, même si cela devait m'attirer de l'inimitié. C'était sans doute stupide pour une politicienne qui ne chercherait qu'à brosser les gens dans le sens du poils, à prendre ses précautions sans trop s'exposer et en comptant sur une éventuelle réélection, mais pas moi.

Ce Monsieur Jensen me semblait agiter sur son siège, sans trop savoir quoi me répondre, mais il finit par dire quelque-chose qui me scotcha au mien, sans qu'il n'ait eu l'occasion de s'en apercevoir :

« Merci. »

Je... En fait, je m'attendais à tout sauf à ça. Mais c'était tout moi, moi qui attendait forcément le pire dans ce genre de situation. Je pensais que cet homme était venu pour se plaindre, pour m'en mettre plein la figure, jusqu'à me reprocher mes origines, ma naissance et peut-être même les bêtises de Ron. En tout cas, ce que j'avais dit, je le pensais. Nous avions tous un talent, en bien ou en mal, et je me demandais quel pouvait bien être celui de ce Monsieur. Au sein de mon Ministère, je ne voulais recruter que sur les compétences et la moralité. Le fait de pratiquer ou non la magie n'entrait pas en ligne de compte.

« J’ai en effet été confronté au racisme, c’est aussi pour cela que je viens vers vous en secret et je conçois que vous ayez pu être victime du même genre de violences gratuites.

Si j’ai rejoint la résistance c’est aussi parce que je savais que c’était ici que j’aurais le plus de chance d’être accepté pour qui je suis une fois que je me serais accepté moi-même. »
, me dit-il en concluant ses propos par un rire nerveux.

"- Mon honnêteté me pousse à vous dire que la Résistance - ou cette République - attire toutes celles et ceux qui n'ont plus rien à espérer de l'Intendance. Il y a du bon comme du mauvais. Je sais que pour beaucoup la méritocratie est souvent perçue comme une supercherie, que les politiciens ont toujours déçus, qu'en fin de compte ce qui permet à un individu de s'en sortir réside dans sa fortune et ses relations.

Si je vous ai parlé de discrimination positive, c'était pour vous faire comprendre que notre bonne volonté ne suffira pas. Regardez-moi... Je suis Ministre dans un Gouvernement qui prône l'ouverture et la parité. Et d'après ce que j'ai pu comprendre, notre Premier-Ministre n'est pas du genre à apprécier l'inégalité ou les coups tordus. Mais combien y a t-il de gens au sein de cette résistance à critiquer ma nomination sur le simple fait que je sois née-moldue, l'amie de Harry ou la petite-amie de Ron, ou bien encore à posséder d'autres préjugés, hm ?

Aucun d'eux ne s'est dit : mince ! En tant qu'Indésirable numéro 2, membre dirigeant de l'Ordre du Phénix et née-moldue, elle doit en baver ! La pauvre ! L'indifférence est l'un des problèmes. Mais cessons de parler de moi pour parler de vous. Effectivement, je me suis doutée que vous éprouviez le besoin de savoir qui vous étiez et de vous accepter. Rien de plus normal. J'ai connu d'autres personnes qui ont vécu la même chose que vous."


Là, derrière ma barrière mentale j'aurai pu penser à Remus Lupin.

« Mais vous avez accepté de m’aider et plus encore vous m’avez écouté et je ne saurais jamais dire à quel point c’est important pour moi. Le fait que vous vous montriez si attentive signifie bien plus pour moi que ce que vous pensez. »

J'acquiesçais en hochant la tête de bas en haut.

"- En fait, j'ai toujours pensé qu'un bon ami suffisait à résoudre pas mal de choses. Je sors de mon rôle de Ministre en vous disant cela, mais en comptant sur ma discrétion, comme un client s'adressant à son avocat, si vous souhaitez me parler de votre enfance, de votre adolescence et de votre vie d'adulte, peut-être cela vous aidera t-il à y voir plus clair. Quoi qu'il en soit, ceci restera secret.

Si, d'un point de vue juridique, vous souhaitez me transmettre vos idées, n'hésitez pas.

Puis-je vous demander quelles sont vos passions et ce que vous auriez aimer faire s'il n'y avait pas eu cette guerre ?"


Je ne savais jamais comment faire la connaissance de quelqu'un sans avoir l'air d'une idiote. Cela avait toujours été quelque-chose de difficile et de délicat chez moi. La plupart du temps, je me murais dans le silence, à la bibliothèque ou ailleurs, en ne songeant qu'à mon avenir, qu'à être comme il fallait, en évitant de penser à ma solitude et à ma souffrance. Si Ron et Harry m'avaient appris une chose c'était la valeur du courage, de l'amitié, le sens du sacrifice, de la solidarité et la manière de contourner le règlement afin de faire ce qui était justifiée. Tout était une question de point de vue, je ne pensais n'avoir jamais mal agi ou si peu, mais s'il était certain que je possédais certaines des qualités et des défauts propres aux quatre maisons de Poudlard, si le Choixpeau s'était décidé à m'expédier chez les Gryffondor, ça n'avait pas été uniquement parce-que je voulais être parmi les meilleures...

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. EmptyDim 22 Fév - 15:29

Sans pour autant être parfaitement détendu, on pouvait dire que le cracmol se sentait déjà plus en confiance. Le calme et la logique d’Hermione y étaient sans doute pour quelque chose. Lui qui était arrivé, presque tremblant comme une feuille, pas capable d’articuler correctement ses mots où de faire des phrases sophistiquées se sentait un peu mieux, il parlait sans bégayer et se laissait moins impressionner par tout ce « je parle avec un membre du Ministère ». Il en fallait peu pour l’impressionner, ça avait toujours été comme ça. Il lui était absolument impossible de cacher ce qu’il ressentait, on lisait en lui comme dans un livre ouvert. S’il essayait de se montrer digne de confiance quand quelqu’un lui disait un secret il savait déjà que s’il était torturé physiquement mais surtout psychologiquement, il craquerait forcément, il n’avait pas la force mentale ou le courage d’un Gryffondor. Il se savait prêt à se battre à risquer sa vie pour ce à quoi il croyait et pourtant il avait peur de ne finalement pas être si digne de confiance que ça. S’il n’était pas roublard et qu’il ne chercherait certainement pas à aller raconter toute la vérité de son plein gré en échange d’une remise de peine ou d’une immunité (il avait cessé d’être attiré par les objets qui brillent depuis plusieurs années) il savait la torture plus forte que sa résistance mentale.
Il savait aussi qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour résister. Tout simplement.

