La France, elle en avait si souvent rêvé qu'elle ne comptait plus les fois où elle s'était réveillée triste de devoir quitter ses forêts verdoyantes, ses montagnes grisâtres, ou les rues de Paris enneigées. Elle n'avait pas de sang français, cependant, son grand père avait vécu dans ce chaleureux pays une dizaine d'années, assez pour en apprendre la langue et la plus part des coutumes. Le soir, lorsqu'elle était enfant, c'était ce pays qu'il lui contait et ainsi que les milliers d'aventures et de mésaventures qu'il s'y inventait pour l'occasion. Un jour avait-il pourchassé des dragons que le lendemain il servait d'escorte à un grand sorcier de sang pur et à sa femme. Si aujourd'hui elle souriait en se rappelant ces histoires pour le moins invraisemblables, elle était restée durant de nombreuses années persuadées de l’héroïsme de cet homme aux cheveux grisonnants. Plus tard, durant sa scolarisation à Poudlard, il utiliserait le temps libre que leur offraient les différentes vacances pour lui apprendre quelques rudiments de la langue de Molière. Elle n'avait pas montré de grandes aptitudes et son accent chantant n'avait jamais quitté les quelques phrases qu'elle avait réussi à formuler. Malgré le temps perdu et les efforts fournis, elle devait à présent avouer à celui qui l'avait quittée depuis quelques années, que même si elle n'avait jamais aimé le français, elle en voyait aujourd'hui l'utilité, enfin, alors que les visages de ces inconnus s'étaient illuminés, la gratifiant de sourire radieux, alors qu'elle s'essayait à quelques phrases.
Elle était arrivée vers midi, dans un carrosse pour le moins impressionnant, gigantesque et tiré par des oiseaux noirs. Une belle arrivée pour une première fois dans ce pays inconnu. Elle espérait, d'une certaine manière, avoir marqué les esprits. Elle mangea dans une auberge, semblable au chaudron baveur, un peu plus pittoresque mais d'autant plus charmante. Le gérant, un homme petit, rond, possédant une belle barbe, lui amena « une spécialité locale de son choix ». Une part de pâté de pommes de terre... Toujours très fine, cette cuisine français. Elle prit son temps, s'amusant, comme à son habitude à contempler les gens qui passaient, à écouter les discussions, s'imprégnant du décor autant qu'il lui en était permis. Elle pensait déjà aux achat qu'elle comptait faire l'après-midi même. Elle se demandait si elle n'avait pas moyen de s'acheter un quelconque souvenir utile -son instinct féminin la poussant à la dépense... - en plus des quelques ingrédients dont elle aurait besoin pour mener à bien les quelques projets de sécurité qu'elle avait planifié pour l'expédition de ce soir. En soit, elle comptait faire quelques potions de soin rapides, au cas où, tout en espérant que cette éventualité n'arriverait pas. À 13h30 elle investit ses appartements, à 14h elle les quittait déjà. Durant deux bonnes heures elle erra dans le centre ville, s'arrêtant dans chaque boutique et terminant par l'apothicaire, son magasin de prédilection.
Elle passa le reste du temps la tête dans ses chaudrons. Les fenêtres fermées et quelques bougies allumées seulement, reproduisant exactement l'ambiance sombre et légèrement feutrée des lieux habituels où elle préparait ses décoctions. Quelques heures après elle avait dans les poches de sa robe de sorcier.
