Une question de vie ou de mort [Aileas][Terminé]

Date de naissance du joueur

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Aileas n'était pas venue souvent sur le Chemin de Traverse. Elle n'avait jamais connu la course aux fournitures scolaires de Poudlard n'étant jamais allée dans la célèbre école de sorcier située pourtant sur sa terre natale. En dehors de cela en quelles occasions aurait-elle pu s'y rendre ? Tout un tas à vrai dire. Après tout on trouvait de tout sur le Chemin de Traverse. Bon un peu moins maintenant peut-être. Sauf que dès qu'elle avait eu besoin de quelque chose, on ne l'avait pas laissée se déplacer, essayant d'anticiper tous ses besoins, toutes ses envies et si malgré tout elle se mettait à désirer quelque chose qui n'était pas au château, on s'était toujours empressé de lui trouver ladite chose avant que ne lui vienne l'idée d'aller se la procurer par elle-même. On disait d'elle qu'elle était pourrie gâtée. Elle-même avait plutôt l'impression d'être enfermée dans une prison. Dorée certes mais une prison.

Jusqu'à présent elle s'en était contenté car à vrai dire ce n'était pas Billy à lui tout seul qui aurait pu la retenir au château s'il lui venait l'envie de sortir. Mais maintenant les choses allaient changer, elle s'était trouvée un travail. Désormais elle était Commissaire de Sang et ça elle ne pouvait l'être enfermée chez elle. Jusqu'à présent elle ne s'était pas plus opposée que cela à son père et à présent qu'elle travaillait au Ministère de la Magie, il ne pouvait pas prétendre qu'elle n'avait aucune raison de se balader dans Londres.

Alors pourquoi le Chemin de Traverse ? Tout simplement parce qu'Aileas devait s'acheter de nouveaux habits pour correspondre à son bureau au ministère. L'arrangement des formes et des couleurs étaient une chose très importantes pour Aileas. Dans un monde où tout semblait marcher sur la tête mais où tout le monde lui disait que c'était elle qui ne fonctionnait pas normalement, elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose. Elle s'entourait de choses qui la rassuraient, d'un univers dans lequel personne ne pouvait entrer. Ainsi elle avait repeint entièrement tout le château. Il n'avait plus rien à voir avec le château dans lequel elle avait vécu un jour avec son père et sa mère. A part peut-être la chambre de Billy dans laquelle elle n'était jamais rentré, elle avait chamboulé toutes les pièces les unes à la suite des autres. Les gens n'y voyaient qu'un immense bazar coloré à en avoir envie de gerber, elle y voyait une manière de s'exprimer, de vivre.

Mais elle n'avait pas pu réagencer son bureau comme son chez soi. Le Ministère de la Magie était un lieu qui n'était pas le château. Il ne respirait pas les mêmes ambiances et donc les mêmes couleurs. Réaménager son bureau comme elle avait aménagé son château serait comme considérer que la terre et le béton des moldus étaient la même chose. Les locaux du Ministère de la Magie répondait à une autre logique qu'elle devait associer à la sienne. Cela avait donné une ambiance satinée dans des bleus et des verts sombres. Il ne lui restait plus qu'à adapter sa garde robe en fonction afin d'avoir de quoi se mettre pour aller au boulot.

La jeune fille parcourait la rue, découvrant presque les lieux, ne loupant rien. Elle aussi on ne la loupait pas avec sa grande robe pourpre. Mais ça elle ne le remarquait pas. Elle fint par tomber devant un magasin qui devait vendre des vêtements puisqu'il y en avait en vitrine. Madame Guipure. Quel nom étrange pour un magasin... Enfin bon ce n'était pas très important. Aileas entra dans le magasin et commença à parcourir les rayons, émerveillée par le choix qu'elle avait d'un seul coup. Toutefois elle se rendit vite compte que toutes les tenues se ressemblaient, la couleur n'était pas vraiment au rendez-vous. Décevant. Jusqu'à ce qu'elle aperçoive une robe qui se démarquait un peu du lot. En plus elle était bleu nuit, ça correspondait parfaitement à ce qu'elle avait en tête. Elle tendit la main pour prendre la tenue mais à ce moment là quelqu'un d'autre attrapa la robe.