Il entendait, comprenait les mots qu’elle disait, digérait le tout mais rien ne s’imprimait tout à fait profondément. Il comprenait bien qu’elle voulait que tout le monde soit libre de faire ce qu’il veut et que personne n’ait jamais à choisir une case ou à y être mis de force. Mais lui ne pensait pas comme ça et ne changerait pas d’avis de sitôt. Comment le pourrait-il ? Il avait baigné dans cette famille de sang-mêlés, qui se prenaient pour des sang-purs, qui lui avaient toujours tous reproché parce qu’il était cracmol. Il avait tout perdu à cause de sa condition, même celle qu’il avait considéré à tort comme la femme de sa vie alors qu’elle n’était fondamentalement pas différente des autres et cependant, bien ironiquement, il avait aussi tout gagné, des amis loyaux, des compétences qu’il n’avait jamais imaginé posséder, une certaine notion de la liberté, une cause pour laquelle se battre. Cela faisait 15 bonnes années qu’il s’était enfui de chez lui mais les 20 premières années de sa vie qu’il avait passé là-bas le marquaient encore et ne cesseraient jamais de le marquer, il ne pourrait jamais l’oublier, car il oubliait qui il était et surtout comment et pourquoi il en était arrivé là et se tenait aujourd’hui devant Hermione Granger, née-moldue, indésirable n°2, brillante Gryffondor et tête pensante de l’Ordre du Phénix. Il arrivait à la regarder sans ressentir un profond dégoût, sans que les préjugés si bien rentrés dans son crâne à coups de marteau à cause de ses parents ne ressortent et qu’il ne la traite de voleuse de magie. Il avait tendance à remettre la faute sur les autres en ce qui concernait sa condition, sinon il finissait par se détester encore plus. Et pourtant, ce n’était la faute de personne, pas celle d’Hermione, pas celle d’Edern, pas celle du gouvernement, pas même celle de ses parents, qui, s’ils avaient pu choisir d’avoir un fils aîné avec des pouvoirs magiques l’auraient fait sans aucun hésitation. C’était le ‘hasard’, pas trop de chance et voilà. Mais il lui fallait quelqu’un à blâmer. Il ne pouvait vivre en se disant que ce qu’il avait subi plus jeune était juste la faute à pas de chance, qu’il fallait l’accepter et aller de l’avant. Jamais de la vie. Comment pourrait-il ? Peut-être reprendrait-il ses bonnes vieilles habitudes en sortant du bâtiment mais pour le moment il ne pensait même pas à ses préjugés et se concentrait sur ce pourquoi il était là, à savoir absolument pas blâmer Granger pour tout et n’importe quoi, même lui, pas doué pour manipuler les gens ou être fin en règle générale savait pertinemment qu’insulte quelqu’un n’était pas le meilleur moyen pour le faire écouter vos propositions, aussi bonnes soient-elles. Lui-même n’accorderait pas de second regard à une personne se montrant désobligeante et violente avec lui s’il se trouvait dans le siège de la demoiselle. Et même s’il n’était pas elle, n’était pas dans sa tête, il ne voulait pas risquer de perdre ce climat plutôt agréable même si un peu tendu (surtout à cause de lui) à cause de mots de travers.

Il était satisfait d’avoir trouvé quelqu’un qui le comprenne, au moins partiellement, ça ne lui était pas arrivé depuis des lustres. Voilà pourquoi le merci était sincère et sans arrière-pensée, juste un remerciement, parce qu’il estimait que c’était la moindre des choses. Il était un enfant de bonne-famille, peut-être pas de sang-pur mais le train de vie que menait sa famille n’en était pas loin du tout, ils avaient toujours compensé pour ces tâches noires dans l’arbre généalogique qui avaient privé ses descendants de pouvoir un jour se voir attribuer le précieux sésame. Lui était bien loin d’être concerné par ça même si parfois durant les dîners le soir, au début quand il était presque bienvenue à table, la faute était rejetée sur ces parias, ces moldus qui forcément, même si morts depuis longtemps, devaient être responsables de tout ce mal, comme une punition divine.



« - Si je vous ai parlé de discrimination positive, c'était pour vous faire comprendre que notre bonne volonté ne suffira pas. Regardez-moi... Je suis Ministre dans un Gouvernement qui prône l'ouverture et la parité. Et d'après ce que j'ai pu comprendre, notre Premier-Ministre n'est pas du genre à apprécier l'inégalité ou les coups tordus. Mais combien y a-t-il de gens au sein de cette résistance à critiquer ma nomination sur le simple fait que je sois née-moldue, l'amie de Harry ou la petite-amie de Ron, ou bien encore à posséder d'autres préjugés, hm ?

Aucun d'eux ne s'est dit : mince ! En tant qu'Indésirable numéro 2, membre dirigeant de l'Ordre du Phénix et née-moldue, elle doit en baver ! La pauvre ! L'indifférence est l'un des problèmes. Mais cessons de parler de moi pour parler de vous. Effectivement, je me suis doutée que vous éprouviez le besoin de savoir qui vous étiez et de vous accepter. Rien de plus normal. J'ai connu d'autres personnes qui ont vécu la même chose que vous. »


Elle avait l’air d’avoir de l’expérience dans le domaine. Mais surtout, après cette prise de parole, Edern se sentit profondément désolé pour elle, car il savait ce que c’était que de faire face à des gens qui persistaient à ignorer votre souffrance, à faire comme si elle n’existait pas, à vous déshumaniser pour mieux vous torturer par la suite. Elle comprenait ça, elle le vivait tous les jours, encore maintenant, probablement même plus maintenant, en tant que partie du gouvernement, votre personne était souvent ignorée pour que les gens puissent se concentrer seulement sur la façade, partie intégrante de ceux qui dirigent. Peut-être que les gens avaient tendance à oublier qu’elle n’était pas juste un visage pour le département de la Justice, qu’elle était, elle aussi, un être humain avec des sentiments, des regrets et des blessures, lui-même l’oubliait parfois, mais là il comprenait, qu’elle était blessée à l’intérieur, un peu comme eux tous, ils ne s’étaient pas tous retrouvés dans la Résistance par hasard, ils avaient essuyé des échecs, des humiliations, la vie leur en avait fait baver de l’autre côté et ils cherchaient un coin de mieux ici tout en essayant de faire en sorte que ce coin devienne la Terre entière, qu’ils n’aient plus à souffrir comme dans le passé.

