Elsa arriva au bureau ce matin-là par la voie des airs. C’était par une fraîche matinée d’Avril, encore toute engourdie par un hiver par tout à fait décidé à partir. Pour preuve, il y avait eu de la neige au Nord du pays et, dans les nuages, désillusionnée, Elza ressentit le frisson de l’envol, de cette liberté absolue des oiseaux, comme au premier soir du mariage, le frisson. Brrr. Ca vous fait froid dans le dos n’est-ce pas ? A moi aussi. A moi aussi… Comme le vent s’engouffrait sous sa cape, Elsa posa les pieds sur le sol. Doucement et lentement, elle se faufila dans la cabine de toilette. C’est là qu’elle choisit de reparaître. La vieille sorcière avançait courbée comme sur son fardeau, un vieux chat noir ( en réalité un Fléreur nommé Mlihaoé ) qu’elle portait sur ses épaules, emmitouflée dans son épaisse cape noire de sorcière laquelle était recouverte d’une sorte de pellicule assez disparate de longs poils blancs tournant au gris. Elle portait sa cape sur ses épaule comme si ç’avait été une couverture, c’est-à-dire, sans passer les manches et en la tenant par ses vieilles mains défraîchies avec ses deux bras croisés sur sa poitrine. Elle avança dans le grand hall, saluant quelque personnes, en écartant d’autre de sa vieille canne de bois. C’était une ignoble bâton de vieil arbre, tout tordu, comme torturé dont elle se servait d’appui pour son maintien, mais qui pouvait aussi servir de baguette magique, car c’était un bâton de mage, comme les anciens sorciers païens en utilisaient autrefois. Elle avait laissé son balai à la consigne prévue à cet effet, comme toujours lorsqu’elle venait par ce biais. Car elle aimait voler.

En tant que membre très importante du Véritable Et Respectable Rassemblement Unitaire des Égorgeuses Sorcières ( le VERRUES ) Elza était très connue. De plus, son travail d’écrivain était plébiscité par les puristes du monde entier. Chaque fois qu’elle traversait le Ministère, voûtée mais non point abattue, avec une démarche rapide, sèche et assurée, toujours aussi laide, elle se faisait une joie de donner des coups de bâtons à tout ce qui s’approchait trop d’elle à son goût. Ce fut donc avec empressement qu’elle grimpa par l’ascenseur à son département et se rendit dans son bureau. Son bureau n’était pas grand, sans être toutefois petit. Non , il était de la taille que vous pourriez imaginer pour un bureau de ce genre, ni plus grand, ni plus petit mais il était diablement crasseux. La talent d’Elsa pour préparer de sales potions n’était plus à faire, et il semblait qu’elle s’adonna à cette passion durant le travail. Il y avait trois chaudrons dans la pièce. Deux de tailles normales et un chaudron dit de « de poche »., de la taille d’une petite balle de football, mais à la capacité d’un chaudron classique ( ce grâce à la magie, évidemment ). Elsa le mit sur un feu »de poche » également, allumé sur son bureau et alluma le feu sous les deux autres chaudrons, au fond de la pièce, là où entrait la lumière artificielle du jour magique. Une lumière froide, d’avril endormi. Elle ajouta quelques ingrédient ( 20 litres de bave de crapaud, trois kilos d’yeux de poules et quelques autres joyeuseries de ce genre ).

J’oubliais de décrire un peu plus avant la pièce. Elle était de taille adaptée, avec des étagères remplies de dossiers adaptées. Mais Elsa avait eu le temps de personnaliser son antre. Tableaux de Menroth, Piercowski et Stieglitz célèbres, étagères emplies de magie noire de mégère, bocaux emplis d’artefacts sordides et autres babioles. L’impression qui se dégageait de tout cela était un peu sale, sans que cela soit dérangeant ( de la saleté requise par le travail des potions, sans plus ) et lugubre. Parfaitement adaptée au candidat qui allait arriver. Elsa envoya la secrétaire Jane, chercher du thé, des gâteaux et du café pour elle et le nouvel arrivant.