Aileas n'avait même pas remarqué la jeune femme avant qu'elle ne fasse ce geste. Elle la regarda, elle regarda autour d'elle s'il y avait d'autres robes identiques. Ce n'était pas le cas et cela rassura la jeune fille quelque part. Elle n'aimait pas l'idée de croiser quelqu'un qui avait les mêmes habits qu'elle. Toutefois en l'occurrence cela posait problème. Enfin cela aurait dû poser problème mais pour Aileas la question était vite réglée :

"J'en ai besoin."

Ce n'était pas une excuse, juste une constatation sans appel qu'elle faisait. A vrai dire elle ne s'adressait pas vraiment à la jeune femme. Elle s'adressait rarement à qui que ce soit ayant rarement un interlocuteur et quand elle en avait un, il comprenait souvent rarement son point de vue alors cela faisait longtemps qu'elle avait arrêté d'essayer de réellement s'exprimer...

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"Je crains que non. De toute manière, cette couleur n'irait pas avec la couleur de vos cheveux. Il vous faut plus du noir ou un vert doré pour les mettre en valeur. Demandez à une vendeuse, elles sont là pour conseiller les gens qui en ont besoin."

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La femme s'appropria la robe en la serrant contre elle. Cette fois Aileas comprit qu'elle avait vraiment affaire avec elle. Elle regarda donc la jeune femme et fut surprise de la reconnaître. C'était fou on pouvait rencontrer dans la rue des gens que l'on avait jamais vu en vrai mais que l'on reconnaissait ! Son père lui avait dit un jour que c'était utile de retenir les visages et les noms des personnes composant les autres familles sang pur. Pour une fois qu'il ne disait pas que c'était "normal" mais que c'était "utile", Aileas avait bien daigné l'écouter. En plus comme elle aimait bien apprendre, cela ne l'avait pas dérangé. Au contraire elle avait prit cela comme un jeu ; rechercher dans les journaux la mention de Sangs Purs. Et pas n'importe lesquelles, les familles respectables. Pas ce familles bourrées de moutons noirs, de branches pleines de fruits pourris par le Sang Mêlé. En l'occurrence la fille était Eva Sweet mais à part le fait qu'Aileas était super étonnée de pouvoir reconnaître quelqu'un comme cela, elle ne voyait pas trop l'utilité de savoir que c'était une Sang Pure.

En effet son Sang Pur montrait la respectabilité de sa famille mais là Aileas n'avait affaire qu'à Eva Sweet. Une jeune femme qui devait son statut à ses deux parents tout comme Aileas le devait aux siens qui eux-mêmes l'avaient dû à leur parents et ainsi de suite sur des générations et des générations. Elles étaient le produit d'une grande œuvre mais en elle-même elles avaient encore tout à prouver quand à leur propre valeur aussi Aileas ne voyait pas comment elle pouvait juger la jeune femme seulement par le fait qu'elle savait qu'elle était une Sang Pure. Aussi elle ne le fit pas. De toute façon ce qui l'intéressait à présent c'était la robe et elle trouvait que les paroles de la jeune fille ne faisait aucun sens aussi elle déclara alors que mademoiselle Sweet s'éloignait :

"Ce n'est pas de conseils dont j'ai besoin, c'est de la robe."

C'est vrai cela, elle n'avait pas besoin de conseils. Et puis de toute façon elle était sûre que les vendeuses ne comprendraient pas ce qu'elle voulait. C'est vrai après tout si elle résonnait comme la jeune femme, Aileas n'était pas sortie du magasin. Emboitant le pas à sa camarade au sang pur, elle ajouta :

"Et des cheveux, ce sont des cheveux, ils n'ont pas besoin d'être mis en valeur eux."

Eux car par contre Aileas avaient des sentiments et des atmosphères à respecter et pour respecter l'ambiance du Ministère de la Magie et de son nouveau bureau, elle avait besoin de cette robe sinon ce serait détruire tout le travail de ceux qui avaient travaillé à la construction et à la décoration du bâtiment. Elle ne pouvait pas les trahir, qu'est-ce qu'elle raconterait à leur fantôme si un jour elle les rencontrait ?

"Pourquoi vous mettez vos cheveux en valeur ?"