« - En fait, j'ai toujours pensé qu'un bon ami suffisait à résoudre pas mal de choses. Je sors de mon rôle de Ministre en vous disant cela, mais en comptant sur ma discrétion, comme un client s'adressant à son avocat, si vous souhaitez me parler de votre enfance, de votre adolescence et de votre vie d'adulte, peut-être cela vous aidera-t-il à y voir plus clair. Quoi qu'il en soit, ceci restera secret. »

Un bon-ami. Il avait sincèrement cru posséder ça avant, une petite-amie même, tout ça en la personne de Mary. Puis la suite est toujours la même une trahison, un cœur brisé, peut-être même deux, il lui laissait le bénéfice du doute et i se révélait être plus seul que jamais. Oh il avait sa sœur, sa douce jumelle, la prunelle de ses yeux, pas cracmol comme lui peut-être mais d’une gentille et d’une douceur infinies. Elle l’avait aidé à surmonter bien des choses, peut-être aurait-il renoncé à la vie depuis un certain si ce n’avait été pour elle. Puis elle avait disparu. Morte. Son monde s’était effondré, il se retrouvait de nouveau seul et pour lui, c’était comme si toutes ces années d’entraide n’avaient pas existées. Il s’était enfui et avait trouvé un endroit où on l’accepte, même s’il devait dissimuler certaines choses de son passé. De toute manière là où il avait atterri les gens ne se souciaient pas de votre passé, c’était le principe, tout ce qui comptait était ce que vous pouviez faire dans le présent. Même le futur ne comptait pas tellement. Il avait passé plusieurs années dans la rue, à apprendre l’art du combat, comment se servir d’une arme, comment esquiver, il s’était perfectionné, avait noué de profond liens avec ses différents mentors, il ne pouvait pas tellement les appeler des amis mais ce qui était sûr c’est qu’ils l’avaient bien aidé et qu’il ne serait pas où il est ou même ce qu’il est aujourd’hui si ce n’était pour eux. Son premier véritable ami depuis qu’il avait quitté la maison fut Sheldon et bien sûr sa fille, Banshee. Mais plus que des amis ils étaient devenus sa famille puisqu’il avait perdu la sienne depuis longtemps. Il n’avait pas tellement d’ami à proprement parler dans la résistance, il s’entendait bien avec plusieurs membres mais sans plus, ses autres relations étaient plutôt neutre. Mais il ne pouvait pas dire qu’il n’avait jamais connu des gens qui l’avaient aidé à avancer dans la vie, à traverser les épreuves sans se laisser submerger, à progresser et peut-être un jour à s’affirmer. Peut-être. Mais il ne savait pas s'il pouvait affirmer qu'un ami était tout ce dont il avait besoin dans la vie.

Il se laissa presque tenter par la proposition d'Hermione, réellement mais il se reprit au dernier moment et décida que non, il ne voulait pas partager son enfance. Son peu d’amour pour le sang de la jeune-fille joua probablement un grand rôle dans cette décision, avec le fait qu’il lui était douloureux de revivre son passé en le racontant à une autre personne. Et pourtant il aurait pu le faire, elle était probablement la seule personne ici à être au courant de sa condition, il aurait pu en profiter pour se laisser aller et rendre toute cette souffrance mais il était bloqué. Même s’il savait qu’il n’aurait probablement pas de sitôt une aussi belle occasion d’expliquer comment il en était arrivé là.


« - Si, d'un point de vue juridique, vous souhaitez me transmettre vos idées, n'hésitez pas. »

Oh. Il avait bien une autre idée. Il ne pensait pas que ce soit immédiatement applicable et les membres du Gouvernement avaient probablement mieux à faire pour le moment que de se soucier de ça mais si Hermione voulait le garder dans un coin de sa tête pour le transmettre en temps voulus, c’était peut-être une bonne idée de le partager maintenant.

« Hmm. Je pensais à une sorte de devoir de mémoire, que tout le monde se souvienne toujours de ce pour quoi nous nous sommes battus, de ceux qui sont morts ou qui ont souffert pour cette liberté. Une journée dédiée peut-être. Je ne sais pas. Mais ce n’est peut-être pas le bon moment pour se soucier de ça. »

Peut-être pas. Mais en tout cas il avait balancé son idée, les cartes étaient dans la main d’Hermione, à elle de décider ce qu’elle voulait en faire.

« - Puis-je vous demander quelles sont vos passions et ce que vous auriez aimé faire s'il n'y avait pas eu cette guerre ? »

Étonnement il était déjà plus enclin à parler de sa passion plus que de son passé même si les deux étaient étroitement liés. Il n’aurait probablement jamais éprouvé tant d’intérêt pour l’Histoire sorcière comme moldue s’il était né avec des pouvoirs magiques.

« J’ai bien une passion, depuis toujours ou presque. Je suis un grand amoureux d’histoire, sorcière comme moldue. » Il hésita un moment puis se lança pour continuer. « C’est … Ça a toujours été ce qui me permettait de faire un pont entre les deux civilisations, entre ces deux groupes auquel j’appartiens. C’est surtout une des seules disciplines magiques que je peux étudier sans avoir besoin de quelconques pouvoirs. »

C’était aussi simple que ça. L’histoire lui permettait de compenser. Et surtout de se sentir moins seul en trouvant d’autres cas comme lui. Il aurait bien aimé pouvoir devenir enseignant. Un cracmol enseignant dans une école de magie ce serait nouveau. Dans une école moldue peut-être, maintenant que le secret magique avait éclaté en morceaux. Mais comme rien de tout cela n’était accessible pour lui maintenant, parce qu’il n’avait pas de diplômes mais surtout parce que le gouvernement ne le laisserait pas faire, il se contentait sur la recherche. Il n’avait peut-être pas de diplômes mais il était certain que ses connaissances en matière d’histoire étaient au moins aussi grandes que n’importe quel étudiant d’histoire de la magie, il n’avait cessé de lire sur le sujet, il suivait l’actualité, les nouvelles recherches des historiens, il s’efforçait de rester à la page et surtout de toujours en apprendre plus. Chose qu’il faisait sans effort, il n’en avait pas besoin, il avait la passion et sa soif de connaissances de son côté.
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Hermione Granger Origins
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Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Empty
MessageSujet: Re: Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. Battre le fer tant qu'il est encore chaud. ~ Hermione G. EmptyMar 17 Mar - 21:35

"All I can do is follow my instincts, because I’ll never please everyone." - Emma Watson (2015)

A mesure que notre conversation progréssait, j'avais noté chez Edern une attitude plus détendue et en confiance. Seulement, je n'avais pas oublié sa maladresse du début de rencontre, ses mains tremblantes et cet air qui traduisaient chez lui un certain respect pour ma fonction, parce que je lui avais accordé une attention et un respect que l'on ne lui avait que rarement montré, en tout cas parmi les sorciers. Et tandis que je l'observais avec intérêt en écoutant avec attention ses propos, je savais que l'instant était très important, surtout à ses yeux, au point qu'il avait du se demander comment défendre ses positions au meilleur de ses intérêts devant quelqu'un qui ne lui voulait aucun mal, mais qui pourrait fort bien abuser de sa gentillesse ou de sa crédulité pour faire valoir son propre camp ou maintenir une inégalité de fait qui durait depuis des siècles; sauf que c'était là tout ce que je ne souhaitais pas faire, car cela n'aurait pas été juste ni honnête.