-Et n’oublie pas de l’amener lui, fainéante incapable ! Marmonna t-elle en fronçant les sourcils.

Elsa vit entrer Mr O'Meara, un fort bel homme, rayonnant et bien habillé. Un homme puissant, intelligent et de qualité indiscutable, car c'était ainsi qu'elle le voyait. Il était plutôt grand et lorsqu'il entra, elle se leva pour venir lui serrer la main et se sentit un peu petite en comparaison face à ce grand homme, célèbre avocat. Elle lui tendit une petite main décharnée et partie de tâches brunes avec un grand sourire plein de dents pourries et non édente tout à fait. Ce faisant, elle fit un signe de tête à Jane qui apporta le thé, le café et les gâteaux qu'elle lui avait demandé, les posant sur le bureau. A cette fin, Elsa avait retiré son grand chapeaux noir et pointu, tacheté de blanc du bureau et le fit voleter jusqu'à un porte manteau derrière elle. Il était haut, seyant et surmonté d'une plume noire, prise sans doute à quelque grand oiseau de proie. Jane proposa avant de disparaître de la pièce, à O'Meara de le débarrasser de son vêtement. Elsa invita le visiteur à s'asseoir et se posa elle-même à sa place sur son fauteuil. Elle répondit à son vis-a-vis.

-Enchantée, moi-aussi, Mr. O'Meara. Sauf votre respect, nous nous sommes déjà vus. Vous avez défendu Aleksey – je veux dire Larsen, vous l'entendrez mieux – en 81, je crois, lorsqu'il a été arrêté.

Elle changea alors d'expression, bien qu'il apparut clairement que l'entretien serait court et peu compliqué pour le Directeur de la Justice Magique. Il n'aurait qu'à expliquer un peu les choses qu'il lui seraient demandées.

-Alors, voyons, votre dossier, dit-elle en l'ouvrant. Je vous demande de confirmer ceci s'il vous plaît. Vous êtes bien Armistad Finbar Patrick O'Meara, né irlandais en 1932, le 27 février, naturalisé Britannique en 1974 ? … Merci. Racontez-moi donc : Qui étaient vos parents ? Puis-je avoir une copie, ou leurs actes de naissance, s'il vous plaît ? … Des choses à dire sur votre famille ? … Votre baguette ne vous a pas été prise, j'espère ? C'est la procédure, mais pour vous c'est inutile !

Sur la table, la sorcière enchanta sa plume, d'un coup sec de baguette et celle-ci se mit à danser sur le papier, crissant en écrivant, en prenant des notes plutôt des dires du Directeur de Département. Ce faisant, la sorcière feuilletait quelques papiers. Elle sortit de son bureau un petit bout de parchemin officiel où elle fit déjà écrire par sa plume le nom, la date de naissance et toutes les informations requises au sujet d'Armistad hormis encore le Statut du Sang. Elle le tamponna même et le signa. Sitôt qu'il lui aurait dit ce qu'elle souhaitait entendre, il serait titulaire de son statut sanguin. Il était vrai qu'Elsa n'était guère insistante concernant certaines personnes. Et pour cause, quand des personnages aussi haut placés que son petit-fils, le Mangemort à la Cape entraient dans son bureau, tels que précédemment Eris Valverde, elle leur faisait plutôt subir une visite de courtoisie qu’autre chose.

-Je vous en prie, servez-vous, prenez des gâteaux, si vous voulez du thé ou plutôt du café, faites.

Ce disant, elle attendit son visiteur avant de prendre à son tour un grand café noir et sucré, avec quelques pâtisseries et gâteaux secs sur le plateaux, un beau plateau d'argent frappé du sceau du Ministère et de celui de l'Ordre Nouveau et qui brillait à la lumière des bougies magique, posée dans les coins de la pièce.