De temps en temps Aileas essayait encore de comprendre les étranges manières de penser des autres. Aileas tira ses cheveux sous son nez mais elle voyait pas pourquoi on leur porterait une attention particulière. Elle en oubliait presque la robe. Presque.

Spoiler:

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"Il semblerait que si,

Vous avez surtout besoin d'une robe qui évite de vous enlaidir. Vous êtes jolie, profitez-en."

"Écoutez, mettre cette robe serait une horrible marque de goût. Imaginez une cravate à ratures avec un costume à poids pour un homme. Vous voyez? Et bien ce serait aussi horrible que vos cheveux avec cette robe. Allez donc voir votre gouvernante ou votre mère, qu'elles refassent votre éducation..."

"Pour éviter de ressembler à une sang-de-bourbe."

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Jolie. Elle était jolie mais elle pouvait ne plus l'être si elle portait du bleu ? Mais pas si elle portait du vert ? C'était comme l'utilité alors. On ne naissait pas utile, on le devenait. Mais est-ce que l'on pouvait partir sur le même principe pour la beauté ? Après tout tout le monde ne partait pas sur un pied d'égalité. Certains naissaient moins beau que les autres. Mais sur le plan de l'utilité aussi cette égalité n'existait pas en vrai. Un Sang Pur en lui même était déjà plus utile qu'en Sang Mêlé car il était un petit bout de a continuation de la purisme. Mais un Sang Pur pouvait devenir un traitre à son sang. Ainsi quelqu'un de beau pouvait s'enlaidir. Jusque-là Aileas était d'accord. D'accord avec elle même surtout et d'une certaine manière d'accord avec mademoiselle Sweet. Mais là où elle n'était pas d'accord c'était dans le fait qu'un simple vêtement ou sa couleur puisse être la cause de ce processus d'enlaidissement. Ce qu'elle était, la manière dont elle était ne pouvait pas changer juste à cause d'un habit. Ceux-ci n'étaient là que pour accompagner et tout pouvait être porté tant que l'on savait pourquoi on le portait.

Et elle ne voyait pas ce que la beauté apportait qui fasse qu'elle puisse en profiter. Elle voulut demander pourquoi mais qu'aurait-elle obtenu si ce n'était de nouveaux non-sens ? Cette femme faisait partie de ce monde qu'elle ne comprenait pas et qui ne la comprenait pas, pourquoi s'acharner... Mais quand même. Même si elle ne les comprenait pas, elle était toujours intéressée de voir quelles absurdités leur traversait la tête à ces gens. Sauf qu'elle n'aimait pas prendre le temps d'interroger des gens qui visiblement n'étaient pas disposés à discuter avec elle. Mademoiselle Sweet semblait faire partie de ces personnes. Enfin inutile de juger trop vite, elle avait encore le temps de voir.

Une cravate à rayure et un costume à poids ? Bah oui effectivement dans l'absolu, elle trouvait cela quand même assez spécial mais si la personne avait une bonne raison pour porter une telle tenue pourquoi vouloir l'en empêcher ? Et puis cela serait sans doute plus intéressant si tout le monde s'habillait comme cela plutôt qu'avec ces éternelles robes noires que l'on voyait quasiment partout. AU moins la personne qui portait une telle tenue exprimait plus de choses qu'un monsieur tout le monde dans sa tenue de monsieur tout le monde. Et encore ses cheveux avec la robe... mais pourquoi ? Qu'avaient-ils donc ses cheveux ? Ou la robe, peut importe. Qu'est-ce que les gens voyaient dans les couleurs pour se mettre des barrières imaginaires si grandes ? Tenez. Un bateau orange sur la mer bleue on ne trouverait rien à redire alors pourquoi ses cheveux roux sur une robe bleue devenaient-ils soudainement un tabou, une horreur, une insulte pour qui posait les yeux sur elle ?

Elle ne comprendrait pas. Cette femme continuerait à lui parler de beauté et elle ne comprendrait pas. Pourquoi ne pouvait-elle pas comprendre ?

"Mon éducation, il doit bien y avoir une douzaine de personnes qui se sont essayé à me la faire. Et je pense que si l'on avait rajouté à ces personnes une gouvernante, cela n'aurait rien changé. Non pas qu'il s'y soit mal pris, je ne comprends juste rien à leur éducation. Quant à ma mère... si elle avait été encore là aujourd'hui alors oui effectivement je pense que mon éducation aurait été différente. Il parait que c'est depuis qu'elle est morte que je ne comprends pas les gens."