À l'heure prévue, Menroth vint la chercher. Elle avait acheté, comme il lui avait conseillé, un brossdur 13, le même que celui du mangemort. Elle n'y connaissait rien en matière de balais, de quidditch, ou de quoique ce soit qui ait un rapport avec le vol. Elle avait les pieds sur terre, et était physiquement incapable de voler, assez d'arguments pour qu'elle ne s'y tente pas lorsqu'on ne l'y forçait pas. Ils transplanèrent. Une fois sur place, Larsen voulut s'assurer qu'elle avait encore le plan en tête. Elle se l'était répété aussi souvent qu'il lui en avait été possible au cours de ces dernières heures. Tobias attirerait la Vouivre en se présentant comme proie aérienne. Menroth s'occuperait de toucher les ailes de la bête durant son raide, et Evans, quand à elle, devrait la capturer avec un filet terrible. Sur le principe tout ceci paraissait clair, bien ficelé, précis. Mais son intuition lui disait que le passage de la théorie à la pratique ne serait pas aussi simple...
« Parfaitement Monsieur. »
Elle accompagna ses paroles d'un signe d’acquiescement de la tête.
Si vite dit s'élevèrent dans le ciel quelques étincelles jaunes, signal de départ de cette entreprise folle. Elle décolla, juste après Menroth, avec moins d'entrain et de fougue mais tout de même une certaine grâce. Le temps défila, et le froid, la fatigue, le stresse, et tous les autres facteurs pouvant jouer en ce sens, faisait que Mandy n'était plus au meilleur de sa forme. Ce qui se passa par la suite, elle ne sait si elle en sortit vivante par réflexe ou par chance, mais cela eu au moins l'avantage énorme de la rappeler à la réalité, la sortir de son état ankylosé. Lorsque Menroth lui avait crié de se décaler, sans trop savoir comment, elle l'avait fait, et ces simples mots, ce simple geste, venaient de leur sauver la vie. La confiance aveugle qu'elle venait de lui accorder lui avait été salvatrice.Elle eut aussi la chance, si l'on peut appeler cela ainsi, de pouvoir contempler cette bête gargantuesque de près. Malheureuse surprise que d'avoir des places VIP pour ce genre de spectacle... Tobias rechargea et chuta. Menroth assura son atterrissage. Pour un laps de temps qu'elle espérait le plus court possible, ils n'étaient que deux pour affronter ce monstre légendaire. L'instant n'était pas à la peur, se laisser envahir par ce sentiment anodin était un luxe qu'elle n'avait pas le temps de s'accorder. Au vue de la puissance de l'inferno informulé par Menroth, on pouvait même douter que ce pseudo dragon soit l’entité la plus dangereuse de ce lieu... Il n'était pas pour rien réputer dans l'art de la magie des flammes.
Après l'avoir rassurée de quelques paroles bien choisies, il se jeta sur la brute animale. McKenzie était de nouveau d'aplomb. Le mangemort montrait alors une capacité de vol digne des plus grands joueurs de quidditch, et quelque part, c'était assez regrettable pour Tobias. Tout allait extrêmement vite et le balais aérien qui se déroulait devant elle était d'une splendeur sombre. Un choc de puissance qu'elle n'aurait jamais cru possible si elle n'y assistait pas. Elle avait bien sous-estimé, malgré elle et tout le respect qu'elle lui portait, celui avec qui elle avait pactisé quelques jours auparavant. Par quelconques manœuvres d'une grande complexité, il arriva à amputer la Vouivre d'une aile. La conséquence de cette folie n'en fut pas moins que la chute du sorcier, qui n'en sortit, cette fois, pas indemne. Alors que le combat se continuait au sol, Mandy ne bougeait pas. Le moindre de ses mouvements pouvaient attirer l'attention -et donc le courroux- de la reine mythologique. Elle devait simplement frapper au bon moment. Ce moment se présenta de lui-même quand la Wyvern perdit son second affrontement face au sorcier. Elle était définitivement en position de faiblesse, et c'était à elle, à présent, de porter le coup final. Se rapprochant rapidement de la désormais zone de bataille, volant le plus simplement mais le plus efficacement qu'il lui était permis, elle lança, dès qu'il lui fut possible, un incarcerem dévastateur. Elle voulait faire vite, allez au plus simple et au plus efficace. Sa baguette d'ébène pointée vers ce qui ne ressemblait plus à grand chose qu'à un animal malade, elle ne ferma pas les yeux, mais pria, et ce fut bien la première fois, pour que sa manœuvre simpliste réussisse et que la capture soit menée à bon terme, aussi vite, aussi facilement.
