La petite Mayfair n’avait pas mangé de tout le dîner et pourtant la table ne manquait pas de plats qu’elle adorait. Mais un peu plus tôt, juste à la fin des cours, Morganne lui avait annoncé son départ de Poudlard. Pour les détails et les raisons de ce départ soudain, elle n’avait plus écouté. Elle ne retenait que ses premières paroles qui lui semblaient trop douloureux pour la petite qu’elle était. Depuis elle repassait dans son esprit le fait que sa meilleure amie partait. Et dire qu’elle avait préparé depuis des semaines tout un programme pour leurs vacances en Nouvelle Orléans. Tout tombait soudainement à l’eau. Elle allait rester toute seule. Elle se sentait proche de peu de personne bien qu’elle semblait être la chouchou de tout le monde. Il fallait dire qu’avec la bouille et l’entrain qu’elle avait, il était dur de ne pas l’apprécier. Pourtant, en véritable amie, elle n’avait que peu de monde, et Morganne en faisait parti. Et bien que différentes, elle l’adorait. Depuis cette annonce, elle faisait une triste mine, ce qui avait laissé champs libre à sa grande sœur pour lui lancer des piques tout le long du repas. Elle n’avait même pas riposté. Elle ne l’avait pas écouté. Elle avait quitté la table avant tout le monde retenant son chagrin.

Une heure après avoir quitté la table de la Grande Salle, la faim commençait à lui tirailler le ventre, à un tel point qu’il n’était plus question de le laisser vide. Elle ne voulait pas avoir mal au cœur et il n’était pas question de se laisser dépérir non plus. Elle était triste mais pas au point d’en faire une déprime. Elle avait de la chance, le couvre feu n’était pas pour de suite. Elle avait encore une bonne heure devant elle si ce n’était plus. Quittant la bibliothèque où elle était allée se réfugier pour ne pas penser à pleurer, elle se rendit en cuisine.

Il y avait encore des Elfes de Maison qui s’affairaient dans les lieux et quand ils la virent, ils semblèrent avoir un mélange d’étonnement et d’agacement. Elle ne les aimait pas bien. C’était plus leur saleté qui la dégoûtait. Pour le reste, elle était du genre à s’en ficher. Elle avait faim, elle ne voulait penser qu’à ça pour le moment. Elle demanda donc un verre de lait, du cake et du poulet croustillant. Drôle de mélange, mais quand s’était dans le ventre, ça se mélangeait aussi.

On lui dressa une table et son poulet fut la première chose qui lui fut présenter. Elle n’y toucha pas de suite s’était replongée dans ses pensées. Elle tapotait doucement avec sa fourchette contre le bord de l’assiette alors que sa main libre battait la mesure sur le bord de la table, commençant à jouer le rythme d’une musique. C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle joue de la musique pour faire sortir ces émotions. C’était mieux que de s’effondrer en larmes. Et puis ça lui faisait tout autant de bien sans abîmer son joli visage de poupon…

Gwenaëlle n’entendit pas le garçon entrer dans la salle. Elle était ailleurs, dans ses pensées, détachée de tout ce qui pouvait bien se passer autour d’elle. Elle jouait toujours sa musique presque instinctivement sans se concentrer. La mélodie aurait pu paraître bruyante mais au final elle sortait plutôt harmonieuse et douce. Elle ne pouvait qu’avoir des percussions sous la main, ses doigts tapotant la table et sa fourchette sonnant son verre. Elle était douée dans ce domaine, plus que dans les cours. Mais elle l’ignorait, ce n’était qu’une passion pour elle. Une passion qui lui prenait tout son âme, mais une passion tout de même. Il était sur que si elle ne s’en passionnait plus, elle n’en serait plus aussi douée.

La petite sursauta. Elle lâcha son semblant d’instrument. Sa fourchette retomba lourdement sur le coin de l’assiette qui était sur la table s’abattant ainsi en fracas sur la table. Là on pouvait dire que s’était bruyant.
Quoi ? Qu’est ce qui se passe ?
Elle leva doucement les yeux marquant un silence. On venait apparemment de lui parler. Elle n’était plus très sur de ce qu’on avait pu lui dire ou demander. Elle dévisagea la personne en question.

Grand, blond, pas de sa maison, il semblait sympathique mais, pas de sa maison ! Il était visiblement plus âgé qu’elle. A croire que ce n’était que les plus grands qui prenaient la peine de lui adresser la parole. Elle n’arrivait décidément pas à parler ou se lier d’amitié avec des jeunes de son âge. Pourtant elle se sentait loin d’être mature. A moins que ça ne soit eux qui soient puérils. Non pour elle, elle était une gosse et se comportait comme une gosse. Elle ne voulait pas grandir. Elle ne voulait pas commencer à avoir des responsabilités. Pourtant le temps la rattraper. Elle était déjà, depuis le début de cette année scolaire, Capitaine Remplaçante de l’équipe de Quidditch de Serpentard. Elle avait du gérer les entraînements. Un début de responsabilité.

Et puis doucement, avec un bel effet à retardement, elle eut l’impression de savoir ce qu’on venait de lui demander. Elle se redressa sur son siège et regarda la place vide posée en face d’elle.

« Heu oui oui. C’est libre. »

Pourquoi cette question ? Il allait quand même pas s’installer devant elle et manger avec elle cassant sa tranquillité et sa solitude soudaine ? Qu’est ce qu’elle avait donné au monde pour qu’on l’ennuyait tout le temps ?
Malgré tout elle lui souriait doucement car elle avait remarqué que le garçon souriait aussi.
Au fait, c’était quoi son nom déjà ? Pas du même âge, ni du même niveau, encore moins de la même maison, elle n’arrivait pas à m’être un nom sur son visage.

Pour ne pas paraître bizarre, elle entreprit de grignoter ses morceaux de poulet croustillant…