Aileas haussa les épaules. Elle trouvait cela pas si mal de ne pas vivre dans leurs absurdités, leur raisonnements sans logiques et leurs mots qui ne voulaient rien dire.

Et puis elle ne pouvait pas prendre le temps de s'arrêter sur ce sujet. Car la demoiselle Sweet venait de dire quelque chose qu'elle n'aimait pas. Alors elle lui passa devant, la fixant droit dans les yeux. En dehors de cela, rien dans son attitude n'exprimait le défi. Son visage était toujours impassible, ses bras ballants le long de son corps.

"Cela voudrait-il dire que si une Sang de Bourbe met ses cheveux en valeur, elle peut prétendre ressembler à une Sang Pure ? Ou que moi qui ne mets pas mes cheveux en valeur, je ressemble à une Sang de Bourbe ? Eh bien à se demander pourquoi les Commissaires de Sang n'ont pas trouvé cette solution plus tôt, les entretiens seraient plus rapides."

Pas de haussement de ton, pas de volume de voix plus élevé. Le ton employé était exactement le même que celui qu'elle avait employé plus tôt pour demander pourquoi elle mettait ses cheveux en valeurs. De même que l'ironie de la dernière phrase n'était en rien évidente au vu de l’absence de tout changement dans son attitude. D'ailleurs, bien qu'Aileas ne soit évidemment pas sérieuse, elle n'avait pas vraiment voulu faire de l'ironie...

Spoiler:

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"Toutes mes condoléances. Mais si douze personnes se sont trouvés incapable de vous apprendre à vous habiller avec goût, je ne vois pas ce que je peux faire. De toute manière, ce n'est pas mon job."

"Les sang-de-bourbe sont de la vermine. Habillez-vous comme de la vermine et l'ont vous prendra pour eux. Les commissaires passent plus ou moins au-dessus de ses préjugés et font leur job avec efficacité en s'appuyant sur des preuves concrètes. Je peux savoir qui vous êtes à poser pareilles questions?"

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Condoléance. Les gens savaient-ils seulement ce qu'ils disaient quand ils prononçaient ce mot ? Non comme d'habitude ils ne cherchaient pas le sens. La condoléance était le témoignage du fait que l'on prenait part à la douleur d'autrui. En l'occurrence, Aileas n'éprouvait aucune douleur. La femme n'avait rien à prendre. Au moins son manque de souffrance visible alors qu'elle exprimait ces mots auraient pu s'expliquer ainsi mais non, Aileas savait très bien qu'elle n'avait dit cela que "comme ça" parce que c'étaient les mots que ceux qui comprenaient prononçaient quand on parlait d'un mort. Ou au moins d'un mort que l'on était censé regretter. Aileas se disait que les morts étaient très bien là où ils étaient et que s'ils pouvaient la laisser, elle, bien vivante, en paix c'était tout aussi bien.

Quant à son éducation, elle n'avait jamais demandé à la jeune femme de faire quoi que ce soit ce qu'elle sache... Elle n'avait jamais demandé à qui que ce soit de faire quoi que ce soit. C'étaient eux qui s'imposaient le devoir de faire en sortes que tout le monde rentrait dans leur petit moule incongru.

Mais le plus étonnant fut la suite. Une partie de la tirade qui suivit s'ancra dans l'esprit de la jeune fille comme une grosse blague "en s'appuyant sur des preuves concrètes". Ainsi ils admettaient qu'ils étaient absurdes et ils s'en fichaient ? Ils admettaient qu'on puisse raisonner autrement mais ne prenaient pas la peine de le faire ? A défaut de les comprendre, Aileas pensait s'être habituée à eux mais non il semblait qu'ils lui fileraient toujours entre les doigts s'enfonçant toujours plus loin dans un raisonnement qui lui échappait de plus en plus.