Il existait chez cet homme quelque-chose qui m'incitait à la plus grande prudence. Je voulais le voir s'exprimer sans crainte, sans retenue, avec ses arguments, sans se contenter des miens puisque contrairement aux puristes, je ne cherchais pas à le piéger insidieusement afin de vérifier si tout était conforme à la pensée officielle et à la politique de son Gouvernement. Je voulais l'encourager à s'exprimer librement, sans crainte de représailles, tant qu'il ne me menaçais pas. Je voulais le convaincre, non le forcer à adhérer sous peine de représailles. Oui, j'étais disposée à l'entendre me reprocher mes pouvoirs magiques, ma condition et toutes ces choses que l'on s'attendait forcément à trouver chez une née-moldue, lorsque l'on était aveuglé par des préjugés, un manque cruel d'ouverture d'esprit et d'éducation. J'avais connu tellement pire et je n'étais pas au bout de mes peines. Mais si je devais finir par lui proposer quelque-chose, je voulais que ce choix soit librement consenti, sans lui dissimuler d'informations qui lui feraient regretter sa décision.

Je voulais qu'il sache que désapprouver son Ministre, son Gouvernement, sa politique, ne ferait pas de lui un ennemi qu'il conviendrait de "rééduquer" tant qu'il ne complotait pas contre des représentants de l'autorité publique, des individus élus ou nommés de manière démocratique, tant qu'il n'agirait pas de façon contraire aux intérêts fondamentaux de la Nation, dans l'irrespect le plus total. M'insulter n'aurait pas été intelligent, mais si je devais aborder moi-même ces préjugés, je le ferai sans hésitation, parce que je n'avais pas peur de me confronter à la haine et à l'obscurantisme. En quoi croyait-il en dehors de cela ? A des inepties et des contradictions ou à des choses dignes d'intérêt ? Tenter de comprendre quelqu'un, établir une passerelle de compréhension entre nous, ça ne consistait pas qu'à l'observer, lui et ses manières, à discuter un peu avec lui afin de définir son système de valeurs, à tenter de nous trouver des points-communs. Si je voulais changer les choses, je ne devais pas céder au tabou, enfouir ces questions délicates en pensant qu'elles se résolveraient d'elles-mêmes. De toute façon, je n'espérais pas obtenir l'adhésion de tous.

L'ennui c'était qu'Edern me semblait influençable et je me refusais à profiter de lui afin qu'il adhère à mon discours sans esprit critique, sans réfléchir, sans peser mes arguments et les confronter, si possible avec d'autres. Cela n'était pas obligée de me plaire, mais dans une démocratie, où le débat d'idées tenait une place centrale, il fallait argumenter dans le respect des convictions de chacun, même lorsque cela semblait difficile, en acceptant que les décisions soient prises après discussion et réflexion devant une Assemblée élue ou par un Ministre investis d'un mandat officiel. On pouvait ne pas être d'accord, se mobiliser afin de débattre, pour essayer de convaincre, de manifester dans le respect de l'ordre républicain, mais en aucun cas la menace, la corruption et la violence ne devaient être employées. C'était aussi la même chose avec les manifestations pouvant troubler l'ordre public, lorsque l'une d'entre elles ferait l'apologie du racisme, du terrorisme ou risquerait de provoquer des dommages aux personnes et aux biens. Evidemment, dans une dictature, les choses se déroulaient de manière diamétralement différentes. Il aurait été comique de retrouver ces choses lorsque la pluralité des opinions et des individus n'existaient plus.

Je ne lisais aucun dégoût ni aucune haine sur son visage, mais bien qu'il avait choisi de ne pas répondre à mon invitation à en dire plus sur sa vie afin de me permettre éventuellement de l'aider à trouver des pistes pour résoudre ses problèmes - ce que je respectais - je me demandais si le fait de craindre que l'on sache qu'il pouvait être un cracmol ne cachait pas davantage qu'une honte, mais autre chose, comme des mauvais traitements durant son enfance, ce dont j'étais à peu près sûre. Car oui, ces parents portaient une responsabilité qui n'était pas due à la génétique, mais aux mauvais traitements qu'il aurait pu recevoir durant son enfance. Être douée d'empathie, comme moi, cela n'était pas qu'une bénédiction, vous savez. C'était aussi une sorte de malédiction, car apprendre à gérer des émotions très puissantes étaient une chose, mais savoir se mettre plus ou moins à la place d'autrui, même des animaux, en ressentant leurs émotions - comme la souffrance - à des doses massives, c'était s'infliger parfois un stress et des souffrances d'une grande puissance ou ressentir des émotions positives équivalentes. C'était aussi pour cela que l'on me voyait réagir avec véhémence lorsque je voyais des gens ou des animaux souffrir à cause des autres, pour cela que j'éprouvais le désir de me consacrer aux autres afin de les défendre.

On ne pouvait raisonnablement comprendre la souffrance de quelqu'un, fusse t-elle une créature magique, sans être sensible à la douleur d'autrui, sans la considérer avec respect, sans se dire que si la situation était inversée, je n'aimerais pas être traitée ainsi. L'exemple le plus frappant était celui des elfes de maison, des cracmols, des dragons enfermés chez Gringotts, des gobelins que l'on réprimait durement lors de révoltes alors que les sorciers - notamment les racistes - prenaient un malin plaisir à les rouler dans la farine, à réduire leurs droits et à les dresser comme des animaux afin de maintenir leur soumission face à eux. Les moldus avaient fait d'énorme progrès par rapport aux porteurs de baguette, même s'il restait encore beaucoup à accomplir. Les élèves de Poudlard qui étaient soumis à ces mauvais traitements, à cette violence quotidienne, à cette discipline de fer, se posaient-ils ce genre de questions ? Sans doute que non, même si l'on pourrait raisonnablement se demander si le fait de souffrir autant ne pourrait pas faire germer chez eux une identification à leur cause, à les pousser à comprendre ce que cela faisait d'être traité sans grand respect pour la dignité... et pas que sorcière. Les preuves du complot étaient là sous leurs yeux, mais combien préféraient vivre dans la peur, dans l'attente d'une éventuelle délivrance ?

