Elizabeth était encore dans un état très cotonneux, comme après une longue nuit de sommeil. Le décor autour d’elle semblait légèrement flou mais bientôt ses yeux s’accoutumèrent à la lumière et tous lui sembla plus net. Mercurius s’était redressé et, la fixant il lui demanda « Alors t'as pris ton pied ? ». Elizabeth faillit soupirer et lever les yeux au ciel face à tant de délicatesse et de savoir-vivre mais finalement n’en fit rien. Elle réfléchit quelques secondes à sa réponse puis lui répondit :
–Je ne dirais pas ça, mais disons que c’était étrange et…enrichissant.

Oui c’était le mot. Enrichissant. Cela lui avait permis de sentir des émotions et des sensations qu’elle n’avait jamais pu avant. La paix dans la douleur. C’était étrange de formuler cela de cette manière, car après tous ces sentiments étaient complètement différents et incompatible dont on pourrait croire que le mariage ne pourrait jamais se faire et pourtant. Il était vrai qu’elle avait ressentie une certaine plénitude. Mais le plaisir… ça elle en était encore très loin. Et d’ailleurs, le jeune homme sembla avoir trouvé une raison toute bête à son manque de réactivité « Non, bah non tu comprends pas, t'es une païenne … bah si t'as kiffé, tu es en bonne voie pour toi aussi comprendre ce que c'est que la nature humaine, et surtout ce qu'on attend de nous ici. ».

Elizabeth ne réagit pas et entreprit de se redresser alors que Mercurius semblait absorbé par la contemplation de son bijou. La jeune fille le regarda. Il était vraiment étrange ce garçon. Pendant une seconde, la jeune Poufsouffle se demanda si Mercurius ne faisait pas partit d’une secte ou d’une organisation du genre. Il avait la même manière de parler qu’un gourou, ou d’une personne a qui on aurait bourré le crâne depuis la naissance. C’était bizarre… Mais après tout, ce n’était pas son problème. Elizabeth, même si elle saisissait de plus en plus de détails du monde avec le temps, ne partageait pas entièrement son avis et peut-être serait-ce toujours le cas.

« Bon bah j'vais te laisser miss, c'était bien sympa cette p'tite balade hein ? » Le jeune Griffondor n’attendit même pas sa réponse et « Toi je t'aime bien, mais si t'es pas toute cuite et que tu es une païenne, on se revoit à la rentrée nan ? Allez salut Elizabeth, à plus. ». Elizabeth lui sourit, décidant de prendre ça comme un compliment et lui répondit « Moi aussi je t’aime bien, même si t’es un peu taré…Bon et bien bonne fin de vacances et à bientôt. ».

Le Griffondor s’éloigna. Elizabeth récupéra son sac. Elle comptait repartir en transplanant, bien qu’elle ne sache pas s’il y avait des protections autour de la cité. C’était peu probable puisque personne n’était censé venir ici. Et puis de toute manière, si elle échouait, elle pouvait toujours rejoindre Mercurius. Elle entendait le bruit que faisait son sac plein d’armes et d’objets en argent. Le retrouver ne serait pas vraiment compliqué.

La jeune fille sortit sa baguette. Visualiser sa maison. Sa chambre (au vu de l’heure qu’il était-elle préférait ne pas réveiller toute la maison en déboulant dans le salon) et transplana. Elizabeth se sentit partir ,au début lentement, et disparut. Non aucune protection n’était venue entraver son départ.

Elle réapparut dans sa chambre. Un petit coup d’œil à son horloge murale lui rappela qu’il était beaucoup trop tard. Elle sentit la fatigue tomber sur elle comme une chape de plombs, se rappelant à son bon souvenir, et bailla. Soudainement trop épuisée pour faire quoi que ce soit, la jeune fille se débarrassa de ses vêtements souillés, les roula en boules et le jeta dans un coin de la pièce, rangea son sac sous son lit et se coucha dans ce dernier sans plus attendre. Le lendemain sa mère râlerait car, elle avait dut sans doute salir le tapis et le parquet, mais à ce moment-là, Elizabeth ne songeait qu’à une seule chose…dormir.

Le sommeil ne se fit d’ailleurs pas attendre. À peine deux minutes après que sa tête n’ait touché son oreiller moelleux, la jeune Poufsouffle s’endormi. Elle eut une dernière pensée pour ces ruines détruites et abandonnés, pour ces trésors gâchés, pour ce peuple meurtri et pour cette pointe de douleur, qu’elle ressentait encore dans la poitrine, depuis que Mercurius lui avait jeter le sort…