Cela n'intéressait plus Aileas. De plus la femme en avait marre. Trop plongée dans ses questionnement, Aileas en avait oublié que les gens étaient rarement intéressés par ce qu'elle avait à dire. Elle se demanda tout de même si avant de partir, elle devait répondre à sa dernière question. Si la jeune femme avait demandé qui elle était, la réponse aurait été simple à formuler. Mais elle ne voulait pas savoir qui elle était, elle voulait savoir qu'est-ce qui justifiait chez elle qu'elle pose de telles questions. Intéressant comme manière de se positionner. Aileas aurait sûrement prit le temps de réfléchir sur ce qu'impliquait une telle formulation si elle n'avait pas envie de partir.

Alors elle ne posait pas ces questions parce qu'elle était commissaire du sang. Un peu peut-être parce qu'elle était sang pure. Beaucoup parce qu'elle était différente et qu'elle s'intéressait à qui ils étaient eux à sa manière. Mais évidemment si elle disait cela, l'autre ne comprendrait pas...

Billy s'était rendu compte trop tard que le bureau de la jeune fille était trop calme, elle avait déjà filé. Un tour rapide au château lui permit de comprendre qu'elle n'était pas repassée par là. Il était donc revenu à Londres où elle pouvait être n'importe où... Il avait donc passé en revu dans sa tête les endroits à priori les plus intéressants pour une sorcière. Après le Ministère de la Magie, où elle ne se trouvait pas, il y avait le Chemin de Traverse où il s'était empressé de se rendre. Le barman du Chaudron Baveur put lui confirmer qu'une élégante jeune fille vêtue de pourpre était passée ici. Bien au moins suivre sa trace ne serait pas trop difficile. Billy observa les magasins. Où pouvait-elle avoir eu envie d'aller ? Il ne savait pas aussi il dut se résoudre à interroger les gens dans la rue. Finalement tout cela le conduisit devant le magasin de Madame Guipure.

Entrant dans le magasin, il repéra rapidement la demoiselle, malheureusement il reconnut aussi rapidement la personne à qui elle faisait face. Mademoiselle Eva Sweet, une robe en main, Aileas entre elle et la caisse. Par Merlin, pourquoi fallait-il quand son absence elle fasse des complications ? Car mademoiselle Sweet ne semblait pas réellement apprécier la compagnie de l'écossaise. Craignant que les choses ne tournent en vinaigre, il s'empressa de rejoindre celle qu'il servait et l'empoignant par les épaules, il voulut l'écarter du chemin de la Sang Pure.

Sauf qu'à peine il eut commencer à la toucher, la demoiselle rousse posa son regard vide sur lui et il se rendit compte qu'il venait d'essayer de forcer la jeune fille à faire quelque chose. Alors que la jeune fille ne le quittait pas du regard, il la lâcha. Il était plus grand qu'elle pourtant, entre ses mains ses épaules avaient semblaient si frêles. Mais il avait peur d'elle. plus que de son père en vérité. Car son père lui trouvait une utilité qui justifiait qu'il le garde en vie. Il savait qu'Aileas le considérait tellement peu qu'elle l'oubliait la plupart du temps. Et même s'il ne prétendait pas la comprendre, au bout de sept ans passé avec elle, il savait qu'elle ne verrait pas où était le problème de le tuer s'il lui en prenait l'envie. Et même sans aller aussi loin, elle pouvait parfaitement user de violence si elle en ressentait l'utilité. ET nul doute qu'empêcher l'homme de lui imposer quelque chose serait utile à ses yeux.

Ce qui épargna Billy finalement fut sans doute le fait qu'elle ait déjà l'envie de partir qui fit qu'elle ne se formalisa pas du geste de celui qui était censé la servir. Maintenant qu'elle s'était détournée de la jeune femme, elle en avait presque oublier sa question. Elle ne lui était pas plus utile que Billy et elle ne l'intéressait plus. Aileas arrêta de fixer Billy qu'elle ne voyait pas vraiment et commença à s'en aller en observant ces habits, tous les mêmes, toutes les mêmes couleurs.

Elle n'entendit même pas Billy qui s'inquiétait déjà que l'incident remonte au père d'Aileas et qui espérait pouvoir rattraper un peu le tir :

"Mademoiselle Sweet, je vous prie d'excuser ma maîtresse. Mademoiselle Aileas d'Huntingdon dispose de quelques troubles psychologiques depuis la mort de sa mère, j'espère qu'elle ne vous aura pas trop opportunée."