A ce propos, ma générosité n'était pas soumise à la politique ou à une catégorie. Elle s'offrait sans arrière-pensée à quiconque en avait besoin, même à des puristes. Cela semblerait tellement stupide ou inconcevable pour d'autres qui se montraient comme des gens très généreux, humbles, purs sous tout rapport, alors qu'ils n'étaient que des menteurs et des criminels, des manipulateurs. Ces élans de générosité qui étaient tous sauf altruistes et dénués de conditions me donnaient envie de vomir, comme s'il existait des gens plus méritants que les autres en ce monde. Cela dénotait une absence de compassion et de véritable générosité, comme ce fut le cas avec les Malefoy. Pour avoir offert de l'argent à une oeuvre caritative, le Ministre Fudge - corrompu - avait offert des places à cette famille dans la loge V.I.P. pour la finale de la coupe du monde de quidditch 1994. Le pire c'était que cette andouille de Drago n'avait pas réalisé qu'il venait de dénoncer un trafic d'influence. Une charité payée à ce prix n'en était pas. C'était un placement qui exigeait un retour sur investissement. Lamentable... Comme si il fallait être député, sénateur, ministre ou président pour prouver aux autres que l'on pouvait faire du bien dans son pays, sans condition particulière, à condition de se mobiliser et de compter sur un véritable élan de générosité, parce que nous pouvions tous, un jour ou l'autre, connaître le chômage, la maladie et la misère. L'ennui, c'était que j'étais contre l'exploitation de la misère à des fins personnelles.

Je vis en lui de l'hésitation, une intense réflexion. Peut-être le souvenir de son passé le faisait-il souffrir atrocement en silence et c'était sans doute pour cela qu'il préférait se taire. Qui étais-je de toute façon ? Une inconnue, quand bien même cet homme meurtri accepterait de m'accorder une plus grande confiance. Alors, même si j'estimais que notre conversation à propos de son identité personnelle n'était pas terminée, j'avais rebondis sur autre-chose. Je ne m'attendais pas à devoir discuter d'Histoire de la magie ni d'Histoire moldue, d'un quelconque devoir de mémoire pour les générations futures, si toutefois il subsistait encore quelqu'un susceptible de lire nos témoignages, quelqu'un à même de comprendre le but de notre message, notre désir de faire renaître la civilisation, nos libertés, une Paix durable, où chacun serait libre de rechercher le bonheur selon ses aspirations, sans chercher à tuer en masse des innocents qui avaient autant le droit qu'eux à la vie, aux mêmes chances et au bonheur. Pour tout dire, sa proposition me fit hausser un sourcil. Cela suscitait des questions et de la réflexion sur le métier d'Historien; des questions à laquelle nous n'avions peut-être pas songé. Quant à savoir où cela allait nous mener...

« Hmm. Je pensais à une sorte de devoir de mémoire, que tout le monde se souvienne toujours de ce pour quoi nous nous sommes battus, de ceux qui sont morts ou qui ont souffert pour cette liberté. Une journée dédiée peut-être. Je ne sais pas. Mais ce n’est peut-être pas le bon moment pour se soucier de ça. »

Cela suscitait des idées qui n'étaient pas dénuées d'intérêt, parce que j'avais besoin d'aide pour mener des enquêtes, pour récolter des preuves, des témoignages, pour capturer des criminels et les condamner pour leurs crimes. Ce devoir de mémoire me semblait être un impératif catégorique pour différentes raisons, mais ça ne me semblait pas être le bon moment pour cela. Sauf que dans la tourmente d'une guerre, il existait des photographes, des reporters de guerre, des journalistes veillant au moral des troupes et à ce devoir de mémoire. J'avais besoin de renseignements, d'indices, d'informations au sujet de certaines menaces et crimes. Je me disais qu'il était sans doute possible d'allier les deux afin de faire d'une pierre deux coups. Seulement, j'allais insister sur la nécessité de respecter la vérité, une certaine éthique, que je comparais au système de preuves. Je me disais qu'il serait temps plus tard d'expliquer aux jeunes pourquoi ce devoir de mémoire était nécessaire, lorsque les tensions se seraient un peu apaisée. Mais je voulais honorer la mémoire de ces combattants, des victimes, sans oublier ces gens ayant pris de grands risques pour protéger des nés-moldus, des résistants opposés à l'Intendance.

J'étais pour l'analyse et la reconnaissance de la responsabilité des régimes politiques passés, et celles de Nations, dans les persécutions et les crimes de masse. Ce serait aussi un élément indispensable de la reconstruction psychologique des victimes, des familles des victimes, de la Nation, pour mettre en garde contre un possible retour de la tyrannie et de l'oppression. Je n'étais pas encore certaine de vouloir faire voter maintenant des lois mémorielles puisque cela me semblait trop précipité. C'était un devoir pour chacune de nos cultures, mais ce travail devait aussi être personnel, être initié à l'école, en faisant réfléchir les élèves sur le problème du racisme, en les incitant à la tolérance. Des lois seraient votées ou rétablies afin d'empêcher les dérives. Il fallait que cela soit pédagogique, non un raccourci moralisateur qui éluderait l'extrême complexité du problème. Ce devoir pourrait s'exprimer par le biais de discours, d'oeuvres d'art, d'un programme d'enseignement, mais je me disais qu'il était préférable d'oeuvrer à la recherche de la vérité afin d'accomplir ce devoir, pour ne pas oublier les victimes, les crimes commis, les principaux événements, car cela servirait sans doute lors du procès des grands criminels de guerre.

Mais pour l'instant il y avait une guerre en cours. Ceux d'en face feraient leur possible pour justifier l'injustifiable, pour surfer sur les règles et surtout les failles du système, y compris celui que j'étais censée mettre en place. Je me doutais qu'ils tenteraient de jouer les contradicteurs, qu'ils chercheraient à minimiser, à revendiquer ou à nier la commission de certains crimes. Mon travail consistait aussi à me mettre à leur place, à prendre des décisions qui coinceraient ces criminels dans leur complot, leur sentiment d'impunité et leur délire paranoïaque. Je voulais éviter une concurrence du devoir de mémoire, à cause d'une instrumentalisation quelconque. Je m'attendais à voir nos ennemis parler de crimes dus à des "nécessités historiques", "à de la légitime-défense", à "des circonstances particulières" et j'étais d'ores et déjà en mesure de contrer cela. J'avais déjà prévu ma ligne d'attaque que j'affinais jour après jour pour combler toutes les failles de l'ancien système, car la levée du secret magique et les crimes commis par le biais de la magie ou des armes moldues impliquaient l'apparition de nouveaux concepts, comme ce fut le cas en leur temps pour le génocide et le crime contre l'Humanité, mais aussi une adaptation du Droit à ces nouvelles formes de criminalité latente. L'ignorance ne serait pas une excuse.

« - Puis-je vous demander quelles sont vos passions et ce que vous auriez aimé faire s'il n'y avait pas eu cette guerre ? »

Je lui avais demandé s'il possédait des passions ou une ambition professionnelle particulière s'il n'y avait pas eu la guerre. Mon intérêt était sincère, parce que j'étais curieuse de savoir ce qu'un cracmol - un peu comme Rusard - aurait aimé faire si on lui en avait donné la possibilité. Harry avait été le seul à savoir que Rusard s'était abonné au VitMagic afin d'essayer de développer des pouvoirs magiques, que cela cachait une volonté d'intégration, même si la société et ses propres choix en avaient fait un être peu recommandable. Je n'oubliais pas son attrait sadomasochiste pour les menottes, les fers, la torture et les punitions corporelles à une époque où Arthur et Molly avaient été étudiants. Cela n'enlevait rien au fait que lors de la bataille de Poudlard, Argus n'avait pas obéi aux mangemorts, qu'il avait accompli l'ordre donné par le professeur Macgonagall. Je pensais aussi à Miss Figg, membre de l'Ordre du Phénix sous la Présidence de Dumbledore. Je me disais qu'il y aurait peut-être une journée pour commémorer la République, qu'il y aurait un temps pour définir certains jours fériés destinés au devoir de mémoire, mais qu'en attendant son idée pouvait être utilisée pour une cause similaire, mais serait-il un bon choix ? Pouvais-je lui faire confiance ?