Le serpent des airs n'était pas un animal propre à se laisser contrôler, et les dieux ne semblaient pas entendre ou tout simplement vouloir exaucer ses prières. Pour leur défense elle ne leur avait jamais été très fidèle ; pour cause, elle vivait très bien sans eux. Réconfortée dans son sentiment que la seule véritable puissance de ce monde était le Lord Noir, elle fondit sur l'animal qui avait évité le premier filet d'un semblant de déplacement sur le côté. Sa visée en elle-même n'avait pas été des plus précise, les circonstances, la pression, et un peu de maladresse ne jouant pas en sa faveur. Elle soupira un grand coup dans l'espoir que ce vidage aérien de ses poumons se charge également de lui faire retrouver son calme. Elle en était capable, tout le monde l'en croyait capable. Il ne s'agissait là que d'un animal blessé, privé de ses ailes. Elle, au contraire, était pleine de la fougue de la jeunesse, pleine de puissance, un potentiel à exploiter qu'il lui fallait utiliser dès à présent. Elle s'en réduit à écouter son instinct. Plongeant un peu plus encore vers le monstre, elle redressa sa trajectoire alors qu'elle n'était plus qu'à une dizaine de mettre de lui. Pourquoi se rapprocher autant ? Aucune idée. Elle se contentait d'agir. Elle s'enorgueillit à nouveau à tenter la victoire, mais cette fois, c'était à de la magie rituelle qu'elle allait faire appel. Elle ne l'utilisait pas tous les jours. Dans l'ombre des chaudrons, sa baguette lui servait bien plus souvent à tourner les décoctions qu'à lancer des sortilèges, encore moins à faire de la magie rituelle. Cet art particulier n'était enseigné que très peu et elle n'avait eu le plaisir de le pratiquer que de très rare fois. D'un sort informulé elle entailla sa main, le sang n'attendit pas pour coulait. Elle arracha de sa ceinture un petit sac empli de poudre blanche, l'ouvrit, et laissa tomber quelques gouttes de son sang à l'intérieur. Sur ses fines lèvres on pouvait voir se dessiner quelques mots : « Doyenne des Wyverns, j'offre de mon sang pour hériter de ta liberté. Que ce filet terrible puisse te la ôter ».Tout ceci lui avait pris moins de deux minutes, pourtant il lui semblait qu'une heure s'était écoulé. Elle devait s'en remettre intégralement à Larsen pour maîtriser le monstre et même si elle ne doutait pas de ses capacités, dont elle venait d'avoir un aperçu, le combat l'avait amoché dans des proportions considérables. Sans plus attendre, elle parcourut la Vouivre dans toute sa longueur, répandant derrière elle la poudre salvatrice. Se posant sur la créature, la poussière se mit à scintiller puis à s'étendre, la lumière recouvrant la peau de la cible en un quadrillage resserré. Progressivement cette entité prenait la forme d'un filet doré, d'apparence fine, mais normalement incassable, peut-être était-ce sans considérer l'incroyable force de la Vouivre, même affaiblie...
Mandy se posa -tout comme Tybias- derrière Menroth. Elle eut un léger sursaut alors que l'animal pousser un nouveau râle. Elle devait se persuader qu'il ne pouvait plus bouger.
« La voilà immobilisée... Il nous faut la garder en vie jusqu'à ce que la potion l'exige... Comment comptez-vous faire ? »
Elle n'avait peut-être pas à poser cette question. Elle ne cherchait pas à cet instant à se rappeler où était sa place. Malgré cela, elle n'allait pas prendre d'initiative envers un mangemort.
« Votre bras... je peux vous le soigner si vous le désirez, à moins que vous pensez que cela doive attendre... »