Même si elle avait entendu -elle était suffisamment près pour cela, elle ne serait pas formalisée de ce que l'on disait d'elle. Elle savait bien qu'elle fonctionnait différemment, elle ne voyait juste pas pourquoi ils en faisaient tout un plat...

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Ce qui se passait dépassait l'entendement. Elle se faisait importuner par une jeune femme parce que cette dernière n'avait absolument aucune notion de base d'élégance ou de bon goût. Cette dernière ne semblait pas se rendre compte qu'Eva était passablement agacer de ses questions qu'elle jugeait particulièrement stupide. On aurait dit une enfant ignorante sauf qu'elle était majeur... De plus, alors qu'elle lui avait répondu, la jeune femme restait à présent muette alors qu'Eva lui avait posé une question. Soit elle le faisait pour l'agacer, soit... Soit rien du tout, elle n'avait pas d'autres hypothèse à son silence. Les bras croisés sur sa poitrine, la jeune femme toisait l'inconnue qui lui faisait face. Mais cette dernière ne semblait pas vouloir répondre.

La porte de la boutique s'ouvrir mais Eva n'y fit pas attention, elle attendait juste que la fille disparaisse de son chemin. Et sa patience était limité et de fait, Eva venait d'avancer d'un pas pour passer devant l'intruse et la pousser de son chemin quand une man s’abattit sur l'épaule de son problème. Eva jeta un coup d'oeil à l'homme à laquelle appartenait cette main. Modèle de sobriété et d'élégance, Eva l'identifia comme une sorte de majordome ou de serviteur. Le genre de personnage que les grandes familles avait. Notamment la sienne même si elle ne lui avait jamais accordé grande importance. Eva s'immobilisa pour voir la suite des évènements. Elle suivit l'échange de regard entre la jeune fille et l'homme qui retira sa main comme s'il s'était brûlé. Cependant, après quelques secondes, la jeune fille se détourna d'eux pour aller déambuler dans les allés du magasin.

Eva la suivit des yeux, éberlue par ce manque d'éducation. Pour qui se prenait cette jeune femme pour l'ignorer de cette manière et éluder sa question? Le regard dur, la jeune femme se détourna pour regarder l'homme de main de la jeune fille qui venait de s'adresser à elle. Aileas d'Huntingdon? Oh! Eva en avait entendu parler. Son père ne l'avait jamais montré en public, elle serait fragile depuis la mort de sa mère. A les entendre la plaindre, Eva avait imaginé une petite fille en larmes et malheureuse mais Aileas n'avait l'air très peinée. Sa bizarrerie était compréhensible au vu de ses troubles psychologiques, mais Eva n'était pas du genre tendre et compréhensive et ça ne commencerait pas aujourd'hui.

La jeune femme se tourna donc vers le majordome avec un charmant sourire. Cruelle et sadique, elle n'avait aucune intention de rassurer réellement l'homme de main de la demoiselle mais dans le monde de la société, chaque mot et chaque geste était important et Eva en avait conscience. Elle ne se priverait pas d'en user.

"Ne vous inquiétez pas, elle m'a beaucoup divertit. Il est dommage que je n'ai pas vraiment de temps à lui accorder, elle pourrait devenir charmante. ... Cela dit, veillez à ce qu'elle apprenne les bonnes manières et le bon goût en matière vestimentaire.Elle est tellement adorable qu'on peut lui pardonner ses faux pas mais si elle veut pouvoir côtoyer les grands de ce monde, il faudrait peut-être qu'elle gère son impertinence, n'est-ce pas?"

Avec un charmant sourire, la jeune brigadière, se détourna du majordome et se dirigea vers la caisse, sans cesser de sourire. Oh, nul doute qu'elle aurait eu très envie de donner une bonne leçon à cette enfant, mais elle ne pouvait se le permettre. Contrairement à la jeune Aileas, elle n'avait nul envie d'avoir son père sur son dos à cause de son manque d'éducation.