S'il m'avait demandé ce que j'aurai aimé faire, je lui aurai répondu que j'aurai voulu vivre en Paix entourée de ma famille et de mes amis, avec Harry. J'aurai surement voulu voir où ma relation avec Ron m'aurait conduite, si j'aurai eu des enfants, dans quelle maison à Poudlard ils auraient été admis et quelle genre de choses j'aurai été amenée à faire au Ministère de la magie pour changer les choses et mettre un terme à la corruption. Je pensais que j'aurai voulu améliorer la condition de vie des elfes de maison avant de m'atteler aux autres créatures magiques, par finir par une redéfinition de ce qu'était un Être intelligent - autrement dit contredire Newt Scammander - un peu comme ce que j'étais en train de faire, mais avec davantage de Pouvoir entre les mains. Je pouvais le faire -  c'était assez délicat de le contredire - avant de réaliser que c'était à la Justice que je pourrais faire bien plus pour améliorer la condition des gens sans exception, même si cela impliquerait une attitude ferme et impitoyable à l'égard des groupes criminels les plus dangereux. Cela me faisait aussi penser que j'avais besoin de moyens techniques et scientifiques.

« J’ai bien une passion, depuis toujours ou presque. Je suis un grand amoureux d’histoire, sorcière comme moldue. » Il hésita un moment puis se lança pour continuer. « C’est … Ça a toujours été ce qui me permettait de faire un pont entre les deux civilisations, entre ces deux groupes auquel j’appartiens. C’est surtout une des seules disciplines magiques que je peux étudier sans avoir besoin de quelconques pouvoirs. »

Quelques instants auparavant, Edern semblait avoir du mal à se situer. Il semblait rejeter à la fois l'identité sorcière et moldue comme s'il était le représentant d'un peuple à part entière disposant de sa propre Histoire, de sa propre langue, d'un territoire défini. Je lui avais signifié que cela aurait été une erreur de vouloir s'engouffrer dans le tout communautariste puisque cela supposait un enfermement, la création de tout un tas  de distinctions qui en fin de compte ne feraient que créer un ségrégationnisme, un apartheid au sein d'une Nation qui se voulait pourtant républicaine, donc contre tout ce qui pourrait créer une discrimination. C'était le risque d'avoir concédé tant de représentants à une Assemblée qui incitait chacun se revendiquant d'une différence physique ou culturelle à réclamer des députés. Pour moi, être britannique d'origine Indienne ou Chinoise, un lycan, un vampire ou autre, faisait de vous un britannique avec sa propre identité, avec sa propre religion qu'il pouvait exercer en toute liberté, tant qu'il prenait les précautions nécessaires afin de ne pas attenter à l'intégrité physique des autres. Ce qui devait changer c'était la perception des gens, mais tant que les opprimés se sentiraient menacés par la société et le Gouvernement, sans volonté d'intégration, rien ne changerait.

Voilà qui était donc un étrange aveu de la part d'un homme qui semblait rejeter à la fois ce qui pourrait le rapprocher de l'une ou l'autre de ces cultures. Mieux : constituer des éléments complémentaires de son identité. Cela ne me semblait pas totalement sincère. Son hésitation ne m'incita qu'à hésiter sur sa pensée profonde. Jamais il ne m'aurait parler de "choisir entre l'une ou l'autre de ces cultures" comme s'il ne s'agissait pas d'une obligation ou d'un choix honteux. Là, il venait de retourner sa veste et cela ne m'avait pas échappée, mais j'étais prête à penser qu'il s'agissait de l'une des disciplines qu'il pouvait étudier sans faire usage de la magie, même s'il existait l'astronomie, l'arithmancie, l'étude des runes, l'étude des moldus, l'Histoire de la magie ou d'autres matières telles que l'Anglais, la littérature, l'éducation civique par exemple n'exigeant pour ainsi dire aucune compétence magique particulière. L'étroitesse d'esprit de la société de l'époque - moins pire que celle d'aujourd'hui - expliquait pourquoi ces gens avaient été discriminés. L'important pour moi ça n'était pas l'origine d'un individu, mais ce qu'il montrait dans ses actes, même s'il était possible de tromper son monde par ce moyen, jusqu'à un certain point.

Un grand amoureux de l'Histoire sorcière et moldue, hm ? J'avais maintenu le silence un instant, préférant lui accorder le bénéfice du doute, même si j'avais envie de lui demander comment un être rejeté depuis quasiment toute sa vie pouvait éprouver un aussi grand intérêt pour l'Histoire - donc la culture - de deux sociétés à laquelle il avait avoué ne pas se sentir à l'aise. Souvenez-vous de ses paroles : "j'aimerais que nous ne soyons pas forcés de choisir entre une identité sorcière et une identité moldue". Vous allez me traiter de suspicieuse, mais cela titillait ma curiosité et ma méfiance. Pourquoi s'y était-il intéressé ? Pour tenter de comprendre pourquoi on le traitait aussi mal, pour comprendre ce racisme anti moldu ? Bien-sûr, sans en savoir davantage sur son passé, cela m'empêchait de comprendre qu'il recherchait des raisons expliquant son absence de pouvoirs magiques, mais aussi d'autres gens qui avaient vécu les mêmes choses que lui. Alors, prenant pour acquis le fait qu'il s'y était intéressé pour se trouver des raisons de s'intégrer, pour se construire une identité, j'allais aborder des notions dont il n'avait peut-être jamais - ou vaguement- entendus parler.

-"Tout à l'heure, vous sembliez rejeter l'une et l'autre de ces cultures, comme si vous ne saviez pas qui vous étiez, à quel monde vous apparteniez. Votre passion me fait dire que vous avez cherché des réponses à vos questions. Je me demande si vous en avez trouvé, ce que vous pensez de ces deux mondes après avoir étudié leur passé et leur présent. Avez-vous essayé de vivre comme eux, de vous imprégner de leurs différences culturelles, de leur mode de vie, de leurs aspirations, de leurs croyances religieuses ? Qu'avez-vous étudié et qu'en avez-vous tiré comme conclusions ?", fis-je avec gravité, tandis que je m'étais enfoncée dans mon fauteuil en cuir, avec les coudes reposant sur les accoudoirs.

En d'autres termes, je cherchais à évaluer l'image qu'il se faisait d'un Historien ainsi que ce qu'il en avait retiré comme impressions et enseignements. Ne sachant rien sur lui, je me disais qu'il n'était pas aussi aisé d'apprendre seul lorsque l'on ne possédait pas de bonnes bases, si l'on ne disposait pas des clés pour comprendre, lorsque l'on vous avait appris des choses qui se fondaient sur des conceptions erronées. A l'époque, j'avais choisi l'étude des moldus pour savoir ce que les sorciers savaient et pensaient d'eux. Hélas, malgré mes 320% de bonnes réponses à l'examen, je m'étais aperçue que le terme "Etude des moldus" ainsi que les ouvrages qui étaient disponibles présentaient cela comme une étude zoologique, ressemblant beaucoup aux études sur les peuples premiers réalisées dès le colonialisme. Je trouvais cela effarant. L'intérêt de Charity Burbage était louable, elle qui défendait une ouverture d'esprit et un rapprochement progressif avec les moldus. L'ennui c'était que bien qu'elle demeurait à mes yeux une pionnière armée de bonnes intentions, sans trop de préjugés, en réalité aucun des "spécialistes" de l'époque ne savait de quoi il parlait. Alors, vous pensez bien que lorsque j'entendais parler de complot bourbiste ou de je ne savais quoi, cela me faisait sourire d'un air poli et presque moqueur.

Non et puis, c'était sans compter sur ce racisme anti moldu que l'on retrouvait au Ministère dans les années 70, pile à l'époque du premier coup d'état raté des mangemorts. C'était oublier les malversations politiques de certains d'entre eux - comme les Malefoy - les manifestations brisées, démolies par des troubles à l'ordre public commis par des associations de sang-pur (un pur délire dans une démocratie qui refusait, en principe, de telles discriminations et de tels troubles !) lorsqu'il était question de progrès sociaux, de moldus, du droit des gobelins, etc ! Cela me faisait penser à mon arrivée au campement de la coupe du monde de quidditch, près de Douvres, en compagnie des Weasley, des Diggory et de Harry. J'avais éclaté de rire après avoir rencontrer deux sorciers se disputant à cause de leurs tenues vestimentaires moldues qui ne passaient pas très inaperçue. Hihihihi ! Portait-il un slip sous sa jupe... oh pardon... son kilt ? hihihi ! Oui, enfin... ça c'était avant l'attaque terroriste des mangemorts, la marque des ténèbres dans le ciel et l'abominable Barty Croupton Sr qui avait osé manifester un tel manque de respect et de compassion pour une créature que je prenais au départ pour un individu fragile et vulnérable avant que l'on ne vienne la menacer de mort et nier son droit à une défense équitable ! C'était honteux ! Et venant d'un individu tout aussi corrompu et raciste !

"Avez-vous déjà entendu parler de notions telles que le révisionnisme et le négationnisme ?", demandais-je avec curiosité, avec un léger sourire. "Je vous demande cela, car à l'instant vous me parliez d'un devoir de mémoire. Je suis de votre avis, même si cela serait prématurée alors que la guerre n'est pas finie. Toutefois, vous savez qu'il n'existe pas qu'une forme de mémoire. Nous pouvons faire ce travail en récoltant des informations fiables, des preuves et des témoignages, afin que personne n'oublie ce qui c'est produit et pourquoi des gens sont morts et ont soufferts pour la Liberté."

Je me demandais si Edern connaissait la définition du révisionnisme, du négationnisme et les rôles principaux du métier d'Historien. C'était à se demander s'il oserait me demander de le lui expliquer brièvement ou m'avouer qu'il avait cherché. Apprendre était une chose, mais cela dépendait de ce que l'on faisait de cette connaissance. Croire en des mensonges, tout le monde en était capable. Se faire abuser aussi. L'idiot (comme bon nombre de puristes) serait celui qui ne se contenterait que d'un seul son de cloche, que de sa propre opinion, sans chercher à voir plus loin que le bout de son nez, y compris en faisant tout son possible pour tordre la vérité afin qu'elle corresponde à une quelconque vérité rassurante, mais fausse, comme j'avais pu le constater chez cette vieille gargouille malfaisante d'Ombrage. Quant à parler de propagande, je savais bien que le terme n'existait pas sous l'antiquité. Cela ne les avaient pourtant pas empêcher d'en faire un usage intensif, comme lors du récit de la prise du temple de Véies à Arezzo ou du saccage du sanctuaire de Delphes par exemple. L'Histoire possédait ses zones d'ombres, ses anomalies que l'Historien essayait d'expliquer en se posant des questions et en allant chercher des preuves parmi des sources fiables. On pouvait rapprocher cela du métier de journaliste d'investigation, de juge d'instruction ou de l'archéologue, mais cela nécessitait une intégrité, des connaissance solides et une maturité intellectuelle que cet homme ne possédait peut-être pas. Quant à savoir si je l'avais convaincu qu'il valait mieux éviter tout excès de communautarisme, j'espérais qu'il en avait compris les raisons.

Ce qui était l'un des éléments frappants du monde sorcier tel que je l'avais connu et qui avait empiré sous la dictature, c'était l'absence d'éthique, de lois en matière de délit de Presse, l'absence d'une véritable structure éducative dans certaines matières (même si le reste était de qualité à Poudlard), l'absence de rigueur et de méthodes scientifiques dans certains domaines, l'abus manifesté par le Ministère - à la solde de l'aristocratie puriste - la seule fois où il avait essayé de s'imiscer à Poudlard et qui était pire aujourd'hui. C'était cette absence parfois de séparation entre le Pouvoir Exécutif, Législatif et Judiciaire (dû à des abus du Ministre et à des malversations), avec ces règles mal fichues, certaines lois infâmes et certaines pseudo-sciences provenant d'une société corrompue, trop renfermée et trop imbue d'elle-même. Une arrogance et une ignorance que l'on retrouvait à des doses massives dans la politique de l'Intendance, alors qu'avant le retour du Seigneur des Ténèbres, il existait une attitude plutôt bienveillante à l'égard des moldus, une curiosité qui tenait de l'amusement, même si certaines familles aristocratiques avaient toujours su user des méthodes les plus viles afin de maintenir leurs privilèges, pour imposer leur conservatisme extrême qui avait fait régressé la société de deux à neuf siècles en arrière, en enfonçant toujours plus la magie dans les méandres du néant. Seulement, je me souvenais qu'avec Dumbledore au Magenmagot, à la Confédération Internationale des Mages et Sorciers, avec Amélia Bones à la Justice, avec Elphias Dodge, avec ces gens qui avaient empêché le Ministère de sombrer, l'ordre civil avait été maintenu, les poussées extrémistes avaient été contenues, il y avait eu un barrage grâce à la Justice, qui s'écroula avec l'assassinat de Dumbledore et de Bones, les manoeuvres politiques puristes, le complot des mangemorts, le coup d'état et la guerre.