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Billy savait que quelque part il n'avait la vie sauve que parce que le père d'Aileas avait eu besoin de lui pour garder sa fille car plus personne ne se sentait capable de le faire. Il devait donc sa vie à Aileas et à sa folie. Ah non pardon. A ses troubles psychologiques. Jamais au grand jamais on ne parlait de folie. Cela n'empêchait nullement qu'il maudissait la jeune fille chaque jour que Dieu faisait. Et dire qu'il avait cru un moment qu'elle pourrait bosser sans s'attirer d'ennuis. Mais non, non ça elle ne savait pas faire. Autant sa famille l'avait supportée justement parce qu'elle était sa famille et que la famille chez eux c'était très important, autant lui la supportait parce qu'il n'avait pas le choix, autant quelqu'un d'extérieur n'avait aucune raison de se s'abaisser à accepter le comportement finalement insultant de la jeune femme.

"Ne vous inquiétez pas, elle m'a beaucoup divertit. Il est dommage que je n'ai pas vraiment de temps à lui accorder, elle pourrait devenir charmante. ... Cela dit, veillez à ce qu'elle apprenne les bonnes manières et le bon goût en matière vestimentaire.Elle est tellement adorable qu'on peut lui pardonner ses faux pas mais si elle veut pouvoir côtoyer les grands de ce monde, il faudrait peut-être qu'elle gère son impertinence, n'est-ce pas ?"

Billy ouvrit la bouche, chercha ses mots, ne les trouva pas, regarda la femme le contourner impuissant. Si seulement il avait été au service d'une personne intelligente et sensée comme elle ? Mais non il était au service d'une personne suffisamment intelligente pour décrocher un poste mais complétement insensée. Si seulement monsieur Valverde l'avait perçu lors de l'entretien sûrement qu'il aurait eu le même avis que mademoiselle Sweet concernant le fait qu'il était tout à fait impossible qu'elle s'en sorte sur le long terme sans causer des soucis...

Évidemment il ne pouvait rien dire de tout cela car d'une part cela aurait été critiquer mademoiselle Aileas et ça son père ne le lui pardonnerait pas s'il l'apprenait. D'autre part cela aurait été critiqué le jugement du directeur de l'Ordre Nouveau et là il y aurait peu de personnes qui le lui pardonnerait...

Finalement Billy bredouilla :

"C'est qu'elle ne peut pas... elle ne peut pas comprendre, c'est là son problème..."

Combien il regrettait les journées passées au château à chercher la demoiselle. Et dire qu'à l'époque il se plaignait mais au moins il n'avait de compte à rendre à personne, pas de pots cassés à réparer, pas de confrontations avec des personnes auxquelles il n'arrivait pas même à la cheville.

D'ailleurs mademoiselle Sweet qui était en train de payer ne l'écoutait certainement pas après tout il n'était qu'un pauvre presque sang de bourbe au service d'une sang pure à côté de la plaque. Enfin bon... ce n'était pas comme s'il n'était pas habitué...

Découragé, il s'empressa de rejoindre la demoiselle avant qu'elle ne disparaisse encore il ne savait où. Il ouvrit la bouche dans l'optique de lui faire des reproches puis il la referma. A quoi bon. Lui expliquer qu'elle venait d'avoir un comportement insultant envers une autre Sang Pure ? Quand bien même elle l'écouterait et réagirait ce serait pour savoir en quoi. Car à l'évidence elle ne voyait rien d'anormal dans ce qu'elle venait de faire. Ou plutôt elle saurait qu'il était possible qu'elle ait fait quelque chose d'anormal pour eux mais elle lui demanderait d'expliquer leur vision des choses et elle ne trouverait pas cela normal et elle finirait par abandonner, ne réussissant pas à comprendre, et continuerait son bout de chemin sans plus se soucier de l'incident. Après sept ans à vivre avec elle, il ne prétendait pas la comprendre, loin, très loin de là, mais il avait tellement pu observer cette manière qu'elle avait de faire qu'il était quasiment sûr que c'était ainsi que cela se passait dans sa tête. Sauf qu'évidemment dans sa tête les mots "normal" ou "anormal" n'interviendrait à aucun moment vu qu'elle considérait ces mots comme absurdes.

Et il s'inquiétait. Oh oui il s'inquiétait car un jour Aileas aurait des ennuis, tout le monde ne se montrerait pas aussi compréhensif que mademoiselle Sweet. Et ce jour-là une tête volerait et ce serait la sienne...

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