"Winston Churchill disait à propos de la bataille d'Angleterre, que jamais le sort d'une bataille n'avait pu dépendre d'un aussi petit nombre... Et je serai prête à rajouter... ou d'un seul. On nous a volé nos droits, notre dignité. Nous n'existons pas. Pour eux, nous sommes déjà morts. Nos vies peuvent servir à sauver des millions d'individus ou un seul. Peu importe sa naissance. Cela en vaut-il la peine ? Voulez-vous prouver que les cracmols sont tout aussi capables que les autres d'être utiles à leur pays ? Il me serait sans doute possible de vous y aider tant qu'il n'est pas question de faire de la propagande en réinventant l'Histoire comme cela nous chante. Vous saisissez ?"

Je m'étais arrêtée de marcher, en conservant mes bras croisés. J'observais Edern sans animosité. On pouvait me reprocher mon ton professoral, mais il n'y avait aucune manipulation dans mes propos et puis j'estimais que l'on ne répétait jamais assez ce qui devait être su. Et au lieu de monter les gens les uns contre les autres, à tolérer certains crimes, à ne défendre qu'une opinion, j'étais l'avocate de la tolérance, du progrès, non de l'intolérance et de l'esprit rétrograde ou conservateur, ou ce que certains nommeraient comme étant un esprit réactionnaire. Nous ne pratiquions pas la pensée unique au sein de la République, car nous admettions toutes les opinions, hormis celles appelant à la haine, au meurtre, à l'atteinte à l'égalité et à la libertés de nos concitoyens. Bien entendu, j'étais une grande menace pour les puristes : sans sur estimée mon importance, j'étais tout de même la meilleure-amie de Harry Potter, une femme qui était la protégée de Dumbledore, une née-moldue qui avait été chargée de restaurer les libertés individuelles et collectives, à juger les criminels. Je dirigeais pour ainsi dire l'Ordre du Phénix, je l'avais remis sur les rails et mon cerveau pouvait encore s'avérer utile à l'intérêt général.

"Ne vous renfermez-pas, Edern, s'il vous plaît. Discutons à bâtons-rompus, voulez-vous ? J'aurai sans doute à en discuter avec le Premier-Ministre, mais si cela vous intéresse d'oeuvrer pour la Justice, d'une manière ou d'une autre, nous pouvons en discuter. Je ne vous mentirai pas. Cela ne dépend que de votre volonté, de votre choix. Posez-moi vos questions, mais j'attends de vous de l'honnêteté, même si ça ne doit pas me plaire. Je ne vous ferai aucun mal et je garderai votre secret quoi qu'il arrive. Vous avez ma parole d'honneur. Vous pouvez ne pas me faire confiance, ne pas saisir cette opportunité. Je ne suis sans doute rien, mais si nous ne nous serrons pas les coudes afin de faire plier nos ennemis, nous perdrons..."

J'avais soupiré, plus par réflexe que par nécessité avant de me laisser tomber dans mon fauteuil en cuir. Les moldus dont j'étais issue avait déjà vécu ces temps de péril, ce racisme ambiant, à cause de Grindelwald et de Hitler. Moi qui n'avait jamais été raciste, mes semblables et d'autres créatures intelligentes étaient traités comme sous l'ère nazie, sans humanité et c'était ignoble. Et encore le mot était faible. Malgré cela, cela n'empêchait pas certaines nations de commettre encore de pareilles exactions et j'étais effarée par l'absence de réaction de la part de l'ONU et de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers. Voilà un des rares points communs que j'avais avec le Chancelier et qui avait participé à me convaincre à adhérer à cette alliance et à la République. Le Premier-Ministre m'avait parlé de course contre la montre et j'étais consciente de cela.

Oui, les puristes pratiquaient l'esprit réactionnaire, le conformisme (ou pensée unique) dans une pratique ou on ne formerait plus son raisonnement (ou ses paroles, ses actes) en fonction de la vérité ou de la logique, mais à partir d'une pensée pervertie en fonction de la peur, d'idées préconçues, à la morale incertaine. La jeunesse n'avait pas été laissée en friche par Dumbledore puisque le système était quasiment le même depuis des siècles. Autrefois, on pratiquait des actes de torture et de barbarie sur des élèves, avant que la société n'évolue, ne rejette certaines anciennes pratiques archaïques, notamment grâce à des individus comme Dumbledore. Comme par hasard, c'était la première chose qui avait été restaurée dans l'école après la chute du Ministère ! Quant aux idées insidieuses du bourbisme... Vous vouliez dire la Paix, la recherche d'une compréhension mutuelle, la tolérance, la démocratie, la liberté, le progrès et j'en passe ? De qui se moquait-on, hm ? L'intention du purisme avait plutôt été celle consistant à éliminer toute référence au passé, à l'adapter afin de cacher le monde qui les entouraient, en ne fournissant qu'une vision modifiée de la réalité, en empêchant de former leurs esprits à la tolérance et à l'ouverture sur le monde, sur d'autres façons de penser, sur d'autres cultures, parce que cela ne ferait que susciter trop de questions, trop de remise en question, l'émergence d'un trop grand nombre de contradictions et de mensonges, parce qu'ils ne pourraient plus nier sans avoir l'air d'idiots.

Consciente de ce problème, je me souvenais d'Ombrage avec son "vous n'avez pas besoin de parler" ou plutôt à ce que je lui avais répondu tout bas, d'un air méprisant, en levant les yeux d'exaspération : "ou à penser serait plus exact !" Grrrr... Hélas, l'Intendance faisait de nos jeunes des bons à rien, on leur apprenait à tuer, à haïr, à voir et à penser à travers un prisme, à suivre un gouvernement criminel et illégitime qui les encourageaient à tuer des gens pour leurs origines, à voler leurs biens, à nier leur dignité. C'était horriblement barbare ! Comme si la vie se résumait à tuer les autres pour de l'honneur, du mérite, une gloire et un respect digne de l'un de ses barbares de l'antiquité qui, si l'on osait la comparaison maladroite avec la moralité du monde moderne, serait tous considérés comme des criminels de guerre, des barbares sans foi ni loi. Quelle confusion dans des esprits soit disant si supérieurs ! Restait à savoir si Edern Jensen croyait en ces balivernes, s'il comprendrait que je n'étais pas son ennemie, que je n'étais pas la née-moldue qu'il avait appris à haïr. Lui et moi nous ne savions pas si nous étions des grands parmi ce monde. Ce qui était sûr, c'était que je laisserais à l'Histoire le soin d'en juger...

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